Les Grands Bâtisseurs… Et les mots

Est-ce que si les bâtisseurs n’ont rien laissé sur leur passage, ce n’est pas parce que l’écrit est une dimension limitative ?

Je m’explique. Les mots sont tout autant de limites que ce que nous appelons la matière physique. Ils saisissent un flux d’informations, d’émotion qui arrive sous impulsion électrique et n’ont le choix qu’entre tel et tel concept pour se donner à l’autre. C’est un exercice que nous faisons depuis si longtemps que nous n’en mesurons même pas son impact. Mais, rien qu’énoncé ainsi, on mesure, je crois, les limites de l’outils. Suivant les langues, j’ai plus ou moins de mots. Suivant les langues, j’ai, quelques fois, la chance de pouvoir exprimer mes pensées en dessins. Permettant, certainement, un espace d’interprétation plus large, moins limitatif.

C’est exactement comme pour ce que nous voyons. Les choix, la simplification, la conceptualisation, là aussi, a du former, petit à petit, notre œil à simplifier l’expression de ce que cet outils magnifique est capable de recevoir. (Nous traduisons 2000 informations sur les 8 000 000 que nous recevons chaque seconde)

Alors, nous nous extasions que ce que nous observons correspondent si bien à ce que nous avons établi dans nos calculs, modes de vie, etc. La science trouve tout cela simplement extraordinaire ! Mais n’est-pas tout simplement évident ? Les mots, encore une fois, la traduction de cette complexité de flux, d’ondes, de signaux, par quelques concepts souvent assez globaux, ne nous empêchent-ils pas de faire autrement ?

Il faudrait faire l’effort pendant un mois de ne parler que par chant, par exemple. Traduire chaque état, chaque ressenti, par son expression sonore. Alors, au bout d’un certain temps, je suis sûr que nous commencerions à voir les choses d’un œil nouveau. Au sens propre du terme ! Les limites se dissiperaient et peut-être même percevrions-nous, tout ce qui nous entoure, sous forme d’ondes ?

Pour quoi faire, me diriez-vous ? Oui, pour quoi faire… Je ne sais pas. Je ne sais pas ce qui me pousse sans cesse à vouloir voir autrement. Je me dis souvent, moi aussi, que ça ne me mène nulle part. Que c’est une excuse pour ne pas gérer les aléas du quotidien. Au fond, si je suis venu là, je dois faire avec.

Oui, mais si ce monde est le fruit de mon imagination, alors je veux continuer à chercher à le créer plus ressemblant à ce que je souhaiterais qu’il soit ! Et pour cela, il y a une longue route de désapprentissage. Une longue route, souvent solitaire, où l’esprit, tentant de se joindre à l’émotion, ne recule devant aucune contradiction, devant aucun problème même s’il semble insoluble. Il les pointe, les soulève et passe des heures, des jours, des années à tenter de leur donner sens. Un sens propre.

Oui, mais de toute façon, je n’arrive pas à faire autrement. J’ai essayé. De faire taire les questions, de fermer les yeux, d’arrêter ma soif de lectures. De dire : « c’est ainsi » et de m’y tenir. Mais je n’y arrive pas. Immanquablement, je suis rattrapé par ces incessantes remises en question !

De ma fenêtre, je regarde avec affection les uns et les autres. Je m’émerveille devant la force de nos croyances. Quelles qu’elles soient ! Car nulle part ne semble exister de limites, sinon celles que nous nous imposons. Pourquoi un homme arrive-t-il à léviter, pourquoi un cadavre encore malléable, semblant être mort hier, se tient-il ainsi depuis plus de soixante ans, à l’air libre !? Certains êtres ne mangent pas, d’autres meurent de faim. Certaines personnes se réincarnent et le montrent par l’étendue de leurs souvenirs, d’autres se battent avec la mémoire cellulaire de leurs ancêtres. Certains parlent avec Dieu et en font des livres magnifiques, d’autres assurent par somme de calculs la réalité d’un démarrage de l’univers appelé « Big-Bang ». Qui a tord, qui a raison ? Et si tout le monde avait raison ! Et si personne n’avait tord !

