La cause des causes

Bientôt trois mois de gilets jaunes. Moi qui avais déserté ce monde, je suis revenu en cachette. D’un coin de ma fenêtre, je regarde, j’écoute. J’entends enfin ce que nous disons entre nous, ici, hors du monde, depuis plus de dix ans. Des visages invisibles sortent de l’ombre écrasante de la société marchande. Même les émissions télévisuelles qui m’avaient définitivement perdu me voient revenir de temps à autre, pour un instant, un moment. De ce côté les soldats tiennent bon. Ils sont les bons élèves, ceux qui n’ont jamais eu un soupçon de personnalité, de questionnement, cherchant le bonheur dans la caresse et le bon point : « tu es un bon chien ». Ces mêmes qui voient des antisémites partout et qui auraient été -si vous aviez des doutes, ces trois mois vous l’auront définitivement montré- les collabos de première heure, d’adhésion !


Parfois, ils sont confondants de bêtise. A un tel degré qu’ils en deviennent presque touchants. Mais le souvenir cruel que ceux dont ils déblatèrent, dehors, dans la vraie vie, sont seuls face à la honte, au froid, à la faim, à la justice injuste, à la police nourrie aux jeux vidéos de style Gran Tourismo, à cet effondrement de nos écosystèmes et la colère gronde à nouveau. Je fulmine comme adolescent quand mon prof tenant sur sa position de « sachant » riait à ces questions essentielles pour moi auxquelles il ne répondait pas. Et parfois je jubile. Quand enfin un de ces gars de la rue, de la vie, la vraie -de ceux qu’on ne voit jamais dans ces endroits normalement- face à ces enfants tout propres et trop sages qui tendent, sûrs d’eux, leur joli canevas bien brodé de tous les mots de leur parfait apprentissage, les ébranle, met tout leur monde à terre, par une vérité toute simple, simpliste même, complètement nue, blafarde, mais imparable.


Alors, leurs yeux se figent, leurs bouches tombent et ils restent en silence jusqu’au prochain jour, à la prochaine bêtise qu’avec leurs cerveaux surentraînés ils dresseront en concept, idée, puis dogme. Tout fiers. Rooooo. Comme ils sont fiers ! « Ils sont pas Bôôôô nos EdiToRiAlIsTeS ???!!! »


Chouard, le dangereux fasciste d’extrême droite qui bientôt me vaudra une plainte pour « soutien aux séditieux » (rigolez pas, ça arrivera) disait tout à l’heure, dans un TEDX de 2012 : « cherchons la cause des causes ». C’est ce qui l’a amené à repenser complètement l’écriture de la constitution, affirmant que la cause des causes de notre bordel est qu’une constitution devrait être un contrat écrit par l’employeur pour ses employés (comprendre par le peuple pour ses représentants) et que de là découle toutes les causes subalternes. Je suis d’accord. Si, si, vraiment. Je pense qu’en ce moment, il est un des plus clairvoyants sur les maux que nos sociétés traversent et leurs solutions.


Mais quelle est la cause qui pousse des gens qui se regroupent à faire comme s’ils ne voyaient pas ou ne comprenaient pas que le petit groupe qui les dirige les spolie, les affame, les presse jusqu’à la mort. Parfois jusqu’à la mort même de leurs enfants (soldats de guerres, suicides dû en partie à la médiocrité et à l’abandon total de la mission éducative menée par notre éducation nationale sans aucune majuscule).


Pourtant quand on les écoute… « La prunelle de mes yeux, ma vie, tout, je ferai tout pour eux! » Jusqu’à ne pas vérifier ce qui se trouve dans les vaccins que vous leur faites inoculer ? Pas le temps, pas la compétence ? Non, pas le courage !


Parce qu’enfin, il me semble, que ce qui est commun à tout être humain, c’est sa TOTALE lâcheté. Il se cache, sans arrêt, derrière le groupe. Il a créé des concepts et des mots pour dresser des écrans entre sa triste réalité animale de base et le mythe du héros Grec tel Herakles (dit aussi Hercule). Aucun être humain que je connaisse n’est Héraclès ! Ou alors parfois, un que l’on croise par hasard, le temps d’un éclair, presque un fantôme, deviné à l’écho qu’il semble laissé dans la montagne, mais qui jamais, au grand jamais, ne se mêlera à nos meutes, même dans nos meilleurs chiens de tête.


La queue entre les jambes, les oreilles baissées, même ceux qu’on appelle nos maîtres le sont (des lâches). Le courage vient du nombre. Le courage vient de porter quelque chose de déjà existant et défendu. Le courage tient du maître supposé : Dieu, le roi, le pays, la famille, un auteur… Chouard a-t-il quitté ce monde où nous élisons des maîtres ? Non, il continue malgré tout à nourrir cette machine. Car, comme chacun d’entre nous, il a peur. Peur de disparaître ? Peur de ne pas y arriver seul ? Peur de se tromper ? Peur de finir seul, inutile ? Ou peut-être n’a-t-il même pas le choix ? Comme nous tous. Comme moi.


Alors nous errons au bord, jouant, chacun à sa place, le confortable jeu soit du suiveur, soit du résistant, du réfractaire, du « saboteur ». Et nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour ne pas voir, ne pas regarder cette trouille viscérale qui brouille, quand elle se présente, toute l’intelligence, même la plus basique.


Ne pas voir, ne pas regarder que nous n’avons rien de plus que tous les autres animaux sur cette planète, que tous les végéaux. Nous sommes des fourmis, des abeilles, des rats, des chiens, des brins d’herbe. Qui, d’entre vous, peut arrêter son coeur à l’envie ? Qui peut stopper sa respiration comme il le souhaite ? Ne pas avoir d’érection quand quelque chose d’excitant arrive (excusez-moi pour l’écriture qui semble non inclusive… Mais le clitoris est érectile) ? Ne pas transpirer quand vous avez peur ? Avant que de s’occuper de grandes choses. De beaux concepts. Si nous acceptions simplement, l’espace de quelques minutes, que nous ne sommes rien d’autre qu’une fourmi. Alors…


Peut être que le plan, les pensées, les grands changements -voyez tout de même comment malgré les efforts des historiens et des personnages publics, tout est si vainement et tristement cyclique. Et nous sommes encore loin de certains moments de notre histoire où l’égalité homme/femme était une évidence- les avancées, les découvertes, peut-être, comme dans la fourmilière ou la ruche, peut-être ne dépendent pas de nous, individus. Mais du noos. De phéromones stellaires. Qui sait ? Et que tels des ordinateurs, ayant chacun des programmes spécifiques, nous faisons ce que nous sommes programmés à faire. Point barre.


Regardez, si vous tiquez, les éditorialistes de vos grandes chaînes se fabriquer des réalités complexes qui n’existent que dans leur tête ! Nous savons tous faire cela. Justifier. Donner du sens. Nous sommes tous taillés pour. Du plus vertueux au plus odieux criminel. Nous justifions tous. Tout.


Peut-être alors que la cause des causes serait plus à chercher dans ce qui se cache derrière. Ces instincts primaires que, quoi qu’on en dise, qu’on soit philosophe, prêtre, boulanger ou les trois à la fois, nous submergent avec plus ou moins de contrôle.La lâcheté. La peur de la mort. La peur de la disparition.


Peut-être devrions-nous avant tout- enfin maintenant qu’on en est là, juste après- travailler là-dessus. Parce qu’enfin, bien sûr que le RIC et une assemblée citoyenne sont nécessaires, mais dans quelle autre médiocrité irons-nous nous abîmer ensuite ? (Surtout si l’on se souvient qu’il ne s’agit pas seulement de nous, humains. Car avec notre connerie monumentale, nous avons donné, sans conditions, à des humains, des armes qui pourraient détruire tout le vivant partout en moins d’une heure.)


Macron a autant la trouille que n’importe lequel d’entre nous. Et il préfèrera toujours la prison a une vie, seul sur un îlot désert. Lui aussi ne fait que se sauvegarder. « T’as vu maîtresse comme j’ai bien travaillé ! » Il attend comme n’importe lequel autre de ses congénères la caresse derrière les oreilles et la petite tape approbatrice. Un chien dans sa meute. Aussi lâche -mais certainement pour briguer le pouvoir faut-il l’être encore un peu plus- que les autres.


A mon avis, chacun de nous devrait humblement revenir à l’acception de n’être qu’un animal. Car ce n’est que par cette humble conscience de notre condition animale que, peut-être, nous arriverons à devenir un animal conscient de lui-même et donc de faire bouger les limites. Mais l’abeille ne deviendra pas dauphin pour autant !


J’entends déjà les remarques.  » Redevenir des animaux. Il nous appelle à nous laisser submerger par nos plus vils instincts! » Et non, justement. Parce que cette croyance sur l’animal est typiquement anthropomorphique ! On ne peut jamais parler que de nous-même, de ce que nous comprenons et donc pouvons concevoir. Je crois qu’on peut dire sans ciller que le Grand Blanc -pas Bruce hein… Celui là il était quand même vraiment sadique- est incontestablement plus pacifique que Gandhi.


