Réponse au message de Kriss M sur  » La Fidélité »

wow… wow… wow… J’ai pas mal pensé à ton texte du jour et comme je ne suis pas expansive en public, je t’envoie ce message en privé parce que ce texte ne peut pas se contenter d’un « j’aime ». D’autant que je n’ai pas tout aimé !

J’ai lu ta colère et je l’ai comprise et je suis même d’accord avec ton constat. Tout est en mouvement en ce moment et tout le monde est un peu perdu, certains plus que d’autres qui partent vers l’excès, l’extrême, l’inconsistance, surement pour se protéger d’une trop grande souffrance. C’est lâche mais c’est comme ça et c’est toute leur vie qui est comme ça pas que leurs relations amoureuses. Sans compter les défonces qui y sont pour beaucoup dans les comportements. Mais en revanche, je pense qu’il y a certaines notions de l’amour qui font partie d’un ancien monde et qu’il faut s’en défaire si l’on veut avancer sans pour autant perdre en substance et en profondeur. Au delà de la fidélité et de la notion de couple avec ses droits et ses devoirs, il y a l’amour. Sans amour, il n’y a rien de durable, que l’on reste ensemble ou que l’on se sépare, que l’on ait des enfants ou qu’on en ait pas.

L’amour peut se transformer avec le temps, comme tout le reste, il suffit juste qu’on ait choisi de continuer d’aimer. À un moment clé d’une vie, partir peut permettre de continuer d’aimer, d’une autre manière. Et c’est finalement ça qui est le plus important, continuer d’aimer sinon l’amour meurt. Continuer d’aimer même si l’on ne vit plus ensemble, continuer à faire vivre « la famille sacrée » même si elle est séparée physiquement. C’est un choix de vie qui dépasse la notion de fidélité et qui est au dessus de lois qu’il faudrait respecter d’après ce que tu écris à la fin de ton texte.

Il y a quelques temps j’ai lu un livre sublime de raoul vaneigem « de l’amour ». Je te le conseille. Et ton texte m’a fait penser à une de ses phrases que j’ai toujours à portée des yeux

« Je ne me fais pas à l’idée qu’une force aussi irrésistible se délite, s’émiette, s’éparpille au vent terrible de l’indifférence. Sans doute ai-je trop souvent chaussé les gros sabots qui le piétinent. Quoiqu’il en soit, je n’ajouterais pas mes regrets au mur des lamentations dont le commun entoure le cimetière de ses amours défuntes. Il n’y a pas d’amours mortes, il n’y a que des coeurs résignés à n’en pas raviver la flamme. L’amour crée et se recrée, telle la vie. L’appréhension de la mort ne récolte que les cendres qu’elle a semées. »

voilà, et là j’arrête parce que ça va être trop long et qu’il serait plus intéressant d’en discuter de vive voix !

je t’embrasse et te souhaite le moins de « colères » possibles !

Et encore merci pour tes réflexions partagées.

Kriss M

Réponse :

Je suis tout à fait d’accord avec toi. Enfin presque… 😉

Il faut s’entendre sur ce que l’amour représente. Pour moi, l’ancien paradigme porte quelque chose de plus profond que le nouveau (même si son sens premier s’est perdu rapidement et qu’en en faisant une règle absolue, on l’a perverti au point de le rendre mortifère). Parce que l’amour, je parle ici d’amour courtois, de celui qu’on réserve à un être en particulier (ou à quelques, suivant nos coutumes et nos croyances ;)) n’est pas quelque chose qui nous tombe dessus. Quelque chose d’extérieur à nous. Je ne le crois pas. C’est juste une route possible vers l’amour de soi, le seul qui puisse nous rendre réellement amoureux. L’autre ne porte jamais de solution miracle, il n’a pas de pouvoir sinon celui qu’on lui octroie. Le couple, le partenariat qu’on établit devrait retrouver cette dimension responsable. Hors notre littérature, nos fictions théâtrales et filmées, nos légendes sont pleines de romances et de passions. Ce qui ouvre la porte à tous ceux qui n’ont pas le courage et la rigueur de mesurer ce qu’ils s’apprêtent à mettre en route. Quand cela ne concerne que deux personnes, je suis d’accord qu’il faut pouvoir faire ses expériences et que des histoires même complètement tordues ont leur raison d’être. Au pire, on s’enfonce un peu plus dans la bêtise. Au mieux, on avance sur le chemin de la compréhension de qui nous sommes et de ce que nous valons à nous-même. Idem quand la violence physique ou morale est au rendez-vous.

Mais quand il s’agit d’un foyer, avec des enfants qu’on a reconnu et qu’on accepte donc d’emmener à leur émancipation, la donne change. Et c’est une chance.

Personne n’aurait l’idée de ramener son enfant à l’Etat quelques années après en justifiant cet acte d’un : « je ne l’aime plus !  » et pourtant, l’enfant, on ne l’a pas choisi. Je parle ici de sa personnalité, de l’être qu’il devient. On est capable, en tant que parent, d’apprendre à l’aimer tel qu’il est !

C’est drôle tout de même. On en est capable à cet endroit et pas avec notre compagne ou notre compagnon, quelqu’un qu’on a choisi et assez aimé pour penser qu’on passerait sa vie avec lui ou elle ?!