Alors comment envisager les jours qui viennent ? Comment s’y positionner ? Que chercher ? Que vouloir ? Comment mettre à profit le champs qu’ouvre ces possibilités ? S’agit-il de profiter de cette compréhension pour créer une réalité merveilleuse, mais toujours illusoire ou de lâcher prise, un cran plus loin, et de chercher par delà ces multiples possibles ? Une équation qui renfermerait tout, le tout ?! Insatiable Quête du Graal !

De cela, tout de même, une ou deux leçons.

– Juger quoi que ce soit ne rime à rien. Chaque jugement est un mur qui se dresse entre vous et l’immensité de vos possibles. Encore plus, si ce jugement est explicite. Car alors, il y va de notre honneur, de notre sérieux, de ne pas ciller devant ce que nous avons arrêté. Et nous changeons à chaque seconde !

– Croire au bien et au mal, au bon et au mauvais, au juste et à l’injuste ne fera que vous froisser au dedans. Des êtres meurent pour cela, à chaque instant. Des frères se déchirent. Des amants se crucifient. À quoi bon ? Je ne dis pas qu’on ne doive pas défendre sa réalité jusqu’à la mort, si c’est ce que nous devons faire, mais en sachant qu’elle n’est pas la bonne, la belle, la juste, mais juste la NOTRE. Celle qui nous convient le mieux.

– Il n’y a pas La réalité, mais des réalités : autant de réalités que d’êtres et il s’agit donc d’écouter et de se mettre vraiment en place de l’autre, si l’on veut avoir une chance d’entr’apercevoir une réalité différente de la notre. Personne ne fait rien pour faire du mal. Personne, je vous l’assure. Même si très souvent les conséquences sont désastreuses.

– S’il est envisageable que j’ai « tout choisi » – dans le sens où j’ai voulu croire – alors je peux essayer de vouloir croire à d’autres choses : à ce qui me fait du bien, à ce qui me rassure, à ce qui me fait rêver. Je ne perds rien à essayer. Et si ça continue à tourner comme je ne le souhaite pas, me dire qu’au fond quelque chose en moi le choisit, peut m’aider à traverser l’épreuve et à garder sur elle un regard distancié, donc rendant la douleur moins brûlante.

C’est tout pour aujourd’hui ?

J’ai envie de le croire. 😉

TRÈS BEAU LIVRE LU RÉCEMMENT :
« Conversations avec Dieu » tome 1 et surtout, oui surtout tome 3

 

Conférence sur le Théâtre Nô

Puisqu’il semblerait que certains viennent ici pour trouver des informations sur le Nô, je me suis dit que de temps à autre, je mettrai en ligne les documents qui débordent mon ordinateur sur ce sujet….

Voilà une conférence commandée pour un « Mondo » lors du rassemblement régional PACA des hauts gradés de Judo. Du coup, l’accent est mis sur la paternité des codes martiaux dans le théâtre nô. Malgré tout le spectre est assez large et permet un survol « rapide » et « singulier » de cette forme que je côtoie depuis bientôt vingt ans.

Si jamais, vous vouliez la conférence sous forme powerpoint ou en séquence quicktime, n’hésitez pas à m’en faire part. Si vous y voyez de grosses bourdes ou autres erreurs, faites pareillement. 😉