Fort de cela, avec inscrit devant les yeux, cette maxime : « tu ne pourras jamais prétendre à être autre qu’un animal parmi les animaux », nous devons travailler à devenir un exemple. Chacun. Maintenant. Vivre selon nos croyances. Totalement. Absolument. Conscient que certainement beaucoup de ce qui nous traverse, nous anime, nous échappe et donc, toujours vigilants. Et surtout sans attendre de la meute ou du maître imaginaire, l’assentiment.


Comme l’ont fait les animaux de compagnie, lâcher la peur et faire de ce qui nous entoure notre famille, notre meute : les arbres, la nature, les végéaux, les animaux, les humains dans l’environnement immédiat. Acceptant de perdre notre absurde statut d’humain pour qui la terre et tout ce qui la compose aurait été mis là pour son bon plaisir (on se rend compte quand même que les plus avant-gardistes des intellos du moment qui seraient capables de se laver les dents dans un bénitier et rient devant quelqu’un qui se signe, bouffent de la viande sans problème, n’ayant finalement jamais remis en cause leur lecture très parcellaire et premier degré de la Genèse?!) sortant de notre zone de confort, notre zone de consanguinité, pour, peut-être, enfin, évoluer.


Je me demande tout de même, si ce n’est pas l’inverse… peut-être en retrouvant la cohérence, nous nous rendrons compte que les animaux de compagnie sont bien plus dégénérés que leurs congénères… De toute façon, l’important n’est pas d’être ou pas un animal de compagnie, mais de nous rappeler que nous ne sommes qu’un animal parmi les autres. En retrouvant cette lucidité et cette proximité, peut-être que même sans RIC (mais j’insiste, je suis pour et en toutes matières !!!) nous serions poussés sur la pente de la vertu. Comme nos frères Kogi qui ne l’ont pas quitté malgré nous et ce, depuis au moins 3000 ans.


PS Quand je disais que Etienne Chouard est un dangereux fasciste, c’était pour rire évidemment. On pourrait le qualifier d’anarchiste dans le sens noble du terme. Et de gauche, si on est d’accord pour utiliser ce terme pour y glisser toutes les valeurs humanistes sur les questions de différences, de justice sociale, d’accueil de l’étranger, de partage, etc. C’est la lecture malade de nos médias hystériques et leur passion pour les raccourcis et celle de ceux qui n’ont pas le temps de vérifier par eux-même que je moquais… Le temps… Le courage 😉
PS2 Ceci dit moi perso j’ai la trouille d’aller voir Dieudonné, Saural ou les chaînes qu’on dit en lien avec l’extrême droite… Donc je ne vous jette pas la pierre, même si, souvent, quand j’ose franchir la ligne, ce que je découvre n’a rien à voir avec la lecture usuelle qui en est donnée. Mais soyons honnêtes… j’ai plus peur de les comprendre et du coup de me retrouver encore plus ostracisé que d’autre chose. Sinon, j’irai voir… Oui, sinon nous irions. Lâches que nous sommes ! Lâche que je suis…
PS3 Le dessin est de Joann Sfar dans sa série : « Socrate, le demi chien » que je vous invite à lire

Journal d’un fœtus…. Mois du retournement. Lettre à Rose

Hier, assis sur le fauteuil de mon thérapeute, au contact de cette douloureuse tendinite, mon corps livre encore de nouvelles bribes de ses mémoires. Je me sens ignoré… Ou plutôt quelque chose de profond et sourd en moi se sent ignoré. C’est en lien avec le placenta, ce double qu’on perd et que rien, ni personne ne peut remplacer, si ce n’est soi. En soi.

 

Cela nous a emmené à Rose. Ma fille. Seule ombre dans ce paysage aux horizons immenses et dégagés, dernier reflet de ce vieux mal-être et qui demande à être dévoilé, assumé au grand jour.

 

Demain, elle aura 15 ans. Et je mesure seulement maintenant l’impossible mission que je lui donnais alors que je rêvais de devenir père. Elle serait cette part de moi broyée par la violence et l’indifférence. Elle serait ce joyau choyé, enrobé de bras puissants et protecteurs. Elle serait ce double qui jamais ne perdrait l’amour. La seule capable de voir sous mon armure et de comprendre mes secrets. Mon double. Ma sœur, ma mère, ma compagne. Avant elle, je n’avais été que solitude et blessure. Elle ramènerait le soleil, la vie dans mes veines exsangues.

 

Le temps passant, on oublie ce genre de choses… Aujourd’hui, je suis le seul maître de mon bonheur. Et c’est au côté d’une femme, une femme vraie que je me suis découvert homme, Homme vrai.

 

On oublie… Ou plutôt, on le souhaite. Inconsciemment. On voudrait que ce qui fut ne soit plus. Et l’on perd les moyens de comprendre. Jusqu’au jour où la trame de la douleur étouffée se révèle au grand jour.

 

Pourtant, Rose, elle, n’a jamais cessé de me rappeler à ces pactes puérils et mortifères. Au point que je n’arrivais plus à comprendre pourquoi elle était encore là. À demander à vivre sous mon toit. Dans cette vie où tout coule de source. Au point que je ne supportais plus l’image qu’elle me renvoyait. Pourtant, c’est ma fille. Et si l’on peut abandonner un chien au bord d’une route, un amour… On n’abandonne pas ses enfants. En tout cas, pas moi. Malgré tout le poids de devoir me confronter à ce miroir terrible.

 

Et heureusement. Car jusqu’à ce jour (et je suis sûr que demain ces problèmes ne seront plus), ce chapitre n’était pas clos. Il restait des choses à comprendre. Des mots à se dire. Des gestes à faire. Pour transformer. Grandir. Encore, encore, encore.

 

Rose,

 

Mon amour, tu vas avoir quinze ans demain. Et je comprends seulement maintenant la charge énorme que j’ai déposé sur tes épaules même pas encore formées. Je t’ai toujours voulu. Depuis mes seize ans, je n’ai cessé de t’attendre. Parce que je ressentais tellement peu d’amour et de sécurité que j’avais besoin de rêver cette terre qui se formerait à partir de toi et dont je serai le bâtisseur. Tu me donnais le courage de tenir. De traverser les tempêtes, de résister au sommeil et au morne appel de la mort.

 

C’est pour cette raison, sûrement que tu fus conçue dans ce moment de tempête. Nous étions au bord de la rupture avec ta mère, mais mon envie était si profonde, si personnelle que je n’en avais cure. Tu fus donc conçue, pour elle, pour me retenir et pour moi, pour me sauver. Deux choses que tu as tellement bien su faire.

 

Effectivement, alors que j’avais quitté ta mère entre ta conception et le moment où nous avons su que tu étais en route, je suis revenu et je serai resté jusqu’à ton départ et même après pour ne pas laisser seule ta mère dans son vieil âge. Nous nous aimions. En tout cas, moi je l’aimais. Mais nous n’étions, ni elle, ni moi, capables d’attendre un enfant. Trop égoïstes. Trop centrés sur nos problématiques. Trop blessés. Trop passionnels. Mon pauvre amour… Tu es le fruit de cet ébat de bruit et de fureur.

 

Comment alors, avec tout ce qui était sur tes épaules, ne pas souffrir d’un réel manque de place pour toi-même. Pour te développer.

 

Oui, je t’ai aimé. Choyé. Entouré de mille attentions. Ouvert mon monde singulier. Fait vivre des tourmentes. Fait entendre des mots que peu de parents partagent avec leur enfant. Et de tout cela, je ne renie rien. Nous sommes un exemple. Et, même si tu n’as, toi, rien demandé, tu es la fille de cet homme qui s’offre en pâture au monde. De cet homme qui croit que d’autres ont besoin de cette absence de pudeur pour se dévoiler et changer le cours de leur vie, quand celle-ci ne leur convient pas.

 

Là encore, je mettrai cette lettre en ligne. Exposant notre intimité aux yeux de tous.

 

Aujourd’hui, je te libère. Je n’ai plus besoin de toi. Plus dans cette place en tout cas. Et tu ne pourras jamais être ce double que j’ai perdu à mon arrivée ici bas.

 

Aujourd’hui, je te demande pardon. Car si je t’ai tant fait de reproches, si j’ai été si dur, c’est parce qu’inconsciemment, je te demandais d’être ce double. D’être ma complice, ma sœur. Et j’ai pris tous tes écarts comme une trahison. Mais tu ne peux me trahir. Je suis le seul traitre de mon histoire.