C’est bien que l’amour n’est pas ce que l’on voudrait nous faire croire qu’il est. L’amour est à l’intérieur de soi et il ne tient qu’à nous de l’amplifier, de le sublimer, de le rendre nouveau chaque jour. Certes, c’est un travail, un réel travail, mais, pour ceux qui choisissent ce type de partenariat : la vie à deux, c’est un des plus capable de nous montrer combien l’amour est avant tout une histoire de soi à soi. Et ce n’est qu’ainsi que l’on peut espérer aimer les autres. Tous les autres. Comme soi-même. Sinon, on reste le jouet d’un roman écrit par d’autres, souvent ignares eux même de ce que l’amour peut être. Le problème étant que ceux qui le rencontrent réellement n’ont pas toutes ces fables délirantes à déverser sur le sujet et qu’au final, on ne les entend que si on choisit soi même de sortir un peu de cette danse débilitante qui nous coupe de nous même et de notre responsabilité d’être.

Bien sur, c’est facile de se poser en donneur de leçon. C’est vrai que tous n’ont pas la chance d’avoir un bassin de vie qui leur laisse petit à petit mettre au monde l’être singulier et unique que nous portons tous. Mais, du coup, n’avons-nous pas le devoir de faire partager ce temps et cet espace à ceux qui ont du mal à y accéder. Surtout, en tant qu’artiste, comme je sais que tu l’es ? Ne sont ce pas nos fables qui dessineront les rêves de ceux qui viendront après ? Si celles de nos ancêtres sont capables de nous faire croire que l’amour nous tombe dessus, mais que par contre, tous nous aimons nos enfants « comme la prunelle de nos yeux ». Mdr ;))

Merci encore de ton message et de ce superbe extrait de « De L’Amour ». Promis, si prochainement j’ouvre un livre, ce sera celui là.

Bisous.

Alexandre

Quelques mots des personnes qui ont partagé cet Instant Haiku au Théâtre Nô d’Aix en Provence, ce dimanche 20 juin 2010.


• ANNE :

voici les 2 écrits à la fin de l’atelier :

à la découverte de ce monde
nous marchons ensemble
je suis là pour toi

aveugle dans le vent
fait-il froid pareil ?
marchons vite !

et celui qui est venu en partant ce midi sur mon vélo à travers les petites rues de la ville… impression de liberté et d’espace intérieur après l’atelier…

mon vélo et moi
pédalant cheveux au vent
je touche le ciel !


merci pour cette porte ouverte, le haïku me semble si proche et si ludique maintenant… laisser jaillir en moi la sensation pour goûter encore plus la musique de ces mots… voilà que je découvre que le haïku est aussi un chemin vers moi ! une façon de plus de s’entourer de beauté et de transformer son regard sur ce qu’on voit, ce qu’on vit… domo aligato !


• GUYLAINE :

Merci pour les connaissances que tu transmets, ton écoute, ta gentillesse et ta manière ZEN d’être…
Bravo à Toi et à la Maison du Japon pour l’organisation de ces temps de partage.
A bientôt !

Le plus grand cadeau qui soit
Il porte bien son nom
C’est le Présent que nous nous offrons.


• DANIELLE

Un grand merci pour l’atelier d’hier !!

Sortir soudainement de l’anonymat et, faire tout à coup,ce qu’on croyait ne pas savoir ou ne pas pouvoir faire !! Quelle expérience !!

Je suis « tombée » il y a peu de temps , dans l’encre de la peinture chinoise ….

Je sens que je vais « m’élever  » avec les haïkus !!

Et, pour finir, les Haiku Horizontaux écrits pendant l’atelier :

Les yeux fermés ,
comme une aveugle ,
j’ai tout découvert.

En toute sécurité,j’ai avancé .


La tête dans les branches , l’arbre est venu à moi .

J’ai ressenti l’ombre et la lumière,
c’est étonnant !

D’une oreille attentive ,j’ai écouté les chanteurs .

Sous mes pieds ,
ça montait , ça descendait ,
c’était souple , dur ou graveleux ;
comme le chemin était varié !

• PATRICIA :

Voilà quelques phrases dans le vent, suite aux quelques instants dans le noir…

mes yeux bien fermés – le vent cherche à les ouvrir

mes fesses chaudes sur la chaise froide

un chant dans le vent – un sourire sous les feuilles – une porte claque

mes pieds contre les racines – où sont les miennes ?

Et cet haiku, que j’ai écrit après le café qui nous a réchauffé

un café trop chaud
la buée sur mes lunettes
haiku si flou !

Je te remercie encore pour ton regard sur le monde.
Amicalement

• MARIE MADELEINE :

Le vent glacial du jour
Le corps qui se mit à lutter
Le rencontre chaleureuse

J’ai profondément vécu ce moment qui m’a permis de rencontrer sous
une autre forme la joie d’être et m’a donné la possibilité de regarder autrement
le monde. Ressentir le monde à partir de mon centre.
Depuis ce jour je n’ai qu’une envie, renouveler cette recherche

et intensifier la joie.

Je te fais parvenir les haïkus de ce jour là

Le murmure du vent
Les pieds sur le sable

Les pas sur le sol
Les racines dans la terre

La force de la pierre
La main légère

Un regard
Une ombre
Une lumière

La lumière sourde
De ce matin de juillet
Rencontre mon regard

Un léger vent souffle
Ecoute le silence
Une coccinelle marche sur le mur

Bien cordialement

A suivre… si d’autres Haikistes de ce jour ont envie de donner leur ressenti et les quelques mots glanés ce jour là. 😉

L’illusion Comique de Corneille – Scène du Bac – Mélissa

Masque de Pantalone fait par Amleto Sartori

Le 11 juin 2009.

Travail avec Alexandre à ma demande sur L’ Illusion Comique de Corneille pour ma scène du bac : scène 1 de l’acte IV. Isabelle.

« 11 heures…

Quelques pas les pieds nus, quelques roulades au sol, et une première rencontre avec l’espace, le lieu, la forme, l’odeur, l’ambiance…Je dis bonjour, du mieux que je peux, à cette journée qui s’annonce, un peu dans la peur, mais surtout dans l’ouverture, vers du nouveau.