conférence sur le théâtre Nô – Noh Theater –

Gardénia… Alain Platel, Vanessa Van Durme

Photo Luk Monsaert
Théâtre du Merlan, Marseille.
Un cabaret. Des artistes de plus de soixante ans : des travestis. Un jeune homme. Pendant une heure trente, approximativement, ils vont chanter, danser, se dévoiler devant un public qui oscille entre hilarité et larmes. il y a beaucoup d’émotions. Pari gagné pour ce grand metteur en scène/chorégraphe ? En tout cas, le public est conquis. 
Une discussion a lieu après le spectacle. Vanessa Van Durme, comédienne transsexuelle, à l’origine du spectacle et qui avait déjà travaillé avec Platel, nous raconte la genèse de la pièce.
Le point de départ est un documentaire sur un vieux cabaret de travestis barcelonais qui doit fermer : « Ya Soy Asi » où l’on suit ces « personnages » qui ont fait vivre ce petit cabaret plus de quarante ans et qui vont devoir quitter la scène pour de bon. Emue, Vanessa a réuni de « vieilles connaissances » du milieu gay et travesti pour leur proposer de raconter cette histoire au théâtre. Et franchement, le casting est à la hauteur. Ils sont vrais, émouvants dans leurs corps usés, ces grand-pères habillés en femme, maquillés à outrance. Tellement à l’aise qu’on se dit que la reconnaissance des sexes ne tient pas à grand chose. Oui, ils sont convaincants !
Je ne peux, en les regardant si bien parler de ce travail, m’empêcher de ressentir une profonde tristesse, mêlée d’un soupçon de colère. Une profonde tristesse parce que je me rends compte, en les écoutant, qu’ils n’ont pas pu, sur scène, partager le fond de cette histoire. Ce que nous avons vu, c’est un défilé sympathique et loufoque de « vieilles folles », savamment agencé par Platel.
À qui la faute ?! Comment passer sous la surface quand on est pris par l’engrenage du temps, du résultat ?
Alors on trompe, on trompe le spectateur, on trompe l’acteur, on se trompe soi-même. On vend sa peau au plus offrant en faisant fi de nos valeurs, de nos rêves d’enfants. Et comme tout le monde fait cela en ce moment -j’entends tous les milieux, toutes les professions, la plupart des êtres- on invente les passerelles qui n’existent pas pour se réjouir, paresseusement, des exigences qui se perdent et rendent tout uniforme. Ça rassure. Aussi fou que cela puisse paraître, oui, ça rassure.
Et je me demande comment, dans ses conditions, j’arriverai, un jour, à traverser cet écran opaque pour remonter sur scène et montrer ces malles de rêves abandonnées par tous, sur le chemin. Sans rien lâcher. Sans rien lâcher.
 

Domaine Bérénas, entre Impatiens et Chopin

Je sais… depuis le Japon, le fil de ces pages ressemble à une mer d’huile ou, plus encore, à une chambre abandonnée à la poussière et au silence.

Ce journal n’est pas un quotidien, il n’est qu’une somme d’instants, de moments à partager ou que le temps m’octroie… des parenthèses. Ce n’est pas que le fil se brise. Ce n’est pas les projets qui manquent ou que les actes se font rares, c’est juste que cette petite chambre sous les toits où je peux m’isoler de temps à autre me rencontre moins souvent.

Là, je suis en vacances ! Quelques jours…

Domaine Bérénas aux portes de Clermont l’Eraut où je suis venu prêter ma voix pour dire quelques textes de Chopin à l’occasion d’un concert lecture imaginé et joué (au piano) par Magali Lauron pour le 6ème Festival de « Concerts dans le Chai ».

Enfin, “hors les murs”… dans ce doux état d’apesanteur qui permet les rencontres et le relâchement. Et j’en profite. Pleinement, j’en profite.

Histoires de vin, de bonne cuisine, de femmes et d’hommes, de terre, de vie ! Une suspension dans l’espace-temps où les heures s’égrènent autour de tablées de quinze personnes qui n’en finissent pas, où l’on se couche au levé du soleil et l’on s’endort la tête emportée dans des cercles éliptiques et joyeux, plein de visages, plein de paysages, de bruits de rires et de verres qui tintent. Et l’on ne se lève pas ! On émerge. Au début de l’après midi. Sur la place du marché où l’on boit des cafés, avant de se laisser, à nouveau, emporter par ce si délicieux et enivrant cycle.

Mais si j’ai eu envie d’écrire aujourd’hui (mis à part que le souffle s’y prête), c’est pour parler de ce moment “Chopin”.

Rencontre avec un homme qui se sentait “inutile” ou plutôt qui, sans arrêt, sans relâche, reposait cette question : “que suis-je venu faire là ?!”

