Être père

Se coucher douloureux, se réveiller douloureux. Sûr que ce n’est pas la bonne voix qui parle, mais incapable de la faire taire. Il faudra que, rapidement, je retrouve le rituel du lotus et du flux et reflux de la respiration. Mais l’heure n’est pas encore à ça. L’heure reste au dernier round d’un combat à la vie à la mort pour tenter de faire entendre nos justesses. Le temps va trop vite pour que j’échappe aux différentes étapes.

Hier, j’ai dû dire au revoir à ma fille, au revoir à son père, au revoir à ma femme. Et je le sais d’ores et déjà, toutes ces morts ne pourront pas laisser l’amour entrer dans la maison. Ou alors au prix d’un travail si profond et si terrifiant qu’il faudra à cette femme magnifique faire ce qu’elle s’est toujours refusée de faire : regarder les choses telles qu’elles sont, ne pas juger, ne pas justifier, contempler le désastre et en rire franchement. Prête enfin à relever ses manches pour reconstruire pierre après pierre ce que sa peur a si méticuleusement détruit.

On ne peut construire l’amour en tuant. On ne peut faire la place qu’en soi-même. Elle n’est pas elle-même aujourd’hui. Elle est le fruit de notre union, le fruit de notre foyer. Celui où j’étais le veilleur implacable. C’est de cette femme-là que l’autre homme à cru tomber amoureux. Parce qu’à travers elle, il a vu notre ouvrage. Il a senti la force de l’homme qui porte chaque mot, chaque geste et emmène les siens à ses côtés. Offrant un père adulte et un amant divin à ce havre où la paix, même si elle ne ressemblait pas à ce que communément les gens prennent pour telle, était présente. La paix et la joie. Choses si précieuses qu’elles méritent tous les combats.

Lui avait besoin de ça, puisqu’il quitte sa famille. Il abandonne les siens par le pire chemin qui soit, celui de l’illusion : la passion.

Comment fera-t-elle quand les premiers temps passés, elle sera à nouveau hantée par les filtres de la jalousie. J’y ai eu droit tout au long de notre histoire et je ne l’ai jamais trompée. Plusieurs fois, il est vrai, je suis parti. Mais jamais pour une autre. La seule autre qu’il y ait eue, je l’ai rencontrée deux mois après notre dernière séparation et j’étais prêt à construire une nouvelle histoire avec elle. Et pourtant, sa peur n’a jamais connu de répit. Comment fera-t-elle donc, alors qu’ils sont le fruit de l’illusion, de la tromperie ?!

Je n’ai jamais souhaité être intrusif. Je n’ai jamais rien fait que d’être celui que j’étais vraiment. Avec mes forces et mes faiblesses. Mais toujours honnête. Toujours. Du coup, j’ai pu travailler tout du long à devenir meilleur. Pour elle… pour moi. Pour moi avant tout, vu que ce que j’ai réussi à accomplir à ses côtés, je le garde avec moi. Et aujourd’hui, je peux marcher la tête droite, assumer mes larmes et savoir que ce ne sont que des larmes, être encore plein d’amour pour elle, pour lui, pour ces six enfants à qui on vient d’ôter leur cadre, encore une fois.

Ce qui est dur, c’est de mesurer que si elle veut, elle peut transformer ces années de bonheur en enfer. Ce qu’elle fait déjà. En me tuant dans son âme, elle pense, à tord, lui faire une place. Lui justifier leur acte déshumanisé.

Ce qui est dur, c’est que je sais qu’elle fait fausse route ou plutôt qu’elle a choisi un détour à la végétation inextricable et qu’elle risque de beaucoup souffrir si elle veut continuer à cheminer. J’espère qu’elle en aura la force. De tout mon cœur, je l’espère.

Ce qui est dur, c’est de perdre mon métier d’amant, d’homme et de père pour ça ! Mais je ne lui offrirai pas ma fille en pâture, je ne lui offrirai pas une place dans mon nouveau foyer. Être père, c’est dormir dans la maison de son enfant, lui faire à manger, être là, être celui qui protège le foyer, être l’homme et l’amant qui chemine au côté de la mère et qui fait la place. Être père, c’est aider aux devoirs, écouter, donner du temps, de l’amour. Chercher aux côtés de l’enfant, les solutions les plus douces pour que l’enfant se construise et devienne le plus bel être possible.

