Nouveau jour

Hier au soir, après être passé par ici, et après avoir tournée et tourneboulé à la recherche d’un signe, d’un mot venu de l’autre côté du monde, j’ai finalement, discuté sur la toile, avec un jeune homme que je retrouve presque chaque jour, maintenant, pour avoir des conversations. Un de ces jeunes hommes auquel j’ai du ressembler quand j’avais son âge. Et qui bien loin de se complaire dans ce qu’on lui propose aujourd’hui, questionne ! Interroge ! Veux comprendre ! Avancer ! Et par un heureux fruit du hasard et de rencontres, pour un temps, il m’a choisi. Et que c’est bon de pouvoir offrir toutes ces petites fleurs ramassées en chemin et qui sont là séchées au fond d’un sac à attendre. Chacune bien étiquetée avec ses traces de sang et de boue et le chemin parcouru pour les trouver, inscrit au fond de l’oeil.

Parfois, l’on oublie que l’on a ces fleurs là et qu’on les a cueillis dans le secret espoir qu’un jour elles puissent servir à ouvrir l’âme de ceux qui passent par là.

Et puis ce jeune homme arrive ! Et puis il a besoin de savoir ! Alors, on fait le ménage, on prépare la maison. On ressort les bons films, ceux qu’on ne doit pas manquer. On ressort les bons livres, ceux qu’on ne doit pas laisser. On redit les mots qu’on ne dit plus parce qu’on pense qu’on est trop grand pour les entendre. Et du coup, on s’offre à soi-même ce petit nettoyage de l’intérieur et ce temps pour goûter à nouveau tout ce qu’on a accumulé pour être prêt un jour à recevoir et à transmettre un peu de cette force et de cette joie aux jeunes gens de passage.

J’ai toujours rêvé de finir ma vie comme un vieil arbre centenaire aux mille feuilles sous lequel les jeunes viendraient trouver le repos et la force pour continuer leur chemin. Avoir une grande maison toujours ouverte. Où tous les films et les livres immanquables seraient à portée de la main. Où ça sentirait bon le vieux bois et la bonne cuisine. Et où le soir au coin d’un feu, ces hommes et femmes de demain écouteraient les yeux brillants de joie les histoires du vieil Alex. Juste pour se requinquer et repartir au monde avec un peu plus de joie, de séreinité, de plaisir et d’envie.

Et cette semaine avec les lycéens du Lycée Paul Cézanne a été de cet ordre. Bien loin de vous arracher quoi que ce soit ou de vous mettre en danger, ça réouvre en vous une jeunesse, une jeunesse et en même temps un sens des responsabilité aiguisé à nouveau.

Ils ne le savent pas non ! Mais bon sang qu’ils me font du bien. Et si je suis capable le matin d’enfiler un kimono et de me tenir en seiza 6 heures d’affilée sans écouter les voix qui voudraient m’emmener loin d’ici, c’est aussi parce qu’ils me montrent dans leur regard tout neuf que je vaux mieux que ça !

Merci les petits et belle journée à vous !

Et si tu passes par-là Antoine-Baptiste (et je sais que tu passes !) n’oublie pas de m’écrire aujourd’hui !!!!

Il est l’or !!!! Mon seignor !!!!!

Première journée de labeur…
Que j’ai fini sur les rotules une heure et demie avant l’objectif fixé !
Après une sieste, je me suis mis à tourner et tourner, cherchant partout un mot, un message de l’extérieur. Mais le dimanche est un jour calme… et… on ne peut pas tout avoir !

Aujourd’hui, j’ai assisté à la naissance de la première scène. Il m’en reste 150 autres à découvrir ! Et c’est une nouvelle tâche que de se préparer à accueillir la suite maintenant que la première journée a levé la peur du vide et du silence, maintenant que les murs ont commencé à se dessiner.

L’impression d’être trop calme, trop tranquille. En général, ce n’est pas bon. Alors se concentrer. Vraiment. Faire remonter la peur. Vraiment. Se préparer consciencieusement. Pour que demain m’amène son lot d’images et d’aventures.

