La Provence – Article sur Dom Juan au Théâtre Nô d’Aix-en-Provence


LA PROVENCE – 12 JUIN 2009

 » THÉÂTRE : « Dom Juan »

DANS L’ESPRIT DU NÔ …

Un grand classique de Molière revisité par des apprentis acteurs.

À l’occasion du Printemps du Japon en pays d’Aix, les élèves du lycée Cézanne ont présenté au théâtre Nô, la pièce de théâtre Dom Juan. À la mise en scène, on a pu retrouver Alexandre Ferran, directeur artistique du Studio du Soleil. Et pour se jouer dans cet espace singulier où les règles de jeu sont différentes de celles du théâtre occidental, cette version est partie du présupposé suivant: Don Juan est déjà mort. Néanmoins, le texte n’a pas été changé pour autant et a été joué dans son intégralité.

Par ailleurs, les personnages étaient habillés de kimono fastes et superbes et ont emprunté les codes de déplacement et de gestuelles propres au Japon traditionnel.

Le professionnalisme des comédiens en herbe, soutenus par Alexandre Ferran et la chorégraphe Élisabeth Ciccoli, a donné à cette pièce un aspect japonisant et a permis de clôturer en beauté le festival. « 

G.F.

Départ pour Kyôto le 10 juillet… enfin : apprendre quelques bases du Nô

Et oui, le départ est fixé, les billets trouvés et l’aventure qui s’apprête à voir le jour sera une importante. Depuis 1994, date où j’ai découvert le Nô avec le Iemoto (maître) Kanze à la Villette en compagnie d’Erhard Stiefel, je n’ai eu de cesse de lire, étudier, chercher, mettre en jeu tout ce que je pouvais sur ce sujet.

L’année dernière, pour la première fois, j’ai pu aller au Japon grâce à la Maison du Japon en Méditerranée, ce qui a déclenché une petite cascade d’événements, dont l’un des plus importants : ce rendez-vous du mois de juillet avec Maître Udaka (représentant de la branche Kongo). Au programme : Shimai (danse à l’éventail), chant, cours de flûte, facture de masque, accompagnement lors des spectacles (en coulisses… si, si.) Et puis, visite de Kyôto sur les traces de Zeami et de Kanami pour avancer à la rédaction des « Démons du Nô ». Pour couronner le tout, nous rejoindrons, le 10 août, Maître Nomura Mansaku (Trésor Vivant), maître de Kyôgen, pour un stage de 10 jours à Tôkyô.

Bien sûr, cela n’est pas gratuit et j’ai de grandes difficultés à réunir les fonds pour le départ, ayant été laissé de côté par l’AFDAS (organisme qui paye les formations des gens du spectacle) qui, après m’avoir fait longtemps espérer, m’a fait dire qu’ils ne pouvaient prendre en charge un stage à l’étranger : « vous comprenez… on ne sait pas si vous suivrez bien le stage et si vous n’irez pas plutôt à la plage !  » D’une, il n’y a pas de plage à Kyôto et de deux, organiser un stage comme celui-là (je suis l’unique stagiaire et ai participé à l’élaboration du programme avec les japonais, ce qui n’a pas été simple) quand on sait ce que je fais depuis des années autour du Nô, du Théâtre Nô d’Aix-en-Provence et ce qui pourrait découler de ce voyage (pièce de théâtre sur Zeami et Kanami, Villa Kujoyama, Stages avec les acteurs japonais autour des adaptations des textes de Nô pour du théâtre contemporain), c’est tout simplement d’un mauvais goût certain que d’aller se réfugier derrière ce prétexte fallacieux.

C’est pour cette raison que j’ai lancé un SOS sur la toile : « A la recherche de 4000 euros pour apprendre le Nô », me permettant de payer les deux stages, la vie sur place et les déplacements (j’ai perdu mon statut d’intermittent le mois dernier en travaillant sur le Dom Juan et ne peux donc compter sur les assedic pour amortir ces frais)

Je ne sais pas encore ce que je ferai en échange… je cherche et suis ouvert aux idées. Ce qui est sûr, c’est que je ferai un maximum de photos, de vidéos et de prise audio + un journal écrit de ce qui sera abordé sur place. Peut-être alors un blog privé pour ceux qui ont participé ou encore un journal PDF (possiblement imprimé si tout le monde rajoute quelques euros ;-), mais nous verrons cela au retour…)

Je peux aussi, en échange d’une somme plus conséquente, venir à mon retour du Japon, assuré une conférence sur ce que j’ai appris ou sur ce voyage.