Alexandre commence par me parler un peu globalement du théâtre, son importance, sa conception qu’il met en parallèle avec celle du théâtre des Ateliers, sa manière de travailler, et d’être face au travail. Le plus important : s’amuser, trouver du plaisir, ne pas se mettre en danger en confondant le personnage que l’on joue avec son âme propre, ne pas lui faire du mal. Raconter une histoire, de cœurs à cœurs, d’enfants à enfants. Alors moi je prends, j’intègre comme je peux, j’ai des images qui me viennent, j’écoute, je coule.

Sa proposition pour ma scène est donc la suivante : dans un premier temps tenter de définir le mieux possible un cadre autour de ce texte que nous avons. Quel temps fait-il, où je suis, le « qui je suis » ne viendra pas tout de suite car Alexandre me dit qu’il ne veut pas m’enfermer d’emblée dans un personnage dans lequel je n’aurais pas, ou plus, de place, d’invention. Laissons donc le temps s’en charger, si personnage il doit y avoir, personnage il y aura..

Le plus important ici est bien de faire parler la petite fille de trois ans et demi assise à côté de moi, car c’est elle et elle seule qui a la possibilité d’aller toucher les autres petits enfants, assis aux côtés de chacun des spectateurs. Alors après avoir dit bonjour à ce lieu, je dis bonjour à la petite fille. Elle a l’air fâché pour l’instant.

La première proposition qu’Alexandre me fait, après avoir lu et relu le monologue d’Isabelle, est d’écrire une lettre à mon père. Je suis une petite fille aux environ de 10 ans, je sors énervée d’une engueulade avec lui et je rentre dans ma chambre en colère. Je tente. J’essaye de réfléchir le moins possible, d’y aller sans me regarder. Comme souvent, je suis partie dans l’excès et me suis fait mal à la gorge. De plus, on ne comprend pas tout ce que je dis. Alexandre me dit de faire attention à la crédibilité que peut avoir l’écriture de la lettre : si j’écris sur du papier froissé, quel sens cela a ? Tout comme si je jette la première page de ma lettre et que je continue sur une autre, ça n’est pas très compréhensible. Puis une dernière chose intéressante : je dois faire attention à ne pas faire peur au petit Alexandre de trois ans et demi. Lorsque je me suis énervée, j’ai tapé mes pieds au sol d’une manière assez violente, forte. Lui, il a eu mal pour moi, il a eu peur, il s’est enfui. Tandis que si j’avais crié un bon coup, ou fait un geste plus significatif comme claquer la porte derrière moi, sauter, il aurait compris que j’étais juste en colère.

Après ces quelques remarques, c’est reparti, mais cette fois (dans l’idée de départ) j’écris ma lettre à Clindor, mon amoureux. J’essaye d’être plus précise avec le papier, je n’écris pas tout de suite, je le déchire après qu’Alex m’ait dit d’imaginer qu’il représentait mon père. Je le mange, l’éparpille, le jette. Je n’ai pas senti l’écriture venir, alors j’ai dessiné les mots, j’ai dessiné ma tendresse à Clindor. Dans la haine pour mon père, le souffle m’est venu, le jeu aussi, je me suis plus amusée, j’ai joué avec ces petits bouts de papiers, avec mon « père » en mille morceaux. Les retours d’Alexandre sur ce passage furent variés : tandis que je trouvais vers la fin un jeu intéressant, je me suis perdue dans la globalité de mon adresse, de mes gestes et de tous ces petits papiers. Ou bien je n’en prends qu’un seul et je lui parle, ou bien je les rassemble tous, ou bien encore j’en fais des marionnettes. Mais je ne peux pas parler à un, puis à un autre, puis encore à un autre…c’est trop confus, on ne me suit pas.

Autrement, Alexandre me dit de faire attention aux liaisons et à la mélodie qu’elles imposent d’elles-mêmes, à la rythmique du texte et de mes gestes. S’il est difficile pour moi de crier sans me faire mal, pourquoi pas imaginer une colère muette, blanche, sans voix qui en sort…plus les minutes passent, plus j’apprends, et plus j’apprends, plus je me remplis..

Dernière proposition d’Alexandre avant qu’on ne mange : je n’écris plus mais je parle à mon doudou le serpent. Il est mon confident et lui parler me permet de me poser dans ma voix, de mieux comprendre ce que je dis, de l’adresser à du concret, et surtout de me laisser traverser par le texte de Corneille, y apporter mes propres images. Et encore je pense que ce n’est que le commencement . J’ai tout de même écrit à Clindor en prenant mon temps cette fois, mais j’ai tellement déconnecté avec la réalité que je ne me souviens plus de ce que j’ai fait exactement dans ce moment là, ni de ce qui a pu en ressortir. Un jeu avec le serpent s’est ensuite fait de lui-même face à la porte de ma chambre, et c’est de par sa bouche que j’ai adressé ma colère au paternel.

Il est 13 heures, nous allons manger. Je suis un peu sonnée, la vie active me paraît loin, seul le présent garde une place. Plus de passé, plus de futur, le temps d’un retour à l’essentiel.

