Vendredi 24 avril – Dom Juan au Théâtre Nô – Dernier jour de cette sermaine de répétitions

Malgré la fatigue accumulée depuis ces jours, nous montons sur cet espace de bois qui nous accueille depuis 4 jours déjà. Comme tous les jours nous redécouvrons ce lieu, quand les grilles sont ouvertes (le tout dans un fracas assourdissant qui commence à nous sembler banal) et que ce lieu mystique nous est accessible, notre enthousiasme reprend le dessus. Et il le faut.
La première victime sera Done Elvire (sous les traits de Aude « la Moche »). Le travail de petite fille doit se retrouver, mais en restant statique. Les gestes doivent être faits en décalages avec les personnages tout en provoquant une réaction (suis-je claire?). C’est à dire que Elvire doit tirer l’oreille de Sganarelle tout en étant en retrait et celui-ci doit manifester des réactions de douleurs. Mais la tâche est plus difficile que prévue. Evidemment, c’est beaucoup plus facile de gigoter sur une scène pour manifester des émotions que de les ressentir vraiment.

Puis nous travaillerons la scène de Dom Juan et Sganarelle juste avant l’arrivée du commandeur, avec pour consigne, pour Jeanne, de changer d’état suivant ses paroles et celles de Dom Juan. «Ne reste pas accrochée à ta branche» comme dirait notre cher metteur en scène. Et pour reprendre cet auteur «que je ne connais» pas «tout le beau de la passion est dans le changement.» Le jeu de Jeanne sera donc ponctué d’interjections d’Alex «Non, Jeanne c’est pas juste» «Oui!! Vas-y, à fond !!» «mais joue, bon-sang!».

Gaël vint à se présenter sur le plateau après notre travail (mon ventre me fait remarquer qu’il est déjà 11h30 et qu’il faudrait songer à manger) avec un Don Carlos italien. Un pavarotti qui ne jure que par l’honneur et la vertu.

Tous les avis se tournent finalement vers les sensations de mon estomac et nous allons nous placer sur notre banc habituel nonobstant les railleries d’Alex concernant le repas. Et bah si ça te plaît pas, t’as qu’à aller manger au resto, na!

Une fois que notre petite troupe fût bien rassasiée, une fois la chaleur devenue trop écrasante (hein Gaël! Bon-sang ce qu’il fait chaud dans le sud !!) nous nous en retournons vaquer à nos occupations, à savoir le théâtre. Avec une surprise toutefois, car Antoine-Baptiste, le revenant corse, vient de nous rejoindre. Ce sera lui qui travaillera donc. On aura alors un Dom Alonse, version mafieux corse, prêt à sortir son 9mm pour accomplir sa mission. Ceci durera jusqu’à l’arrivée d’Elise.

Sa venue nous donne le top départ pour le filage. Et c’est parti. Cette fois la couleur est donnée, plus vive et joyeuse par Dom Juan et Sganarelle.

La conclusion de ce filage est simple : beaucoup mieux que le précédent. La pièce est passée de 2h10 à 1h46, ce qui, somme toute, est un progrès non négligeable. Dans l’ensemble les acteurs furent plus présents, plus touchés, plus expressifs… Bref en amélioration constante. Sauf Elvire qui ne veut jamais faire comme tout le monde et qui va à contre sens de la mouvance générale. Alors qu’hier, elle était complètement vouée à son rôle de petite fille, aujourd’hui elle se trouve coincée entre le travail juvénile de la veille et l’apparence noble et féminine qu’elle doit dégager. Un patchwork d’états qui donna à son personnage une intonation fausse et un jeu quelque peu truqué.

Il est déjà l’heure (peu importe laquelle) et après avoir ranger toutes les affaires, nous nous retrouvons tous au café pour faire le point. Mais encore une fois le temps vient à manquer. Je prend mes clic et mes clac, remercie tout le monde pour cette semaine, remercie notre metteur pour le café qu’il nous paie (et lui rappelle gentiment qu’il me dois 100 dollars) et m’en vais.
Fatiguée et heureuse. Le cerveau imbibé de belles images, de beaux moments et avec l’impression d’avoir réussi. Réussi quoi ? Je ne le sais toujours pas. Ce qui est sur c’est que je me suis sentie étrange, seule dans mon petit lit …

Aude.

Compte rendu au Théâtre Nô – Dom Juan, le Jeudi 23 Avril

La journée à commencé au Butai d’Aix-en-Provence aux alentours de 9heures avec un bon café et un briefing sur le travail de la matinée.

Aude fut la première à affronter la scène et le regard d Alexandre; dans la peau d’une Elvire « Petite fille » tantôt exigeante et capricieuse, tantôt triste et désabusée. La matinée s’achève avec une seconde prestation, c’est dans la peau d’un Don Carlos (frère d’Elvire) que Gaël tente d’appliquer, maladroitement la phrase « sois une bête de sexe ! » . Après de nombreux échecs et un Alexandre bien échauffé , Gaël reprend avec des exercices de mimétisme censés l’aider dans son travail.