Je ne suis plus cela. J’ai demandé à Rose de ne plus m’appeler papa. Ça m’a déchiré les entrailles et j’ai senti la peur tenter de s’engouffrer dans mon ventre. Mais j’ai tenu. « Tu m’appellerais papa quand je ferai le travail de père. Quand tu seras sortie du foyer de ta mère. Alors nous nous retrouverons. Et nous pourrons cheminer côte à côte. Et je pourrais devenir le grand père de tes enfants. Cela personne ne pourra me l’enlever. Ton père aujourd’hui c’est Emilio. Et demain, peut-être, ça en sera encore un autre. Ton père, c’est l’homme qui vit au côté de ta mère. Ou alors, tu pars avec moi, mais cela veut dire que tu es prête à quitter ta première mère. J’ai été le père de Simon et de Jeanne. Pendant toutes ces années. J’ai tant souffert de ne pas avoir cette place. Ne fais pas ça au prochain qui entrera dans la maison de ta mère. Nous nous aimons plus que tout et je serai toujours ton géniteur, celui qui t’a donné la vie. Ça oui. Mais aujourd’hui tu ne peux plus m’appeler papa. C’est un mensonge. N’aies pas peur, personne ne pourra me faire disparaître, que moi. N’aies pas peur, notre histoire d’amour est plus grande que tout. Elle ne souffrira de rien vu qu’elle n’est pas nourrie de mensonges et de peur. N’aies pas peur. Va, va ton chemin. J’ai confiance en toi. De tout mon être. Et si tu as besoin de moi, je suis partout à l’intérieur de toi. J’ai été là presque chaque jour pendant tes onze premières années et je te laisse déjà si forte et si belle. Ne t’inquiète pas pour moi. Je ne m’inquièterai pas pour toi, je te le promets. Va. Va et Vis ! »

Oh oui, je lui ai dit tout cela. Et à chaque mot, j’ai cru m’évanouir, mais je savais, je sais que c’est ma vérité. Je sais que tant que je suis hors de sa demeure, jouer aux parents séparés est la pire chose qui soit. Pour nous tous.

Ouf!!! Quelle journée ;))

L’amour… (suite)

Matin… De la peinture blanche sur les mains, un café, une cigarette, le ciel clair et frais du vent qui nettoie. Le ciel bleu. Bleu comme l’absence de couleur, bleu comme le vide, bleu comme la place toujours plus étendue.

Après, quand mes dents seront fraîches, quand mon visage sera lavé de la couche de sommeil et de peaux mortes de la nuit, après, je partirai.

J’ai eu, tout au long de cette rupture, de la rupture avec la femme que j’aimais, pendant un mois et demi, la chance de rencontrer les fantômes de mes craintes passées. Je les ai vues, à distance, dans le miroir de ses yeux, dans le miroir de sa voix, de ses gestes. Et j’ai découvert tant de choses.

Cette nuit, lors de notre dernier combat, de ce combat à mort pour sauver l’amour et la beauté, j’ai retrouvé la superbe de ma voix d’avant, pleine de force et de justesse, le corps tendu comme l’arc, affuté ! Samouraï au sabre de verbe tranchant comme un rasoir, fulgurant. Et j’ai compris que même si mon chemin était celui de Bouddha, j’avais en mon sein l’âme d’un guerrier. Un guerrier de lumière, un guerrier pacifique. Comme me l’a dit cet ami, ce double, lui qui s’appelle le Royaume de la Paix et que je n’ai pas compris, de prime abord, quand il m’a offert ce nom. Oui, je suis ce sage qui porte les armes et qui défend la parole vraie de l’amour. Oui, je suis celui qui est prêt à affronter la mort, sans peur et sans remords pour un seul mot, juste. Et -je le comprends en ce moment- cela, depuis toujours. Même quand je n’étais qu’un enfant de trois ans.

Chacun d’entre nous porte un ou plusieurs dons. Chacun à un rôle à jouer. Chacun. À cela, vous n’échappez pas. Vous êtes peut-être trop encombré pour vous en rendre compte ou simplement, trop fatigué, trop blessé pour entendre la voix en vous et hors de vous qui vous montre la route.

Et cette nuit, au bout de deux heures de combat, j’ai fini par la toucher. Par lui faire entendre, le temps d’une seconde, que si elle partait pour un autre, notre histoire n’y était pour rien. Qu’elle avait juste rencontré sur sa route quelque chose de beau et que cela suffisait. Qu’il n’y avait besoin d’aucune justification ou raison « valable ». La vie ne se justifie pas, elle vit. L’amour ne se justifie pas ou alors il n’existe pas. Commencer une histoire en tuant une partie de soi, en tuant son histoire, c’est demander à l’amour de planter la lame dans son coeur, ce que l’amour fera, quoi qu’il lui en coûte.