Vendre des dessins, des photos… je ne sais pas moi…

Vous avez des idées ?

En tout cas si vous souhaitez m’aider, vous le pouvez en mettant 10 euros sur mon compte paypal (si 400 personnes le font, je pourrai faire ce voyage) ou en vendant une photo, un dessin ou quoi que ce soit d’autre pour cette cause… individuelle, mais qui a su profiter à quelques personnes ces dernières années.

Merci d’avance !

Alexandre

Photos de Dom Juan au Théâtre Nô – Représentation du 6 juin – Festival Le Printemps du Japon


Les photos de Drichos du Dom Juan sont sur l’album Picasa… si vous n’avez pas pu venir, allez y faire un tour, ça donne une idée… pour ceux qui y ont été, ça réinvite au voyage… l’espace d’un instant.

Bonne balade (cliquez sur l’image ou le titre du post pour aller sur l’album)

EDIT : J’ai retiré les photos de l’album PICASA, à cause du téléchargement non modifiable. Pour voir les photos pour l’instant, il faut se rendre sur le site de DRICHOS : http://www.drichos.com

Dom Juan dans le cadre du Festival  » Le Printemps du Japon »

Ca y est ! La billetterie est ouverte. Vous pouvez d’ors et déjà vous procurer les billets pour la représentation de Dom Juan du 6 juin au Théâtre Nô d’Aix en Provence sur le site de la Fnac.

Si vous souhaitez plus d’informations ou partager cet événement sur votre facebook, allez faire un tour sur le site de l’Agenda Culturel.

J’espère que vous serez nombreux et que nous pourrons nous rencontrer après le spectacle.

A très vite.

Dom Juan au Théâtre Nô d’Aix en Provence, une semaine d’ailleurs…

Dom Juan (Céline), Sganarelle (Jeanne) et le Commadeur (Hanyâ porté par Elisabeth Ciccoli) – Photo A. Ferran

Que j’aime d’un amour profond cet endroit… et chaque fois un peu plus ! La vie est ainsi faite qu’elle vous réserve des surprises de taille… N’est-il pas extraordinaire de penser qu’une rencontre avec le Nô en 1996 aux côtés d’Ariane Mnouchkine et d’Erhard Stiefel m’ait poussé jusque là, par un jeu de forces dont personne ne pourrait démêler les élans des rencontres des élans de l’âme et de la destinée. Comment serait-il possible de préméditer cela : « Dans quelques années, je pourrais travailler à loisir sur le seul Théâtre Nô au Monde hors du Japon et j’y pourrais éprouver des choses enfouies au plus profond de mon être, sans retenue, sans entrave, avec passion, foi et en y entraînant des âmes assoiffées ! »

Pourtant, c’est ce qu’il se passe. D’abord avec ce tout petit spectacle « Nô et Kyôgen », puis avec cette tentative de grand « Atsumori » de Zeami, enfin avec ce « Dom Juan » à qui j’ai ouvert les portes d’une contrée que je connais si mal, sans être sûr, à aucun instant, que cette rencontre serait possible et probante. Juste avec la confiance des fous ou des simples d’esprit !

Et voilà que je viens de passer une semaine avec lui au Pays du Nô et qu’il m’en revient chargé d’un sens que jamais je n’aurais deviné auparavant. Oui, c’est le Japon et cette bande de jeunes apprentis acteurs si maladroits qui, pour la première fois, m’ont ouvert les portes de la langue de Molière et de son monde que j’ai rejeté avec tant de conviction depuis tant d’années.