Vers 12h , nous avons décrété la pause déjeuné, et un modeste sandwich n’est pas de refus !
Reprise vers 13h30, en attendant qu’Elise (notre « Statue du commandeur » et danseuse) arrive, Céline (Don Juan), Jeanne (Sganarelle) et Sidney ( un pauvre) reprennent la scène du « Médecin » (où Sganarelle a déniché un habit de médecin). Quelques temps après, l’arrivée d’Elise marque le début du dernier travail du jour : filage complet de la pièce, du début à la fin.

C’est parti ! L’acte I, III, IV et V se succèdent, parfois lentement, mais aussi quelques moments de justesse. Elise nous offre une figure imposante du commandeur, aillant revêti le masque D’Hanya , elle entame une danse à l’éventail.

La journée aura été fatigante, mais le temps passe vite tout de même, il est 17h30 et nous prenons encore une demi heure pour un debrifieg. Ce dernier filage était encore très déséquilibré, souvent trop lent, les remarques et conseils d’Alex sont les bienvenus. Et avec encore un peu de temps et de volonté, nous mettrons cette pièce sur pieds, ensembles !

Gaël

Mardi 21 au Théâtre Nô d’Aix en Provence – Dom Juan – Rencontre d’Hanyâ

Mardi

Début de séance un tant soit peu tardive ce matin, le réveil a fait des siennes.
9h45, nous commençons la séance, en s’attaquant au dur labeur qui nous attend. Mais l’idée de mise en scène changera aujourd’hui. Dom Juan n’est plus mort, Sganarelle non plus, ils sont seuls au milieu d’une horde d’esprits qui viennent les hanter. Dans la première scène Dom Juan et Sganarelle doivent arriver par l’escalier de l’empereur, exténues par une longue marche dans la forêt.

La mise en route est plutôt difficile, on l’a oublié, mais le but premier est de S’AMUSER.
La pause nous permettra de mettre tout ça au clair. Ce que nous retiendrons de ce matin, c’est l’apparition de Gusman en revenant japonais et l’arrivée d’Elvire derrière les traits d’Hanya (ce qui s’avèrera être une erreur vu l’inexpérience de la « comédienne » qui le jouait)

Pause repas (Gaël, la prochaine fois n’oublie pas ton sandwich)

À 13h15 nous retournons sur le plateau. Nous recommençons à partir de l’arrivée de La Ramée. De là jusqu’à l’acte 3 le travail fut laborieux. Autant par le jeu snob de Gaël (qui fera tomber Céline dans une euphorie dont seule une pause pourrait nous sortir) que par la fatigue générale qui nous gagne, nous ne sommes pas à la hauteur. L’avis de notre metteur est décrété tout haut « Pause ! ». Mais ce repos à cela de différent avec le précédent, c’est qu’il ne s’agit non plus de fumer une cigarette, mais de répéter, de fignoler et de définir nos déplacements, jeux et autres particularités de mise en scène que nous devons approfondir. Nous avons 30 minutes. Au bout de ces trente minutes, nous faisons un filage.

Et c’est parti. Sidney s’installe à la place du chœur pour imiter la nuit (oui aussi étrange que cela puisse paraître), Jeanne et Céline arrivent. Et dès qu’elles entrent dans notre champ de vision, elles deviennent immédiatement Dom Juan et Sganarelle. Le jeu, ce fera avec beaucoup d’implication mais avec un manque de rythme et de légèreté. Nous entrons, tour à tour, essayant tant bien que mal de nous souvenir des indications scéniques données précédemment, d’habiter notre personnage et surtout d’emmener les spectateurs (en l’occurrence notre metteur en scène) dans notre univers. Et pour cela, nous l’avons évoqué au-dessus, il faut avant tout nous amuser. Les scènes coulent dans l’ambiance franco-japonaise que nous tentons d’instaurer. Mais il est déjà 17h00, et sous la voix d’Alex qui nous demande de nous arrêter, nous rangeons nos personnages dans notre poche en attendant de nous en resservir demain…

Céline.