C’est une question qui se pose souvent pour tous ceux qui, un jour, quittent le sentier et regardent ceux qui font tourner le monde la bouche ouverte, les bras ballants comme on voit passer un immense train de marchandise qui ne s’arrêterait jamais. On voit, par les fenêtres, les gens qui s’affairent, on devine des discussions… mais quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, on ne pourra jamais remonter ! Quelque chose à un instant s’est déréglé, s’est arrêté et la seconde d’après nous étions là, dehors ! Devenus spectateurs !
Et même si de là où nous sommes, nous pouvons tout remettre en question – nous le devons ! – il n’empêche que pas un jour nous ne subissons, avec une justesse cuisante, cette sensation d’être “inutile”, dans le mauvais endroit. A l’endroit où l’on ne sert à rien ! Puisque nous sommes incapables de faire tourner le monde, de construire une maison, d’élever une vache et de la tuer quand l’heure arrive, de semer une graine pour nourrir nos enfants, nous sommes ces “inutiles”. “Inutiles” qui, du coup, ont le devoir de faire que les rails, l’environnement, ce qui n’existe pas dedans, mène l’homme sur la bonne route, l’empêche de pousser son train au point de rupture. En créant des paysages toujours plus singuliers pour qu’il ralentisse, s’octroie une pause, tende ses yeux vers l’horizon, ouvre la fenêtre…
A chaque crime, à chaque bavure, à chaque oubli, nous les “inutiles” sommes les responsables ! A chaque mot perdu, à chaque geste machinal, à chaque télévision qui s’allume, nous sommes les responsables.
Et le moment, le présent nous montre vraiment sous notre plus triste jour ! Peut-être parce que beaucoup d’entre nous ont perdu cette sensation terrible d’être “inutiles” ? Chopin l’avait ! Victor Hugo aussi !
A vouloir faire croire que tout le monde pouvait être artiste, à vouloir faire entrer dans le train ce qui appartient au dehors, à vouloir grimer les rebuts en hommes et les hommes en rebuts, nous avons préféré peindre des rideaux approximativement que d’affronter la grande fresque de couleurs de ceux qui sont restés dehors, leurs sons, leur chant de sirène… et nous perdons ce bien si précieux et fuyant qu’est notre humanité.
Je me disais hier… il n’est pas de plus grand crime que la négligence ! A chaque fois que nous faisons semblant de pas voir, à chaque fois que nous nous laissons aller à ne pas réparer la petite chose que nous avons déréglée, pour échapper au travail que cela représente, nous tuons un ou deux êtres sur cette terre. Oui, là, maintenant. C’est l’effet papillon. Peut-être plus facilement percevable par la toile qui nous offre de quoi mesurer les effets de nos actes.
Par notre posture, par la puissance cuisante de notre “inutilité”, nous avons pour devoir d’être toujours prêts, aigus, acerbes. Si nous ne sommes pas ça, qui ramassera le morceau de papier tombé par la fenêtre du train et qui, s’il tombe sous l’oeil du spectateur, discrédite notre ouvrage, immanquablement. Et qui sommes-nous si nous ne représentons pas la rigueur du guerrier, la pureté enfantine, l’ascèse du moine ?! Rien, hélas !
Pauvre Chopin ! Grand Chopin !
(message commencé le 04 août et fini ce matin… Lien vers le Domaine Bérénas et son festival en cliquant sur le titre)

Collection de masques de Erhard Stiefel au Théâtre Garonne à Toulouse


Si vous avez raté l’expo, il y a ce petit film montré aux infos sur France 3. C’est très succin, mais ça permet de voir quelques masques magnifiques.

« Spécialiste du théâtre japonais, Erhard Stiefel est surtout un facteur de masques renommé, qu’il collectionne par ailleurs depuis des années. Pour la première fois, il s’est laissé convaincre de présenter cette fantastique collection.