 

Aujourd’hui, je veux te dire merci. Car, de par mes croyances, je te vois faire le choix, là-bas, de descendre me permettre cet immense pas que je fais, à l’instant. Grâce à ta persévérance, grâce à la façon unique dont tu as assumé de me mettre face à ma laideur, face à mes paradoxes.

 

Tu es venue pour me sauver et tu l’as fait. Ce que j’ai gagné aujourd’hui, je te le dois pour beaucoup. Cette famille, cette femme, ce moi d’aujourd’hui… Et si je suis devenu cet être magnifique, c’est encore en grande partie grâce à toi.

 

Tu peux te rapprocher maintenant. Ouvrir la porte à ma transmission et accepter ta filiation. Il n’y a plus d’enjeu. Je t’aime et te souhaite un merveilleux anniversaire.

 

Je te souhaite de devenir toi. Encore plus et plus. Libre de te choisir. Libre d’aller.

 

Je t’aime Rose.

Et bel anniversaire 😉

 

Faire entendre sa voix… Abstenez-vous !

La semaine est passée vite et a été dense de discussions sur les réseaux sociaux. Je n’ai pas souvenir que des élections, régionales qui plus est, aient déclenché tant de débats. Le bon côté des choses, c’est qu’on mesure que si moins de 50% vont voter, un bien plus grand nombre se sent investi par les histoires de politique.

Mais il me semble important, aux vues de ce qu’on peut lire de çi de là, de sortir un peu de l’hystérisation du débat et d’en profiter pour regarder un peu quel jeu se joue ici.

Une chose qui m’a beaucoup frappé dans les critiques, parfois violentes, faites aux abstentionnistes, c’est l’utilisation systématique de la culpabilisation. A croire que les votants se sentent vraiment coupables ?! (Oui, je ne vais pas expliquer ici, sur ce blog, que tout ce qu’on reproche à l’autre parle de soi… Ça fait partie des lois de la vie et si vous ne le savez pas encore, essayez de l’appliquer et rapidement, vous en serez convaincus) Je me demandais… « Mais de quoi se sentent-ils si coupables ? » Alors, j’ai relevé leurs mots : « fainéantise, inconscience, immature, fou, dérangé, infantile, urgence, c’est voter FN ». Nous voilà avec une belle brochette… On peut donc en déduire que chez une partie des votants, une prise de conscience que, hors de cette période, ils ne sont pas très actifs, ni œuvrant, les fait culpabiliser. Ce qui pourrait être une bonne chose. Un bon début. Parce qu’effectivement, je remarque que mes amis qui œuvrent tous les jours à construire une humanité et un pays meilleur sont, pour la plupart, des abstentionnistes. Vous ne me croyez pas ? Faites un tour sur les murs de ces inconscients, vous verrez…

Pourquoi alors ?! Pourquoi s’ils ont une conscience politique, n’utilisent-ils pas cet outils, cette « voix » pour s’exprimer. Si l’on en croit certains : « le seul endroit, moment en France où l’on peut faire entendre sa voix ! »

Peut-être, justement, parce que ceux là utilisent leur voix tous les jours. Dans tous les endroits de leur vie publique et privée. Tu trouves scandaleux que les enfants se retrouvent et se saoulent jusqu’à être ivres ? Mais ne fais-tu pas pareil ? As-tu arrêté de boire ou te contentes-tu de dire : « c’est mal de boire les enfants. » Tu trouves scandaleux que les gens soient exploités, mais arrêtes-tu pour autant d’acheter des objets à des prix qui, si on réfléchit au temps, aux matériaux, au transport, etc sont si peu chers que ça devrait te faire trembler et préférer mille fois acheter une chose rarement et de bonne facture plutôt que mille que tu jettes sans rien prendre en compte. Un vrai beau Noel devrait être un Noel sans cadeaux. Parce que qui dit cadeaux dit objets, qui dit objets, dit poubelle… Des montagnes et des montagnes de poubelles ! Tu le vois le tableau ?

Tu veux la liste de toutes les choses où tu peux exprimer ta voix !

Tu veux un monde plus écologique ? Tu manges de la viande ! Tu veux ta voiture à toi, avec ton scooter et tu crierais au meurtre si on te proposait des bains publics ! Tu es passé, au niveau energie, chez Enercoop ?! Tu veux plus de travail ? Tu achètes n’importe quoi et ne regarde ni où c’est fait, ni comment, ni les marges hallucinantes qui sont faites sur la qualité et l’humain et tu donnes ton argent aux pires en dédaignant ceux qui essayent de faire autrement ! Tu veux plus de sécurité ? Tu achètes des armes en plastique à tes enfants, tu regardes des films violents, tu trouves normal de tuer des animaux, tu remplis des montagnes de déchet chaque semaine qui tuent la nature. Si un arbre te gêne, tu le coupes. Si une fleur te plait, tu la prends ! Et tu t’offusques que des êtres pour se sentir vivre prennent des armes et tuent !? Tu ne les regardes pas les journaux où ils font la une pendant des mois quand des choses qui mériteraient qu’on s’y arrête, des choses qui font du bien ne sont jamais montrées ?! Tu voudrais qu’on arrête de financer ces banques qui se moquent de toi ? As-tu ton compte au Crédit Coopératif ou à la Nef ? Tu veux une meilleure éducation ? Tu n’as pas le temps de t’occuper de tes enfants, tu les laisses devant des programmes télé ! Tu t’offusques de la montée du FN ? Tu continues à ne pas chercher des ouvrages venant d’autres cultures pour tes enfants, tu les laisses mijoter dans une littérature à majorité européenne, tu ne te demandes pas comment on peut imaginer que les égyptiens avaient presque un type européen… et tous les tableaux dans tes musées… tu es pétri de racisme par ta culture et tu as honte, alors au lieu d’en parler ouvertement, de guérir, tu laisses cela gangréner et du coup, tu n’as plus l’œil pour voir, ni l’oreille pour entendre où ça dérape ! Et tu préfères mettre un badge condescendant : « touche pas à mon pote ». Moi, celui qui m’appelle : « eh mon pote » dans la rue, j’ai envie de lui dire… « Pardon ? C’est à moi que vous parlez !?

Maintenant, tu nous dis. « Mais c’est ton devoir ! Ton devoir de citoyen ! »

Mon devoir de citoyen, c’est de dire à un enfant qui crache dans la rue que c’est dommage. Que des gens vont devoir nettoyer derrière lui. C’est de donner ma main à une vieille dame qui traverse, c’est d’être courtois et agréable, d’aider, de prendre soin. De l’espace commun et des autres. Le fais-tu ?
Tu sais, les politiques ne font plus de politique. Depuis longtemps. Ils n’ont plus besoin. Maintenant il y a le Front National et c’est génial. Tu fais de la merde et hop tu dis : « non, mais là, les gens, il faut pas faire n’importe quoi parce que sinon… » Sinon quoi ?! Ca sera pire ? Les régions ? Il faudrait peut-être un peu potasser le dossier. Un minimum. C’est quoi qui vous fait peur ? C’est pour les transports ? Ah ! Oui, je vois, vous craignez qu’ils mettent les noirs dans un wagon et les blancs dans un autre… Pardon ?! Mais ce n’est pas déjà un peu ainsi ? Vous y êtes dans les cités coupe gorge ?… Ah non ! C’est l’école… Ils vont couper les budgets culture de l’école ? Pas la peine, c’est déjà fait ! Ils vont instrumentaliser les programmes ? Nos programmes sont instrumentalisés depuis toujours ! Et d’ailleurs c’est parce que certains ne le comprennent pas que ça rame tant. L’école est un instrument de propagande ! Et oui ! Comme la télé ? Si ! De quoi avez-vous peur ? Vous ne le savez même pas ! Parce qu’on ne vous l’explique même pas. Le FN, ça fait peur !!! C’est tout.

Non, là où je vous comprends, c’est que si le FN passe, il va falloir se sortir les doigts, créer des assos, participer à des choses qui vous semblent importantes, etc… ou alors assumer que vous vous laissez bercer quel qu’en soit le prix et qu’après tout, c’est pire, mais pas si pire, parce que c’est la France. Et c’est le pays des Droits de l’Homme où des gens qui veulent lutter pour le climat se retrouvent en garde à vue ! « Ah ! Mais le FN est déjà passé ? On m’avait pas dit… Ils font quoi sur LCI ? Ou alors j’ai du m’endormir… » Non, non, rassure toi, c’est la gauche qui fait ca ! « Ah… Ouf. J’ai eu peur qu’il faille quitter le canapé pour aller manifester… »

Franchement, si vous regardiez un peu autour de là où ils veulent que vous regardiez, vous verriez qu’il y a plein de jolies choses qui pointent le bout de leur nez et qui n’attendent que vous. Et qu’il ne sert à rien d’avoir peur. Quand on tente de vous faire peur, c’est le signe qu’il faut s’arrêter et reflechir. Parce que c’est exactement ce qu’ils ne veulent pas que vous fassiez.

