La cause des causes

Bientôt trois mois de gilets jaunes. Moi qui avais déserté ce monde, je suis revenu en cachette. D’un coin de ma fenêtre, je regarde, j’écoute. J’entends enfin ce que nous disons entre nous, ici, hors du monde, depuis plus de dix ans. Des visages invisibles sortent de l’ombre écrasante de la société marchande. Même les émissions télévisuelles qui m’avaient définitivement perdu me voient revenir de temps à autre, pour un instant, un moment. De ce côté les soldats tiennent bon. Ils sont les bons élèves, ceux qui n’ont jamais eu un soupçon de personnalité, de questionnement, cherchant le bonheur dans la caresse et le bon point : « tu es un bon chien ». Ces mêmes qui voient des antisémites partout et qui auraient été -si vous aviez des doutes, ces trois mois vous l’auront définitivement montré- les collabos de première heure, d’adhésion !


Parfois, ils sont confondants de bêtise. A un tel degré qu’ils en deviennent presque touchants. Mais le souvenir cruel que ceux dont ils déblatèrent, dehors, dans la vraie vie, sont seuls face à la honte, au froid, à la faim, à la justice injuste, à la police nourrie aux jeux vidéos de style Gran Tourismo, à cet effondrement de nos écosystèmes et la colère gronde à nouveau. Je fulmine comme adolescent quand mon prof tenant sur sa position de « sachant » riait à ces questions essentielles pour moi auxquelles il ne répondait pas. Et parfois je jubile. Quand enfin un de ces gars de la rue, de la vie, la vraie -de ceux qu’on ne voit jamais dans ces endroits normalement- face à ces enfants tout propres et trop sages qui tendent, sûrs d’eux, leur joli canevas bien brodé de tous les mots de leur parfait apprentissage, les ébranle, met tout leur monde à terre, par une vérité toute simple, simpliste même, complètement nue, blafarde, mais imparable.


Alors, leurs yeux se figent, leurs bouches tombent et ils restent en silence jusqu’au prochain jour, à la prochaine bêtise qu’avec leurs cerveaux surentraînés ils dresseront en concept, idée, puis dogme. Tout fiers. Rooooo. Comme ils sont fiers ! « Ils sont pas Bôôôô nos EdiToRiAlIsTeS ???!!! »


Chouard, le dangereux fasciste d’extrême droite qui bientôt me vaudra une plainte pour « soutien aux séditieux » (rigolez pas, ça arrivera) disait tout à l’heure, dans un TEDX de 2012 : « cherchons la cause des causes ». C’est ce qui l’a amené à repenser complètement l’écriture de la constitution, affirmant que la cause des causes de notre bordel est qu’une constitution devrait être un contrat écrit par l’employeur pour ses employés (comprendre par le peuple pour ses représentants) et que de là découle toutes les causes subalternes. Je suis d’accord. Si, si, vraiment. Je pense qu’en ce moment, il est un des plus clairvoyants sur les maux que nos sociétés traversent et leurs solutions.


Mais quelle est la cause qui pousse des gens qui se regroupent à faire comme s’ils ne voyaient pas ou ne comprenaient pas que le petit groupe qui les dirige les spolie, les affame, les presse jusqu’à la mort. Parfois jusqu’à la mort même de leurs enfants (soldats de guerres, suicides dû en partie à la médiocrité et à l’abandon total de la mission éducative menée par notre éducation nationale sans aucune majuscule).


Pourtant quand on les écoute… « La prunelle de mes yeux, ma vie, tout, je ferai tout pour eux! » Jusqu’à ne pas vérifier ce qui se trouve dans les vaccins que vous leur faites inoculer ? Pas le temps, pas la compétence ? Non, pas le courage !


Parce qu’enfin, il me semble, que ce qui est commun à tout être humain, c’est sa TOTALE lâcheté. Il se cache, sans arrêt, derrière le groupe. Il a créé des concepts et des mots pour dresser des écrans entre sa triste réalité animale de base et le mythe du héros Grec tel Herakles (dit aussi Hercule). Aucun être humain que je connaisse n’est Héraclès ! Ou alors parfois, un que l’on croise par hasard, le temps d’un éclair, presque un fantôme, deviné à l’écho qu’il semble laissé dans la montagne, mais qui jamais, au grand jamais, ne se mêlera à nos meutes, même dans nos meilleurs chiens de tête.


La queue entre les jambes, les oreilles baissées, même ceux qu’on appelle nos maîtres le sont (des lâches). Le courage vient du nombre. Le courage vient de porter quelque chose de déjà existant et défendu. Le courage tient du maître supposé : Dieu, le roi, le pays, la famille, un auteur… Chouard a-t-il quitté ce monde où nous élisons des maîtres ? Non, il continue malgré tout à nourrir cette machine. Car, comme chacun d’entre nous, il a peur. Peur de disparaître ? Peur de ne pas y arriver seul ? Peur de se tromper ? Peur de finir seul, inutile ? Ou peut-être n’a-t-il même pas le choix ? Comme nous tous. Comme moi.


Alors nous errons au bord, jouant, chacun à sa place, le confortable jeu soit du suiveur, soit du résistant, du réfractaire, du « saboteur ». Et nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour ne pas voir, ne pas regarder cette trouille viscérale qui brouille, quand elle se présente, toute l’intelligence, même la plus basique.


Ne pas voir, ne pas regarder que nous n’avons rien de plus que tous les autres animaux sur cette planète, que tous les végéaux. Nous sommes des fourmis, des abeilles, des rats, des chiens, des brins d’herbe. Qui, d’entre vous, peut arrêter son coeur à l’envie ? Qui peut stopper sa respiration comme il le souhaite ? Ne pas avoir d’érection quand quelque chose d’excitant arrive (excusez-moi pour l’écriture qui semble non inclusive… Mais le clitoris est érectile) ? Ne pas transpirer quand vous avez peur ? Avant que de s’occuper de grandes choses. De beaux concepts. Si nous acceptions simplement, l’espace de quelques minutes, que nous ne sommes rien d’autre qu’une fourmi. Alors…


Peut être que le plan, les pensées, les grands changements -voyez tout de même comment malgré les efforts des historiens et des personnages publics, tout est si vainement et tristement cyclique. Et nous sommes encore loin de certains moments de notre histoire où l’égalité homme/femme était une évidence- les avancées, les découvertes, peut-être, comme dans la fourmilière ou la ruche, peut-être ne dépendent pas de nous, individus. Mais du noos. De phéromones stellaires. Qui sait ? Et que tels des ordinateurs, ayant chacun des programmes spécifiques, nous faisons ce que nous sommes programmés à faire. Point barre.


Regardez, si vous tiquez, les éditorialistes de vos grandes chaînes se fabriquer des réalités complexes qui n’existent que dans leur tête ! Nous savons tous faire cela. Justifier. Donner du sens. Nous sommes tous taillés pour. Du plus vertueux au plus odieux criminel. Nous justifions tous. Tout.