Plus je l’entendais se justifier : dire qu’il y a huit ans, je lui avais dit ça ; qu’il y a cinq ans, j’étais parti ; qu’elle n’avait au fond que désiré me quitter sans jamais en avoir la force et que cet homme lui donnait le courage de passer à l’acte, plus j’entendais la puissance et la profondeur de son amour et, en même temps, l’insupportable douleur de la voir détruire ce qu’elle avait construit avec tant de patience et d’amour pendant douze ans. L’insupportable douleur de l’entendre se détruire elle-même !

Beaucoup d’entre nous font cela. Ils construisent sur des charniers. Ils s’enduisent de boue et de mensonge. Puis, une fois le mal fait, ne comprennent pas pourquoi il est si difficile de vivre côte à côte. Pourquoi celui qu’on a senti aimer nous fait trembler. Pourquoi quand on l’embrasse, on a un goût de sang en bouche. Bien sûr, rien n’est irréparable. Rien. Il suffirait, là encore, de reconnaître que simplement on en avait besoin pour faire le pas, pour faire la place. Que là encore, seul l’amour existe et l’histoire bâtie sur des cadavres verrait fleurir toutes les essences, sur le meilleur des terreaux. Mais, comme ce qui pousse l’être à détruire, à fuir, à tuer : la peur, le plus souvent, empêche même d’entendre pourquoi ce malaise s’est installé.

Cela n’est pas grave. Rien ne l’est. Pour nous, il y a, quand même, fruit de cette magnifique et immense histoire d’amour, une fille. Une fille de onze ans qui entend sa mère dire qu’elle aurait voulu ce nouvel homme douze ans plus tôt. Que son père, elle ne l’a pas aimé. Qu’elle était avec lui par peur. Et l’enfant qui porte le couple au cœur de ses veines voit son être amputé, déchiré.

Bien sûr, il peut vivre avec. Tous le font. C’est triste, mais là encore, ce n’est pas grave. C’est juste plus long et douloureux de faire le chemin qui mène à la paix. C’est tout.

Ce matin, je vais partir. Je crois qu’elle a quand même entendu quelque part combien notre amour était beau, je crois qu’elle est, très loin, rassurée de voir que je porte les fruits de notre histoire, fier et fort, sûr d’avoir passé les plus belles années de ma vie à ses côtés.

Et lui va arriver. Aujourd’hui. Et ce soir, il dormira dans la chambre où j’ai dormi douze ans. Bien sûr, j’ai fait ce qu’elle n’avait pas fait pour nous, malgré mes demandes. J’ai jeté le lit dans lequel nous nous sommes tant aimés. J’ai enlevé chaque trace de moi dans cette vaste maison. Photos, peintures, livres, affaires. Je leur ai offert un espace vide où ils auront plus de chance de pouvoir s’aimer. Mais, au fond, ils sont les seuls à pouvoir le faire.

Moi, le guerrier pacifique, je peux partir l’âme en paix. Espérons qu’ils arrivent à sortir de leur jeu de bourreaux et qu’ils s’aiment assez pour défaire les peurs qui les encombrent, une à une et qu’enfin, ils puissent dire tout l’amour qu’ils portent pour chacun d’entre nous, tout le temps, toujours. Espérons-le pour eux, pour ma fille, mais aussi pour chacun d’entre nous. ;))

Bonne journée à vous.

L’amour…

J’ai regardé le ciel zébré de nuages et j’ai eu envie de pleurer.

J’aurais été prêt à mourir pour elle. J’aurais été prêt. À tout vivre ! À tout encaisser ! À tout perdre, tout donner.

Et voilà que le jour se lève et que ce don reste planté en travers de mes côtes fêlées. Et voilà qu’en réalisant qu’ici, je suis descendu pour aimer, je réalise, aussi, combien cela peut être insupportable pour celui qui n’y est pas prêt.

Aimer, c’est dire. Aimer, c’est être prêt à donner notre vérité à n’importe quel prix. Aimer, c’est laisser la place à l’autre de tout sans juger, jamais. Aimer, c’est rendre chaque jour le dernier. Aimer, c’est accepter de disparaître. Aimer, c’est se donner, se donner, se donner. Et au moment où la nuit revient, c’est veiller sur le sommeil de l’autre et empêcher les cauchemars d’entrer, quel qu’en soit le prix. Aimer, c’est être prêt à mourir, vraiment, à chaque instant, pour le moindre des caprices. Aimer, c’est vider l’espace du passé, vider l’espace de soi et laisser l’autre libre de tout détruire en lui montrant une confiance sans bornes, sans peurs, sans attentes. Aimer, c’est la vérité des saints, de Jésus, de Bouddha, de Mahomet. Et c’est si grand à vivre ! Si grand ! Ce n’est pas un sacrifice, c’est s’offrir le royaume de Dieu, ici et maintenant.