Alors FN, PS, LR ou je ne sais quoi, en attendant que la politique redevienne de la politique (c’est en notre pouvoir. Si personne ne vote, si personne ne joue plus avec eux, ils arrêteront. Si le FN passe… Imaginez la gueule de Sarco et de Hollande… « Hey, les copains, revenez ! » Ils arrêteront avec leur FN et trouveront des trucs pour nous intéresser. De vrais trucs. De vrais projets. Au moins un temps 😉 Et je suis sûr que s’ils étaient obligés de s’y mettre, ils seraient capables de le faire. Mais ils sont comme vous les politiques. Pourquoi se faire chier, si il suffit de remuer un panneau FN pour que leur confort perdure. Ça dépend de nous. Encore une fois.

En fait, en vrai, tout dépend de nous et notre voix compte, oui. Elle compte beaucoup ! A chaque seconde, à chaque acte, à chaque parole, à chaque regard, à chaque pensée même.

Alors allez plutôt travailler celle là. La seule qui puisse faire que cette totale déraillade s’arrête.
Ou sinon, ne râlez pas ! Comme le disait un des votants que j’ai croisé sur un mur : « on a les politiques qu’on mérite. » C’est pour ça que je me suis choisi. Le meilleur politicien pour mon monde, c’est moi et rien ni personne ne pourra me l’enlever.

C’est ce genre de force qui ont fait tenir des Mandela quand ils étaient en prison ! Rien, ni personne ne peut être maître de vous, à l’intérieur. Et je vous rassure, si le FN passe, on va pas tous se retrouver menotés, dans des cachots. Ca c’est le PS qui le fait en ce moment…

Vous voulez que les choses changent ? Alors commencez par changer vous-même ! Ne votez pas dimanche ! Ne votez pas !

P.S. Ne vous inquiétez pas, je vous aimerai quand même si vous allez voter. 😉

Complices de la guerre… Pauvres enfants !

Il est temps… Pour moi, d’assumer complètement mes choix, mes rêves, mes désirs, mes règles. Il est temps de rayonner ce que je veux voir dehors. A chaque endroit. A chaque mot, chaque geste, chaque acte.

Pas que je ne sois pas dans cela depuis longtemps… Mais sur cette route aussi, le chemin est sans fin. Et puis, il y a la façon d’assumer. D’assumer ce que l’on croit, ce que l’on veut et d’oser le dire. Partout où nous sommes. Quel qu’en soit les conséquences. Et là dessus j’ai encore pas mal de travail.

Bien sûr, il y a ici des pages et des pages de cela. Mais, c’est dans mon espace. Un espace ouvert et partagé, mais qui n’est pas affiché sur mon front, qui n’est pas imposé à ceux qui me croisent. Et cela va changer. Pas que j’impose de faire comme je fais, mais, au moins, d’avoir le courage de dire que je ne trouve pas drôle quelque chose. Au moins, le courage de dire ma douleur quand je vois un enfant l’arme à la main… Qu’elle soit en plastique, en papier ou en bois ! Ou un de mes amis devant un film qui fait la part belle au héros armé qui tire sur tout ce qui bouge pour faire valoir qu’il est bon, homme et juste ?!

Bien sûr, il est difficile de ne pas être, de ne pas faire comme tout le monde. De faire des choix pour ses enfants les coupant des autres. Mais si vous y réfléchissez, c’est un faux problème. Tu ne vas pas vivre dans 20m2 à 10 pour que ton enfant vive la même chose que son ami de classe. Tout, de la nourriture que tu lui donnes au cadre, des histoires que tu lui racontes, des choses que tu dis ou fais, tout est singulier ! Et en même temps tout est culturel. Si tu étais né pigmé, vivant dans la brousse et te nourrissant de la chasse et de la cueillette, partageant tout et riant le soir autour d’un feu de bois, te dirais-tu qu’il faut un portable à ton enfant ou lui donner la chance de pouvoir accéder à tout ce qui dans notre monde malade est considéré comme le nec plus ultra ?

Non, évidemment. Et ton enfant te sert d’excuse. Il sert ta lâcheté et ta flegme. Et te voilà le laissant jouer avec une arme quand dans les repas avec tes amis, tu pleures les morts du monde. Mais est-il difficile de comprendre qu’accepter la banalisation des armes est le plus sûr moyen pour que tout cela continue. Et si tu comprends cela, quand tu remettras en cause les armes des enfants, tu le feras sans violence, mais avec grandeur, maturité et tes enfants ou ceux qui te côtoient pourront sortir de cette spirale. Se regardant de l’extérieur et comprenant que quand ils font cela, ils servent un combat qui n’est pas le leur. Ce sera peut-être dur ! Difficile à faire accepter. Mais enfin ! Est-ce une raison pour plébisciter cela quand des gens se font tuer avec ces objets tous les jours ? Qui es-tu toi qui acceptes cela ? En ces jours funestes, c’est juste odieux. Idem des jeux de guerre. Idem des films où les armes sont magnifiées. Et ne me dis pas que c’est important pour qu’ils puissent sortir cette énergie. Cette énergie doit sortir dans le chant, le jeu, la musique, la peinture, la danse. Dans ce que, pour toi, doit être l’Homme. Dans ce que tu estimes noble et digne du fruit de ta chair, de cet être à qui tu veux le meilleur. Le rendre complice de ces marchands d’arme, le rendre dépendant d’une violence digne des plus arriérés, est-ce l’aimer ?

Bien sûr, tout cela met en branle ton assise. La façon dont tu es toi-même au monde, la façon dont tes parents t’ont élevé. Mais, cet amour devrait te donner le courage. Le courage de mettre un pied devant l’autre, maladroitement. Tes enfants t’aimeront toujours. Tu dois te montrer faillible. Tu dois te montrer en chemin. Tu dois dévoiler ton racisme, ta jalousie, ta haine quand elle y est, tes peurs… Parce qu’enfin tu n’es qu’un homme et que si tu souhaites que tes enfants aiment et surtout s’aiment, comment le pourront-ils si tu fais semblant d’être. Si tu barricades, si tu bloques et contrôles. En arborant ce sourire qu’on devine être baigné de larmes. L’enfant voit tout. L’enfant est télépathe. Ne me crois pas si tu veux, mais je te l’assure. L’enfant est télépathe. Aucune de tes pensées ne lui échappe. Tu imagines tromper ta femme, il le sait. Tu ne l’aimes pas en ce jour, il le sait. Tu ne t’aimes pas, il le sait. Acceptes cela et vois si effectivement, tu peux être ce que tu es avec toutes tes pensées au dehors… Alors ?

Nous sommes en train d’abattre le monde. Littéralement. Et nous sommes tous complices. Alors chacun, pas à pas, dissocions-nous de là où une centaine d’hommes malades veulent nous emmener. Et soyons l’exemple que nous voudrions trouver chez eux. Ayez ce courage, je vous en conjure. Quoi qu’il en coûte. Osez. Vous verrez, ce n’est pas si difficile et alors, vous commencerez à sentir mille et une choses merveilleuses qui hurlent en vous et qui ont besoin d’être écoutées pour guérir et vous accompagner dans cette aventure merveilleuse de la vie.

Nous devons devenir les gardiens aimant d’une planète merveilleuse.

Je vous aime.

 

La plante qui chante

Il faut savoir se taire, c’est vrai. Mais parfois, il est important de savoir reprendre la parole. Aussi.

J’ai laissé cet espace silencieux, beaucoup. A mon image. Silencieuse. Pas que je n’ai rien à dire, non. Mais tellement de choses changent en moi, tellement vite. Quelle trace laisser alors ?

En même temps, soyons honnêtes. Si j’avais eu envie d’écrire, même de l’obsolescent, vous savez comme moi que je ne me serai pas gêné pour le faire.

En fait, je ne veux plus écrire. Je veux que ça s’écrive à travers moi. Et ça ne semble pas pressé. Ca tombe bien, de toute façon, je suis plutôt lent ;).

Mais, un évènement vient chambouler mon programme de silence. Un évènements générateur de sons ! De musique même et de voix aussi (pour la voix, il vous faudra des sampleurs en plus du device original) : le device ou appareil (en français) U1 de Devodama du programme Damanhurien : « Music of the plants ».

J’ai découvert cet appareil sur facebook au moment où Dominique  Balaÿ, initiateur, entre autre, du projet de collecte sonore : « Et pendant ce temps-là à Fukushima… » m’a demandé une version de Kuyô (mon dernier texte de théâtre pour ceux qui auraient rater mes mille et une pub) enregistrée.