Vous me direz et vous aurez raison, pourquoi alors avoir choisi « Dom Juan » si on n’aime pas Molière ? (sous entendu si on ne le connaît pas;-)) surtout pour un tel voyage ! Et bien, je ne sais pas ! Vous voulez la réponse vraie ? Je n’en sais rien ! Et jusqu’à lundi soir, je me suis vraiment demandé pourquoi j’avais fait ce choix ! Avec colère et grande inquiétude… Me disant même : « il est encore temps de choisir un Shakespeare, un vrai auteur, quelqu’un de capable de monter sur le Butai et de résister aux attaques du Nô. » Et je n’en ai rien fait… et j’ai bien fait de n’en rien faire ! Puisqu’aujourd’hui, j’ai renoué avec cet auteur. Le japon m’a rendu ce français. Céline (qui joue Dom Juan) m’a réconcilié avec Molière. Ainsi que toute la petite troupe qui s’est attaquée à ce monument du théâtre sans sciller, avec un sérieux et une exigeance digne des plus grands. Avec une confiance et une générosité que je n’avais pas rencontré depuis longtemps. Avec une soif de voyage, une soif de rencontre, de découverte qui nous a permis de voguer à vive allure toute la semaine.

Je pense à Hamlet. Je pense aux acteurs qui ont eu la chance et en même temps la terrible destinée de croiser ces grands rôles. Et je regarde Céline. Elle vient d’avoir 18 ans et commence ce douloureux voyage de l’acteur aux côtés d’un être complexe qui la marquera à tout jamais de son sceau.

Je n’ai jamais joué des rôles de cette nature. Simplement parce que je ne suis certainement pas un acteur de cette trempe. Et assister à cette rencontre de l’extérieur est à la fois très beau et terrifiant. Quelque chose échappe définitivement à notre compréhension et l’on sait qu’en cet endroit, l’acteur et le personnage ne pourront jamais partager leurs secrets. Ne les enviez pas ! Personne ne peut avoir envie de cela, même si à vivre, cela doit être extraordinaire. Mais de voir chaque jour le silence qui se pose un peu plus sur leur histoire à tous les deux et que Céline garde là au fond des yeux, palpable, est quelque chose qui inspire de la compassion, une retenue douloureuse et en même temps, de l’humilité et du respect.

Je pense aussi à ces huit autres. Au voyage si difficile de Jeanne, à la découverte du théâtre par Gaël, à la joyeuse distance de Sidney, à la beauté juvénile de Aude, à l’absence d’Antoine et à son décalage, lui qui n’aura pas vécu dans cette histoire de Dom Juan, une semaine fondamentale, fondatrice, si ce n’est sa dernière journée ! Au passage éclair d’Anne qui nous accompagne plus qu’elle ne peut le savoir, à Elise… là, toujours là. A Hanyâ, posée dans sa boîte et qui attendait, chaque jour, le retour d’Elise. Elle qui semble partager avec elle quelque chose qui nous échappe et qui, sur scène, prend vie… masque de bois qui est est resté dans des salons depuis près de vingt ans et qui retrouve la scène avec une rage inégalée.

Merci à vous tous ! Meci aussi à Jean Dominique et à Olivier qui rendent cela possible. Merci à Ariane de m’avoir mené sur cette voie, à Erhard qui m’a, le premier mis un masque de Nô, le masque de Magojiro sur la tête.

D’autres disparaissent et d’autres reviennent. D’autres arrivent. Dans le va et vient de la vie. Aujourd’hui, ils me manquent. et je voudrais retourner là-bas et continuer le voyage « Dom Juan » à leurs côtés. Mais il nous faudra attendre. Et supporter les prochaines rencontres qui seront des éclairs. Faire avec. Le faire bien. Pour que le 6 juin, vous puissiez recevoir un peu de ce que nous avons reçu, nous.

Que le Dragon vous accompagne !

Sidney, Rose et Céline sur le Butai d’Aix en Provence – Photo : A.Ferran

Vendredi 24 avril – Dom Juan au Théâtre Nô – Dernier jour de cette sermaine de répétitions

Malgré la fatigue accumulée depuis ces jours, nous montons sur cet espace de bois qui nous accueille depuis 4 jours déjà. Comme tous les jours nous redécouvrons ce lieu, quand les grilles sont ouvertes (le tout dans un fracas assourdissant qui commence à nous sembler banal) et que ce lieu mystique nous est accessible, notre enthousiasme reprend le dessus. Et il le faut.
La première victime sera Done Elvire (sous les traits de Aude « la Moche »). Le travail de petite fille doit se retrouver, mais en restant statique. Les gestes doivent être faits en décalages avec les personnages tout en provoquant une réaction (suis-je claire?). C’est à dire que Elvire doit tirer l’oreille de Sganarelle tout en étant en retrait et celui-ci doit manifester des réactions de douleurs. Mais la tâche est plus difficile que prévue. Evidemment, c’est beaucoup plus facile de gigoter sur une scène pour manifester des émotions que de les ressentir vraiment.