Certains, comme moi, ont besoin d’un autre pour le rencontrer. D’autres ont besoin d’eux-même, d’autres ont besoin de tous. Qu’importe ces choix, qu’importe. Le plus important c’est le chemin et, plus important encore, d’avoir l’honnêteté de mesurer l’étendue de l’ignorance. Pas l’ignorance des codes mis en place par nos différentes cultures, mais l’ignorance du cœur. Ce cœur dont nous étions maîtres enfants ! À l’époque, nous étions de grands sages ! Chacun d’entre nous ! Des êtres d’amour et de lumière. Le reste : chaque mot appris, chaque limite posée par l’apprentissage d’une réalité partiale et tronquée n’est qu’un scalpel qui coupe notre conscience, notre confiance, notre amour. Un bout, puis l’autre !

Ce n’est pas la faute de nos parents, leurs parents, avant eux, avaient fait pareil ! « tu vas tomber! » Tomber n’existe pas ! Tomber est un choix ! Tomber n’est qu’une des visions possible de la réalité.

Chaque fois que vous affirmez quelque chose comme étant vrai et que vous sentez en vous l’insupportabilité monter, alors c’est que, quelque part en vous, l’enfant n’y croit pas de toute son âme. Il a juste peur de se faire gronder, de se faire traiter de fou, qu’on se moque de lui, de son ignorance. Qu’on le jette sur le bord. Hors du monde.

Mais cela n’existe pas. Rien ni personne ne peut vous jeter. Rien, ni personne ne peut vous abandonner. Tout aime. Mal, blessé, pris dans des engrenages qui en rendent impossible l’évidence, mais tout aime. Tout !

Je n’ai rien d’exceptionnel. Ce qui est exceptionnel, ce sont les rencontres que j’ai faites. C’est cette mère qui s’est battue toute sa vie contre des fantômes qui n’existaient pas et qui a su me donner le verbe pour créer ; et qui a su, malgré le poids sur ses épaules, ne pas briser l’enfant qu’elle aime toujours autant. Ce qui est exceptionnel, c’est l’amour de cette femme qui, pendant douze ans, m’a tiré du bon côté du chemin jusqu’à me libérer complètement, me protégeant , sans même le savoir, de tous les fantômes qui l’ont tant blessée ! Ce qui est exceptionnel, c’est chaque être croisé sur ma route, c’est nous tous réunis en un seul et qui s’aime, qui s’aime, qui s’aime à en crever.

Tout ça est à vous. N’ayez plus peur. Chaque personne que vous rencontrez, vous pouvez lui parler sans peur. Comme si vous parliez à vous-même. Simplement. Et chacun vous aime comme vous aimez tout le monde. Cessez donc d’aller contre. Parce qu’alors vous vous brisez. Parce qu’alors vous emmagasinez du dégoût, de la haine. Vu que vous allez contre vous-même. Contre ce que vous dicte tout le reste de votre être.

Si vous savez faire ce pas. Si vous arrivez à dire : « je ne sais pas » et sentir le rire vibrant de la vie monter en vous, si vous réalisez que chaque acte qu’on appelle « méchant » dans notre monde est juste un acte construit d’ignorance et de peur, alors vous découvrirez que le paradis est ici. Juste là. En vous et autour de vous. Partout.

Attention… Je ne dis pas la vérité, mais ma vérité. Et si elle ne vous fait pas envie, alors crachez là ou plus gentiment, laissez là à d’autres, à ceux qui la sentent juste. Si ces mots ne vous siéent pas, ne les laissez pas même vous toucher. Il n’y a que votre réalité qui compte. Il n’y a que votre réalité qui existe. Le reste n’est que combat et peur, malêtre, malvie et cela n’existe que tant que vous en aurez besoin.

Je vous aime. Tous autant que vous êtes. 😉

 

Pour l’enfant…

Après mûre réflexion, ce message envoyé à ma fille de onze ans qui traverse en ce moment notre séparation, je le dois à vous tous et vous le donne à lire, si vous en avez envie.

« Petit amour. Tendre et magnifique jeune fille. Lumière.