Peut-être alors que la cause des causes serait plus à chercher dans ce qui se cache derrière. Ces instincts primaires que, quoi qu’on en dise, qu’on soit philosophe, prêtre, boulanger ou les trois à la fois, nous submergent avec plus ou moins de contrôle.La lâcheté. La peur de la mort. La peur de la disparition.


Peut-être devrions-nous avant tout- enfin maintenant qu’on en est là, juste après- travailler là-dessus. Parce qu’enfin, bien sûr que le RIC et une assemblée citoyenne sont nécessaires, mais dans quelle autre médiocrité irons-nous nous abîmer ensuite ? (Surtout si l’on se souvient qu’il ne s’agit pas seulement de nous, humains. Car avec notre connerie monumentale, nous avons donné, sans conditions, à des humains, des armes qui pourraient détruire tout le vivant partout en moins d’une heure.)


Macron a autant la trouille que n’importe lequel d’entre nous. Et il préfèrera toujours la prison a une vie, seul sur un îlot désert. Lui aussi ne fait que se sauvegarder. « T’as vu maîtresse comme j’ai bien travaillé ! » Il attend comme n’importe lequel autre de ses congénères la caresse derrière les oreilles et la petite tape approbatrice. Un chien dans sa meute. Aussi lâche -mais certainement pour briguer le pouvoir faut-il l’être encore un peu plus- que les autres.


A mon avis, chacun de nous devrait humblement revenir à l’acception de n’être qu’un animal. Car ce n’est que par cette humble conscience de notre condition animale que, peut-être, nous arriverons à devenir un animal conscient de lui-même et donc de faire bouger les limites. Mais l’abeille ne deviendra pas dauphin pour autant !


J’entends déjà les remarques.  » Redevenir des animaux. Il nous appelle à nous laisser submerger par nos plus vils instincts! » Et non, justement. Parce que cette croyance sur l’animal est typiquement anthropomorphique ! On ne peut jamais parler que de nous-même, de ce que nous comprenons et donc pouvons concevoir. Je crois qu’on peut dire sans ciller que le Grand Blanc -pas Bruce hein… Celui là il était quand même vraiment sadique- est incontestablement plus pacifique que Gandhi.


Fort de cela, avec inscrit devant les yeux, cette maxime : « tu ne pourras jamais prétendre à être autre qu’un animal parmi les animaux », nous devons travailler à devenir un exemple. Chacun. Maintenant. Vivre selon nos croyances. Totalement. Absolument. Conscient que certainement beaucoup de ce qui nous traverse, nous anime, nous échappe et donc, toujours vigilants. Et surtout sans attendre de la meute ou du maître imaginaire, l’assentiment.


Comme l’ont fait les animaux de compagnie, lâcher la peur et faire de ce qui nous entoure notre famille, notre meute : les arbres, la nature, les végéaux, les animaux, les humains dans l’environnement immédiat. Acceptant de perdre notre absurde statut d’humain pour qui la terre et tout ce qui la compose aurait été mis là pour son bon plaisir (on se rend compte quand même que les plus avant-gardistes des intellos du moment qui seraient capables de se laver les dents dans un bénitier et rient devant quelqu’un qui se signe, bouffent de la viande sans problème, n’ayant finalement jamais remis en cause leur lecture très parcellaire et premier degré de la Genèse?!) sortant de notre zone de confort, notre zone de consanguinité, pour, peut-être, enfin, évoluer.


Je me demande tout de même, si ce n’est pas l’inverse… peut-être en retrouvant la cohérence, nous nous rendrons compte que les animaux de compagnie sont bien plus dégénérés que leurs congénères… De toute façon, l’important n’est pas d’être ou pas un animal de compagnie, mais de nous rappeler que nous ne sommes qu’un animal parmi les autres. En retrouvant cette lucidité et cette proximité, peut-être que même sans RIC (mais j’insiste, je suis pour et en toutes matières !!!) nous serions poussés sur la pente de la vertu. Comme nos frères Kogi qui ne l’ont pas quitté malgré nous et ce, depuis au moins 3000 ans.


PS Quand je disais que Etienne Chouard est un dangereux fasciste, c’était pour rire évidemment. On pourrait le qualifier d’anarchiste dans le sens noble du terme. Et de gauche, si on est d’accord pour utiliser ce terme pour y glisser toutes les valeurs humanistes sur les questions de différences, de justice sociale, d’accueil de l’étranger, de partage, etc. C’est la lecture malade de nos médias hystériques et leur passion pour les raccourcis et celle de ceux qui n’ont pas le temps de vérifier par eux-même que je moquais… Le temps… Le courage 😉
PS2 Ceci dit moi perso j’ai la trouille d’aller voir Dieudonné, Saural ou les chaînes qu’on dit en lien avec l’extrême droite… Donc je ne vous jette pas la pierre, même si, souvent, quand j’ose franchir la ligne, ce que je découvre n’a rien à voir avec la lecture usuelle qui en est donnée. Mais soyons honnêtes… j’ai plus peur de les comprendre et du coup de me retrouver encore plus ostracisé que d’autre chose. Sinon, j’irai voir… Oui, sinon nous irions. Lâches que nous sommes ! Lâche que je suis…
PS3 Le dessin est de Joann Sfar dans sa série : « Socrate, le demi chien » que je vous invite à lire

Journal d’un fœtus…. Mois du retournement. Lettre à Rose

Hier, assis sur le fauteuil de mon thérapeute, au contact de cette douloureuse tendinite, mon corps livre encore de nouvelles bribes de ses mémoires. Je me sens ignoré… Ou plutôt quelque chose de profond et sourd en moi se sent ignoré. C’est en lien avec le placenta, ce double qu’on perd et que rien, ni personne ne peut remplacer, si ce n’est soi. En soi.

 

Cela nous a emmené à Rose. Ma fille. Seule ombre dans ce paysage aux horizons immenses et dégagés, dernier reflet de ce vieux mal-être et qui demande à être dévoilé, assumé au grand jour.

 

Demain, elle aura 15 ans. Et je mesure seulement maintenant l’impossible mission que je lui donnais alors que je rêvais de devenir père. Elle serait cette part de moi broyée par la violence et l’indifférence. Elle serait ce joyau choyé, enrobé de bras puissants et protecteurs. Elle serait ce double qui jamais ne perdrait l’amour. La seule capable de voir sous mon armure et de comprendre mes secrets. Mon double. Ma sœur, ma mère, ma compagne. Avant elle, je n’avais été que solitude et blessure. Elle ramènerait le soleil, la vie dans mes veines exsangues.

 

Le temps passant, on oublie ce genre de choses… Aujourd’hui, je suis le seul maître de mon bonheur. Et c’est au côté d’une femme, une femme vraie que je me suis découvert homme, Homme vrai.

 

On oublie… Ou plutôt, on le souhaite. Inconsciemment. On voudrait que ce qui fut ne soit plus. Et l’on perd les moyens de comprendre. Jusqu’au jour où la trame de la douleur étouffée se révèle au grand jour.