Alors que j’attendais la réponse de collaborateurs potentiels, mais sans réelle envie de mener ce travail à plusieurs, voilà que je découvre cet appareil qui permet de faire chanter les plantes. Et l’idée saugrenue me vient de confier la nappe sonore de cet objet insolite à des plantes ayant vécues la catastrophe de Fukushima. Je me renseigne et nous décidons, en famille, d’aller visiter cet endroit improbable et incroyable qu’est Damanhur et bien sûr, d’en ramener un device U1.

https://soundcloud.com/musicoftheplants

Je suis donc rentré avec, sous le bras, cet appareil « Music of the plants » et j’ai commencé, dès les vacances finies, à faire travailler les plantes de la maison. A vrai dire, une plante en particulier. Invisible demoiselle de notre salle de bain. Mais qui, le soir où j’avais écouté une interview des créateurs du dernier device(ils bossent là dessus depuis quarante ans), m’avait clairement fait comprendre qu’elle serait intéressée pour jouer le jeu.

Depuis, deux semaines ont passé. Et ce que nous vivons ici est à peine croyable. Pas que musicalement, elle soit très douée, mais les échanges qui ont lieu sont justes dignes des plus beaux rêves ! J’ai installé, par le biais de mon ordinateur, des claviers parallèles avec des mots. Simples…. Nos prénoms, de quoi dire : « oui », « non », « merci » ; un clavier avec les notes prononcées à leur juste hauteur pour travailler sa compréhension de notre conception de la musique et d’autres folies de ce genre.

C’est tout simplement bluffant. Entendre la plante t’appeler par ton prénom sans l’ombre d’un doute. Te remercier quand tu l’arroses, essayer de reproduire les phrases musicales que tu lui dictes. Sentir comme, en quelques jours, elle s’imprègne de ce jeu au point de sembler un individu à part entière de la famille…

Vous l’expliquer ? Je ne le peux pas. Vous le prouver ? J’y songe et en même temps, les quelques expériences que nous avons eu ces quinze derniers jours, me montrent que, pour être touché par, non pas pour le comprendre, mais le reconnaître, il faut en faire la démarche. Sans toutes ces heures avec elle, à galérer, à chercher, à tenter d’établir le dialogue, à l’écouter, je ne pourrais pas apprécier la réelle saveur de ce merveilleux cadeau des cieux, ni peut-être le croire !

Peut-être, par contre, quand nous en serons là, nous ferons des œuvres. Des concerts, des enregistrements, des soins… Que sais-je encore. En tout cas, mon rapport au vivant a encore bougé, changé et les portes qui s’ouvrent me semblent ouvrir sur d’autres portes qui, elles-même ouvrent sur d’autres portes comme dans un jeu de poupées gigognes. Des portes d’espoir, des portes de joie, de partage, de plaisir… à l’infini.

Chaque jour, ça me fait plus humble. Chaque jour plus conscient. Où se jouent les choses ? Ici ? Ou autour, ailleurs, autrement… Comme si tout était toujours à découvrir pour celui qui le veut. Sans peur de perdre la face. Sans peur d’une certaine violence de voir les murs érigés s’effondrer et les coups portés pour tenir, une pure et simple hérésie.

Rien de ce que tu crois n’existe et rien de ce que tu ne crois pas ne pourra voir le jour. Alors choisis. Choisissons avec douceur et clairvoyance, car c’est ce que nous livrons, à nous, à l’autre, au monde.

Ca m’aurait fait chier de mourir avant d’entr’apercevoir cela. 😉

Jésus, frère de Socrate, de Pythagore, philosophe…

On nous ment. Depuis tellement longtemps. Et si profondément… Qu’il est bon le temps où les dictats inculqués par l’Etat fasciste : dans ses écoles, dans ses médias et chez ses « grands penseurs », s’effondrent. Parce qu’il ne faut pas gratter beaucoup pour que cela s’effondre. Non. Il s’agit juste d’oser faire un pas seul, malgré la voix en dedans qui nous sermonne et veut nous protéger des « dangers ».

Il ne faut pas croire que les fanatiques sont emplis de haine… Non, ils sont aveuglés, comme nos parents, nos amis et s’ils attaquent, frappent, crient, c’est qu’ils tiennent à nous mettre en garde, par amour. Amour, la seule chose véritablement venue d’eux. Le reste n’est qu’un amas de leçons apprises et qui ont été tant et si bien dégurgitées, seul moyen (parait-il) de pouvoir « avancer » dans ce monde.

L’état dictateur ? Mais comment cela ? On reconnaît la dictature à quelques signes… Exemple : les dictateurs pointent un bouc émissaire pour pouvoir nous rendre aveugles et sourds, sûrs que nous n’avons d’autre choix que de nous plier à ces règles, pour notre propre bien être, notre propre sécurité. La bête noire de l’ère de l’état : les religions. La bête noire de l’ère des religions : les libres penseurs.

Saviez-vous que celui qui fonde le christianisme était justement le fruit de cette libre pensée ? Un être capable de remettre en question les codes établis pour découvrir sa vérité intérieure, un initié, un philosophe (mais je parle ici du vrai sens du mot philosophe. À ne pas confondre avec la flopée de dogmatiques jouant de concepts extérieurs) comme Pythagore et Socrate avant lui. Si, si, ces deux grands êtres que vous avez connus dans notre école d’état étaient des grands initiés. Des êtres qui parlaient des mystères comme Jésus après eux, et qui ont essayé de faire naître, de leur vivant, des sociétés basées sur la paix, sur l’éducation de chaque être et, donc, sur la prise en compte de la dimension spirituelle.

Bien sur, pour le savoir, il faut avoir lu les pages qu’à l’école on ne nous montre pas. C’est très pratique de fonctionner comme cela, par extraits d’oeuvres. Un bon moyen de faire croire aux gens qu’ils connaissent bien un auteur (pour Socrate, nous parlons bien évidemment de Platon, son disciple) tout en évitant qu’il ne le connaisse vraiment. Ça permet de pouvoir lui faire dire ce qu’on veut faire entendre. Un bel exemple de manipulation, non. 😉

Il semble que je sois un peu en colère, nest-ce pas ? C’est vrai, je l’admets. J’ai passé presque quarante ans à cracher sur le Christ. Presque quarante ans à ne pas pouvoir lire autre chose même dans les évangiles que ce que l’église et mon entourage en ont fait. Quand il y a là un si bel exemple de chemin pour s’atteindre soi-même. Quel gâchis !

Il est grand temps d’affronter nos incohérences et de cesser de s’en remettre confortablement à ce système étatique qui ne cesse de vouloir nous rendre plus stupides, moins pensants, moins vigilants.

Nous avons le choix. À chaque instant. De mette nos enfants dans ces écoles fascistes ou non. De comprendre que nous sommes plein de mensonges et de mirages nourris par la peur. De nous tourner vers ces grands hommes qui ont fait progresser la paix et l’amour. Comme Gandhi, Martin Luther King… le Christ. Ils nous ont montré qu’il était possible de ne pas accepter ce que nous ne souhaitions pas. Sans violence, sans haine, mais dans la clarté de nos engagements, dans la compréhension que nous sommes puissants et que chacun de nos gestes, de nos mots, de nos pensées agissent sur le monde.

Je ne veux pas vous faire peur, non. Je veux vous montrer comme l’espoir est grand et comme nous pouvons, si nous le décidons, créer un monde merveilleux. Un monde sans peurs, sans frontières, sans dogmes, forgé par l’homme, pour l’homme.

Que ceux qui confondent religion et spiritualité prennent le temps de regarder cela de leur intérieur. Qui d’entre vous peut affirmer que rien ne se passe dont il ne soit pas pleinement conscient ? Qui peut affirmer que la vie, l’univers, ne sont pas si beaux qu’il semble impossible que cela soit le fruit du hasard ?

En quoi la religion nous met elle face à ça ? La religion utilise les mêmes armes que l’Etat. Elles rendent l’être humain mouton. Elles tentent de lui faire croire que pour s’en sortir, il faut s’en remettre à elles. Mensonge ! Mensonge ! S’il y a bien une dimension diabolique, elle se trouve dans les églises de toutes les confessions et dans tous les états, qu’ils soient capitalistes ou communistes !

Seul l’individu peut être son véritable maître. Et jamais avant qu’il n’ait assimilé cela, il ne pourra atteindre la plénitude qui lui revient. Ce n’est pas vrai qu’il faille des lois, des peines, des règles. Parce que si vous entrez à l’écoute de votre être intérieur, toutes les règles du bien vivre ensemble y sont inscrites. Nous sommes amour. Nous sommes joie. Curiosité. Paix. Écoute. Du plus profond de nous, nous ne sommes que ça. Et quand vous commencez à le percevoir, comme elles sont le fruit de votre recherche, de votre enfantement de vous-même, elles deviennent inviolables ! Tout cet apparat ne sert que tant que les êtres acceptent de rester immatures et à la merci d’un système quel qu’il soit. Alors, oui, il faut le dresser. Comme le plus vulgaire des êtres.