Puis nous travaillerons la scène de Dom Juan et Sganarelle juste avant l’arrivée du commandeur, avec pour consigne, pour Jeanne, de changer d’état suivant ses paroles et celles de Dom Juan. «Ne reste pas accrochée à ta branche» comme dirait notre cher metteur en scène. Et pour reprendre cet auteur «que je ne connais» pas «tout le beau de la passion est dans le changement.» Le jeu de Jeanne sera donc ponctué d’interjections d’Alex «Non, Jeanne c’est pas juste» «Oui!! Vas-y, à fond !!» «mais joue, bon-sang!».

Gaël vint à se présenter sur le plateau après notre travail (mon ventre me fait remarquer qu’il est déjà 11h30 et qu’il faudrait songer à manger) avec un Don Carlos italien. Un pavarotti qui ne jure que par l’honneur et la vertu.

Tous les avis se tournent finalement vers les sensations de mon estomac et nous allons nous placer sur notre banc habituel nonobstant les railleries d’Alex concernant le repas. Et bah si ça te plaît pas, t’as qu’à aller manger au resto, na!

Une fois que notre petite troupe fût bien rassasiée, une fois la chaleur devenue trop écrasante (hein Gaël! Bon-sang ce qu’il fait chaud dans le sud !!) nous nous en retournons vaquer à nos occupations, à savoir le théâtre. Avec une surprise toutefois, car Antoine-Baptiste, le revenant corse, vient de nous rejoindre. Ce sera lui qui travaillera donc. On aura alors un Dom Alonse, version mafieux corse, prêt à sortir son 9mm pour accomplir sa mission. Ceci durera jusqu’à l’arrivée d’Elise.

Sa venue nous donne le top départ pour le filage. Et c’est parti. Cette fois la couleur est donnée, plus vive et joyeuse par Dom Juan et Sganarelle.

La conclusion de ce filage est simple : beaucoup mieux que le précédent. La pièce est passée de 2h10 à 1h46, ce qui, somme toute, est un progrès non négligeable. Dans l’ensemble les acteurs furent plus présents, plus touchés, plus expressifs… Bref en amélioration constante. Sauf Elvire qui ne veut jamais faire comme tout le monde et qui va à contre sens de la mouvance générale. Alors qu’hier, elle était complètement vouée à son rôle de petite fille, aujourd’hui elle se trouve coincée entre le travail juvénile de la veille et l’apparence noble et féminine qu’elle doit dégager. Un patchwork d’états qui donna à son personnage une intonation fausse et un jeu quelque peu truqué.

Il est déjà l’heure (peu importe laquelle) et après avoir ranger toutes les affaires, nous nous retrouvons tous au café pour faire le point. Mais encore une fois le temps vient à manquer. Je prend mes clic et mes clac, remercie tout le monde pour cette semaine, remercie notre metteur pour le café qu’il nous paie (et lui rappelle gentiment qu’il me dois 100 dollars) et m’en vais.
Fatiguée et heureuse. Le cerveau imbibé de belles images, de beaux moments et avec l’impression d’avoir réussi. Réussi quoi ? Je ne le sais toujours pas. Ce qui est sur c’est que je me suis sentie étrange, seule dans mon petit lit …

Aude.

Compte rendu au Théâtre Nô – Dom Juan, le Jeudi 23 Avril

La journée à commencé au Butai d’Aix-en-Provence aux alentours de 9heures avec un bon café et un briefing sur le travail de la matinée.

Aude fut la première à affronter la scène et le regard d Alexandre; dans la peau d’une Elvire « Petite fille » tantôt exigeante et capricieuse, tantôt triste et désabusée. La matinée s’achève avec une seconde prestation, c’est dans la peau d’un Don Carlos (frère d’Elvire) que Gaël tente d’appliquer, maladroitement la phrase « sois une bête de sexe ! » . Après de nombreux échecs et un Alexandre bien échauffé , Gaël reprend avec des exercices de mimétisme censés l’aider dans son travail.