Nous revenons, il est deux heures moins le quart. On fait un autre essai avec le jeune serpent qui m’attend, tel un orphelin abandonné et triste. C’est là que j’apprends qu’il n’a pas de nom, alors je compatis. Mais là je suis perdue. Je le dis, mon ventre est noué, c’est difficile de repartir et de franchir cette porte. Je crois que je pense trop. Ma seule et unique porte de secours fut ma confiance en Alexandre. Je n’aurais pas pu autrement, il me demande de ne pas oublier ma petite fille. Il me donne deux consignes de plus que tout à l’heure : j’ai devant moi mille personnes, mon adresse doit aller plus loin, maintenant que le texte m’a traversé. Et mes postures doivent être plus frontales, plus décidées, plus dessinées. Au milieu de ce travail, il m’interrompt et me demande d’aller ouvrir une fenêtre de ma chambre et de parler à Clindor, qui est dans la prison d’à côté. Je crie, je lui parle, bon.

J’applique les consignes, me dit-il après, mais je reste trop à l’extérieur à défaut de raisonner plus dans mon intérieur. Il est vrai qu’il n’est pas facile pour moi d’adresser au lointain tout en restant en connexion interne. Je me suis moins sentie partir que tout à l’heure.

Après un petit temps de réflexion, de pirouettes dans les pensées et de cacahuètes dans les idées, premier exercice du MASQUE. J’ai choisi de travailler avec Pantalone.

Que dire de tout ça, si ce n’est que cette première approche avec le travail masqué fut remplie de joie, de plaisir, de liberté. Elle m’a permis à aller à des endroits inconnus jusqu’à lors, je n’étais plus moi, quelqu’un d’autre y était rentré, et même s’il restait mon « essence » de vie, mon âme, c’est cet « autre » qui m’a permis de voyager dans des contrées lointaines, dans une forêt maudite, dans le cœur d’une vieille sorcière sans amie et toute pleine de solitude.

De l’intérieur, c’était merveilleux. J’ai fait un très beau voyage. J’ai pu avoir une vision des « traditions » du travail du masque, Alexandre me posait des questions, je devais attendre 3 secondes avant de répondre, et dire merci à chaque fois qu’il rigolait. Je n’ai même pas eu le temps de penser, à partir du moment où Pantalone fut sur mon visage, je me suis envolée dans les nuages d’une autre vie. Etre quelqu’un d’autre libère énormément, et c’est par la voix de cette sorcière sans nom lettré, que j’ai pu revisiter le texte de Corneille. Alexandre m’a demandé de le lire en racontant une histoire à une foule de spectateurs. Ma voix, mes rires, mes gestes, mes sentiments, tout venait de soi-même ! Parfois, je m’arrêtais pour dire à Alexandre combien je trouvais ça triste. La Mélissa, je ne sais ce qu’elle pensait et je m’en fiche, mais cette sorcière, son émotion, je la sentais si fort dans moi… elle n’avait pourtant jamais fait de théâtre de sa vie, mais je crois que c’est une tragédienne née.

Je garderai de ce moment un souvenir très fort de sens et de découverte…le lien avec le reste du monde avait perdu de ses barrières, la liberté d’être…simplement la liberté d’être. Le retour à la réalité après, fut beaucoup moins évident, je me retourne, j’enlève le masque, la sorcière s’envole au loin, et je me retrouve là, seule, je n’ose plus parler car j’ai peur de la voix qui va en sortir. J’avais tissé un lien avec Alexandre qu’il fallait assumer autre dans la réalité aussi, et ce n’est pas en deux minutes que cela peut se faire.

Le plus étrange restera cette sensation d’être quelqu’un d’autre, vraiment quelqu’un d’autre.

Même si je n’ai à aucun moment eu peur de perdre la « vraie Mélissa », je demeurais très loin d’elle, très très loin…et je trouve cela merveilleux. Encore merci. Belle vie. »

Mélissa.

Vendredi 24 avril – Dom Juan au Théâtre Nô – Dernier jour de cette sermaine de répétitions

Malgré la fatigue accumulée depuis ces jours, nous montons sur cet espace de bois qui nous accueille depuis 4 jours déjà. Comme tous les jours nous redécouvrons ce lieu, quand les grilles sont ouvertes (le tout dans un fracas assourdissant qui commence à nous sembler banal) et que ce lieu mystique nous est accessible, notre enthousiasme reprend le dessus. Et il le faut.
La première victime sera Done Elvire (sous les traits de Aude « la Moche »). Le travail de petite fille doit se retrouver, mais en restant statique. Les gestes doivent être faits en décalages avec les personnages tout en provoquant une réaction (suis-je claire?). C’est à dire que Elvire doit tirer l’oreille de Sganarelle tout en étant en retrait et celui-ci doit manifester des réactions de douleurs. Mais la tâche est plus difficile que prévue. Evidemment, c’est beaucoup plus facile de gigoter sur une scène pour manifester des émotions que de les ressentir vraiment.

Puis nous travaillerons la scène de Dom Juan et Sganarelle juste avant l’arrivée du commandeur, avec pour consigne, pour Jeanne, de changer d’état suivant ses paroles et celles de Dom Juan. «Ne reste pas accrochée à ta branche» comme dirait notre cher metteur en scène. Et pour reprendre cet auteur «que je ne connais» pas «tout le beau de la passion est dans le changement.» Le jeu de Jeanne sera donc ponctué d’interjections d’Alex «Non, Jeanne c’est pas juste» «Oui!! Vas-y, à fond !!» «mais joue, bon-sang!».

Gaël vint à se présenter sur le plateau après notre travail (mon ventre me fait remarquer qu’il est déjà 11h30 et qu’il faudrait songer à manger) avec un Don Carlos italien. Un pavarotti qui ne jure que par l’honneur et la vertu.

Tous les avis se tournent finalement vers les sensations de mon estomac et nous allons nous placer sur notre banc habituel nonobstant les railleries d’Alex concernant le repas. Et bah si ça te plaît pas, t’as qu’à aller manger au resto, na!