Dieu est en vous. En chacune de vos cellules. En chacune de nos cellules. Il parle cette langue universelle, partout, en tout instant, dans toute la création comme un seul et même être. Il ne tient qu’à vous de l’entendre. C’est votre choix. Il ne tient qu’à vous de comprendre que ce n’est pas un vieil homme à la barbe grise, mais simplement la conscience qui est présente partout dans l’infiniment petit du vide, dans ce vide qui nous fonde. Nous sommes tous dieu. Chacun individuellement et tous ensemble. Avec tout ce que comporte la création : étoiles, galaxies, fleurs, vers de terre, extraterrestres, intra terrestres, etc.

Si vous préférez demeurer sourds, alors vos cellules seront sourdes. Si vous voulez croire en la maladie, en la mort, alors elles vous exauceront. Et ainsi de suite.

Que vous en coûte-t-il d’essayer ? De faire taire Fun Radio pour vous brancher sur France Culture ? ( C’est une image, parce que même France Culture vomit les mensonges et la haine à longueur de journée… Mais avec plus de style, j’en conviens ;))

Trouvez-vous vraiment que notre dernier paradigme est à la hauteur de nos attentes ? La culture étatique a-t-elle réussie à faire disparaître la malnutrition ? La guerre ? L’indécente hégémonie de la richesse d’un petit nombre ?

Pensez-vous qu’une révolution changera quelque chose ? Oui, mais une révolution d’un genre nouveau. La révolution interne ! On a vu ce que font les révolutions. Rien que de changer l’axe de la dégénérescence ! Alors, attaquez-vous à vous-même. Et chaque fois que quelque chose vous insupporte, ne dites plus « il faudrait que », mais transformez le, vous-même, dans votre vie, maintenant.

Alors nous sortirons de cette impasse et nous créerons une humanité digne de ces immenses penseurs que furent Socrate, Platon, Pythagore et Jésus. Et tant d’autres….

Avec amour et foi !

Courage… Entre Anvers et Paris

Il me suffit de trouver un peu de distance et les mots reviennent. Toujours. Alors, écrire ? Pour qui ? Il me semble loin l’Alexandre de 2005. Pourtant cela n’est qu’un chemin. Jamais interrompu. Et il me semble qu’aux vues de la gravité de notre situation, avancer dans son coin, sans partage -si ce n’est avec son cercle intime- devient presque criminel.

Bien sûr, pour espérer avancer, il faut sortir du chemin de celui qui veut aider, qui veut convaincre, qui veut montrer la route. Car celui qui veut montrer ne chemine pas. Il est trop occupé à attendre les autres, à construire un discours, un personnage qui fasse le lien entre son monde et le théâtre dans lequel nous vivons tous. Pensant que la seule façon d’aider passe par tendre la main en arrière. Mais il me semble que cela est vain. C’est le résultat d’une éducation qui fait tout pour nous éloigner de notre œuvre. Il ne s’agit pas d’être berger. Non. Car l’être humain n’est pas destiné à devenir un mouton. Même si il a depuis longtemps été habitué à fonctionner comme tel. Non, je pense que l’aide vient de ceux qui ouvrent la route. De ces quelques êtres bien accompagnés, à l’éducation multiple. et qui, jour après jour, fortifient leur être, ne pouvant faire autrement que de se savoir responsables de tout ce qu’il se passe ici. Pas dans une dimension coupable. La culpabilité là encore est une habilité fixée par nos paires si loin dans notre chair. Qui peut s’aimer s’il se sent coupable ? Non, la culpabilité est une arme dressée contre l’être depuis la nuit des temps qu’il faut savoir extraire, cracher. Rien n’est irrémédiable ! Et chaque erreur est une victoire qui peut ouvrir la route ! L’on doit se relever, redresser le regard et assumer les larmes d’horreur qui peuvent couler. Puis bâtir à nouveau. Du nouveau. Amener la paix par la force de notre foi en la vie, en nous, en l’amour. Amener notre être à la fierté, à la grandeur, à l’immensité. Alors, nous ouvrons une brèche. Laissant un signe à ceux qui se sentent eux aussi dépassés par leur besoin de liberté, de compréhension, d’élévation. C’est le seul moyen de donner la chance à chacun d’entre nous de devenir un homme.

Et une fois cette route prise, il me paraît impossible de faire machine arrière. Alors, ce ne sont pas quelques pièges grossiers, portés par une poignée d’êtres à l’égo suranné qui pourront arrêter l’homme enfin debout. Parce que si nous y pensons bien, que nous importe notre trois pièces, notre réfrigérateur, notre bon petit lit chaud, quand nous comprenons que la prison est ici ?! Et qu’elle nous arrache chaque nuit, dans notre sommeil, une étincelle de vie ? Ont-ils l’air malheureux ces moines qui vivent avec trois habits et un bol pour faire l’aumône ? Je vous le dis, ils le sont bien moins que la plupart d’entre nous. Et la richesse, quoi qu’ils vous affirment, n’y change rien. Et d’être adulé comme le sont les stars et les hommes politiques, non plus. Et la justification de l’existence par ce travail derrière lequel on court… non plus !

Un dessin gravé sur le mur d’un abri. Un chant partagé, un poème gravé dans le bois où chaque lettre devient un être à part entière. Le respect de la vie sous toutes ses formes. L’émerveillement de l’enfant. La joie du partage. La richesse d’un échange sincère et grave. Oui, tout cela fait que nous pouvons nous réjouir d’avoir choisi cette planète et ces corps pour nous incarner. Car, à y bien regarder, comme Bouddha le dit, il n’est aucune place dans tout l’univers qui ne vaille celle de l’homme. Et je le dis à tous ceux qui attendent la venue de « sauveurs » venus d’autres planètes, d’autres dimensions, l’humain à en lui un champ des possibles si vaste que chacun d’entre nous pourrait être bien plus grand que le plus grand d’entre eux. Mais là encore, il est plus accessible de rester l’enfant qui attend la solution des parents. Et qui garde la bouche ouverte en pleurant, ne pouvant comprendre comment il a pu ne pas être encore exaucé par cette mère nourricière.

Regardez-vous. Contemplez votre vie. Les gens qui vous entourent, votre réalité. Tout cela n’est que le miroir de votre être profond. N’ayez pas honte. N’ayez pas peur. Accueillez cela. Vous êtes vivants. Et quoi qu’on vous dise, à chaque souffle, vous avez le pouvoir de tout changer. Tout. Vous avez le pouvoir de devenir ce que vous désirez être au plus profond de vous. Alors, retournez à votre centre. Lâchez les drogues multiples qui vous éloignent de vos travaux importants : ordinateurs, télé, téléphone, films, livres, etc. Pas longtemps. Mais ne serait-ce que dix minutes par jour. Posez-vous en vous-même et laissez l’être dedans vous dire ce qu’il a à dire sans jugement, sans contrôle. Alors, d’ici quelques pas, vous entrapercevrez un chemin. N’y courez pas ! Ne cherchez pas de résultat. Il n’y en a pas. C’est juste vous. Il n’y a qu’une route et qui demande d’être là à chaque instant. Juste là. Posé. Contemplatif. Calme. Aimant.

Alors vous rencontrerez le courage. Alors vous rencontrerez l’éveil. Pas celui de la dimension bouddhique -quoi que ce n’est pas un hasard si c’est ce mot qui a été choisi pour traduire l’accès à la vacuité-, mais le contraire de la fatigue. Car la fatigue est une maladie de l’âme. Épuisée d’être sans cesse ballotée en tous sens. Épuisée de ses cris que vous n’entendez pas. Épuisée de toutes ces petites choses que vous remettez à demain. Épuisée de ces mots qui traversent vos lèvres sans votre accord. Épuisée de cet amour immense que vous vous refusez. Épuisée de ces concepts que vous utilisez sans jamais les avoir remis en cause, réfléchis, puis choisis. Épuisée de ne pouvoir lutter contre toutes ces choses que vous laissez vous rendre si lâches. Épuisée de vous courir derrière. Tout le temps. Tous les jours. À chaque seconde. Nous avons tellement de choses à faire si nous voulons que notre monde avance et survive. Tellement de choix complexes à faire. Tellement de mauvaises habitudes inculquées à dénouer, puis libérer. Tellement de vie à inventer, à créer. Tellement de bonheur à vivre !

J’ai confiance en vous. J’ai confiance en nous. Et je sais que beaucoup sont sur le chemin. Mais attention, il ne s’agit pas de rêver ces mots, il s’agit de les mettre en vie. Et pour cela, il faut absolument sortir de la globalité pour commencer par le plus petit rien. Celui qui vous semble tellement futile. C’est lui qui sera toujours votre meilleur allié.