Vers 12h , nous avons décrété la pause déjeuné, et un modeste sandwich n’est pas de refus !
Reprise vers 13h30, en attendant qu’Elise (notre « Statue du commandeur » et danseuse) arrive, Céline (Don Juan), Jeanne (Sganarelle) et Sidney ( un pauvre) reprennent la scène du « Médecin » (où Sganarelle a déniché un habit de médecin). Quelques temps après, l’arrivée d’Elise marque le début du dernier travail du jour : filage complet de la pièce, du début à la fin.

C’est parti ! L’acte I, III, IV et V se succèdent, parfois lentement, mais aussi quelques moments de justesse. Elise nous offre une figure imposante du commandeur, aillant revêti le masque D’Hanya , elle entame une danse à l’éventail.

La journée aura été fatigante, mais le temps passe vite tout de même, il est 17h30 et nous prenons encore une demi heure pour un debrifieg. Ce dernier filage était encore très déséquilibré, souvent trop lent, les remarques et conseils d’Alex sont les bienvenus. Et avec encore un peu de temps et de volonté, nous mettrons cette pièce sur pieds, ensembles !

Gaël

Mardi 21 au Théâtre Nô d’Aix en Provence – Dom Juan – Rencontre d’Hanyâ

Mardi

Début de séance un tant soit peu tardive ce matin, le réveil a fait des siennes.
9h45, nous commençons la séance, en s’attaquant au dur labeur qui nous attend. Mais l’idée de mise en scène changera aujourd’hui. Dom Juan n’est plus mort, Sganarelle non plus, ils sont seuls au milieu d’une horde d’esprits qui viennent les hanter. Dans la première scène Dom Juan et Sganarelle doivent arriver par l’escalier de l’empereur, exténues par une longue marche dans la forêt.

La mise en route est plutôt difficile, on l’a oublié, mais le but premier est de S’AMUSER.
La pause nous permettra de mettre tout ça au clair. Ce que nous retiendrons de ce matin, c’est l’apparition de Gusman en revenant japonais et l’arrivée d’Elvire derrière les traits d’Hanya (ce qui s’avèrera être une erreur vu l’inexpérience de la « comédienne » qui le jouait)

Pause repas (Gaël, la prochaine fois n’oublie pas ton sandwich)

À 13h15 nous retournons sur le plateau. Nous recommençons à partir de l’arrivée de La Ramée. De là jusqu’à l’acte 3 le travail fut laborieux. Autant par le jeu snob de Gaël (qui fera tomber Céline dans une euphorie dont seule une pause pourrait nous sortir) que par la fatigue générale qui nous gagne, nous ne sommes pas à la hauteur. L’avis de notre metteur est décrété tout haut « Pause ! ». Mais ce repos à cela de différent avec le précédent, c’est qu’il ne s’agit non plus de fumer une cigarette, mais de répéter, de fignoler et de définir nos déplacements, jeux et autres particularités de mise en scène que nous devons approfondir. Nous avons 30 minutes. Au bout de ces trente minutes, nous faisons un filage.

Et c’est parti. Sidney s’installe à la place du chœur pour imiter la nuit (oui aussi étrange que cela puisse paraître), Jeanne et Céline arrivent. Et dès qu’elles entrent dans notre champ de vision, elles deviennent immédiatement Dom Juan et Sganarelle. Le jeu, ce fera avec beaucoup d’implication mais avec un manque de rythme et de légèreté. Nous entrons, tour à tour, essayant tant bien que mal de nous souvenir des indications scéniques données précédemment, d’habiter notre personnage et surtout d’emmener les spectateurs (en l’occurrence notre metteur en scène) dans notre univers. Et pour cela, nous l’avons évoqué au-dessus, il faut avant tout nous amuser. Les scènes coulent dans l’ambiance franco-japonaise que nous tentons d’instaurer. Mais il est déjà 17h00, et sous la voix d’Alex qui nous demande de nous arrêter, nous rangeons nos personnages dans notre poche en attendant de nous en resservir demain…

Céline.