Je me rends compte que dans mes élans de soutien, j’ai oublié de citer quelques noms. Un qui malgré la violente haine qui me monte quand je pense à ceux qui la représentent, ceux qui acceptent de travailler ainsi, s’arrachant à jamais de leur humanité, cachant leur honte derrière des circulaires, laissant des êtres hagards, perdus et qui voient leur monde s’effondrer avec eux, devant leur nez, sous leurs yeux en les invitant, un sourire aux lèvres, l’air courtois, très propres sur eux, à décrocher un téléphone ! Je veux parler de l’Assedic qui malgré tout, me permet aujourd’hui de prendre ce temps hors du temps et de travailler sans m’inquiéter…

Ensuite, pour cet ami qui m’accompagne dans l’ombre depuis le début et qui a lu lui, déjà, les premières pages de ce premier jet. Lui qui depuis toutes ces années m’accompagne plein d’espoir et de foi. Si je suis là encore aujourd’hui et que je peux faire ce que je fais, il ne faut pas en douter, il en a sa part. Une grande part !

C’est lui qui m’a permis de travailler sur les festivals et autres événements en tant qu’assistant éclairagiste, en tant que régisseur, faisant valoir son rang et son savoir pour que je sois accepté, moi qui ne suis dans ce domaine qu’un tout petit. C’est lui qui, le premier, m’a sorti du gouffre dans lequel je plongeais quand sûr que « Nous, Traces d’Un Roi Lear » serait un succès, je n’ai pas pris garde à préserver mon assise et me suis retrouver sans un sou. De pouvoir mener ce travail balbitiant (oui ! il l’est ! Sinon, je n’aurais pas besoin de faire des heures de technicien pour survivre !) sans mettre en danger ma famille et ma vie. Il s’appelle Fred. Et je le dis parce que lui ne vous le dira pas. Ce n’est pas son tempérament ! Mais bon sang, heureusement qu’Elisabeth l’a mis sur ma route ! Et ce soir, après cette journée positive où les pas qui sont faits, personne ne pourra nous les enlever, où les mots sont venus me trouver, où mes héros ont commencé à pointer le bout de leur nez et où encore une fois, il est là, juste là. A me dire : « vas-y ! J’y crois ! Je suis là. » et bien j’ai envie de pouvoir lui dire combien je mesure la chance d’avoir touché son être et de faire partie de ceux qu’il écoute, couve et protège.

Merci Fred !

Et bon vent à tous !

Nietsche a dit : Vivre de telle sorte qu’il te faille désirer revivre, c’est là ton devoir »

Quel devoir !

Règles…

Petite mise au point avant de plonger…

Il n’est jamais aisé d’aller sur des chemins inconnus. On croit que, on s’imagine… mais quand on y est ! Quand à la première ligne, il faut mettre le premier mot et que se joue ici, en même temps que cette naissance, toutes celles avortées, tous ceux qui ont offert leur sang et leur âme pour nous donner une chance de pouvoir vivre ces instants-là… est-ce que vous pouvez imaginer la peur du vide qui s’empare de vous, l’envie de fuir à toutes jambes ?

Les artistes pensent se protéger par le mythe qu’ils engendrent. En fait, au moment où eux-même se mettent à y croire, ils tuent à tout jamais l’homme qui en est l’origine. Emmenant des wagons d’êtres avec eux, des wagons d’inhumains !

Ce matin, à quelques minutes de ma première journée de travail, je sue ! J’ai le ventre noué et l’envie de courir aux toilettes. J’ai à lutter contre celui qui voudrait s’étendre devant la télé ou dormir et se réveiller aux premiers spasmes de la mort, celui qui a peur, le si petit humain Alexandre.

Je ne vais pas devenir autre chose, non. Je vais définir des règles comme on le fait avec un enfant et les appliquer à la lettre.

Tous les jours, je commencerai à 9h00. Je ferai une pause à midi et repartirai jusqu’à 18 heures (l’idée étant de reprendre les codes du Stage du Théâtre du Soleil). Pendant ce temps, pas de cigarettes, pas de casse-croûte, pas de pipi… rien d’autre que le travail d’écriture.

Prendre soin de moi hors de ces temps. Etre à l’écoute de ma fatigue, de mon corps, de mes besoins réels.