Edimbourg est magnifique et j’y suis heureux, vraiment. Content d’avoir pu finir cette histoire comme ça, sans trop de heurts. Avec toujours autant d’amour. Maintenant, il te faudra faire sans moi. Pendant un temps. Je ne supporterai pas que tu sois l’instrument de cette histoire. Parce que si tu en es le fruit, le point d’orgue, la pièce la plus belle, ce qui se passe, ici, entre un homme et une femme, un couple, ne te concerne pas. Et surtout, il n’impose en rien ton adhésion à quoi que ce soit. Reste libre. Toujours. Écoute ta voix intérieure.

Écoute celui que tu appelles Bouddha et qui parle à travers toi. Il s’agit en fait de ta voix intérieure. Comme chacun d’entre nous, tu portes bouddha ou Jésus ou Dieu même si tu préfères, dans ton cœur. Tu es bouddha. La meilleure partie de toi l’est et l’a toujours été. Ne doute jamais. N’ai jamais peur. De rien.

Tout ce qui arrive c’est toi qui le crées. C’est toi qui le fabriques. Il te suffit d’une pensée, d’un mot et hop, cela apparaît et existe. On ne subit jamais rien. On choisit tout. Même l’endroit où tu nais. Même tes parents. Même le fait qu’ils se séparent. C’est toi et toi seule qui le choisit. Et si tu as choisi ça, c’est que c’est le mieux pour toi. Pour devenir pleinement la plus belle femme que tu portes. Un être d’amour et de lumière. Un être évolué et qui refuse tout ce qui sonne faux.

Tu vas devoir traverser une épreuve difficile et je ne serai pas là, mais si tu aimes ta mère -et tu l’aimes, il n’y a aucun doute !- Tu dois être honnête tout le temps. Et savoir la laisser régler ses problèmes seule.

Elle pense que les autres peuvent l’aider, mais elle se trompe. Ce n’est ni le rôle d’un amoureux, ni celui d’un enfant. Et pourtant ce sont là les deux qui l’aimeront le plus. Il faut que tu acceptes que tu ne peux rien pour elle. À part devenir la plus belle femme possible. À part réussir ta scolarité. A part lui faire entendre que tu es là, si elle le veut, mais pas pour porter son fardeau. Ça, elle est la seule à pouvoir le faire.

Si un nouveau père entre dans votre vie, sache que comme tous les êtres humains, il porte une part de moi. Alors aime le. Ne lui fait pas payer. Sache que tous les êtres humains sont ton père et ta mère comme ils sont les miens et ceux de ta mère. S’il en manquait un seul, tu ne pourrais être et devenir celle que tu es.

Il n’est pas sûr que je t’écrive à nouveau. Mais je te lirai. Et sache que je suis tous les jours là à tes côtés. Écoute tes sensations ! Crois à tout ce qui passe par ta tête. Tout est vrai. Quand tu me sens, c’est que je suis là et alors si tu veux me faire un câlin, tu le peux. Sans retenue. Personne ne pourra jamais nous prendre ça. Que toi ! Donc fais attention à ne pas écouter les mauvaises voix qui ont peur et ne veulent pas qu’on soit si heureux, aussi simplement. Fais comme ils te disent, accepte les règles, mais ne laisse pas leurs mots entrer en toi. Respecte les lois, respecte leurs codes, mais sache que ce ne sont que des lois et des codes, pas la vérité, pas l’unique réalité.

Je t’aime d’amour et d’au delà.

Courage princesse.

Tout ce qui arrive doit arriver. À toi de comprendre pourquoi tu as fait ces choix. Comme nous devons comprendre, ta mère et moi, pourquoi nous avons choisi cela. Il n’y a pas de faute, juste un chemin.
Mille bisous.

Papa

Envoyé de mon iPad »

À bientôt.

Réponse au commentaire de Chatterley

Chatterley a ajouté un nouveau commentaire sur votre message « Pour l’enfant… » :

Je ne vous suis pas quand vous écrivez que tout ce qui arrive c’est nous qui le créons. Ce n’est pas nous qui créons « les mots bien dits par d’autres » ce que veut dire bénédiction. Ce n’est surtout pas un enfant qui crée la séparation de ses parents… En général c’est ce qu’il croît et il s’en sent culpabilisé, à tort. Il lui faut faire avec, savoir qu’il y a des points d’amour dans l’Etre, les réserves infinies d’être, dans la création, les rencontres, investir son chemin, s’appuyer sur ce qui est bon, tenter d’éviter les pluies d’empêchements.