 

Pourtant, Rose, elle, n’a jamais cessé de me rappeler à ces pactes puérils et mortifères. Au point que je n’arrivais plus à comprendre pourquoi elle était encore là. À demander à vivre sous mon toit. Dans cette vie où tout coule de source. Au point que je ne supportais plus l’image qu’elle me renvoyait. Pourtant, c’est ma fille. Et si l’on peut abandonner un chien au bord d’une route, un amour… On n’abandonne pas ses enfants. En tout cas, pas moi. Malgré tout le poids de devoir me confronter à ce miroir terrible.

 

Et heureusement. Car jusqu’à ce jour (et je suis sûr que demain ces problèmes ne seront plus), ce chapitre n’était pas clos. Il restait des choses à comprendre. Des mots à se dire. Des gestes à faire. Pour transformer. Grandir. Encore, encore, encore.

 

Rose,

 

Mon amour, tu vas avoir quinze ans demain. Et je comprends seulement maintenant la charge énorme que j’ai déposé sur tes épaules même pas encore formées. Je t’ai toujours voulu. Depuis mes seize ans, je n’ai cessé de t’attendre. Parce que je ressentais tellement peu d’amour et de sécurité que j’avais besoin de rêver cette terre qui se formerait à partir de toi et dont je serai le bâtisseur. Tu me donnais le courage de tenir. De traverser les tempêtes, de résister au sommeil et au morne appel de la mort.

 

C’est pour cette raison, sûrement que tu fus conçue dans ce moment de tempête. Nous étions au bord de la rupture avec ta mère, mais mon envie était si profonde, si personnelle que je n’en avais cure. Tu fus donc conçue, pour elle, pour me retenir et pour moi, pour me sauver. Deux choses que tu as tellement bien su faire.

 

Effectivement, alors que j’avais quitté ta mère entre ta conception et le moment où nous avons su que tu étais en route, je suis revenu et je serai resté jusqu’à ton départ et même après pour ne pas laisser seule ta mère dans son vieil âge. Nous nous aimions. En tout cas, moi je l’aimais. Mais nous n’étions, ni elle, ni moi, capables d’attendre un enfant. Trop égoïstes. Trop centrés sur nos problématiques. Trop blessés. Trop passionnels. Mon pauvre amour… Tu es le fruit de cet ébat de bruit et de fureur.

 

Comment alors, avec tout ce qui était sur tes épaules, ne pas souffrir d’un réel manque de place pour toi-même. Pour te développer.

 

Oui, je t’ai aimé. Choyé. Entouré de mille attentions. Ouvert mon monde singulier. Fait vivre des tourmentes. Fait entendre des mots que peu de parents partagent avec leur enfant. Et de tout cela, je ne renie rien. Nous sommes un exemple. Et, même si tu n’as, toi, rien demandé, tu es la fille de cet homme qui s’offre en pâture au monde. De cet homme qui croit que d’autres ont besoin de cette absence de pudeur pour se dévoiler et changer le cours de leur vie, quand celle-ci ne leur convient pas.

 

Là encore, je mettrai cette lettre en ligne. Exposant notre intimité aux yeux de tous.

 

Aujourd’hui, je te libère. Je n’ai plus besoin de toi. Plus dans cette place en tout cas. Et tu ne pourras jamais être ce double que j’ai perdu à mon arrivée ici bas.

 

Aujourd’hui, je te demande pardon. Car si je t’ai tant fait de reproches, si j’ai été si dur, c’est parce qu’inconsciemment, je te demandais d’être ce double. D’être ma complice, ma sœur. Et j’ai pris tous tes écarts comme une trahison. Mais tu ne peux me trahir. Je suis le seul traitre de mon histoire.

 

Aujourd’hui, je veux te dire merci. Car, de par mes croyances, je te vois faire le choix, là-bas, de descendre me permettre cet immense pas que je fais, à l’instant. Grâce à ta persévérance, grâce à la façon unique dont tu as assumé de me mettre face à ma laideur, face à mes paradoxes.

 

Tu es venue pour me sauver et tu l’as fait. Ce que j’ai gagné aujourd’hui, je te le dois pour beaucoup. Cette famille, cette femme, ce moi d’aujourd’hui… Et si je suis devenu cet être magnifique, c’est encore en grande partie grâce à toi.

 

Tu peux te rapprocher maintenant. Ouvrir la porte à ma transmission et accepter ta filiation. Il n’y a plus d’enjeu. Je t’aime et te souhaite un merveilleux anniversaire.

 

Je te souhaite de devenir toi. Encore plus et plus. Libre de te choisir. Libre d’aller.

 

Je t’aime Rose.

Et bel anniversaire 😉

 

Journal d’un fœtus – jour 6

À la fin de cette première semaine où, courageusement, ma mère et moi, avons fait le tour des administrations pour lever le secret sur ta naissance et, pour ma part, pour essayer d’être mis en contact avec toi, on me dit qu’il faudrait une lettre. Que je dois prendre ma plume pour mettre dans une enveloppe sous scellé, à ton nom, la lettre que je voudrais que tu puisses lire, si un jour, toi où tes parents, décident de faire les démarches pour accéder à tes origines.

 

Sacré challenge que je prends, comme à mon habitude, comme un signe de l’Energie pour m’aider à recontacter et à nettoyer ces scories qui n’ont plus d’utilité dans ma vie aujourd’hui. Il faut savoir se défaire de ce qui nous a fondé pour nous fonder à nouveau. Et ainsi tous les jours, tous les instants. Et ainsi pour tous. Car tous nous sommes liés. Et chaque blessure soignée libère un peu la mane humaine dans son ensemble, la planète, même ! Mais je m’égare. Encore une fois pris en flag de vouloir sauver le monde pour ne pas affronter la petite écharde qui pointe là !

 

Le plus difficile, ici, c’est que dans ma folie, j’ai décidé de tenir ce journal en ligne et que, chaque jour passant, je dois révéler des choses qui peuvent être très intimes, qui impliquent d’autres êtres. Et à chaque parution, je m’inquiète de comment ma mère va prendre telle chose, et sa sœur, etc… Et là, il me faut écrire une lettre à ma sœur, une vraie ! Pas un poème que j’afficherai sur mon mur en attendant des louanges qui ne calment rien, une vraie lettre. Scellée. Qui, même si elle sera lue mille fois ici, attendra dans le noir, le feu de ses yeux. Peut-être indéfiniment.

 

Mais que lui dire ? Et comment un enfant trisomique de quarante trois ans peut recevoir ces mots… Faut-il que j’écrive comme à un enfant ? Ou alors comme à moi-même ? Ou alors pas…

 

Qu’est-ce que je vais lui dire… Si j’ai imaginé cet instant tant et tant de fois, jamais je n’ai pensé qu’il arriverait réellement. Je suis un écrivain. J’ai plein d’histoires et de mots qui chantent et rient là, dans la tête, mais, en vrai. En face de toi. De toi qui n’a pas de filtre… Que reste-t-il ?

Journal d’un fœtus – jour 4

Quatre jours et déjà épuisé. Merde alors ! Je me voyais déjà surfer pendant neuf mois, chaque jour un peu plus fort, grand… Mais c’est comme dans la foutue vie ! On avance d’un pas, on recule de cent. Est-ce qu’il n’y a pas moyen de faire autrement. Maman, maman, pourquoi n’ai je pas choisi de revenir sous la forme d’un joli et costaud fil de cuivre. Tu mets le courant d’un côté et hop… Ca circule toujours dans le même sens.