Compte rendu au Théâtre Nô – Dom Juan, Lundi 20 Avril

Ce matin, « La mauvaise troupe de théâtre Nô » a rendez-vous au Butaï à 9h30 (DUUU MAAAATIIN!). Nous sommes a peu près a l’heure mais Alexandre a garé le « Faucon millenium » dans une flaque de boue. Sidney et Céline sont déjà là depuis un moment et nous attendent affalées sur un des bancs de la cour des Beaux Arts, Aude et Gaël ne tardent pas à arriver à leur tour. Par contre aujourd’hui il n’y aura ni Antoine, ni Anne, ni Fleur d’ailleurs, puisqu’elle nous a quitté et ne fera pas le spectacle…
Bon, nous voilà prêt pour une nouvelle aventure, mais mauvaise nouvelle: Alexandre vient de raccrocher son Iphone (I-technologie) et nous dit que nous n’auront pas les clés avant cet après-midi. Un peu déçu, nous nous rapatrions tous au Studio pour faire une lecture intégrale de la pièce.
Alexandre propose de retirer l’acte II pour des soucis de longueur et de sens, puis il fixe les rôles dont il est certain :
Céline retrouve le rôle qui lui été destiné depuis le début de l’aventure: Dom Juan, Aude jouera Elvire, Gaël, Gusman et Don Carlos, Sidney jouera le rôle du pauvre comme prévu et moi celui de Sganarelle.
La lecture est fini, et même si nous avons sucré l’acte II dans sa quasi-totalité, cela paraît long à quelque uns d’entre nous, voir très long…
Le chef grimace, et il pense à haute voix: « Pourquoi j’ai choisi ce texte? »petite inquiétude tout de même… PAS DE PROBLEME, ALLONS MANGER

Après un repas composé-décomposé-recomposé au mas, nous repartons au Théâtre Nô, où, a priori, si tout va bien, nous devons récupérer les clés. Oui, le code est bon, les grandes portes latérales s’ouvrent et voilà le petit et joli théâtre sous un amas de poussière qui nous apparaît. Je trouve des objets de toutes sortes( des sièges-auto, des chariots de grandes surface, des pèles, des espèces de pare-chocs de voitures, Oui ! je vous jure) et je ne peux pas m’empêcher de dire (pour le plus grand bonheur de Céline) : « Les gens prennent vraiment le théâtre pour une poubelle ! » En effet je ne suis pas la seule à penser qu’un nettoyage s’impose. Alors nous sortons nos engins et commençons par balayer le sol pendant que les deux moches s’occupent de dépoussiérer la scène en chantant… Puis Mototsugu, notre druide-metteur en scène sort les seau et nous prépare la mixture « spécial Théâtre Nô » composée uniquement de lait et d’eau chaude dans laquelle nous trempons nos chiffons. « Essorez-les bien !! C’est important sinon vous allez faire des traces… » Après les avoir, donc, bien essorés nous frottons la scène avec amour et grande délicatesse. Voilà l’espace de jeu tout propre. Youpiiiii…
Alexandre arrive avec un grand seau d’eau (plein d’eau, mais sans lait cette fois) et le renverse sur le sol (pas la scène évidemment) et nous frottons à nouveau (mais avec des ballets cette fois-ci). Nous voilà tous alignés derrière les grandes grilles rouges à patauger dans notre boue et à frotter en rythme comme des doux-dingues pour faire partir toute la poussière de l’autre coté des portes) Moquez-vous, mais je trouve ça très beau. Ca me fait un peu penser à STOMP. J’aime bien. J’étais contente de nettoyer cet espace avec vous.
Maintenant c’est vrai qu’on se sent un peu chez nous. « Absoluuuuument » a répondu le chef.
Nous sommes morts, mais c’est cool, parce qu’après une bonne nuit on pourra commencer cette semaine de répétition dans ce lieu complètement magique.
Yabou, en route, mauvaise troupe…
Je vous aime.

Jane.

(Comme vous l’aurez sans doute remarqué… ce compte rendu est quelque peu en retard… je le laisserai au 1er mai pendant une semaine, avant de lui faire regagner sa place temporelle… 10 jours en arrière !!!!! NDLR)

Compte rendu du mercredi 8 avril par Anne.

Etaient présents : Aude, Céline, Fleur, Jeanne, Sidney, Antoine-Baptiste, Gaël, Alexandre et leur professeur de théâtre et/ou de français Anne R.

Anne à qui j’ai demandé cette semaine de bien vouloir faire le compte-rendu, elle qui nous suit les mercredi, avec son regard généreux et son sourire qui semble en savoir bien plus qu’elle ne le montre et qui connait si bien cette petite bande.

Place au maître (à la maîtresse, je veux dire… mais maîtresse pour un professeur, ça peut être mal pris) …

 » Alexandre l’a décidé, suite à la séance du mercredi 8 avril : aujourd’hui, c’est le regard extérieur qui a la parole. Le regard qui n’a rien vu des maquillages, qui n’a rien vu des costumes, qui n’a rien vu des premières approches, des premiers balbutiements sur le plateau. Regard un peu déniaisé tout de même par une séance en salle Gérard Philipe la semaine précédente, où Mototsugu avait crié son mécontentement face à l’incapacité de la bande des sept à entrer dans le jeu, à se faire plaisir et, partant, à faire plaisir aux autres. J’avais alors découvert que derrière Alexandre se cachait un dragon non moins redoutable que la dragonne en chef, Ariane Mnouchkine, chez qui il a été formé. Sans cesse, au cours de cette séance, s’étaient superposées à l’image et aux paroles d’Alexandre, celles d’Ariane dans le documentaire Au soleil même la nuit, consacré aux répétitions du Tartuffe.