Par ailleurs, je ne comprends pas que vous puissiez définir l’arrivée d’un nouvel homme dans la vie de sa mère, comme père. C’est d’abord le nouvel amoureux de sa mère, puis si cela devient un nouveau couple, son rôle sera ce qu’il en écrira dans la quotidienneté. il peut devenir un point d’appui, une autre instance tutélaire. Son père de naissance et d’éducation restera son père.

Ma réponse :

 

Merci. Merci de votre message et merci de vous autoriser à poser ces questions. Je pense que ceux qui suivent le blog habituellement ont été, comme vous, déroutés, vu le peu de réactions que cet article a suscité. D’habitude, les mentions « j’aime » de Facebook suivent les publications et là, si l’article a bien été lu -je peux le mesurer- le silence qui l’entoure raconte une gène que vous venez peut-être libérer. Donc merci et surtout ne perdez jamais cette confiance qui vous fait chercher et tenter de comprendre.

Pour ce qu’il en est de cette lettre, s’il est vrai que dans notre monde, s’adresser ainsi à une petite fille de dix ans est assez incompréhensible. Mais oui, personne ne pourra m’en faire démordre, je pense que dès sa venue au monde, on choisit. Un bébé ne choisit il pas de pleurer, de sourire, d’ouvrir ses yeux et de les fermer ? Un bébé qui pleurera pendant trois ans sans discontinuer ne jouera-t-il pas un rôle dans la relation de son père et sa mère ? Bien sûr, dans notre approche de l’homme, dans cette illusion qui consiste à dire que l’enfant apprend et développe sa personnalité et qu’il deviendra responsable qu’au moment de sa majorité, une telle lettre est insupportable ! L’enfant comme nous tous est fait des mêmes particules élémentaires qui n’ont pas d’âge. En cela nous sommes tous égaux et un. C’est un fait maintenant reconnu par la science que ces particules sont « intelligentes ». Donc un enfant choisit. Il participe aux choix de tous ceux qui croisent sa route. Nous voudrions l’empêcher. Croire que pour faire ça, il faut être adulte, maîtriser une langue, etc. Mais ce n’est pas juste et je sais que vous le comprenez, chère Charterlley.

Quand à ce que je lui dit sur le père. Bien sûr pour sa mère, il s’agira avant tout d’un amoureux. Mais elle n’est pas sa mère, elle est une enfant. Et chaque homme qui entrera dans la maison de sa mère sera dès lors un père potentiel pour elle. Alors je souhaite qu’elle les accueille comme tels et qu’elle ne cherche pas à jouer le jeu des hommes tristes. Qu’elle profite de tous ces pères, fussent-t-il un ou mille.

En espérant de nouvelles rencontres et des mots qui amènent vers la compréhension. Je vous salue avec respect et amitié.

 

P.S. Vous parliez aussi de culpabilité. Mais pour parler de culpabilité, il faut parler de faute. Qui nous dit qu’il s’agit là d’une faute et qu’elle ne nous ai pas aidés, tous les trois, à faire un pas, à grandir pour nous rapprocher du bien vivre. ;))

Alexandre

 

Comme un nuage dans le ciel…

Comme un nuage dans le ciel ! Le magnifique dessin s’estompe et disparaît. Et là aussi, il faut apprendre à lâcher les formes qui rassurent.  Et là aussi, il n’y a que l’homme pour en avoir le cœur serré. Parce qu’il est le seul à avoir voulu enfermer le monde dans des mots.