Compte rendu au Théâtre Nô – Dom Juan, Lundi 20 Avril

Ce matin, « La mauvaise troupe de théâtre Nô » a rendez-vous au Butaï à 9h30 (DUUU MAAAATIIN!). Nous sommes a peu près a l’heure mais Alexandre a garé le « Faucon millenium » dans une flaque de boue. Sidney et Céline sont déjà là depuis un moment et nous attendent affalées sur un des bancs de la cour des Beaux Arts, Aude et Gaël ne tardent pas à arriver à leur tour. Par contre aujourd’hui il n’y aura ni Antoine, ni Anne, ni Fleur d’ailleurs, puisqu’elle nous a quitté et ne fera pas le spectacle…
Bon, nous voilà prêt pour une nouvelle aventure, mais mauvaise nouvelle: Alexandre vient de raccrocher son Iphone (I-technologie) et nous dit que nous n’auront pas les clés avant cet après-midi. Un peu déçu, nous nous rapatrions tous au Studio pour faire une lecture intégrale de la pièce.
Alexandre propose de retirer l’acte II pour des soucis de longueur et de sens, puis il fixe les rôles dont il est certain :
Céline retrouve le rôle qui lui été destiné depuis le début de l’aventure: Dom Juan, Aude jouera Elvire, Gaël, Gusman et Don Carlos, Sidney jouera le rôle du pauvre comme prévu et moi celui de Sganarelle.
La lecture est fini, et même si nous avons sucré l’acte II dans sa quasi-totalité, cela paraît long à quelque uns d’entre nous, voir très long…
Le chef grimace, et il pense à haute voix: « Pourquoi j’ai choisi ce texte? »petite inquiétude tout de même… PAS DE PROBLEME, ALLONS MANGER

Après un repas composé-décomposé-recomposé au mas, nous repartons au Théâtre Nô, où, a priori, si tout va bien, nous devons récupérer les clés. Oui, le code est bon, les grandes portes latérales s’ouvrent et voilà le petit et joli théâtre sous un amas de poussière qui nous apparaît. Je trouve des objets de toutes sortes( des sièges-auto, des chariots de grandes surface, des pèles, des espèces de pare-chocs de voitures, Oui ! je vous jure) et je ne peux pas m’empêcher de dire (pour le plus grand bonheur de Céline) : « Les gens prennent vraiment le théâtre pour une poubelle ! » En effet je ne suis pas la seule à penser qu’un nettoyage s’impose. Alors nous sortons nos engins et commençons par balayer le sol pendant que les deux moches s’occupent de dépoussiérer la scène en chantant… Puis Mototsugu, notre druide-metteur en scène sort les seau et nous prépare la mixture « spécial Théâtre Nô » composée uniquement de lait et d’eau chaude dans laquelle nous trempons nos chiffons. « Essorez-les bien !! C’est important sinon vous allez faire des traces… » Après les avoir, donc, bien essorés nous frottons la scène avec amour et grande délicatesse. Voilà l’espace de jeu tout propre. Youpiiiii…
Alexandre arrive avec un grand seau d’eau (plein d’eau, mais sans lait cette fois) et le renverse sur le sol (pas la scène évidemment) et nous frottons à nouveau (mais avec des ballets cette fois-ci). Nous voilà tous alignés derrière les grandes grilles rouges à patauger dans notre boue et à frotter en rythme comme des doux-dingues pour faire partir toute la poussière de l’autre coté des portes) Moquez-vous, mais je trouve ça très beau. Ca me fait un peu penser à STOMP. J’aime bien. J’étais contente de nettoyer cet espace avec vous.
Maintenant c’est vrai qu’on se sent un peu chez nous. « Absoluuuuument » a répondu le chef.
Nous sommes morts, mais c’est cool, parce qu’après une bonne nuit on pourra commencer cette semaine de répétition dans ce lieu complètement magique.
Yabou, en route, mauvaise troupe…
Je vous aime.

Jane.

(Comme vous l’aurez sans doute remarqué… ce compte rendu est quelque peu en retard… je le laisserai au 1er mai pendant une semaine, avant de lui faire regagner sa place temporelle… 10 jours en arrière !!!!! NDLR)

Compte rendu du mercredi 8 avril par Anne.