La séance, cette fois, démarre sous des augures bien différents. Alexandre est bien Alexandre, il sort de chez son ostéopathe, il donne l’impression de flotter un peu, pas de dragon en vue. Chacun entre à sa façon dans le monde du théâtre : concentration immobile, assouplissement, échauffement tonique, et c’est parti… Mise en route de la parole : il s’agit pour Alexandre de rappeler les objectifs, les échéances, la nécessité pour soi-même et les autres de se fixer un contrat…et de s’y tenir. Puis la parole est donnée à la petite bande. Sans doute, comme chez Ariane, chacun s’est-il déjà essayé à différents rôles et a-t-il découvert qu’il était meilleur dans un rôle qui ne lui était, a priori, pas destiné. Alors, maintenant, qui se voit en qui et en qui voit-il les autres ?Tout, ou à peu près, paraît possible. Mais point de Dom Juan à l’horizon… Le rôle doit leur sembler écrasant. Antoine-Baptiste, sans doute, voudrait bien, mais n’est-ce pas un peu prétentieux ? Et puis, il le sait, il est soumis à d’autres contraintes. Céline, elle, est dans l’entre – deux, elle garde une certaine distance dans l’engagement parce que, justement, les engagements, pour elle, sont multiples. Aude et Jeanne se voient et sont vues davantage en Sganarelle et Elvire. Gaël, Sidney et Fleur, se sentent plus fragiles. Bon, Alexandre a noté… la seule certitude semble être Elisabeth en Commandeur dansant. Quant à Dom Juan, ce ne sera peut-être pas un élève…

Tous sur le plateau ! Bref rappel des principes de base du nô, bref essai de pas glissé sur la moquette râpeuse de la salle 137, et en place ! Acte I, fin de la scène 1 et début de la scène 2. Jeanne-Sganarelle assise en avant-scène, Céline-Dom Juan à jardin, attendant de faire son entrée, et l’orchestre à cour, sous la houlette d’Antoine-Baptiste. Des tâtonnements, un certain manque de tenue… Puis le chœur se forme derrière Céline et là, tout d’un coup, il se passe quelque chose : voix du coryphée et voix chorale se répondent, la parole se pose sur le murmure du chœur, nous donnant à entendre la profession de foi du libertin : « Tout le plaisir de l’amour est dans le changement ». A peine le temps de goûter à cette beauté inattendue, à cette musique suspendue dans les airs, et c’est l’heure. La semaine prochaine, je prendrai à nouveau le train Dom Juan en marche, il aura sans doute bien avancé. Où en sera le grand seigneur méchant homme ? En train de promettre le mariage à Charlotte ? De donner un soufflet à Pierrot ? Qui arrêtera celui qui se prend pour Alexandre – le conquérant, bien sûr – ?

Anne R. »

1er Avril. 1er Compte rendu de la « Moche »

Présents : Jeanne, Céline, Sidney, Gaël, Antoine-Baptiste, Anne, Alexandre, Aude.

« Et bientôt nous devrons endosser notre costume,
Le costume qui fait de nous d’autres,
Des personnages aux traits marqués,
A la situation bien différenciée,
Et bientôt nous devrons entrer »

Mercredi 1 avril.

Ce n’est pas une blague ; nous nous réunissons en salle Gérard Philippe. Malgré l’absence de Fleur (qui échappera au courroux du Maître de Nô) nous débutons la séance. Alex (encore pour l’instant l’homme que l’on connaît) nous propose un jeu : Nous sommes au 14ème siècle et notre vénérable troupe de théâtre vient au Japon pour jouer Dom Juan sous la tutelle et la pression de l’empereur. Nous avons 10minutes pour trouver nos personnages : ceux que nous allons jouer dans la pièce mais aussi ceux que nous sommes, à savoir des hommes de dizaines de siècles passés. Pourquoi personne ne veut faire Dom Juan ? Attendez ! Moi non plus je ne me sens pas la responsabilité d’assumer un tel rôle. Je n’en suis pas capable… Mais trop tard, déjà les rôles sont définis (plus ou moins aléatoirement) et Alexandre devenu pour l’occasion grand Maître de Nô entre en scène. Son impressionnante démarche nous glace. Pas le temps de penser, nous entrons en scène. Acte 1 scène 2. Sganarelle et Dom Juan. Nous ne comprenons pas un traître mot de ce que nous explique le maître de Nô, mais faisons moult efforts pour nous plier à ses exigences. Pas assez apparemment. Le Maître se plonge dans une colère noire et s’agite en tous sens : Nous sommes mauvais. Pour m’aider à ma tache, il fait venir à ma rescousse deux de mes camarades (à savoir Antoine Baptiste et Gaël pour revenir à la réalité). Là non plus nous ne satisfaisons pas notre examinateur. Je me démène tant bien que mal (surtout mal d’ailleurs) pour exécuter ses consignes. Nous faisons tous ce que nous pouvons, notre travail restant médiocre, voire très insuffisant. Les efforts que nous fournissons et l’implication que nous mettons dans ce jeu ne sont pas assez profonds.
Lorsque nous entendons, au milieu d’une réplique « C’est bon, stop on arrête ! » nous savons que les retours ne seront pas des meilleurs. Et cette fois ce n’est pas Le Maître de Nô qui s’emporte, c’est bel et bien Alexandre. Ce qui fait d’autant plus réfléchir. Nous sommes mauvais, pas assez impliqués …Bref c’est le sentiment de déception que nous invoquons à notre metteur en scène. Quelques bafouilles pourtant, certains osent -un peu- dire des choses mais la colère est encore trop présente pour que nous puissions exprimer notre point de vue. De toute évidence, nous sommes d’accord, nous étions mauvais.