« Ma collection de masques s’est faite toute naturellement, par nécessité pour comprendre et pour me guider dans mes recherches sur le masque de théâtre. Pendant des années, ces témoignages souvent abîmés et abandonnés ont nourri quotidiennement mes créations. Avec une exposition, je voudrais montrer l’essentiel de l’art du masque de théâtre, et montrer certains liens entre les différentes cultures et systèmes de masque. Je me suis aperçu que le masque en général, surtout en occident, est très méconnu et qu’une grande confusion s’installe de plus en plus à son sujet. Alors, je me suis laissé persuader d’exposer ma collection, pour que l’art du masque de théâtre vive. »

Erhard Stiefel »

Découvrez Erhard Stiefel fait tomber les Masques au Théâtre Garonne sur Culturebox !

Leçon de Dario Fo – un zanni (valet souvent joué avec le masque Arlequin, Brighella ou Polichinelle)

En cherchant une image d’un masque de Pantalone de qualité, je me suis promené un peu… évidemment, la balade est parti de Amleto Sartori, en passant par Georgio Strehler, Jacques Lecocq, Erhard Stiefel et l’incroyable Dario Fo. J’ai du coup ramené une petite vidéo de ce monsieur, très grand acteur de masque qui nous partage là une petite histoire d’Arlequin devant un public universitaire médusé. Pour les jeunes acteurs, Dario Fo est une mine d’or, étant qu’il a été beaucoup filmé. Ca donne une idée de là où le jeu s’amorce ! Et ça nourrit, je pense, l’imaginaire vocal, musical et gestuel…

Ouvrez grands vos yeux et allez voir sur Youtube les autres vidéos montrant le grand Mr Fo !

Vis à Vies à Saint Chamas ce soir

Ne laissez pas s’endormir votre Dragon.
Éteignez les télés, régurgitez vos Mac Do et donnez à votre âme et votre corps ces petits moments de bonheur qui font redresser le dos et rappellent le sourire de l’enfance. Ici, le rendez-vous est doux, le voyage assuré. C’est simple d’accès, léger, charmant. Il faut se faire violence, mais commencer en douceur !

Ce soir, programme de rééducation idéale, douce.

Un petit pas pour vos jambes, un grand pas pour votre âme.

May The Dragon Be With You !

L’Expérience Japonaise… Nîmes


Petite parenthèse bien agréable.
Hier soir, nous sommes allés à l’ouverture de « l’Expérience Japonaise », Biennale de la jeune création japonaise à Nîmes. Au programme danse et musique (et oui, pas de théâtre…).

Après deux heures de route et une journée de préparatifs assez intense, nous voilà à l’Hôtel du Centre, un petit hôtel sans prétention, mais à l’accueil vraiment humain et chaleureux. On enfile fissa nos tenues de gala et nous voilà, déambulant aux côtés de monstres japonais (les monstres « Kaiju » de PicoPico) dans la vieille ville. Au milieu d’enfants, d’étudiants, de parents et de badauts, nous découvrons cette ville sous le rythme effréné et quelque peu strident de la musique actuelle japonaise. Après une petite heure de ballade sous grand vent, nous arrivons au théâtre.

Là, c’est un programme en deux parties. La première nous fait découvrir « Kentaro!! » un jeune danseur, chorégraphe de la mouvance Hip-Hop (on craint le pire !!!). Et nous voilà au Japon. Quelque chose se passe là sous nos yeux de vraiment moderne, mais liée aux racines si spécifiques de cette culture, liée aux dieux et aux démons shintôs qui nous entourent. Un beau miracle. Et une émotion que je n’avais pas senti en regardant de la danse depuis bien longtemps. Retenez bien ce nom et priez avec moi pour que le succès ne le détourne pas de sa voie. Lui qui vient saluer en seiza, la tête au sol et qui pleure de se voir acclamé. Quelle merveille !!!! 😉

Après, nous avons eu droit à un groupe de musique 8bits, le groupe « YMCK », vous savez, la musique qui affublait nos premières consoles de jeu. C’est drôle, intéressant, mais l’absence de basses et d’aigus et la puissance des médiums m’obligent à sortir de la salle avant la fin du concert. Elise, elle, restera jusqu’au bout. Avec la banane, s’il vous plaît !