Aborder ce travail comme je le fais pour mon travail d’acteur. Définir des situations, me concocter (dans quel lieu, quel état, quels personnages) et rester au présent de ce qu’ils avancent. Ne pas chercher à raconter une histoire, mais la vivre. A chaque instant. L’histoire viendra d’elle-même… au final.

Etre humble, être honnête avec moi-même. Me laisser la chance de les rencontrer vraiment ! Ne pas faire semblant d’écrire, mais vivre !!!!!

Faire comme je le demande aux acteurs. Mettre un être, devant lequel on est exemplaire, sous ses yeux et agir comme s’il était là. Comme si on oeuvrait à ses côtés. Pour moi, ce sera Ariane Mnouchkine et le cadre du Stage tout frais que je viens de vivre.

Etre rigoureux. Prendre le temps de faire les choses bien, l’une après l’autre. Et entrer dans la joie qui suit la terreur. La vraie joie de celui qui est là et avance un pied après l’autre. C’est une chose qui se mesure, je trouve, assez bien, avec son degré de fatigue. Si vous êtes vraiment fatigués, c’est que vous ne vous donnez pas vraiment les moyens d’être là et de vivre ce que, je vous le rappelle, vous avez choisi de vivre !

Se rappeler de ceux qui rendent cela possible et dans la fatigue et la peur, scander leurs noms : je veux parler de ma femme Elisabeth qui a l’amour de m’autoriser cette semaine en assumant toute seule la vie de notre maison et que je dois garder près de moi ; qu’elle aussi puisse vivre à travers ces mots de la sincérité, cette aventure. Je veux parler de Rose, ma fille, qui ne va pas voir son père encore une fois et à laquelle je dois l’exemplarité pour que mes absences ne l’écartent pas de sa route d’enfant. De Jeanne aussi et de tous ces autres qui croient en moi et ont besoin de moi. De ce que je peux leur permettre de mesurer. Et des autres, ceux qui sont morts, mes pères, mes mères, ceux qui ont ouvert la route coûte que coûte et qui ont besoin que nous ayons cette exigence avec nous-même et la joie de vouloir continuer à faire respirer ce monde.

Allez. C’est l’heure !

A ce soir.

L’arrivée au monastère de Gion


Ca y est, m’y voici.
J’ai troqué mes habits de ville pour un simple kimono d’étoffe et un hakama de trame grossière. J’ai laissé mes chaussures à l’entrée et sorti mes savates de paille.

Je serai bien ici. Je le sens. Hannya me regarde de son regard triste et égaré. Et je me rends compte qu’elle est ce démon, ce démon du nô qui m’a amené jusqu’ici.
Comme Fujiwaka avant moi, je dois aussi faire le deuil et mesurer le chemin qu’il me reste à parcourir au côté de ma voie. Seul.

Je serai bien ici. Avec mon thé vert fumant, mon sabre millénaire et mon éventail de nô. Avec Atsumori et les poèmes qui ont bercé son enfance. Avec le temps qui m’autorise à m’échapper plus loin, ailleurs.

Je regarde mon espace de transformation… ce n’est pas un espace d’auteur, non, mais un espace de comédien. Il suffirait de remplacer l’ordinateur par un miroir et les stylos par des crayons et autres ustensiles de maquillage. Je regarde mon espace de transformation… ici, dans cette pièce, rien, ni personne ne peut me ramener de votre côté du monde. Ici, dans ce temple du 14eme siècle où je fais ma retraite, rien ni personne ne peut m’arracher au silence qui transforme les espaces et le temps.

Nous nous devons cette rigueur. Tous ! La rigueur de se donner les moyens d’y être et d’y vivre le présent… C’est ce que j’ai appris là-bas, au Théâtre du Soleil et qui ne cesse de m’accompagner, même quand je suis perdu, même quand je ne sais plus.

Demain matin débutera cette aventure. Et je suis prêt. Prêt à recevoir cet homme immense et à l’accompagner aussi loin qu’il le voudra. Aussi loin !

Chut ! J’entends les cloches qui résonnent et les prières qui grondent.

A demain, peut-être !

Motokiyo

Samedi… nouveau jour, nouvelle aventure

Ca y est !
Les petits jeunes sont partis. La maison est redevenue une grande maison pleine d’espaces propices à la réflexion et à l’imagination, à la peur du vide aussi !