Petite pause clope pour certains, petite réflexion pour les autres et nous nous attelons à notre dur labeur. Même scène, mais abandon dudit jeu. Céline et Gaël en scène. « Non Gaël arrête de réfléchir » « Si ça vient pas, ça vient pas » « Ecoute la ! ». Toute forme orientale est abandonnée, nous revenons à des bases connues. Le jeu bien de chez nous. Mais là encore la perfection n’est pas au rendez vous. Avec notons le, une amélioration du jeu de Gaël.

Mesdames et Messieurs, nous descendons de la navette spatiale. Nous sommes arrivés à (bon) port. Veuillez ne pas vous précipiter vers la sortie et conserver votre calme. Nous nous retrouverons, pour certains le week-end qui vient, pour d’autres mercredi prochain. Nous espérons que vous avez effectué un agréable voyage et que celui-ci a été enrichissant. Nous vous souhaitons une très bonne fin de journée, ainsi qu’une bonne nuit.

Bien à vous Camarades.

Naserian (alias Aude.)

Séance du Samedi 28 mars 2009

Présents : Fleur, Aude, Jeanne, Gaël et Céline

Samedi pluvieux, mariage heureux pour les uns et répétition active pour les autres.
Après un petit dej, une passagère récupérée sur le bord de la route et une petite fleur au pied de notre soleil (le Studio du Soleil – NDLR ) nous pouvons débuter la séance.

Le soleil n’a toujours pas pointé son nez, mais les lumières le remplaceront rapidement. Pour commencer cette journée comme il se doit pour notre petite troupe en construction, il nous faut nous maquiller. Pas facile pour tout le monde, mais nous avons eu une grande surprise (la moche tu nous avais caché ça, tu es déjà une pro du maquillage). Donc, pendant que certains se transforment en jeune ou vieil homme, d’autres font comme ils peuvent et arrivent au mieux à ressembler à une espèce de chat. Mais ne perdons pas espoir, le maquillage s’apprend, cela viendra petit à petit, enfin nous l’espérons.

Avant toute chose, il faut savoir respecter des règles qui sont comme « le code de la route » du théâtre (moi, je dirai du comédien ;-)- NDLR) :

1. Savoir qui nous jouons. D’où il vient, l’âge, les qualités physiques, le métier, les passions…

2. Savoir d’où il vient et où il va.

3. Choisir en fonction, l’état dans lequel il est. (énervé, fatigué…)

4. Avoir un projet, un objectif : ce qui le pousse à venir sur scène, ce qu’il vient y faire.

5. Y croire et le laisser exister vraiment, dès le premier instant (avant de faire l’acte d’entrer en scène) en écoutant. Son personnage, son état, le lieu dans lequel on entre, son partenaire, son texte, les accidents. Tout, tout, tout, tout ! NDLR

Une fois la transformation « achevée », il est temps d’aller déjeuner, repas gastronomique (pâtes, fromage et gâteau à la pomme).

14 heures, il faut y retourner, la troupe doit maintenant s’habiller avec les précieux costumes (prêtés par le Théâtre du Soleil – NDLR). Nous sommes prêts à commencer le travail. Première étape importante, l’acte 1 et, plus précisément, la scène 1 de l’acte 1. Tour à tour, la petite troupe incarne les personnages de Sganarelle et Guzman.

Aude et Jeanne filent sur scène, l’éloge du tabac se transforme en véritable supplice pour Sganarelle tandis que Guzman fait une arrivée fracassante, pris de panique . Attention, il ne faut pas oublier que nous (La mauvaise petite troupe de Nô qui joue « Dom Juan » – NDLR) nous présentons devant l’empereur et ses samouraïs, ce n’est pas le moment de craquer, le pauvre petit acteur se sent dépassé, il sombre… Pas question de faire mauvaise figure devant l’empereur, c’est à Sganarelle de reprendre les rênes.