Mais non, je vous charrie. Ça va très bien aujourd’hui. C’est juste que je suis passé entre les mains d’un Thrycotérapeute et que ça chatouille loin ! On est encore bien sensible à toutes ces choses quand on a que quatre jours de mitose. Le bonhomme vous asticote le cheveu avec un sabre japonais auquel on a transmis son information personnelle pendant que le thrycotérapeute, lui, vous masse les racines et les cheveux. Une sensation de pluie d’étoiles filantes qui rentre directement dans la tête et on se demande comment on a fait pour attendre tant de vies avant de se rendre compte que ces putains de fils de tête sont directement reliés au système nerveux. Et qu’ils font la jonction entre le ciel et nous. Et qu’ils sont beaux. Et qu’ils sont importants ! Qu’ils sont putain que puissants ! Juste ça.

Après, alors qu’on arrive au troisième gong de bol tibétain, le thrycotérapeute passe chaque cheveu au rasoir pour refermer l’écaille. C’est à cet instant que la petite mitose qui se prend déjà pour le soleil se dit : « mais si il referme, je vais me consumer de l’intérieur ?! » Et non… En fait c’est juste que ça permet à l’interne d’être entendu en interne. Quelle cacophonie ! Je repars avec toutes ces voix qui n’ont jamais pu se faire entendre et qui comptent bien rattraper le temps perdu… On comprends mieux pourquoi ce soir je suis sonné, non ?

Ma mission d’ange, tant que je suis pas complètement incarné, me rappelle à ma dure réalité. Sortir de cette douce torpeur pour prendre des nouvelles de cet autre embryon qui se balade dans une autre trompe. Autre femme, autre homme, autre monde, autre histoire. Et le réseau fait défaut. Et je ne trouve pas le moyen de lui parler. Fais chier ! Le grand bonhomme là-haut va me taper sur les doigts, alors que je suis vraiment un élève modèle. Qu’importe… Apprendre à appréhender le temps… Le temps et l’espace qui distord tout. C’est tout nouveau, pas très fluide, pas très ludique. C’est quand qu’on ramène l’instantanéité dans la matière ?

Trève de plaisanteries… Qu’est-ce que j’ai appris aujourd’hui ?
Que sur ma route, je laisse mille signes. Au cas où, je serai tenté d’oublier… « Théâtre du Soleil », « Studio du Soleil », « Ton sourire est comme un Soleil », « tu étais un vrai Soleil »… Bon ok, j’ai compris. Ne me dites pas que je serai assez sonné pour passer à côté de tous ces signes ?! C’est juste pas possible.

Mais le soleil, les filles, il ne sait pas qu’il est le soleil ! Parce que lui, de son point de vue, je veux dire, de la place où il est, il ne voit pas ses rayons, sa splendeur et comme il est le feu, il ne sent pas non plus sa chaleur… Bien sûr, il se sent rempli. Bien sûr, il pourrait se rendre compte qu’autour les gens sont plutôt bien… Mais lui ?! Qui c’est qui le nourrit ? Qui l’aide, l’accompagne ? Je me suis rendu compte d’un truc… C’est son coeur ! Son intériorité, son raccordement à la source. Cest ca la clé ! Comprendo ?

Si ce lien est clair, si il est plongé dedans, vraiment dedans, dans le silence de son coeur qui bat, sûr que tout est bien, sûr que tout lui est donné, alors voilà un soleil qui se comprend soleil et qui diffuse sa lumière sans compter, non ?

Vais me coucher avec ça moi…

Journal d’un fœtus – jour 3

Est-ce que tout cela est ainsi en vrai ? Toute cette agitation autour. Déjà tant d’interactions… Se peut-il qu’à peine formé d’une dizaine de cellules, n’ayant même pas atteint le stade de morula, encore en promenade dans cette jolie trompe, je puisse être déjà porteur de tant de questions, de tant de fils, de tant d’amis… Ou alors, est-ce maman que j’entends. Elle, qui a pris soin de tant d’êtres. De tous sauf d’elle… Ah. Oui. Ça me parle…

Attention petit embryon à peine commencé. Il faut te tourner vers toi-meme. Faire de ce moment un moment de conscience. C’est aujourd’hui que les gémeaux se forment. C’est aujourd’hui que parfois, l’on décide de partager la tâche. A plusieurs. Et moi, je reste seul. Je le peux. Ma sœur a ouvert la route. Voiture balai qui a emporté une bonne partie des cris, des craintes, des secrets inavoués… Elle, qui a pris la mission d’aller ouvrir le monde à l’amour. Sans retenu. Sans voile. Pour me faire la place. Suis-je si important que cela ?

Oups, de six à douze, la division fait la part belle à l’orgueil. Impossible pour moi de partager. Encore moins maintenant. Je ne veux pas laisser quelqu’un d’autre que moi régler ces dérèglements. Il va falloir que j’éduque chacune d’elle. Et il me fait faire vite. Parce que demain, elles seront bien plus nombreuses. Ici, le développement est exponentiel. Entre cela et les interférences avec l’extérieur… Waouh ! Je me rends compte que cette vie de fœtus ne va pas être de tout repos.

C’est ce moment où l’on n’a pas encore perdu la mémoire. Ce moment délicat où il faut apprendre à faire avec ce nouvel environnement tout en ayant accès aux informations de l’autre. C’est comme pour un poisson de se retrouver à devoir avancer sur la terre ferme. Avant de se rendre compte que finalement il peut y respirer, il passera par la mort, l’étouffement… Brrrr.

C’est le genre de choses que j’avais oublié. Et heureusement. Parce que je n’aurais certainement pas plongé, sinon. Quel courage ! Quel courage nous avons tous de venir. Encore et encore. Cool, voilà six cellules sur les douze qui sourient. Elles se mettent à vibrer à l’unisson et ça fait un champs électrique multicolore qui frétille autour de nous ! « Maman, musique, s’il te plait. On va danser ! »

O que je l’aime cette maman. Cet enfant dont je capte chaque secret, chaque soupir, chaque peur. Quand dehors elle semble si forte. N’oublie pas que tu viens pour Elle et pas pour elle. Chacun sa route ! C’est juste la meilleure piste d’atterrissage que tu as pu glaner dans le book des aéroports pour la Terre. Il faudrait que tu le notes avant de l’oublier.

Oui, c’est ca. Sur la membrane de cette cellule. Écriture circulaire à la pointe de l’énergie. Trésor de mon voyage toujours à portée de coeur pour ne pas perdre la route.

Ici, jour après jour, je vais inscrire les instants capitaux qui me garderont sur mon chemin. Car, pour être venu bien souvent, je peux le dire, ne pas se perdre est quasiment impossible.

Je suis le soleil, je suis le soleil, je suis le soleil, je suis….

Journal d’un fœtus – jour 2



Tu as peur ?