Une fois que notre petite troupe fût bien rassasiée, une fois la chaleur devenue trop écrasante (hein Gaël! Bon-sang ce qu’il fait chaud dans le sud !!) nous nous en retournons vaquer à nos occupations, à savoir le théâtre. Avec une surprise toutefois, car Antoine-Baptiste, le revenant corse, vient de nous rejoindre. Ce sera lui qui travaillera donc. On aura alors un Dom Alonse, version mafieux corse, prêt à sortir son 9mm pour accomplir sa mission. Ceci durera jusqu’à l’arrivée d’Elise.

Sa venue nous donne le top départ pour le filage. Et c’est parti. Cette fois la couleur est donnée, plus vive et joyeuse par Dom Juan et Sganarelle.

La conclusion de ce filage est simple : beaucoup mieux que le précédent. La pièce est passée de 2h10 à 1h46, ce qui, somme toute, est un progrès non négligeable. Dans l’ensemble les acteurs furent plus présents, plus touchés, plus expressifs… Bref en amélioration constante. Sauf Elvire qui ne veut jamais faire comme tout le monde et qui va à contre sens de la mouvance générale. Alors qu’hier, elle était complètement vouée à son rôle de petite fille, aujourd’hui elle se trouve coincée entre le travail juvénile de la veille et l’apparence noble et féminine qu’elle doit dégager. Un patchwork d’états qui donna à son personnage une intonation fausse et un jeu quelque peu truqué.

Il est déjà l’heure (peu importe laquelle) et après avoir ranger toutes les affaires, nous nous retrouvons tous au café pour faire le point. Mais encore une fois le temps vient à manquer. Je prend mes clic et mes clac, remercie tout le monde pour cette semaine, remercie notre metteur pour le café qu’il nous paie (et lui rappelle gentiment qu’il me dois 100 dollars) et m’en vais.
Fatiguée et heureuse. Le cerveau imbibé de belles images, de beaux moments et avec l’impression d’avoir réussi. Réussi quoi ? Je ne le sais toujours pas. Ce qui est sur c’est que je me suis sentie étrange, seule dans mon petit lit …

Aude.

Compte rendu au Théâtre Nô – Dom Juan, le Jeudi 23 Avril

La journée à commencé au Butai d’Aix-en-Provence aux alentours de 9heures avec un bon café et un briefing sur le travail de la matinée.

Aude fut la première à affronter la scène et le regard d Alexandre; dans la peau d’une Elvire « Petite fille » tantôt exigeante et capricieuse, tantôt triste et désabusée. La matinée s’achève avec une seconde prestation, c’est dans la peau d’un Don Carlos (frère d’Elvire) que Gaël tente d’appliquer, maladroitement la phrase « sois une bête de sexe ! » . Après de nombreux échecs et un Alexandre bien échauffé , Gaël reprend avec des exercices de mimétisme censés l’aider dans son travail.

Vers 12h , nous avons décrété la pause déjeuné, et un modeste sandwich n’est pas de refus !
Reprise vers 13h30, en attendant qu’Elise (notre « Statue du commandeur » et danseuse) arrive, Céline (Don Juan), Jeanne (Sganarelle) et Sidney ( un pauvre) reprennent la scène du « Médecin » (où Sganarelle a déniché un habit de médecin). Quelques temps après, l’arrivée d’Elise marque le début du dernier travail du jour : filage complet de la pièce, du début à la fin.

C’est parti ! L’acte I, III, IV et V se succèdent, parfois lentement, mais aussi quelques moments de justesse. Elise nous offre une figure imposante du commandeur, aillant revêti le masque D’Hanya , elle entame une danse à l’éventail.

La journée aura été fatigante, mais le temps passe vite tout de même, il est 17h30 et nous prenons encore une demi heure pour un debrifieg. Ce dernier filage était encore très déséquilibré, souvent trop lent, les remarques et conseils d’Alex sont les bienvenus. Et avec encore un peu de temps et de volonté, nous mettrons cette pièce sur pieds, ensembles !

Gaël

Mardi 21 au Théâtre Nô d’Aix en Provence – Dom Juan – Rencontre d’Hanyâ

Mardi

Début de séance un tant soit peu tardive ce matin, le réveil a fait des siennes.
9h45, nous commençons la séance, en s’attaquant au dur labeur qui nous attend. Mais l’idée de mise en scène changera aujourd’hui. Dom Juan n’est plus mort, Sganarelle non plus, ils sont seuls au milieu d’une horde d’esprits qui viennent les hanter. Dans la première scène Dom Juan et Sganarelle doivent arriver par l’escalier de l’empereur, exténues par une longue marche dans la forêt.

La mise en route est plutôt difficile, on l’a oublié, mais le but premier est de S’AMUSER.
La pause nous permettra de mettre tout ça au clair. Ce que nous retiendrons de ce matin, c’est l’apparition de Gusman en revenant japonais et l’arrivée d’Elvire derrière les traits d’Hanya (ce qui s’avèrera être une erreur vu l’inexpérience de la « comédienne » qui le jouait)

Pause repas (Gaël, la prochaine fois n’oublie pas ton sandwich)

À 13h15 nous retournons sur le plateau. Nous recommençons à partir de l’arrivée de La Ramée. De là jusqu’à l’acte 3 le travail fut laborieux. Autant par le jeu snob de Gaël (qui fera tomber Céline dans une euphorie dont seule une pause pourrait nous sortir) que par la fatigue générale qui nous gagne, nous ne sommes pas à la hauteur. L’avis de notre metteur est décrété tout haut « Pause ! ». Mais ce repos à cela de différent avec le précédent, c’est qu’il ne s’agit non plus de fumer une cigarette, mais de répéter, de fignoler et de définir nos déplacements, jeux et autres particularités de mise en scène que nous devons approfondir. Nous avons 30 minutes. Au bout de ces trente minutes, nous faisons un filage.