Reprenons à nouveau cette scène, mais cette fois Fleur sera Guzman et je serai Sganarelle. « Tu devrais peut-être essayer d’être Don Elvire déguisée en valet. » Voilà, la tonalité est prise, entre les pleurs d’une femme désespérée et un Guzman désemparé.

Gaël monte à son tour sur scène, mais le temps est limité, il nous faut être rentré avant 18h au mas (Ils vont tous au Théâtre ce soir-là, sauf Gaël – NDLR). Vite, vite ! « NON ! J’ai perdu ma bague derrière le chauffage ». Trop tard, nous sommes en retard… C’est bon, nous y sommes, mais ce n’est pas fini, il faut maintenant partir sur Aix.

Allez au revoir à Mercredi….

Céline.

Compte rendu de mercredi 25. La séance fut courte mais nous n’étions pas pour autant des loutres.

Étaient présents : Aude, Gaël, Antoine, Jeanne, Alexandre.

« 
Je prends tout,
Je trop trop joue.
Mangeuse de ce qu’ils donnent.
Ici on pense avec le ventre et je souris à l’intérieur comme d’habitude.
J’ai leurs vitaux sur le dos.
Parce que j’ai la possibilité d’être traversé par… »

Jeanne F.

Quoi de mieux après un début de semaine au vent froid
qu’un bon quart d’heure d’étirements et d’assouplissements en petit comité
sur une moquette grisâtre de poussière et de déchets scolaires ?
Pour « clore le début de séance », on enchaine sur quelques mouvements
d’aïkido, nécessaires pour se plonger dans l’univers japonais.
Deux par deux, nous sommes face à face et l’un tient les poignets de l’autre.
On renverse son partenaire dans un simple mouvement sûr et concentré pour qu’il se retrouve dos sur le sol.

Se servir de la force de ses doigts comme de la lame d’un sabre,
Et se repositionner dans la même énergie tout en gardant ce flux
dans l’esprit.

Difficile d’expliquer clairement le déroulement du mouvement.
Mais cet exercice est aussi utile pour finir de s’étirer dans cette forme de danse martial.

Au hasard d’un déplacement et de l’idée des techniques du théâtre Nô,
nous avons gouté, un fragment de seconde, à ce que doit être l’art de marcher sur cette Scène Ancestrale.

Ensuite, nous nous sommes mis en cercle et avons pris possession des livres qu’Alexandre avait mis à notre disposition. Ces livres se composaient principalement de grandes pages blanches où, sur la surface, une petite phrase poétique écrite en calligraphie japonaise s’étalait, avec traduction s’il vous plait :

Des Haiku de Buson, Issa et Bashô.

Chacun à son tour, après avoir pris le temps qu’il fallait pour retourner tous les mots dans sa tête, échapper à toute forme de pollution extérieure, à notre cocon, pour n’avoir que la mission divine de l’acteur à accomplir,

Celle-ci étant, cette fois-ci, d’illustrer corporellement et de façon claire et simple, ces petites phrases pleines de sens. Faire de notre corps un trait souple et léger tel celui d’un pinceau sur la feuille de riz.

La séance se termine déjà. Alexandre nous lit un extrait de la réécriture qu’il a faite du Dit Des Heike.

Et là, place au rêve et à l’imagination.

Et rien que l’énumération de ces nombreux noms japonais est un voyage.

Faute de temps, nous remettons à la semaine prochaine la suite : le récit sur scène de l’histoire du Sire de Kiso avec les mots improvisés et désordonnés de la mauvaise troupe de Nô que nous formons désormais.

La relativité du temps n’a pas joué en notre faveur. Ce fut court. Ce fut trop court. « 

Antoine-Baptiste et Jeanne, le 25 mars 2009.

« très mauvaise troupe de théâtre Nô »: compte-rendu de la séance du mercredi 18 mars 2009

Enfin, avec presque 24 heures de retard, le compte-rendu se rend dans ma boîte aux lettres virtuelle. 😉

« Mercredi 18 mars 2009

Première séance réunissant la petite « compagnie »

16 heure : début de la séance. La sérénité commence à saturer l’espace. Les huit jeunes « acteurs » se détendent lentement, paisiblement. Ensuite, lorsque les muscles sont bien relâchés et que l’esprit s’est fait légé, le metteur en scène débute la scéance par des conseils et une lecture.
Alexandre nous abreuve de discours directs et nécessaires à la formation d’un comédien en-devenir. L’altruisme, l’humilité, l’implication du corps et de l’âme, l’enthousiasme, la vitalité. A propos de la vitalité qui anime les corps et les pensées des huit « acteurs » libres et en bonne santé que nous sommes, Alexandre insista longuement. Un passage magnifique de Une connaissance inutile écrit par Charlotte Delbo fut lu.