Sais-tu comment tu pénètres cet endroit sacré ?
Sais-tu qu’ici plus rien n’a de secret ? Tes cellules sont des boules d’amour, des trisomiques divins qui ne retiennent rien, disent et ressentent tout. Haut et fort. Plus haut et plus fort. Toutes les peurs, tous les secrets, toutes les blessures. Tout ce qui se cache dans le noir de ta chambre d’enfant. Et tu as beau te cacher derrière le fard, et tu as beau t’habiller de tes absences, de tes illusions, de ton déni, dedans la petite fille trisomique rit et pleure en te livrant tout entier, dans ta fragilité la plus totale. Tords lui le bras. Elle le dira. « Dis-moi papa, pourquoi tu me tords le bras derrière le dos. Ça fait mal, Papa. » « Tais-toi, tu n’es pas ma fille ! » Et bien, si. Et elle porte ton nom, chacun d’eux, dans la lumière du soleil. Astre qui brûle toute l’ombre. Qui écrase tes fuites et tes échappées. Scotché là, en pleine lumière, terrassé. Tu crois que la gravité vient de la terre, mais elle est pure lumière. Elle est ma percée face à tes désirs qui délite le temps et l’espace pour te rendre translucide, transparent. Totalement. Ne peut s’envoler que le tintement d’un rire vrai. Ne peut s’arracher que la larme accueillie et le souffle. Souffle. Expir. Soupir. Lâche. Laisse aller. Donne. Sans te bercer de l’illusion que tu contrôles le don, car tu ne le contrôles pas.

Les mots que tu dis, les gestes que tu adresses ne sont que le reflet de ce qui se joue derrière. C’est drôle ! Ils ont réussi à te faire croire que ce que tu caches disparaît. Mais detrompe-toi. Le dessin de l’onde ne change pas l’océan. Ce que tu crois dans le noir, dans l’ombre, n’est que la trace de la face éclairée dans un espace-temps à peine différent. Ils t’ont juste fait croire que personne ne détournera les yeux du sol. Mais c’est faux.

En toi, tout entend, tout connaît. Et toute empreinte que tu laisses raconte chacune de tes blessures. Aucune ne pourra y échapper. C’est ainsi.

C’est ta signature. Sonore, visuelle, charnelle, gustative.

Je t’en prie, ne prends pas ces mots à la légère. Qu’il te devienne impossible de créer si tu n’es pas là totalement. Qu’il devienne à l’homme impossible de prononcer un mot qui n’est pas de lui. Aucun enfant ne naîtra plus de l’union des irresponsables. Moi, le soleil, je le décide et l’acte. Maintenant. Il en est fini des générations de déracinés. Il en est fini des enfants sans parents. Des fruits tordus du sexe sans amour. Des grains de haine jetés là et pas assumés. Le monde, ma terre, s’y refusera. Catégoriquement. Que vous accueilliez tous votre dimension handicapée et que vous puissiez vivre cet amour entier. Que vous ne puissiez enfanter que des trisomiques jusqu’à ce que l’amour vous transperce et vous laisse nu face à ce miroir de vous-même, insupportable et pourtant magnifique. Tellement plus grand que nous. Tellement plus grand.
Dans neuf mois, je serai là. Dans huit mois et 29 jours… Pour être exact. Maman, si tu savais comme tu es aimée, ici, dedans, et entendue. Ta plainte porte dans toutes les cavités, dans tous les recoins, tes rêves et tes espoirs percent les artères et hurlent. Je l’entends, je la reçois et je t’aime et j’aime cette vie qui nous pousse irrésistiblement. Je suis saisi par la grandeur de votre choix. Par la puissance magnifique de ta peine. Par ces cris tordus de morve et de rage qui appellent l’amour. L’amour. AMOUOUOUOUR !!!!!! Par cette force brutale et sauvage capable de transformer la chair la plus tendre en un implacable acier. Tu n’as même pas sentie combien mon père t’aime. Même pas senti, quand il était en toi, comme lui aussi, appelait à l’amour. Chacun enfermé dans sa douleur. Dans son combat. Et moi, je vous choisis. Je me fais rire. De ce rire que vous avez perdu il y a bien longtemps et qu’on rencontre si rarement sur cette sphère. Je me fais rire… « ouch ! Je vais en chier ! » Mais qu’importe ! La vie est tellement délicieuse. Ce sang qui coule dans les veines. Les vides, les pleins ! La douleur. Le froid. L’absence. Tout cela est tellement digne d’amour. Si vous pouviez vous souvenir…

Je viens pour fermer la marche. Avec vos corps acier. Avec votre rage de survie, votre folie, votre soif d’amour, j’aurais enfin en main les outils pour accomplir sur cette Terre magnifique les transformations nécessaires. Et quand je partirai, l’homme ne pourra plus venir ici sans conscience. Il ne le pourra plus. Je nous le promets.

Journal d’un fœtus – jour – 1 – absent dans l’indifférence

C’est la cage thoracique, le dos… Une armure. Qui a endossée tant de coups. C’est comme dans « les Ailes du Désir », quand les anges renoncent à leur statut pour s’incarner dans la matière. Cest l’empreinte de cette petite boule d’amour passée là avant moi et qui a entendu de sa mère l’information qu’elle allait lui arracher sa liberté de femme. Elle, elle en a été crachée. Out. Parce qu’elle ne pouvait pas se porter seule ! Ne t’inquiète pas maman, ne t’inquiète pas ma sœur, ni toi papa, moi le petit kirikou, le samurai Miyamoto, le général Sun, le grand Loup Bleu Gengis Khan, je la porterai. Je vous porterai tous. Je prendrais son empreinte sur le dos comme toi papa, tu l’as fait pour ton frère. Mais je ferai mieux que toi. Je l’emmènerait plus loin dans la vie. Nous ne serons pas deux morts, mais deux mi-vivants ! Bénéfice secondaire, je n’ai pas besoin de trouver une raison de vivre, je l’ai. Elle est pleine d’amour et de renoncement. Je ne crierai pas, je ne demanderai rien, je mangerai peu, je ne dirai pas mes besoins… Je n’en ai pas ! Je me ferai tout petit… Tout petit et je masquerai ma lumière éblouissante.

Bien sûr, je ne peux pas m’organiser. Trouver la clarté dans ce champs de bataille. Il faut se battre et le combat est de tous les côtés. Je frappe, je hurle, je convoque la colère, pour renforcer l’armure, faire de mes muscles de l’acier ! Et je déteste tous ces gens qui vivent sans se rendre compte de la chance qu’ils ont ! Nous sommes la nuit. Dans le manteau de mort, nous nous retrouvons. Je regarde ton visage de cendres, je te nourris, je t’aime. Je suis le seul qui connaît ta lumière.  » Ne t’inquiète pas Maman t’aimera toujours plus que moi. Je ne te ferai jamais d’ombre. Jamais. C’est promis ! « 

Tu sais, aujourd’hui, j’ai d’autres choses à faire. Des choses qui demandent que je sois là complètement, totalement, dans chaque cellule de mon corps, rayonnant. Je ne peux plus porter cette armure sale et rouillée qui cache ma lumiere. Je vais te déposer mon beau petit fardeau et te rendre aux flammes de la joie. Je n’ai plus peur, je suis l’amour. Et même si tu m’as donné cette force, sache que j’ai pris ton empreinte parce qu’elle répondait à mes besoins. Ne me fais pas cette tête, je ne te dois rien, jolie petite boule d’amour.