Le sans forme est aussi beau que la forme. Et pire, il est le même exactement ! C’est seulement que les mots ne peuvent le définir. C’est simplement que sans les mots, l’homme n’a que la peur. Pas parce qu’elle existe, mais parce que des siècles et des siècles de culture en ont fait la seule compagne possible.
Il ne s’agit pas de la tuer ! Mais seulement de la voir, la contempler. Tout comme le reste. Elle aussi, dans le fond, comme la colère est une amie profonde et aimante. Et qui ne veut que notre bien. Du fond du cœur. 
Mais, inversement à la colère, elle est timide. Elle se cache. Elle est douce et secrète. Et il devient dur de la comprendre, de la voir même. Tant elle ne veut pas d’imposer au grand jour. Tant elle parle doucement. 
Il faut beaucoup de place pour la trouver, la rencontrer et lui parler. Beaucoup de place et de temps. Beaucoup de patience et de calme. Alors, elle sort sa tête d’entre ses genoux croisés. Elle a les larmes de toutes nos vies dans les yeux et répète sans arrêt : « Je veux mourir, je veux mourir, je veux mourir »
C’est dur de tuer quelqu’un. Combien de fois avons-nous entendu que tuer était le pire de l’homme ? Mais aujourd’hui vous le savez, le pire n’existe pas. Seul l’homme existe, dans toute sa beauté ! Alors, vous regardez cet enfant sans défense et vous le prenez dans vos bras devenus forts. Vous l’embrasser tendrement sur le front et lui demandez une dernière fois si c’est bien ce qu’il veut. Et enfin, mu par un amour incommensurable et les larmes dans les yeux, vous offrez à cet enfant le seul cadeau qu’il vous réclame : la mort !
Ça ne laisse pas indemne. Et il faut croire en soi beaucoup. Et il faut s’aimer très fort. Et il faut sentir la vie couler par tous les interstices. Ainsi, vous venez de mettre un terme à tout ce qui n’était pas vous. À tout ce que vous emportiez dans vos bottes pour tous les êtres qui vont ont fait des serments d’amour. Et l’enfant se relève : « Même pas mort ! » car personne ne peut mourir. Mais il a le sourire à présent. Et il court à travers les champs sans regarder où vont ses pieds. Il court derrière ses nuages sans forme. Il aime. De tout son coeur, de toute sa voix. Il ne parle pas, non ! Il chante. Et vous pouvez tourner les yeux, il n’a pas besoin de vous pour vivre. Il vit. Quoi que vous fassiez ! Et il reviendra vous voir. Quand il aura envie. Quand ce sera le moment. C’est tout. Et vous n’appartenez, alors, à plus personne. Même plus à vous. Juste, vous respirez ! Juste, vous respirez. Vous vivez 😉

Dieu existe… Si tu veux !

Je ne sais plus trop sur quoi je vous avais quitté la dernière fois. J’y parlais de satori, de traversée de la mort, de la vie…

 

Aujourd’hui, je suis en montagne, à plus de deux milles mètres d’altitude. Je profite de la hauteur pour lâcher les derniers liens. J’en profite pour entendre ce qui compte et bat à l’intérieur de moi, irrémédiablement ; dans mon ventre, dans mes veines. Je profite de la qualité du silence et de l’immensité. C’est si bon. Si profond. On ne peut pas avoir peur si l’on veut pouvoir plonger si profond. On ne peut pas… Malheureusement.

 

C’est drôle comme en si peu de temps -quinze jours- ma vie à changé. Ce n’est pas que je sois devenu différent, c’est juste que j’ai cessé de douter de ma réalité et que, du coup, tout vient à moi. Comme dans mes rêves les plus fous. Il s’agit juste de cela. De cesser de douter. De cesser de prouver. De cesser les questions qui ne viennent pas de soi.

 

Alors, libre, on avance, pas à pas, sur une route d’amour et de douceur. Sur une route où tous les êtres, tous les éléments vous comprennent et vous aiment. Pourquoi ? Simplement parce que vous êtes alors dans un amour véritable de vous-même et qu’il suffit de ça pour ouvrir toutes les portes.

 

Quelqu’un me demandait récemment si Dieu existe. Elle voulait vraiment savoir…

 

Qu’en pensez-vous ? Que crois-tu à l’intérieur de toi ? Si tu crois en Dieu, alors Dieu existe. Car l’homme est cela : le créateur. Chaque pensée qui passe par vos têtes existe ! Chaque mot donné prend vie ! C’est ainsi. Pour certains Dieu n’existe pas et pour d’autres si. Aucun n’a raison ou tort. Puisque le monde, l’univers est si vaste que toutes nos réalités coexistent. Toutes. Vraiment.

 

Il n’y a aucun doute là dessus. Peut-être ne pouvez-vous encore le percevoir, mais c’est ainsi. C’est comme si nous étions tous, humains, animaux, végétaux : tout ce qui comporte de la matière et du vide, le même être. Et que chaque réalité individuelle soit nécessaire pour que cet être avance, grandisse, vive. Nous sommes tous connectés et ce n’est pas quelque chose à travailler, mais juste à écouter. C’est là. Ça l’a toujours été. En vous. Et si vous prenez le temps de vous écoutez, vous le savez. C’est tout.

 

Apprenez à vivre sans peur. Apprenez à traverser tout ce qui vous fait peur pour vous en défaire. C’est simple. Douloureux certes, mais si simple et si rapide. Ne doutez pas de vous. Ne doutez pas des horreurs que vous mettez sur votre route. Si elles sont là, c’est que nous en avons besoin. Si elles sont là, c’est que vous les avez choisi pour guérir notre être. Nous avons besoin les uns des autres et plus nous serons heureux, vivants, libres et plus notre chemin sera lumineux.