Et c’est parti. Sidney s’installe à la place du chœur pour imiter la nuit (oui aussi étrange que cela puisse paraître), Jeanne et Céline arrivent. Et dès qu’elles entrent dans notre champ de vision, elles deviennent immédiatement Dom Juan et Sganarelle. Le jeu, ce fera avec beaucoup d’implication mais avec un manque de rythme et de légèreté. Nous entrons, tour à tour, essayant tant bien que mal de nous souvenir des indications scéniques données précédemment, d’habiter notre personnage et surtout d’emmener les spectateurs (en l’occurrence notre metteur en scène) dans notre univers. Et pour cela, nous l’avons évoqué au-dessus, il faut avant tout nous amuser. Les scènes coulent dans l’ambiance franco-japonaise que nous tentons d’instaurer. Mais il est déjà 17h00, et sous la voix d’Alex qui nous demande de nous arrêter, nous rangeons nos personnages dans notre poche en attendant de nous en resservir demain…

Céline.

Compte rendu au Théâtre Nô – Dom Juan, Lundi 20 Avril

Ce matin, « La mauvaise troupe de théâtre Nô » a rendez-vous au Butaï à 9h30 (DUUU MAAAATIIN!). Nous sommes a peu près a l’heure mais Alexandre a garé le « Faucon millenium » dans une flaque de boue. Sidney et Céline sont déjà là depuis un moment et nous attendent affalées sur un des bancs de la cour des Beaux Arts, Aude et Gaël ne tardent pas à arriver à leur tour. Par contre aujourd’hui il n’y aura ni Antoine, ni Anne, ni Fleur d’ailleurs, puisqu’elle nous a quitté et ne fera pas le spectacle…
Bon, nous voilà prêt pour une nouvelle aventure, mais mauvaise nouvelle: Alexandre vient de raccrocher son Iphone (I-technologie) et nous dit que nous n’auront pas les clés avant cet après-midi. Un peu déçu, nous nous rapatrions tous au Studio pour faire une lecture intégrale de la pièce.
Alexandre propose de retirer l’acte II pour des soucis de longueur et de sens, puis il fixe les rôles dont il est certain :
Céline retrouve le rôle qui lui été destiné depuis le début de l’aventure: Dom Juan, Aude jouera Elvire, Gaël, Gusman et Don Carlos, Sidney jouera le rôle du pauvre comme prévu et moi celui de Sganarelle.
La lecture est fini, et même si nous avons sucré l’acte II dans sa quasi-totalité, cela paraît long à quelque uns d’entre nous, voir très long…
Le chef grimace, et il pense à haute voix: « Pourquoi j’ai choisi ce texte? »petite inquiétude tout de même… PAS DE PROBLEME, ALLONS MANGER

Après un repas composé-décomposé-recomposé au mas, nous repartons au Théâtre Nô, où, a priori, si tout va bien, nous devons récupérer les clés. Oui, le code est bon, les grandes portes latérales s’ouvrent et voilà le petit et joli théâtre sous un amas de poussière qui nous apparaît. Je trouve des objets de toutes sortes( des sièges-auto, des chariots de grandes surface, des pèles, des espèces de pare-chocs de voitures, Oui ! je vous jure) et je ne peux pas m’empêcher de dire (pour le plus grand bonheur de Céline) : « Les gens prennent vraiment le théâtre pour une poubelle ! » En effet je ne suis pas la seule à penser qu’un nettoyage s’impose. Alors nous sortons nos engins et commençons par balayer le sol pendant que les deux moches s’occupent de dépoussiérer la scène en chantant… Puis Mototsugu, notre druide-metteur en scène sort les seau et nous prépare la mixture « spécial Théâtre Nô » composée uniquement de lait et d’eau chaude dans laquelle nous trempons nos chiffons. « Essorez-les bien !! C’est important sinon vous allez faire des traces… » Après les avoir, donc, bien essorés nous frottons la scène avec amour et grande délicatesse. Voilà l’espace de jeu tout propre. Youpiiiii…
Alexandre arrive avec un grand seau d’eau (plein d’eau, mais sans lait cette fois) et le renverse sur le sol (pas la scène évidemment) et nous frottons à nouveau (mais avec des ballets cette fois-ci). Nous voilà tous alignés derrière les grandes grilles rouges à patauger dans notre boue et à frotter en rythme comme des doux-dingues pour faire partir toute la poussière de l’autre coté des portes) Moquez-vous, mais je trouve ça très beau. Ca me fait un peu penser à STOMP. J’aime bien. J’étais contente de nettoyer cet espace avec vous.
Maintenant c’est vrai qu’on se sent un peu chez nous. « Absoluuuuument » a répondu le chef.
Nous sommes morts, mais c’est cool, parce qu’après une bonne nuit on pourra commencer cette semaine de répétition dans ce lieu complètement magique.
Yabou, en route, mauvaise troupe…
Je vous aime.

Jane.

(Comme vous l’aurez sans doute remarqué… ce compte rendu est quelque peu en retard… je le laisserai au 1er mai pendant une semaine, avant de lui faire regagner sa place temporelle… 10 jours en arrière !!!!! NDLR)

1er Avril. 1er Compte rendu de la « Moche »

Présents : Jeanne, Céline, Sidney, Gaël, Antoine-Baptiste, Anne, Alexandre, Aude.

« Et bientôt nous devrons endosser notre costume,
Le costume qui fait de nous d’autres,
Des personnages aux traits marqués,
A la situation bien différenciée,
Et bientôt nous devrons entrer »

Mercredi 1 avril.