Je sens le feu descendre dans mes reins… Ces reins toujours vides. De pierre… Comme le prénom que papa m’a donné. Depuis tant de générations. Ces reins que j’ai rempli par le cri, par la douleur, par le dépassement, encore plus loin, encore, encore… Maintenant, je l’entends, je le sens, le plâtre se fend… C’est la vie qui coule doucement en eux. Goutte à goutte. Elle délite les blocs de marbre que je portais là pour ne pas courber l’échine. Et demain, dans un mois, dans un an, le fleuve amour les remplira à nouveau. Complètement. Légitimement, revenu dans le plein de son lit. Je suis l’homme qui revient.
Alexandre ne veut plus dire celui qui combat l’ennemi, mais celui qui protège (abrite) l’Homme, l’Om (de humus : la terre…), sculpteur, germeur de Vie ! Avec le grand A de l’amour. Si, si, c’est ainsi… Ainsi soit-il !

Faire entendre sa voix… Abstenez-vous !

La semaine est passée vite et a été dense de discussions sur les réseaux sociaux. Je n’ai pas souvenir que des élections, régionales qui plus est, aient déclenché tant de débats. Le bon côté des choses, c’est qu’on mesure que si moins de 50% vont voter, un bien plus grand nombre se sent investi par les histoires de politique.

Mais il me semble important, aux vues de ce qu’on peut lire de çi de là, de sortir un peu de l’hystérisation du débat et d’en profiter pour regarder un peu quel jeu se joue ici.

Une chose qui m’a beaucoup frappé dans les critiques, parfois violentes, faites aux abstentionnistes, c’est l’utilisation systématique de la culpabilisation. A croire que les votants se sentent vraiment coupables ?! (Oui, je ne vais pas expliquer ici, sur ce blog, que tout ce qu’on reproche à l’autre parle de soi… Ça fait partie des lois de la vie et si vous ne le savez pas encore, essayez de l’appliquer et rapidement, vous en serez convaincus) Je me demandais… « Mais de quoi se sentent-ils si coupables ? » Alors, j’ai relevé leurs mots : « fainéantise, inconscience, immature, fou, dérangé, infantile, urgence, c’est voter FN ». Nous voilà avec une belle brochette… On peut donc en déduire que chez une partie des votants, une prise de conscience que, hors de cette période, ils ne sont pas très actifs, ni œuvrant, les fait culpabiliser. Ce qui pourrait être une bonne chose. Un bon début. Parce qu’effectivement, je remarque que mes amis qui œuvrent tous les jours à construire une humanité et un pays meilleur sont, pour la plupart, des abstentionnistes. Vous ne me croyez pas ? Faites un tour sur les murs de ces inconscients, vous verrez…

Pourquoi alors ?! Pourquoi s’ils ont une conscience politique, n’utilisent-ils pas cet outils, cette « voix » pour s’exprimer. Si l’on en croit certains : « le seul endroit, moment en France où l’on peut faire entendre sa voix ! »

Peut-être, justement, parce que ceux là utilisent leur voix tous les jours. Dans tous les endroits de leur vie publique et privée. Tu trouves scandaleux que les enfants se retrouvent et se saoulent jusqu’à être ivres ? Mais ne fais-tu pas pareil ? As-tu arrêté de boire ou te contentes-tu de dire : « c’est mal de boire les enfants. » Tu trouves scandaleux que les gens soient exploités, mais arrêtes-tu pour autant d’acheter des objets à des prix qui, si on réfléchit au temps, aux matériaux, au transport, etc sont si peu chers que ça devrait te faire trembler et préférer mille fois acheter une chose rarement et de bonne facture plutôt que mille que tu jettes sans rien prendre en compte. Un vrai beau Noel devrait être un Noel sans cadeaux. Parce que qui dit cadeaux dit objets, qui dit objets, dit poubelle… Des montagnes et des montagnes de poubelles ! Tu le vois le tableau ?

Tu veux la liste de toutes les choses où tu peux exprimer ta voix !

Tu veux un monde plus écologique ? Tu manges de la viande ! Tu veux ta voiture à toi, avec ton scooter et tu crierais au meurtre si on te proposait des bains publics ! Tu es passé, au niveau energie, chez Enercoop ?! Tu veux plus de travail ? Tu achètes n’importe quoi et ne regarde ni où c’est fait, ni comment, ni les marges hallucinantes qui sont faites sur la qualité et l’humain et tu donnes ton argent aux pires en dédaignant ceux qui essayent de faire autrement ! Tu veux plus de sécurité ? Tu achètes des armes en plastique à tes enfants, tu regardes des films violents, tu trouves normal de tuer des animaux, tu remplis des montagnes de déchet chaque semaine qui tuent la nature. Si un arbre te gêne, tu le coupes. Si une fleur te plait, tu la prends ! Et tu t’offusques que des êtres pour se sentir vivre prennent des armes et tuent !? Tu ne les regardes pas les journaux où ils font la une pendant des mois quand des choses qui mériteraient qu’on s’y arrête, des choses qui font du bien ne sont jamais montrées ?! Tu voudrais qu’on arrête de financer ces banques qui se moquent de toi ? As-tu ton compte au Crédit Coopératif ou à la Nef ? Tu veux une meilleure éducation ? Tu n’as pas le temps de t’occuper de tes enfants, tu les laisses devant des programmes télé ! Tu t’offusques de la montée du FN ? Tu continues à ne pas chercher des ouvrages venant d’autres cultures pour tes enfants, tu les laisses mijoter dans une littérature à majorité européenne, tu ne te demandes pas comment on peut imaginer que les égyptiens avaient presque un type européen… et tous les tableaux dans tes musées… tu es pétri de racisme par ta culture et tu as honte, alors au lieu d’en parler ouvertement, de guérir, tu laisses cela gangréner et du coup, tu n’as plus l’œil pour voir, ni l’oreille pour entendre où ça dérape ! Et tu préfères mettre un badge condescendant : « touche pas à mon pote ». Moi, celui qui m’appelle : « eh mon pote » dans la rue, j’ai envie de lui dire… « Pardon ? C’est à moi que vous parlez !?