Nous retrouvons Mariko Oka Fukuroi, Mr Iwata (Vice Consul du Japon à Marseille, attaché à la Culture) et rencontrons quelques connaissances et quelques inconnus. En particulier Franck Stofer, un français vivant au Japon et qui a, là-bas, un label, le label « Sonore ». C’est lui qui est responsable de cette programmation éclectique et si japonaise. Un homme simple, direct, accessible, accompagné pour l’occasion de ses parents qui sont restés en France et qui regardent leur rejeton avec amour et admiration.

Puis, nous fonçons dans un autre lieu. Un ancien cinéma récupéré par le théâtre et qui est devenu une petite scène : « l’Odéon ». Là, nous retrouvons un groupe de 4 musiciens. Des rappeurs japonais qui font fureur à Tôkyô : Le groupe « Chimidoro ». A Tôkyô, nous y serons pendant les deux heures que dureront le concert. Ils sont si différents dans leur approche de la scène, de la musique. Du plaisir et de la nécessité de la scène. C’est très innocent et en même temps d’une précision digne des plus grands. C’est très juvénile, frais, communicatif. C’est vraiment agréable.

Bon, voilà le petit compte-rendu. Je file retrouver ma « mauvaise troupe de Théâtre Nô » 😉 et leur laisserait la parole ce soir. A demain !

Et si vous avez l’occasion d’y aller, n’hésitez pas. Ca dure jusqu’au 28 mars (voir l’affiche). En cliquant sur le titre, vous arriverez sur la page du Théâtre du Nîmes dédiée à « l’Expérience Japonaise ».

A vite.

Biennale de Nîmes, Hannya et autres histoires….

Moi qui voulais profiter de cette matinée pour faire la grasse ! L’horloge interne souvent si défaillante, m’a mis sur pied comme chaque jour ! « Laisse-moi tranquille ! Je n’écrirai pas aujourd’hui !  » Mais rien à faire. Il faut se lever…

Peut-être aussi, les histoires de la Biennale de Nîmes n’y sont pas pour rien… et d’ailleurs avant que de venir vous retrouver, j’ai déjà passé cinq coup de fil, envoyé trois mails pour essayer de débloquer la situation.

Laquelle, me direz-vous ?! Et bien voilà…

Le Théâtre du Nîmes organise (et je l’ai appris avant hier) du 24 au 28 mars, une biennale de la jeune création japonaise : Musique, danse, théâtre, arts plastiques. Alors, innocemment, quand j’apprends cela, après ma journée d’écriture, je me rue sur mon mail et j’écris à la direction que je veux absolument pouvoir être là. Rencontrer ces artistes, voir leurs spectacles et avancer ainsi sur mon projet Kujoyama. Je leur envoie mes dossiers : Projets, Presse, Photos, etc. et leur demande s’ils peuvent m’offrir le pass (150 euros tarif plein/86 pour les chômeurs), s’ils peuvent me trouver un endroit où dormir (même un placard à balai) et s’ils peuvent me permettre de vivre cette aventure de l’intérieur pour que j’ai une chance de rencontrer les artistes. Avec ce que je viens de vivre, avec la rencontre puissante et douce de ces jeunes autour de Dom Juan, avec le stage au Théâtre du Soleil, c’est très sûr de moi que j’attends une réponse positive, du genre : « Mais bien sûr ! Nous sommes très touchés qu’un artiste français de la région désire venir rencontrer nos artistes et partager ce moment unique avec nous. C’est, en secret, notre but, etc. » Mais que nenni ! Nous ne sommes pas des mécènes, me dit-on ! Et votre outrecuidance passe les bornes ! Loin de juste ne pas réussir à les toucher, je les énerve ! On s’explique au téléphone, on se comprend mieux. Mais il n’empêche qu’ils ne peuvent pas m’aider, si ce n’est en me facilitant la rencontre avec les artistes, ce qui est déjà énorme.