Je voudrais…

Ne jamais redescendre de ce petit nuage où Ariane m’a emmené avec toute son équipe et tous les « stagiaires » qui étaient présents, courageux petits « stagiaires » venus entendre cette femme et partager avec elle un peu de ce théâtre qui semble avoir trouvé chez elle, une amie, une partenaire, une grande prêtresse même… et que le théâtre est bon quand l’exigence est là et que les moyens se tendent vers cet objectif : « Faire du théâtre! »

Je remonterai les jours au fur et à mesure, c’est promis ! J’espère qu’alors, vous pourrez mesurer la chance que ces 450 personnes ont eu de se trouver ensemble dans un de ces derniers temples où les dieux du Théâtre semblent aimer à se retrouver.

Je voudrais…

Avoir beaucoup d’instants comme ceux rencontrés cette semaine avec ma petite équipe de jeunes ; où ce que j’ai traversé, laborieusement, prend enfin sens et me permet d’être moi, consistant face à ces enfants en phase de devenir adultes et qui puisent ici, peu-être, quelques outils pour ne pas se laisser submerger par la bêtise. Et qui, dans leur volonté de monter sur le Théâtre, nous montrent bien que ce qui se joue ici est bien plus qu’il n’y paraît. Comme un moyen de donner du sens à ce qui en a tant perdu. Comme un moyen de redessiner le monde : un monde de partage, de joie, un monde d’honnêteté et de foi. Et moi qui me bats si souvent seul, de pouvoir les accompagner là, est une récompense mille fois plus belle que tout ce que l’on peut imaginer.

Aujourd’hui, il me faut clore ce chapitre (pour un instant) et préparer cette semaine qui me terrifie !

H-6 avant le départ de cet après-midi où je vais m’enfermer une semaine au côté de Zeami et tenter, oui je dis bien tenter, de mettre en vie l’histoire terrible de ce Génie. Laisser un moment ces jeunes qui appellent « Théâtre Nô » ce que nous appelons théâtre, Laisser Ariane et les siens à la naissance de cette nouvelle aventure, laisser ma famille, mes amours, mon havre et moi-même pour plonger corps et âme dans ce travail. Espérons que Zeami vienne me trouver et qu’il me juge digne de raconter son histoire.

Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour l’être ! Tout ! (Et certains ici savent ce que cela veut dire ou commencent à l’entrevoir ;-))

Je nous souhaite beaucoup de théâtre à tous ! Et à très vite.

P.S. « Picasso est les Cubes » n’a pas été retenu pour le Festival « C’est Sud » d’Aix-en-Provence. Le projet semble avoir été jugé « trop ambitieux »… Ce qui me laisse un goût amer n’est pas le fait que ce projet ne puisse voir le jour, mais de mesurer, encore une fois, le manque de foi et d’envie qui animent les décideurs culturels et le mal que ces derniers font à notre monde, à nos rêves ! S’ils pouvaient le mesurer… Oui, s’ils pouvaient le mesurer, combien alors le monde serait différent !

Ariane, je persiste ! Il faut absolument que tu invites ces gens-là, cette population par laquelle les artistes sont obligés de passer, à l’un de tes stages ! Pour leur donner une chance de mesurer ce à quoi ils ont voulu s’atteler…

Beaucoup de silence…

Beaucoup de silence…
C’est le temps des mots qui manque et surtout la poussière pas levée sur ce blog enterré …
Mais je suis toujours là, bien en vie, bien en actes, bien réveillé.
Les projets sont nombreux, les risques aussi !

J’essaye de ne pas être focalisé complètement sur le Japon, mais c’est difficile de ne pas plonger tout entier. Tout serait tellement plus simple alors. Ecrire ce spectacle sur Zeami, préparer mon voyage, mettre en place les partenariats….

Il me faut garder les pieds sur terre, encore, encore, encore. Attendre que les regards se posent là et y croient. Alors, je continue ma vie de technicien (il le faut, il le faut, il le faut… chaque jour, je dois me le rappeler) tout en utilisant mon temps libre pour avancer sur les projets.