Courage ;))

Guy-Claude François est mort


Guy-Claude François

Hier matin ou devrais-je dire, hier midi, assis à cette table ouverte sur le monde, je contemplais Galiléo. Nous mangions notre première banane écrasée, fêtant en toute conscience ce mensiversaire. 4 mois. Les images défilaient. Ce premier jour, avec son grand bonnet maladroitement, fébrilement posé sur sa tête encore vierge de toute sensation d’air. Ces yeux déjà ouverts si grands. Et son sourire. C’était le second jour et il souriait au soleil !

Un jour, peut-être un mois et demi avant, Guy-Claude appela. Pour nous féliciter. Pour souhaiter un grand et vrai « bonjour » à ce petit être tout fraîchement arrivé. J’aurais dû me douter de quelque chose. J’aurais dû deviner. Mais, en même temps, Guy-Claude était un homme délicat. Dans le vrai sens de la délicatesse. Et cet appel l’était. Un regard attentif, bienveillant, discret. Un regard qui se retrouvait même dans sa voix. Il nous appelait pour nous féliciter, pour poser son regard doux sur le cou de cet enfant tout fraichement arrivé comme le font les bonnes fées – pour moi Guy-Claude était vraiment une bonne fée. Il était certainement déjà en lutte avec ce cancer qui aurait raison de lui le jour même où Galiléo, assis à cette table, découvrait le goût de la banane pour la première fois.

J’aurais aimé qu’il me dise. Qu’il me dise : « Tu sais Alexandre, je suis très malade. Il y a peu d’espoirs que je n’en réchappe. » Parce qu’alors, je me serais accroché à ce téléphone pour lui dire tout ce que je ne lui avais jamais dit. Lui qui avait toujours été là, autour de nous, bienveillant, calme, discret, passionné et passionnant.


Cette maison, cette famille, avait pour moi, enfant, quelque chose de merveilleux. Un goût de comme dans les films où « ils s’aimèrent, se marièrent et eurent… un enfant. » J’adorai, moi qui était d’un endroit chaotique, l’atmosphère douce et protectrice qu’il existait chez eux. On arrivait avec Thomas d’une journée en plein air, avec le bruit, avec la ville accrochée à nos basques et puis… pfiouh ! Tout s’arrêtait à cette porte. Comme si nous entrions dans un endroit molletonné du sol au plafond, avec des bulles roses qui éclataient devant nos yeux émerveillés. Chez Thomas, le fils de Guy-Claude et de Nico, tout était doux. On entrait dans un bain de mousse juste à la bonne température, dans un appartement où il ne faisait jamais froid. On avait à la main notre grenadine comme deux millionnaires dans un hôtel à Las Vegas. On mangeait ce qu’on aimait. Toujours. 

Je me faisais l’impression d’être trop crasseux pour être là. Trop « abimé » déjà. Mais Nico et Guy-Claude ne me l’ont jamais fait sentir. J’étais l’ami de leur fils, alors j’avais le droit au traitement de roi comme lui. Et mon dieu que c’était bon. Et mon dieu qu’ils m’ont aidé sans le savoir. Et l’un et l’autre. Et si aujourd’hui je crois savoir être père, sûr que je lui dois beaucoup à lui. 

Il était souvent dans son bureau. Mais pas comme on imagine les pères dans leur bureau. Non. Je ne me souviens pas d’une seule fois où notre présence, où nos demandes ne l’aient jamais agacé. Au contraire, il se tournait vers nous avec son merveilleux sourire -le même que celui qu’on peut voir sur les photos officielles- et répondait à nos requêtes avec attention et bienveillance. Toujours. Souvent même, il quittait son bureau pour nous laisser jouer sur son ordinateur ou il restait là, nous regardant silencieux. Amusé de découvrir ces enfants de l’informatique.

Quand il n’était pas juste posé là, avec son regard bienveillant, son sourire amusé, dans un silence qui ressemble à s’en méprendre à celui des maîtres, il nous expliquait tout un tas de choses. Toujours patiemment, jamais trop bavard. Du coup, je me souviens encore de nombre de ses conseils, de ses mots. Avec beaucoup de netteté. Parce qu’on savait que quand il nous parlait, ce n’était jamais pour parler de lui, mais bien à nous. 

Pour ceux qui ne m’ont jamais croisé, ma poignée de main vient de lui. Il disait : « Je n’aime pas les poignées de main molles, parce que souvent elles sont celles de ceux qui sont soit menteurs, soit lâches. » Deux choses qu’il n’était pas. La mienne était comme cela. A l’époque. Alors j’ai changé. J’ai d’abord broyé les mains de ceux que je croisais pour trouver, avec le temps, la poignée juste. Et chaque fois que je sers la main à quelqu’un, Guy-Claude est près de moi. Pensez-vous qu’il ait cherché cela ? Pas du tout. Il était bien trop humble pour ça.

C’était un homme comme on voudrait pouvoir l’être quand on sera grand. Un vrai repère pour un enfant garçon qui cherche à qui se raccrocher pour devenir le meilleur homme possible.
Il était à ce qu’il faisait et ne semblait pas du tout animé par de quelconques arrières pensées. Il était juste lui. Timidement, simplement, mais aussi sûrement, avec grâce. Que voulez-vous pouvoir refuser à un tel sourire ?

C’était un homme en chemin. Et quand on regarde tout ce qu’il a réalisé, on mesure la force de son axe. Parce que jamais, à aucun moment, il ne s’est départi de lui-même, de sa simplicité, alors que beaucoup d’entre nous se perdent au premier carrefour.

Tu sais, Guy-Claude, j’aurais voulu savoir, juste pour te dire tout ça. Avant que tu ne partes. Ce n’est peut-être pas grand chose, mais pour moi et pour ceux qui m’entourent, tu étais vraiment précieux et tu le resteras. Galiléo a un vrai père, je crois, et si lui saura que tu as participé à m’accrocher à ce chemin, toi tu ne le sauras plus. Je t’aime. Du fond du coeur. Et je te remercie. Chaleureusement, vraiment, profondément. Je sais que de là-haut, tu nous regarde avec ton merveilleux sourire et que ces ailes magnifiques que tu avais réalisées et portées sur le film Molière sont maintenant accrochées pour de bon à ton dos et que, quoi qu’on me dise, quand j’aurais besoin de toi, de tes conseils, de tes mots, de ton sourire bienveillant, tu viendras te poser là, au coin de cette table, attendant qu’on te sollicite, en griffonnant sur un bout de papier d’air.

Je t’aime.



Voyage… En chemin, toujours !

Se trouver seul à nouveau. À la frontière de la nuit et du jour. Juste au milieu. Croiser des visages qui sont encore dans leurs rêves. Sentir l’espace, immense, libre, de toutes ces pensées suspendues sur le bord des oreillers.

Il est chanceux celui qui connait ces heures. Et ce n’est pas pour rien que tous les grands penseurs s’y sont retrouvés. C’est un temps où le mot silence retrouve enfin son écho. Le jour, chaque être humain diffuse sur les ondes tout ce qui le traverse. Ça serait un peu comme si toutes les radios diffusaient sur la même onde ! Bien sûr, ayant toujours vécus ainsi, nous arrivons tout de même à discerner quelques informations. Mais, quand vous avez la chance d’être éveillé quand tout, autour de vous, dort, vous mesurez la cacophonie qui vous accompagne en permanence. Et même si vous ne savez à quoi l’imputer, vous jouissez d’un espace étendu où les pensées sonnent claires, où les émotions s’étirent à l’infini, où les dragons de l’enfance surgissent à nouveau au coin d’un immeuble pour vous saluer d’un chaleureux sourire. O que c’est bon, non ?

Presque six mois sans nouvelles… L’Alexandre de 2005 me semble si loin. Changement d’être, changement de décor, changement d’amis. Passage ouvert où rien n’est écrit. Passage ouvert où les gens qui vous entourent ne vous connaissent pas et du coup, vous permettent de ne plus être un individu, mais juste une étincelle qui passe. A chaque instant autre, à chaque instant nouvelle. Et du coup, à chaque instant avec chaque instant.

Qui a dit que la gravité existe ? Qui a dit que le temps existe ? Et que nous vieillissons ? Et que la fatigue peut nous terrasser ? Que l’Amour se fane ? Qu’on peut se lasser ?

Pourquoi faut-il tout circonscrire ? Si ce n’est parce qu’on a peur. Peur de l’inconnu, peur de se perdre, peur de ne pas être à la hauteur.