Du coup, c’est 800 euros que je dois trouver, là, comme ça ! Et 800 euros, je ne les ai pas. Oui, je suis intermittent. Mais les six derniers mois m’ont coûté cher. Le temps d’écriture des dossiers (Picasso, Kujoyama, Dom Juan), les impressions multiples et variées, les voyages à Paris, les envois, le temps passé sur Dom Juan, les coups de téléphone pour mettre tout ça en place, ma résidence d’écriture… tout ça, personne ne le paye pour moi. Et c’est une grande part de mes assedic qui se dilapide là ! C’est normal, me direz-vous et je suis d’accord. Entièrement d’accord, c’est à mon sens, exactement le pourquoi des assédic, en tout cas ce qu’il devrait être pour tout un chacun. Mais là, même en raclant les fonds de tiroirs, je ne peux pas m’offrir cette semaine ! C’est ainsi.

Cela explique peut-être pourquoi ce matin au lieu de dormir, j’ai appelé Jean Florès, le Directeur du Théâtre de Grasse qui accompagne mon travail depuis un bout de temps pour lui demander ces sous. J’ai appelé aussi Michèle Couetmeur et Thierry Roche, responsables à Aix et dans la CPA au niveau culturel et en lien avec moi sur le projet Kujoyama pour leur demander ces sous. Parce que je n’ai pas beaucoup de temps pour me retourner. Une dizaine de jours tout au plus. Et sans cela, sans une aide extérieure, je râterai ce moment. Moment unique si l’on y pense. Ce n’est pas tous les jours qu’autant de jeunes artistes japonais sont réunis ensembles sur le sol français. Mais bon ! Si cela ne doit pas être, cela ne sera pas. Et cela aura raison de ne pas être. C’est toujours ce que je me dis et c’est un très bon moyen d’apprendre à construire aussi avec les impossibilités.

Voilà…

Ah oui ! Hannya ! Pourquoi Hannya ? Parce que ce masque m’a tenu compagnie toute la semaine, posé face à moi, impassible, calme et que j’ai appris à la regarder, à voir sous ses traits les traits d’une femme blessée, battue, mais qui n’a pas lâché. Elle aussi est devenue une intime ! Et je voulais la saluer ici et lui dire merci de sa patience et de son regard qui m’a tant soutenu.

A plus !

P.S. Avez-vous vu avec quelle ferveur elle me regarde ! Je crois qu’elle est tombée amoureuse 😉

Ah ! Oui, aujourd’hui je pars à Paris et je n’aurai sûrement pas de connexion pendant ces deux jours… donc vacances de blog. C’est le moment d’en profiter pour venir vous y retrouver et discuter un peu. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent dit-on, non ?!

Théâtre obligatoire à l’école !!!!

Petite réaction à un bel article paru sur ce qu’il reste du journal Libération. Cliquez sur le titre et vous pourrez le lire. Ca fait du bien toujours de voir que parfois quand les gens se battent vraiment, ils sont entendus !

 » Bravo Mesdames,
qu’il est bon de voir des femmes et des hommes qui, loin de se contenter de la morosité et de la panique ambiante, cherchent, trépignent, enragent et avancent, oeuvrent humblement pour que cela se déplace, bouge ! Parce qu’au fond, rien ni personne ne peut nous dicter notre conduite. Simplement le choix de la résistance devient de plus en plus lourd, de plus en plus aigu et violent, malheureusement si souvent solitaire. A travers vous qui avez la chance que le regard de la presse souvent muette et aveugle, se porte sur vous, je salue tous ceux et celles qui comme vous se battent pour donner vie à un monde, qui s’il n’est pas meilleur, sera au moins plus responsable. Et leur dit combien en ces temps dégénérés, ce combat est important. Même s’il ne sauve qu’une personne, qu’une herbe.
Et quoi, mieux que cet art de l’instant peut nous y aider.
Que les sourds ouvrent leurs oreilles !!! Et que les vivants y puisent un peu de cette force universelle qui les anime et qui sauve !

Bien à vous et Bravo !

Alexandre F «