Il y a

• « Dom Juan » au Théâtre Nô d’Aix en Provence avec les Options Théâtre du Lycée Paul Cézanne

• « Le Dit des Heike » mis en musique pour le Festival Musique dans la Rue (j’attends la confirmation)

• « Picasso et les Cubes » pour le festival C’est Sud d’Aix-en-Provence (j’attends la confirmation)

• « Un An au Pays du Nô » à la Villa Kujoyama de Kyôto pour l’année 2010 (j’attends la réponse d’ici mai) avec la réécriture pour la scène du roman « Le Démon du Nô » de Nobuko Albery et la création d’une version contemporaine d' »Atsumori » avec une Compagnie Japonaise.

• La reprise de « Elle Attend » ( je vous mets un lien si vous voulez en voir un extrait…)

tard dans la nuit…

J’ai profité de ce retour parmi vous pour relire un peu les messages laissés au fil des jours, des mois. Et je constate (sans grand étonnement) que c’est assez difficile à suivre…

Par exemple, je ne suis pas revenu sur le désistement de la Tour d’Aigues, hors nous y avons bien joué et ce, le 11 août 2008. Jean Blanc, leur programmateur a finalement eu gain de cause, juste avant de se faire virer. Et c’est sans lui que nous avons été accueilli dans ce château. J’aurais aimé qu’il soit là. Qu’il voit ce que cette prise de risque avait engendré.

Par exemple, je ne vous ai jamais raconté Tokyo au grand coeur, l’immense mégapole et les rendez-vous pris, eus. Les rencontres, avec Aki San, avec cette jeune troupe plongée dans le théâtre contemporain et qui paye pour jouer – Là-bas, les programmateurs sont rares et les théâtres se louent. On vit à la recette et de petits boulots trouvés à côté. Et pourtant… je n’ai jamais vu autant de jeunes gens dans une salle de théâtre que le soir de leur représentation ! – ni comment Vincent Guenneau nous a accueillis et guidés. Nous présentant les membres de la famille Kita (famille de Nô) et leur butaï fraichement refait, nous emmenant avec lui au Conservatoire National de Nô où nous avons découvert un outils magnifique, avec tous ses costumes, ses masques, avec son butaï épuré… Ah comme j’aurais aimé, moi aussi, étudier dans ce cadre.

Par exemple, je ne vous ai pas raconté, comment excédé du comportement si peu responsable de certains membres de La Maison du Japon en Méditerranée, je me suis fâché avec l’un d’eux à la sortie de notre première représentation, ni la violence de leur réaction.

Par exemple, je ne vous ai pas dit que la Fondation Beaumarchais avait refusé ma candidature et que cela m’avait réellement affecté, surtout quand, au Festival d’Avignon, je suis allé, pour savoir de quoi il en retournait, un spectacle qui avait eu l’aide à la création. Une comédie musicale sur « Le Songe d’une nuit d’été » de W. Shakespeare. J’étais avec Rose et je me suis dit que ce serait une belle entrée en matière Shakespearienne pour elle. Et bien, devinez ! C’était irrespirable, attroce même ! D’une puérilité, d’une facilitén d’une vulgarité digne de Ronald, le clown Mac Donnald’s. Quelle frustration et quelle colère… savoir que ce ramassis d’inepties avait eu une bourse quand mes « Illusions Tragiques » s’étaient vues rejetées…. Dur à avaler !

Par exemple….
… il y a eu tellement d’autres choses ! Mais revenons au temps présent…

Au temps présent, je travaille à la réalisation d’un spectacle sur Picasso pour un événement qui s’appelle « C’est Sud » et qui a lieu, chaque année, à Aix en Provence. C’est un événement destiné avant tout au jeune public. Jeune public, Picasso… autant dire que pour votre dévoué, les cartes à jouer ne sont pas aisés. Alors j’ai lu tout ce que j’ai trouvé, cherché, tourné, retourné tout cela dans tous les sens et ce matin, j’ai enfin décroché mon téléphone pour appeler Thierry Roche, un des responsables de la Culture à Aix en Provence, pour lui dire que j’étais prêt à lui présenter ma proposition… (si ça marche, je vous en dirai plus).