Ce n’est pas une blague ; nous nous réunissons en salle Gérard Philippe. Malgré l’absence de Fleur (qui échappera au courroux du Maître de Nô) nous débutons la séance. Alex (encore pour l’instant l’homme que l’on connaît) nous propose un jeu : Nous sommes au 14ème siècle et notre vénérable troupe de théâtre vient au Japon pour jouer Dom Juan sous la tutelle et la pression de l’empereur. Nous avons 10minutes pour trouver nos personnages : ceux que nous allons jouer dans la pièce mais aussi ceux que nous sommes, à savoir des hommes de dizaines de siècles passés. Pourquoi personne ne veut faire Dom Juan ? Attendez ! Moi non plus je ne me sens pas la responsabilité d’assumer un tel rôle. Je n’en suis pas capable… Mais trop tard, déjà les rôles sont définis (plus ou moins aléatoirement) et Alexandre devenu pour l’occasion grand Maître de Nô entre en scène. Son impressionnante démarche nous glace. Pas le temps de penser, nous entrons en scène. Acte 1 scène 2. Sganarelle et Dom Juan. Nous ne comprenons pas un traître mot de ce que nous explique le maître de Nô, mais faisons moult efforts pour nous plier à ses exigences. Pas assez apparemment. Le Maître se plonge dans une colère noire et s’agite en tous sens : Nous sommes mauvais. Pour m’aider à ma tache, il fait venir à ma rescousse deux de mes camarades (à savoir Antoine Baptiste et Gaël pour revenir à la réalité). Là non plus nous ne satisfaisons pas notre examinateur. Je me démène tant bien que mal (surtout mal d’ailleurs) pour exécuter ses consignes. Nous faisons tous ce que nous pouvons, notre travail restant médiocre, voire très insuffisant. Les efforts que nous fournissons et l’implication que nous mettons dans ce jeu ne sont pas assez profonds.
Lorsque nous entendons, au milieu d’une réplique « C’est bon, stop on arrête ! » nous savons que les retours ne seront pas des meilleurs. Et cette fois ce n’est pas Le Maître de Nô qui s’emporte, c’est bel et bien Alexandre. Ce qui fait d’autant plus réfléchir. Nous sommes mauvais, pas assez impliqués …Bref c’est le sentiment de déception que nous invoquons à notre metteur en scène. Quelques bafouilles pourtant, certains osent -un peu- dire des choses mais la colère est encore trop présente pour que nous puissions exprimer notre point de vue. De toute évidence, nous sommes d’accord, nous étions mauvais.

Petite pause clope pour certains, petite réflexion pour les autres et nous nous attelons à notre dur labeur. Même scène, mais abandon dudit jeu. Céline et Gaël en scène. « Non Gaël arrête de réfléchir » « Si ça vient pas, ça vient pas » « Ecoute la ! ». Toute forme orientale est abandonnée, nous revenons à des bases connues. Le jeu bien de chez nous. Mais là encore la perfection n’est pas au rendez vous. Avec notons le, une amélioration du jeu de Gaël.

Mesdames et Messieurs, nous descendons de la navette spatiale. Nous sommes arrivés à (bon) port. Veuillez ne pas vous précipiter vers la sortie et conserver votre calme. Nous nous retrouverons, pour certains le week-end qui vient, pour d’autres mercredi prochain. Nous espérons que vous avez effectué un agréable voyage et que celui-ci a été enrichissant. Nous vous souhaitons une très bonne fin de journée, ainsi qu’une bonne nuit.

Bien à vous Camarades.

Naserian (alias Aude.)

29 mars 2009… La Plume de l’Ange

Présents : Alexandre, Antoine-Baptiste et Fleur…. (et Rose… et en plus on met les filles en premier quand on est bien élevé… soit : Fleur, Rose, Antoine-Baptiste et Alexandre – NDLR)

Après s’être assoupie la veille au soir devant un film muet très inspirant d’Ozu Yazujirô, « Histoire d’Herbes Flottantes », relatant les aventures d’une troupe japonaise itinérante, le reste de notre petite troupe se réveille en douceur, profitant d’une grasse matinée accordée par Alexandre.

Gaël et Jane s’en vont (Ils nous abandonnennnnnnt, oui ! ;-)NDLR) sous un ciel grisonnant, tandis que nous nous rendons, accompagnés de Rose, au Studio du Soleil. Notre petit nombre ne nous permettant pas de travailler une nouvelle scène de « Dom Juan », Alexandre a décidé de faire travailler Antoine sur sa proposition pour l’épreuve de théâtre du baccalauréat (qui approche à grands pas).

J’apprends que le texte choisi est de Claude Nougaro, « La plume de l’Ange », mais Alexandre me retient expressément lorsque je m’apprête à en lire les premières lignes, me rappelant qu’il sera plus agréable de le découvrir lors de la prestation d’Antoine. Celui-ci s’applique justement à se détendre et à se relaxer en effectuant quelques mouvements au préalable. Notre metteur en scène en fait autant afin d’être à l’écoute de l’apprenti acteur qui va tenter de nous faire voyager au « pays du trop ».