Etaient présents : Aude, Céline, Fleur, Jeanne, Sidney, Antoine-Baptiste, Gaël, Alexandre et leur professeur de théâtre et/ou de français Anne R.

Anne à qui j’ai demandé cette semaine de bien vouloir faire le compte-rendu, elle qui nous suit les mercredi, avec son regard généreux et son sourire qui semble en savoir bien plus qu’elle ne le montre et qui connait si bien cette petite bande.

Place au maître (à la maîtresse, je veux dire… mais maîtresse pour un professeur, ça peut être mal pris) …

 » Alexandre l’a décidé, suite à la séance du mercredi 8 avril : aujourd’hui, c’est le regard extérieur qui a la parole. Le regard qui n’a rien vu des maquillages, qui n’a rien vu des costumes, qui n’a rien vu des premières approches, des premiers balbutiements sur le plateau. Regard un peu déniaisé tout de même par une séance en salle Gérard Philipe la semaine précédente, où Mototsugu avait crié son mécontentement face à l’incapacité de la bande des sept à entrer dans le jeu, à se faire plaisir et, partant, à faire plaisir aux autres. J’avais alors découvert que derrière Alexandre se cachait un dragon non moins redoutable que la dragonne en chef, Ariane Mnouchkine, chez qui il a été formé. Sans cesse, au cours de cette séance, s’étaient superposées à l’image et aux paroles d’Alexandre, celles d’Ariane dans le documentaire Au soleil même la nuit, consacré aux répétitions du Tartuffe.

La séance, cette fois, démarre sous des augures bien différents. Alexandre est bien Alexandre, il sort de chez son ostéopathe, il donne l’impression de flotter un peu, pas de dragon en vue. Chacun entre à sa façon dans le monde du théâtre : concentration immobile, assouplissement, échauffement tonique, et c’est parti… Mise en route de la parole : il s’agit pour Alexandre de rappeler les objectifs, les échéances, la nécessité pour soi-même et les autres de se fixer un contrat…et de s’y tenir. Puis la parole est donnée à la petite bande. Sans doute, comme chez Ariane, chacun s’est-il déjà essayé à différents rôles et a-t-il découvert qu’il était meilleur dans un rôle qui ne lui était, a priori, pas destiné. Alors, maintenant, qui se voit en qui et en qui voit-il les autres ?Tout, ou à peu près, paraît possible. Mais point de Dom Juan à l’horizon… Le rôle doit leur sembler écrasant. Antoine-Baptiste, sans doute, voudrait bien, mais n’est-ce pas un peu prétentieux ? Et puis, il le sait, il est soumis à d’autres contraintes. Céline, elle, est dans l’entre – deux, elle garde une certaine distance dans l’engagement parce que, justement, les engagements, pour elle, sont multiples. Aude et Jeanne se voient et sont vues davantage en Sganarelle et Elvire. Gaël, Sidney et Fleur, se sentent plus fragiles. Bon, Alexandre a noté… la seule certitude semble être Elisabeth en Commandeur dansant. Quant à Dom Juan, ce ne sera peut-être pas un élève…

Tous sur le plateau ! Bref rappel des principes de base du nô, bref essai de pas glissé sur la moquette râpeuse de la salle 137, et en place ! Acte I, fin de la scène 1 et début de la scène 2. Jeanne-Sganarelle assise en avant-scène, Céline-Dom Juan à jardin, attendant de faire son entrée, et l’orchestre à cour, sous la houlette d’Antoine-Baptiste. Des tâtonnements, un certain manque de tenue… Puis le chœur se forme derrière Céline et là, tout d’un coup, il se passe quelque chose : voix du coryphée et voix chorale se répondent, la parole se pose sur le murmure du chœur, nous donnant à entendre la profession de foi du libertin : « Tout le plaisir de l’amour est dans le changement ». A peine le temps de goûter à cette beauté inattendue, à cette musique suspendue dans les airs, et c’est l’heure. La semaine prochaine, je prendrai à nouveau le train Dom Juan en marche, il aura sans doute bien avancé. Où en sera le grand seigneur méchant homme ? En train de promettre le mariage à Charlotte ? De donner un soufflet à Pierrot ? Qui arrêtera celui qui se prend pour Alexandre – le conquérant, bien sûr – ?

Anne R. »