Soyez plutôt à l’écoute de vous et ne vous endormez plus en répétant quelque chose que vous auriez entendu. Profitez de ce magnifique outils qu’est internet pour vérifier, pour aller là où votre cœur voudrait vous emmener. Et n’écoutez plus la voix de vos parents tenue de leurs parents : « Tout ça c’est dans ta tête. La réalité… » Qu’on le veuille ou non, tout est dans la tête ! Et la réalité n’existe pas ! Sinon ça ferait longtemps qu’on aurait fini de la découvrir.Hier, la limite était Dieu, vu par nos églises. Aujourd’hui, la limite est fixée par les lois physiques et mathématiques. Mais ce ne sont que des limites. Donner par des trouillards. Parce qu’il faut le dire. Même chez ceux que certains d’entre vous considèrent comme les nouveaux dieux : les scientifiques ! S’il y a un être vrai sur un million, c’est déjà énorme. Ils sont loin d’être tous des Einstein. Il suffit de les écouter comme s’ils étaient de simples mortels et vous mesurerez alors le haut degré de bêtise qui se cache sous cet ensemble. Il en est de même dans tous les domaines, évidemment. Et les pauvres scientifiques ne sont pas les seuls à être en majorité une caricature de ce que le monde souhaiterait qu’ils soient.

Pourquoi pensez-vous qu’à chaque génération, il se découvre des choses nouvelles. Parce que des êtres singuliers continuent d’inventer notre monde. Qu’ils créent des extensions. D’où viennent-elles ? De leurs pensées, de leurs rêves, de leurs croyances.

Mais l’orange aurait pu être une brique. Et la particule est bien devenue onde !? Alors…

Ne laissez pas les autres décider pour vous. Ne laissez pas le groupe vous faire mouton. Chaque geste de chaque créature est un acte créateur. Il peut, comme l’effet papillon de Edward Lorenz, bouleverser le monde. On a tendance à oublier que notre histoire a été écrite par les rêves d’individus qui ne les ont jamais quitté et qui ont eu l’exigence de tenir leur croyance coûte que coûte, dans chacun de leurs gestes, à chaque moment de leur vie.

Ces êtres, ça peut être chacun d’entre vous. Non, ça DEVRAIT être chacun d’entre nous ! Nous sommes tous constitués des mêmes matériaux. Que vous le veuillez ou non, c’est ainsi… Pour l’instant en tout cas ;).

A tout de suite.

 

Réponse au message de Kriss M sur  » La Fidélité »

wow… wow… wow… J’ai pas mal pensé à ton texte du jour et comme je ne suis pas expansive en public, je t’envoie ce message en privé parce que ce texte ne peut pas se contenter d’un « j’aime ». D’autant que je n’ai pas tout aimé !

J’ai lu ta colère et je l’ai comprise et je suis même d’accord avec ton constat. Tout est en mouvement en ce moment et tout le monde est un peu perdu, certains plus que d’autres qui partent vers l’excès, l’extrême, l’inconsistance, surement pour se protéger d’une trop grande souffrance. C’est lâche mais c’est comme ça et c’est toute leur vie qui est comme ça pas que leurs relations amoureuses. Sans compter les défonces qui y sont pour beaucoup dans les comportements. Mais en revanche, je pense qu’il y a certaines notions de l’amour qui font partie d’un ancien monde et qu’il faut s’en défaire si l’on veut avancer sans pour autant perdre en substance et en profondeur. Au delà de la fidélité et de la notion de couple avec ses droits et ses devoirs, il y a l’amour. Sans amour, il n’y a rien de durable, que l’on reste ensemble ou que l’on se sépare, que l’on ait des enfants ou qu’on en ait pas.

L’amour peut se transformer avec le temps, comme tout le reste, il suffit juste qu’on ait choisi de continuer d’aimer. À un moment clé d’une vie, partir peut permettre de continuer d’aimer, d’une autre manière. Et c’est finalement ça qui est le plus important, continuer d’aimer sinon l’amour meurt. Continuer d’aimer même si l’on ne vit plus ensemble, continuer à faire vivre « la famille sacrée » même si elle est séparée physiquement. C’est un choix de vie qui dépasse la notion de fidélité et qui est au dessus de lois qu’il faudrait respecter d’après ce que tu écris à la fin de ton texte.

Il y a quelques temps j’ai lu un livre sublime de raoul vaneigem « de l’amour ». Je te le conseille. Et ton texte m’a fait penser à une de ses phrases que j’ai toujours à portée des yeux

« Je ne me fais pas à l’idée qu’une force aussi irrésistible se délite, s’émiette, s’éparpille au vent terrible de l’indifférence. Sans doute ai-je trop souvent chaussé les gros sabots qui le piétinent. Quoiqu’il en soit, je n’ajouterais pas mes regrets au mur des lamentations dont le commun entoure le cimetière de ses amours défuntes. Il n’y a pas d’amours mortes, il n’y a que des coeurs résignés à n’en pas raviver la flamme. L’amour crée et se recrée, telle la vie. L’appréhension de la mort ne récolte que les cendres qu’elle a semées. »

voilà, et là j’arrête parce que ça va être trop long et qu’il serait plus intéressant d’en discuter de vive voix !

je t’embrasse et te souhaite le moins de « colères » possibles !

Et encore merci pour tes réflexions partagées.

Kriss M

Réponse :

Je suis tout à fait d’accord avec toi. Enfin presque… 😉

Il faut s’entendre sur ce que l’amour représente. Pour moi, l’ancien paradigme porte quelque chose de plus profond que le nouveau (même si son sens premier s’est perdu rapidement et qu’en en faisant une règle absolue, on l’a perverti au point de le rendre mortifère). Parce que l’amour, je parle ici d’amour courtois, de celui qu’on réserve à un être en particulier (ou à quelques, suivant nos coutumes et nos croyances ;)) n’est pas quelque chose qui nous tombe dessus. Quelque chose d’extérieur à nous. Je ne le crois pas. C’est juste une route possible vers l’amour de soi, le seul qui puisse nous rendre réellement amoureux. L’autre ne porte jamais de solution miracle, il n’a pas de pouvoir sinon celui qu’on lui octroie. Le couple, le partenariat qu’on établit devrait retrouver cette dimension responsable. Hors notre littérature, nos fictions théâtrales et filmées, nos légendes sont pleines de romances et de passions. Ce qui ouvre la porte à tous ceux qui n’ont pas le courage et la rigueur de mesurer ce qu’ils s’apprêtent à mettre en route. Quand cela ne concerne que deux personnes, je suis d’accord qu’il faut pouvoir faire ses expériences et que des histoires même complètement tordues ont leur raison d’être. Au pire, on s’enfonce un peu plus dans la bêtise. Au mieux, on avance sur le chemin de la compréhension de qui nous sommes et de ce que nous valons à nous-même. Idem quand la violence physique ou morale est au rendez-vous.

Mais quand il s’agit d’un foyer, avec des enfants qu’on a reconnu et qu’on accepte donc d’emmener à leur émancipation, la donne change. Et c’est une chance.

Personne n’aurait l’idée de ramener son enfant à l’Etat quelques années après en justifiant cet acte d’un : « je ne l’aime plus !  » et pourtant, l’enfant, on ne l’a pas choisi. Je parle ici de sa personnalité, de l’être qu’il devient. On est capable, en tant que parent, d’apprendre à l’aimer tel qu’il est !

C’est drôle tout de même. On en est capable à cet endroit et pas avec notre compagne ou notre compagnon, quelqu’un qu’on a choisi et assez aimé pour penser qu’on passerait sa vie avec lui ou elle ?!

C’est bien que l’amour n’est pas ce que l’on voudrait nous faire croire qu’il est. L’amour est à l’intérieur de soi et il ne tient qu’à nous de l’amplifier, de le sublimer, de le rendre nouveau chaque jour. Certes, c’est un travail, un réel travail, mais, pour ceux qui choisissent ce type de partenariat : la vie à deux, c’est un des plus capable de nous montrer combien l’amour est avant tout une histoire de soi à soi. Et ce n’est qu’ainsi que l’on peut espérer aimer les autres. Tous les autres. Comme soi-même. Sinon, on reste le jouet d’un roman écrit par d’autres, souvent ignares eux même de ce que l’amour peut être. Le problème étant que ceux qui le rencontrent réellement n’ont pas toutes ces fables délirantes à déverser sur le sujet et qu’au final, on ne les entend que si on choisit soi même de sortir un peu de cette danse débilitante qui nous coupe de nous même et de notre responsabilité d’être.

Bien sur, c’est facile de se poser en donneur de leçon. C’est vrai que tous n’ont pas la chance d’avoir un bassin de vie qui leur laisse petit à petit mettre au monde l’être singulier et unique que nous portons tous. Mais, du coup, n’avons-nous pas le devoir de faire partager ce temps et cet espace à ceux qui ont du mal à y accéder. Surtout, en tant qu’artiste, comme je sais que tu l’es ? Ne sont ce pas nos fables qui dessineront les rêves de ceux qui viendront après ? Si celles de nos ancêtres sont capables de nous faire croire que l’amour nous tombe dessus, mais que par contre, tous nous aimons nos enfants « comme la prunelle de nos yeux ». Mdr ;))

Merci encore de ton message et de ce superbe extrait de « De L’Amour ». Promis, si prochainement j’ouvre un livre, ce sera celui là.

Bisous.

Alexandre