Antoine doit jouer un homme devenu fou, qui s’adresse à un lampadaire dans un asile psychiatrique, persuadé que ce dernier est un être humain en chair et en os. Son but est de parvenir à lui raconter sa rencontre avec un ange, qui après lui avoir donné une de ses plumes, a prétendu qu’il suffirait qu’un homme croie en la véracité de cette histoire pour que ce « monde malheureux » se transforme en un « monde de joie ». Antoine s’avance sur scène pour un premier essai, s’en suit un deuxième, puis un troisième, mais ça ne prend pas. Il semble y croire, mais décroche soudainement des visions qu’il veut nous faire partager, laissant place à l’acteur qui se dévoile en même temps qu’il dévoile son texte. La magie du lien entre le spectateur et celui qui joue disparaît. Antoine en a conscience, mais continue cependant d’écouter son intellect (avec peut-être d’autres préoccupations en tête) alors qu’il devrait se recentrer, et simplement écouter le va et viens de son souffle, afin de laisser le personnage s’emparer de lui, le guider.

Nous décidons de faire une pause. Alexandre propose à Antoine, qui se montre plutôt récalcitrant, de jouer la scène. Ce qu’il fait, après s’être muni d’un bout de costume et d’une plume en papier, afin d’appuyer concrètement son personnage.

Il joue. Antoine et moi observons, et nous laissons transporter.

Un ange apparaît, une rue, une petite fille, un vieux noyer féru de métaphysique… La magie opère.

Finalement, nous descendons délicatement de cet espace-temps indescriptible (sinon que c’est « trop » ☺) et faisons chacun part de nos impressions. Alexandre nous fait part de ses sensations d’acteur, les endroits qu’il a vraiment vu et les autres (parce que lui aussi à « ses autres » moments. Si. Si. NDLR) Son expérience en la matière se sent, et il était étonnant pour nous de le voir jouer pour la première fois. Cependant, Antoine glisse que la prestation l’a inspiré, mais qu’il voit les choses se dérouler autrement.

Nous sortons profiter d’une bouffée d’air frais (et humide… il pleut), et terminons par un petit débat traitant de l’humilité, de l’enrichissement personnel intérieur que peut apporter le théâtre lorsqu’on « trop trop joue », et du plaisir de se laisser « guider » nécessaire à cette pratique.

Conclusion : soyons d’éternels élèves, la vie est un véritable apprentissage, et apprenons à écouter notre cœur d’enfant. 😉

Il est tard, faites de beaux rêves aventureux, en or, en argent, de toutes les couleurs.

Fleur.

Séance du Samedi 28 mars 2009

Présents : Fleur, Aude, Jeanne, Gaël et Céline

Samedi pluvieux, mariage heureux pour les uns et répétition active pour les autres.
Après un petit dej, une passagère récupérée sur le bord de la route et une petite fleur au pied de notre soleil (le Studio du Soleil – NDLR ) nous pouvons débuter la séance.

Le soleil n’a toujours pas pointé son nez, mais les lumières le remplaceront rapidement. Pour commencer cette journée comme il se doit pour notre petite troupe en construction, il nous faut nous maquiller. Pas facile pour tout le monde, mais nous avons eu une grande surprise (la moche tu nous avais caché ça, tu es déjà une pro du maquillage). Donc, pendant que certains se transforment en jeune ou vieil homme, d’autres font comme ils peuvent et arrivent au mieux à ressembler à une espèce de chat. Mais ne perdons pas espoir, le maquillage s’apprend, cela viendra petit à petit, enfin nous l’espérons.

Avant toute chose, il faut savoir respecter des règles qui sont comme « le code de la route » du théâtre (moi, je dirai du comédien ;-)- NDLR) :

1. Savoir qui nous jouons. D’où il vient, l’âge, les qualités physiques, le métier, les passions…

2. Savoir d’où il vient et où il va.

3. Choisir en fonction, l’état dans lequel il est. (énervé, fatigué…)

4. Avoir un projet, un objectif : ce qui le pousse à venir sur scène, ce qu’il vient y faire.

5. Y croire et le laisser exister vraiment, dès le premier instant (avant de faire l’acte d’entrer en scène) en écoutant. Son personnage, son état, le lieu dans lequel on entre, son partenaire, son texte, les accidents. Tout, tout, tout, tout ! NDLR

Une fois la transformation « achevée », il est temps d’aller déjeuner, repas gastronomique (pâtes, fromage et gâteau à la pomme).

14 heures, il faut y retourner, la troupe doit maintenant s’habiller avec les précieux costumes (prêtés par le Théâtre du Soleil – NDLR). Nous sommes prêts à commencer le travail. Première étape importante, l’acte 1 et, plus précisément, la scène 1 de l’acte 1. Tour à tour, la petite troupe incarne les personnages de Sganarelle et Guzman.

Aude et Jeanne filent sur scène, l’éloge du tabac se transforme en véritable supplice pour Sganarelle tandis que Guzman fait une arrivée fracassante, pris de panique . Attention, il ne faut pas oublier que nous (La mauvaise petite troupe de Nô qui joue « Dom Juan » – NDLR) nous présentons devant l’empereur et ses samouraïs, ce n’est pas le moment de craquer, le pauvre petit acteur se sent dépassé, il sombre… Pas question de faire mauvaise figure devant l’empereur, c’est à Sganarelle de reprendre les rênes.

Reprenons à nouveau cette scène, mais cette fois Fleur sera Guzman et je serai Sganarelle. « Tu devrais peut-être essayer d’être Don Elvire déguisée en valet. » Voilà, la tonalité est prise, entre les pleurs d’une femme désespérée et un Guzman désemparé.

Gaël monte à son tour sur scène, mais le temps est limité, il nous faut être rentré avant 18h au mas (Ils vont tous au Théâtre ce soir-là, sauf Gaël – NDLR). Vite, vite ! « NON ! J’ai perdu ma bague derrière le chauffage ». Trop tard, nous sommes en retard… C’est bon, nous y sommes, mais ce n’est pas fini, il faut maintenant partir sur Aix.

Allez au revoir à Mercredi….

Céline.