Maintenant, tu nous dis. « Mais c’est ton devoir ! Ton devoir de citoyen ! »

Mon devoir de citoyen, c’est de dire à un enfant qui crache dans la rue que c’est dommage. Que des gens vont devoir nettoyer derrière lui. C’est de donner ma main à une vieille dame qui traverse, c’est d’être courtois et agréable, d’aider, de prendre soin. De l’espace commun et des autres. Le fais-tu ?
Tu sais, les politiques ne font plus de politique. Depuis longtemps. Ils n’ont plus besoin. Maintenant il y a le Front National et c’est génial. Tu fais de la merde et hop tu dis : « non, mais là, les gens, il faut pas faire n’importe quoi parce que sinon… » Sinon quoi ?! Ca sera pire ? Les régions ? Il faudrait peut-être un peu potasser le dossier. Un minimum. C’est quoi qui vous fait peur ? C’est pour les transports ? Ah ! Oui, je vois, vous craignez qu’ils mettent les noirs dans un wagon et les blancs dans un autre… Pardon ?! Mais ce n’est pas déjà un peu ainsi ? Vous y êtes dans les cités coupe gorge ?… Ah non ! C’est l’école… Ils vont couper les budgets culture de l’école ? Pas la peine, c’est déjà fait ! Ils vont instrumentaliser les programmes ? Nos programmes sont instrumentalisés depuis toujours ! Et d’ailleurs c’est parce que certains ne le comprennent pas que ça rame tant. L’école est un instrument de propagande ! Et oui ! Comme la télé ? Si ! De quoi avez-vous peur ? Vous ne le savez même pas ! Parce qu’on ne vous l’explique même pas. Le FN, ça fait peur !!! C’est tout.

Non, là où je vous comprends, c’est que si le FN passe, il va falloir se sortir les doigts, créer des assos, participer à des choses qui vous semblent importantes, etc… ou alors assumer que vous vous laissez bercer quel qu’en soit le prix et qu’après tout, c’est pire, mais pas si pire, parce que c’est la France. Et c’est le pays des Droits de l’Homme où des gens qui veulent lutter pour le climat se retrouvent en garde à vue ! « Ah ! Mais le FN est déjà passé ? On m’avait pas dit… Ils font quoi sur LCI ? Ou alors j’ai du m’endormir… » Non, non, rassure toi, c’est la gauche qui fait ca ! « Ah… Ouf. J’ai eu peur qu’il faille quitter le canapé pour aller manifester… »

Franchement, si vous regardiez un peu autour de là où ils veulent que vous regardiez, vous verriez qu’il y a plein de jolies choses qui pointent le bout de leur nez et qui n’attendent que vous. Et qu’il ne sert à rien d’avoir peur. Quand on tente de vous faire peur, c’est le signe qu’il faut s’arrêter et reflechir. Parce que c’est exactement ce qu’ils ne veulent pas que vous fassiez.

Alors FN, PS, LR ou je ne sais quoi, en attendant que la politique redevienne de la politique (c’est en notre pouvoir. Si personne ne vote, si personne ne joue plus avec eux, ils arrêteront. Si le FN passe… Imaginez la gueule de Sarco et de Hollande… « Hey, les copains, revenez ! » Ils arrêteront avec leur FN et trouveront des trucs pour nous intéresser. De vrais trucs. De vrais projets. Au moins un temps 😉 Et je suis sûr que s’ils étaient obligés de s’y mettre, ils seraient capables de le faire. Mais ils sont comme vous les politiques. Pourquoi se faire chier, si il suffit de remuer un panneau FN pour que leur confort perdure. Ça dépend de nous. Encore une fois.

En fait, en vrai, tout dépend de nous et notre voix compte, oui. Elle compte beaucoup ! A chaque seconde, à chaque acte, à chaque parole, à chaque regard, à chaque pensée même.

Alors allez plutôt travailler celle là. La seule qui puisse faire que cette totale déraillade s’arrête.
Ou sinon, ne râlez pas ! Comme le disait un des votants que j’ai croisé sur un mur : « on a les politiques qu’on mérite. » C’est pour ça que je me suis choisi. Le meilleur politicien pour mon monde, c’est moi et rien ni personne ne pourra me l’enlever.

C’est ce genre de force qui ont fait tenir des Mandela quand ils étaient en prison ! Rien, ni personne ne peut être maître de vous, à l’intérieur. Et je vous rassure, si le FN passe, on va pas tous se retrouver menotés, dans des cachots. Ca c’est le PS qui le fait en ce moment…

Vous voulez que les choses changent ? Alors commencez par changer vous-même ! Ne votez pas dimanche ! Ne votez pas !

P.S. Ne vous inquiétez pas, je vous aimerai quand même si vous allez voter. 😉

Complices de la guerre… Pauvres enfants !

Il est temps… Pour moi, d’assumer complètement mes choix, mes rêves, mes désirs, mes règles. Il est temps de rayonner ce que je veux voir dehors. A chaque endroit. A chaque mot, chaque geste, chaque acte.

Pas que je ne sois pas dans cela depuis longtemps… Mais sur cette route aussi, le chemin est sans fin. Et puis, il y a la façon d’assumer. D’assumer ce que l’on croit, ce que l’on veut et d’oser le dire. Partout où nous sommes. Quel qu’en soit les conséquences. Et là dessus j’ai encore pas mal de travail.

Bien sûr, il y a ici des pages et des pages de cela. Mais, c’est dans mon espace. Un espace ouvert et partagé, mais qui n’est pas affiché sur mon front, qui n’est pas imposé à ceux qui me croisent. Et cela va changer. Pas que j’impose de faire comme je fais, mais, au moins, d’avoir le courage de dire que je ne trouve pas drôle quelque chose. Au moins, le courage de dire ma douleur quand je vois un enfant l’arme à la main… Qu’elle soit en plastique, en papier ou en bois ! Ou un de mes amis devant un film qui fait la part belle au héros armé qui tire sur tout ce qui bouge pour faire valoir qu’il est bon, homme et juste ?!

Bien sûr, il est difficile de ne pas être, de ne pas faire comme tout le monde. De faire des choix pour ses enfants les coupant des autres. Mais si vous y réfléchissez, c’est un faux problème. Tu ne vas pas vivre dans 20m2 à 10 pour que ton enfant vive la même chose que son ami de classe. Tout, de la nourriture que tu lui donnes au cadre, des histoires que tu lui racontes, des choses que tu dis ou fais, tout est singulier ! Et en même temps tout est culturel. Si tu étais né pigmé, vivant dans la brousse et te nourrissant de la chasse et de la cueillette, partageant tout et riant le soir autour d’un feu de bois, te dirais-tu qu’il faut un portable à ton enfant ou lui donner la chance de pouvoir accéder à tout ce qui dans notre monde malade est considéré comme le nec plus ultra ?

Non, évidemment. Et ton enfant te sert d’excuse. Il sert ta lâcheté et ta flegme. Et te voilà le laissant jouer avec une arme quand dans les repas avec tes amis, tu pleures les morts du monde. Mais est-il difficile de comprendre qu’accepter la banalisation des armes est le plus sûr moyen pour que tout cela continue. Et si tu comprends cela, quand tu remettras en cause les armes des enfants, tu le feras sans violence, mais avec grandeur, maturité et tes enfants ou ceux qui te côtoient pourront sortir de cette spirale. Se regardant de l’extérieur et comprenant que quand ils font cela, ils servent un combat qui n’est pas le leur. Ce sera peut-être dur ! Difficile à faire accepter. Mais enfin ! Est-ce une raison pour plébisciter cela quand des gens se font tuer avec ces objets tous les jours ? Qui es-tu toi qui acceptes cela ? En ces jours funestes, c’est juste odieux. Idem des jeux de guerre. Idem des films où les armes sont magnifiées. Et ne me dis pas que c’est important pour qu’ils puissent sortir cette énergie. Cette énergie doit sortir dans le chant, le jeu, la musique, la peinture, la danse. Dans ce que, pour toi, doit être l’Homme. Dans ce que tu estimes noble et digne du fruit de ta chair, de cet être à qui tu veux le meilleur. Le rendre complice de ces marchands d’arme, le rendre dépendant d’une violence digne des plus arriérés, est-ce l’aimer ?