~pause~
(cigarette)

Un moment plus tard, une série d’excercices commencent.
Le premier exercice consiste à marcher de telle sorte que le buste soit tiré vers l’avant par un fil incassable. Les corps doivent être perpendiculaires au ciel. Ils doivent être étirés verticalement, tirés par le ciel et la terre. Les corps doivent s’imposer sur la scène et imposer leur rythme. Le spectateur doit ressentir l’harmonie et la justesse qui modèlent les corps. Cette marche joyeuse est entrecoupée par la voix du metteur en scène. Ce dernier ordonne aux « acteurs » de s’arrêter, les yeux fermés. Il met à l’épreuve notre instinct : « De quelle couleur sont les chaussettes de Jane ? Où se trouve Antoine-Baptiste ? ». Cet exercice vise à développer notre capacité à être attentif à l’autre tout en restant intègre à notre personnage.

Puis, les « acteurs » arrêtent de marcher. Le metteur en scène nous demande de nous allonger en suivant une grande expiration.
Les corps sont entièrement allongés sur le sol. Maintenant, il s’agit de nous relever tous en même temps, les yeux fermés, instinctivement. L’instinct est la seule lanterne qui puisse éclairer les « acteurs » à ce moment. Cet exercice fut très difficile à réaliser.

Tous en ligne devant le metteur en scène, la règle reste la même : écouter son instinct et placer son corps sous le joug des énergies qui nous dominent. Nous sommes à genoux, les jambes pliées. Le but est de se mettre sur la plante des pieds sans s’aider des bras. Un impulsion vers la haut seule doit suffir.

Exercice suivant : être seul sur scène et oser dire son prénom. Chacun à tour de rôle se place au centre de la scène, gardien de l’espace qu’il occupe psychiquement et physiquement, monopolisant le regard des autres. La difficulté est grande. Assumer sa présence n’est pas chose facile.
Pour finir la séance Alexandre nous donne quelques conseils vitaux.

Terminus : tous le monde descend du nuage, il est l’heure d’affronter la société, de nouveau.

Sidney

Compte-rendu fait le 19 mars 2009″

Oriza Hirata et Ariane Mnouchkine… Beau Week-End !


Les amandiers sont en fleurs, le ciel : bleu pur, le café : puissant, j’entends les pattes d’écureuils scratcher dans les arbres en réponse aux appels des oiseaux… oui, c’est ça ! je suis rentré chez moi !!!

Et c’est avec un plaisir non feint que je déguste mon café en venant vous trouver dans ce jardin sans frontières et qui a partagé avec moi bien plus que je ne pourrais écrire.

Ce week-end fut chargé, ouvrant des portes inespérées entre mes rêves et la réalité, donnant à ces multiples combats un peu de plus de sens, un peu plus de fond.

D’abord Ariane et son anniversaire. Soixante-dix ans et une fête qui, comme elle, s’est épurée avec le temps, s’est simplifiée, adoucie, calmée. Pour finalement devenir ce joli rendez-vous où seuls quelques intimes (enfin deux cents personnes tout de même !) étaient présentes. Il y avait Guy Claude François, ce décorateur et scénographe de génie qui a accompagné sa vie depuis plus loin que remonte ma mémoire et qui, lui aussi, plus le temps passe, est beau et doux, simple et sincère, délicieux. Il y avait Tamani, la femme qui venait nous accompagner dans nos maquillages, elle qui a maquillé les plus grands, encore plus petite, encore plus vieille et en même temps toujours plus vive et drôle. Il y avait Erhard Stiefel, ce génie, ce « Trésor Vivant » (titre décerné par les japonais à quelques élus), fidèle à lui-même, toujours aussi beau et énigmatique, lui qui, malgré son grand âge, ressemblera toujours à un jeune romantique. Il y avait Gérard Hardy, un jeune homme de soixante-quatorse ans, toujours en tournée, toujours sur la scène et qui a cette douceur et ce plaisir de vivre (je lui dois un merci attentif et particulier. Il m’a donné la référence d’un livre qui va bien m’aider dans mes travaux en ce moment : Au Bord de l’Eau. Qui raconte l’histoire d’une troupe de théâtre à travers l’histoire de chaque membre qui la compose). Il y avait Georges Bigot, cet acteur qui peut être si superbe, héros de mon enfance, Richard 2 incroyable, Norodom criant de vérité. Il y avait François, dont je ne sais plus le nom, et qui de ses mains sait fabriquer tout et n’importe quoi, un peu comme un magicien. Il y avait Brontis Jodorowsky, Miriam Azencot, Martial Jacques, Christophe Rauck, Juliette Plumcoq Mech, compagnons de mon époque et que j’ai eu plaisir à revoir après tout ce temps. Et puis tous les membres de la troupe, de maintenant. Qui entourent ma Belle Ariane de mille soins, de tant d’amour et qui lui permettent aussi ce calme, cette douceur. Il y avait les proches d’Ariane. Sa famille, ses amis, dont le plus connu Patrice Chereau. Et c’était beau ! Simple et beau. Avec des surprises offertes à l’aide de nos nouvelles technologies. Sur grand écran, des gens du monde entier ont défilé grâce à Skype, pour ne pas le nommer. Amis d’Australie, du Brésil, des Etats-Unis, de France… mais aussi, astronautes en apesanteur, Charlie Chaplin (si, si), le président Obama (bon… ceux-là c’était pas en vrai de vrai, mais en vrai quand même!!!!). Bref, un moment de magie délicieux. Ah oui ! Merci à Jean-Jacques, aux Afghans et à Céraphin qui nous ont concocté un repas digne des plus grands avec un dessert incroyable arrivé sur un char et représentant un immense soleil que nous avons avalé gouluement ! Ouf… voilà, j’ai fini la soirée du samedi… il vous reste un peu de temps ou d’envie d’aller plus loin ?!