D’un autre côté, j’essaye d’avancer sur « Atsumori », le Théâtre Nô, le Japon. Peut-être aurons-nous cette date à la Maison de la Culture du Japon à Paris. Il en est toujours question. Ainsi que d’une dizaine de jours de résidence au Théâtre de l’Aquarium à Paris où je voudrais en profiter pour filmer « Atsumori » dans de bonnes conditions (les contacts au Japon me demandent une vidéo et sans cela, j’ai bien peur que rien ne se débloque là-bas), mais surtout, le présenter aux parisiens. Par la même occasion, il s’agirait de profiter de ce temps là pour présenter parallèlement « Elle Attend », solo de danse théâtre que nous avons créé en 2004 et que je voudrais absolument voir exister et tourner !

Mon troisième, c’est l’adaptation du roman : « Le Démon du Nô » de Nobuko Albery au théâtre avec Vincent Guenneau, mon complice franco-japonais, diplômé de nô et disciple de Monsieur Kano. L’idée étant de réunir sur scène des acteurs occidentaux et de vrais acteurs de nôs. Ce roman retrace la vie de Zéami, le créateur du théâtre Nô. On y verrait et entendrait des éléments sur la vie et l’oeuvre de Zéami et parallèlement des scènes (type scène de répétitions) jouées par de vrais acteurs de nôs, de façon traditionnelle, mais avec les commentaires de Zéami (les « retours ») qui permettraient en plus de la dimension dramatique, d’y insérer des parties plus « pédagogiques ».Et là encore, c’est une sacrée gageure comme vous pouvez aisément vous l’imaginer.

Si cela arrive à se mettre en route, l’idée serait de partir à Kyoto un an pour pouvoir écrire ce texte et commencer à réunir les différents interprêtes et producteurs de ce pari totalement fou et génial. Je précise que c’est sur une idée de Vincent que nous avons élaboré ce projet !

Mon quatrième, et je m’arrêterai là pour ce soir… C’est l’opportunité que pourrait nous offrir « Marseille Capitale de la Culture » en 2013. Je voudrais profiter de ce grand chambardement pour proposer un autre moyen de porter la culture et avant tout le spectacle vivant par ici et si possible, être un des pilotes de cette expérience (Ben oui, faut pas exagérer tout de même!). Quelle est-elle, me demanderez-vous ?
Ce serait long à vous expliquer et il n’est plus l’heure !
Pour faire court. Ici, faire vivre un spectacle coûte très cher et est très ardu. Nous arrivons à trouver des budgets pour créer (enfin moi non, mais les autres… certains) et il faut se battre bec et ongles pour jouer 1 fois, voire 2 ou 3 si vous êtes très très fort !!!! Au final, même les « grandes compagnies » (je mets entre guillemets, parce qu’ici grandes ne veut pas dire grand chose justement) jouent entre 10 et 15 fois par an. Ce n’est pas suffisant. Je voudrais proposer des programmations au mois, au trimestre même ! Et si l’on calcule, on se rend compte qu’au final celà coûte beaucoup moins cher de travailler sur des sessions longues. On s’interdit ca ici, soit disant parce qu’il n’y a pas de public ! Mais à jouer ce jeu là, il y en aura de moins en moins. Même moi, quand je veux vraiment voir des bons spectacles, je file où… à Paris. Et pour cause ! Un spectacle qui ne joue pas souvent s’abîme, se raidit, perd de sa fraicheur, son caractère. Et quand un spectacle est bon, on se déplace même d’ailleurs pour venir le voir ! Arrêtons donc de pleurer et retroussons nos manches. Mettons en place de vrais théâtres qui jouent tous les soirs. Nous aurons de meilleurs acteurs, de meilleurs metteurs en scène, de meilleurs spectacles. De quoi faire travailler les jeunes acteurs qui sortant des écoles ici et ne trouvant pas de boulot ne trouve rien de mieux à faire que de créer leur propre compagnie ! Nous pourrons travailler vraiment et églament avec les publics. Et enfin créer un mouvement de vie ! Ce qui ici est loin d’être gagné. Si nous n’agissons pas, je peux déjà vous prédire la suite. En 2013, les grands événements seront assurés par des équipes parisiennes. Ce serait dommage de ne pas tenter quelque chose, non ?

Bon allez… DODO !!!!!

A demain ?!