 

Ayez confiance. Ayez de l’amour pour vous. Rendez-vous compte de la force magnifique qu’il faut pour avoir traversé tout ce que vous avez traversé. Soyez indulgents avec vous-même. Personne ne fait le mal volontairement. Personne.

 

Je vous aime.

 

Des bisous des montagnes et à très vite.

 

Toucher la mort et renaître

Longtemps que les mots ne sont pas venus ici… Même dans le sas entre le blog et ma tête, je veux dire.

Je viens de traverser la plus dure épreuve de ma vie ! Il y en aura d’autres, mais, à ce jour, rien n’était venu m’ébranler de la sorte. Comme un tsunami intérieur, comme un tremblement de terre, une explosion atomique. Et quand je suis sorti de la torpeur, tout était en miettes. Tout.

Il ne reste rien.

Même plus les peurs ! Et c’est là que quelque chose d’inimaginable s’est passé ! Oui, quand mes yeux se sont rouverts et que les cris qui déchiraient mes entrailles sont sortis, vomis dans des danses macabres, jetés au visage de la terre et que je suis tombé, épuisé, je me suis rendu compte que plus rien ne me retenait. Rien. J’étais libre. Libre de reconstruire ou de prendre mon sac sur l’épaule et de filer au gré des vents. Libre ! Libre comme l’air ! Libre comme une particule ! Sans peurs. Sans plus jamais à avoir a penser à hier ou à demain. Contraint de rester là, avec ce grand blessé, dans une écoute douce et juste. Dans une écoute absolue de l’instant.

Bien sûr, mon travail de méditation, ma passion pour la culture japonaise et mon glissement, toujours plus profond, dans le bouddhisme ont dû aider. C’est-à-dire que malgré le fait que je n’arrivais plus à dormir, je pouvais encore respirer. C’est-à-dire que malgré l’intolérable douleur, je savais que cette douleur n’était pas moi, mais là, en moi. Et que même si elle hurlait plus fort que tout le reste, les autres continuaient à cheminer. Du coup, parfois, il m’arrivait de les croiser, même dans les pires moments. Bien sûr, sans cela, je n’aurais certainement pas eu la force de traverser l’horreur sans devenir monstre à mon tour et je mesurais la grandeur de l’homme qui traverse cette épreuve sans aide. Comment font-ils ? Quelle force incroyable peut les pousser à survivre ?!

Mais dans mon cheminement, cette épreuve arrivait à point nommé. Comme si le ciel m’avait entendu et m’avait plongé dedans corps et âme pour que je puisse franchir la frontière qui me séparait encore des bodhisattvas. Car ce que j’ai vécu là n’est rien d’autre qu’un « Satori » , nom donné pour l’illumination dans le bouddhisme zen. Et me voilà lavé, libéré des chaînes entravantes de la vie. Me voilà dissout, presque complètement. Et bon dieu que la vie est sublime quand les voix se taisent enfin. Et mon dieu que nous sommes beaux, tous, du nazi jusqu’au poète, beaux ! Et si dignes d’amour !

Aujourd’hui je dors dans les arbres. J’ai jeté tous les livres, tous les films, tous mes écrits, toutes les traces de mon passé, tous mes objets : appareils photo, playstation, caméra… pour ne garder que l’essentiel : quelques instruments de musique, quelques affaires pour s’habiller : condition pour pouvoir continuer à passer de temps à autre dans notre monde phénoménal et un ordi. Et je sais que si demain cela me pèse, je pourrais partir nu dans la forêt. Laissant tout. Puisque tout ça n’est rien. Plus rien ne m’attache, plus rien ne me retient. Et voilà que je peux dire les choses, tout ! Sans crainte.

Quelqu’un, ici, s’est sacrifié dans sa chair pour pouvoir m’offrir ça ! Cela, je ne l’oublierai pas. Et jusqu’à ma mort, je rendrai ce cadeau à tous les êtres vivants que je croiserai.

Tous, je vous aime. Tous, n’ayez de crainte. Ce que vous vivez, traversez, est un cadeau. Quoi que ce soit. Un cadeau qui vous emmène vie après vie vers la liberté absolue. Ne regardez pas le temps de votre vie comme un tout, ce n’est qu’une goutte d’eau liée à toutes les autres qui vivent et meurent autour de vous. Vous n’êtes pas seuls. Nous sommes tous un. Tous un. Courage et persévérance !

À vite.