Alors pour ceux qui en ont le courage… le dimanche ! (Mais d’abord, je vais me resservir un café et faire un bisou à mon amoureuse)

Donc, le dimanche. Grâce à Yumie, la japonaise qui traduit tous mes dossiers et mails à l’attention des japonais, nous avons obtenu un rendez-vous avec Oriza Hirata, metteur en scène japonais qui est au Japon, ce que Ariane Mnouckine et Peter Brook sont à la France.

C’est donc à 14h45 (les japonais sont très à cheval sur les horaires) que nous sommes arrivés dans le Hall de l’Hôtel Mercure de la Gare Saint-Lazare où nous avions rendez-vous à 15h. Après une course éfrénée d’Elise pour trouver une borne qui fait les cartes de visite (les japonais sont très à cheval sur les cartes de visite ;-)) d’où elle revient sans et pour ma part, une recherche rapide sur internet pour voir des images du Monsieur et sa biographie (vive l’Iphone !!!), Orizo arrive accompagné de sa traductrice. C’est un petit homme vif, au visage espiègle et malin qui inspire tout de suite confiance et respect. Nous nous installons et je lui explique mon projet Kujoyama dans les moindres détails. De temps à autre, je me tais pour laisser la traductrice faire son oeuvre. Elise, elle, profite de ces moments pour me donner quelques conseils d’approche. Lui se tait. Il écoute. Une fois le tout exposé, il entre en scène. Il me dit que, si mon projet lui semble intéressant, mon approche est nulle. (Ouah ! Un japonais franc… celui-là il va falloir que je le soigne de toute mon âme pour ne pas perdre sa confiance et ses faveurs) Et m’expose la « stratégie » à suivre. Il emploiera ce mot. Il m’expose le mode de subventions au Japon et comment s’assurer d’avoir les meilleurs pour la réalisation de ce projet. Il me dit que si nous oeuvrons comme il le dit, il organisera avec moi les « workshops » (stages) avec les meilleurs acteurs de Tokyo, de Kyoto et d’Osaka pour qu’ils découvrent mon travail sur la scène et que, naturellement, suite à ces travaux, les plus intéressés se réunissent pour mettre à exécution mon projet. Il me dit aussi qu’il me faudra organiser des « workshops » avec des metteurs en scène. Lui s’occupe de trouver les lieux, de payer les acteurs et les metteurs en scène pendant les temps des « workshops » et de suivre l’équipe qui montera mon projet pour l’obtention des subventions, afin de réaliser tout cela pour la saison 2011, 2012. Moi, en attendant, je dois trouver des co-producteurs ici sur le sol français.

Pour « Les Démons du Nô »… et oui, ils sont deux maintenant ! Il me fait comprendre que si jamais Ariane prend la mise en scène de ce projet, il nous invitera pour le festival de Tokyo (à l’auttomne). Je lui rétorque que faire se déplacer le Théâtre du Soleil coûte très cher. Il me dit : « l’Argent n’est pas un problème ».

Une heure et demie sont passées quand nous le quittons. Je garderai longtemps gravé le sourire et l’oeil malicieux de cet homme et sa simplicité, et sa sincérité. Wouah! Je viens de faire un pas de géant, je crois. Mais, il faut tenir la bride. Si Cultures France ne retient pas mon projet, tout cela tombe à l’eau. Donc, on garde son calme. On est serein, mais on garde son calme (tu parles !!!! ;-))

Voilà.

Maintenant, il me faut redescendre sur terre et continuer à travailler, patiemment, méthodiquement, pour rendre tout cela possible.

A vite.