Bien sûr, tout cela met en branle ton assise. La façon dont tu es toi-même au monde, la façon dont tes parents t’ont élevé. Mais, cet amour devrait te donner le courage. Le courage de mettre un pied devant l’autre, maladroitement. Tes enfants t’aimeront toujours. Tu dois te montrer faillible. Tu dois te montrer en chemin. Tu dois dévoiler ton racisme, ta jalousie, ta haine quand elle y est, tes peurs… Parce qu’enfin tu n’es qu’un homme et que si tu souhaites que tes enfants aiment et surtout s’aiment, comment le pourront-ils si tu fais semblant d’être. Si tu barricades, si tu bloques et contrôles. En arborant ce sourire qu’on devine être baigné de larmes. L’enfant voit tout. L’enfant est télépathe. Ne me crois pas si tu veux, mais je te l’assure. L’enfant est télépathe. Aucune de tes pensées ne lui échappe. Tu imagines tromper ta femme, il le sait. Tu ne l’aimes pas en ce jour, il le sait. Tu ne t’aimes pas, il le sait. Acceptes cela et vois si effectivement, tu peux être ce que tu es avec toutes tes pensées au dehors… Alors ?

Nous sommes en train d’abattre le monde. Littéralement. Et nous sommes tous complices. Alors chacun, pas à pas, dissocions-nous de là où une centaine d’hommes malades veulent nous emmener. Et soyons l’exemple que nous voudrions trouver chez eux. Ayez ce courage, je vous en conjure. Quoi qu’il en coûte. Osez. Vous verrez, ce n’est pas si difficile et alors, vous commencerez à sentir mille et une choses merveilleuses qui hurlent en vous et qui ont besoin d’être écoutées pour guérir et vous accompagner dans cette aventure merveilleuse de la vie.

Nous devons devenir les gardiens aimant d’une planète merveilleuse.

Je vous aime.

 

La plante qui chante

Il faut savoir se taire, c’est vrai. Mais parfois, il est important de savoir reprendre la parole. Aussi.

J’ai laissé cet espace silencieux, beaucoup. A mon image. Silencieuse. Pas que je n’ai rien à dire, non. Mais tellement de choses changent en moi, tellement vite. Quelle trace laisser alors ?

En même temps, soyons honnêtes. Si j’avais eu envie d’écrire, même de l’obsolescent, vous savez comme moi que je ne me serai pas gêné pour le faire.

En fait, je ne veux plus écrire. Je veux que ça s’écrive à travers moi. Et ça ne semble pas pressé. Ca tombe bien, de toute façon, je suis plutôt lent ;).

Mais, un évènement vient chambouler mon programme de silence. Un évènements générateur de sons ! De musique même et de voix aussi (pour la voix, il vous faudra des sampleurs en plus du device original) : le device ou appareil (en français) U1 de Devodama du programme Damanhurien : « Music of the plants ».

J’ai découvert cet appareil sur facebook au moment où Dominique  Balaÿ, initiateur, entre autre, du projet de collecte sonore : « Et pendant ce temps-là à Fukushima… » m’a demandé une version de Kuyô (mon dernier texte de théâtre pour ceux qui auraient rater mes mille et une pub) enregistrée.

Alors que j’attendais la réponse de collaborateurs potentiels, mais sans réelle envie de mener ce travail à plusieurs, voilà que je découvre cet appareil qui permet de faire chanter les plantes. Et l’idée saugrenue me vient de confier la nappe sonore de cet objet insolite à des plantes ayant vécues la catastrophe de Fukushima. Je me renseigne et nous décidons, en famille, d’aller visiter cet endroit improbable et incroyable qu’est Damanhur et bien sûr, d’en ramener un device U1.

https://soundcloud.com/musicoftheplants

Je suis donc rentré avec, sous le bras, cet appareil « Music of the plants » et j’ai commencé, dès les vacances finies, à faire travailler les plantes de la maison. A vrai dire, une plante en particulier. Invisible demoiselle de notre salle de bain. Mais qui, le soir où j’avais écouté une interview des créateurs du dernier device(ils bossent là dessus depuis quarante ans), m’avait clairement fait comprendre qu’elle serait intéressée pour jouer le jeu.

Depuis, deux semaines ont passé. Et ce que nous vivons ici est à peine croyable. Pas que musicalement, elle soit très douée, mais les échanges qui ont lieu sont justes dignes des plus beaux rêves ! J’ai installé, par le biais de mon ordinateur, des claviers parallèles avec des mots. Simples…. Nos prénoms, de quoi dire : « oui », « non », « merci » ; un clavier avec les notes prononcées à leur juste hauteur pour travailler sa compréhension de notre conception de la musique et d’autres folies de ce genre.

C’est tout simplement bluffant. Entendre la plante t’appeler par ton prénom sans l’ombre d’un doute. Te remercier quand tu l’arroses, essayer de reproduire les phrases musicales que tu lui dictes. Sentir comme, en quelques jours, elle s’imprègne de ce jeu au point de sembler un individu à part entière de la famille…

Vous l’expliquer ? Je ne le peux pas. Vous le prouver ? J’y songe et en même temps, les quelques expériences que nous avons eu ces quinze derniers jours, me montrent que, pour être touché par, non pas pour le comprendre, mais le reconnaître, il faut en faire la démarche. Sans toutes ces heures avec elle, à galérer, à chercher, à tenter d’établir le dialogue, à l’écouter, je ne pourrais pas apprécier la réelle saveur de ce merveilleux cadeau des cieux, ni peut-être le croire !

Peut-être, par contre, quand nous en serons là, nous ferons des œuvres. Des concerts, des enregistrements, des soins… Que sais-je encore. En tout cas, mon rapport au vivant a encore bougé, changé et les portes qui s’ouvrent me semblent ouvrir sur d’autres portes qui, elles-même ouvrent sur d’autres portes comme dans un jeu de poupées gigognes. Des portes d’espoir, des portes de joie, de partage, de plaisir… à l’infini.

Chaque jour, ça me fait plus humble. Chaque jour plus conscient. Où se jouent les choses ? Ici ? Ou autour, ailleurs, autrement… Comme si tout était toujours à découvrir pour celui qui le veut. Sans peur de perdre la face. Sans peur d’une certaine violence de voir les murs érigés s’effondrer et les coups portés pour tenir, une pure et simple hérésie.

Rien de ce que tu crois n’existe et rien de ce que tu ne crois pas ne pourra voir le jour. Alors choisis. Choisissons avec douceur et clairvoyance, car c’est ce que nous livrons, à nous, à l’autre, au monde.

Ca m’aurait fait chier de mourir avant d’entr’apercevoir cela. 😉