Quatre jours et déjà épuisé. Merde alors ! Je me voyais déjà surfer pendant neuf mois, chaque jour un peu plus fort, grand… Mais c’est comme dans la foutue vie ! On avance d’un pas, on recule de cent. Est-ce qu’il n’y a pas moyen de faire autrement. Maman, maman, pourquoi n’ai je pas choisi de revenir sous la forme d’un joli et costaud fil de cuivre. Tu mets le courant d’un côté et hop… Ca circule toujours dans le même sens.
Mais non, je vous charrie. Ça va très bien aujourd’hui. C’est juste que je suis passé entre les mains d’un Thrycotérapeute et que ça chatouille loin ! On est encore bien sensible à toutes ces choses quand on a que quatre jours de mitose. Le bonhomme vous asticote le cheveu avec un sabre japonais auquel on a transmis son information personnelle pendant que le thrycotérapeute, lui, vous masse les racines et les cheveux. Une sensation de pluie d’étoiles filantes qui rentre directement dans la tête et on se demande comment on a fait pour attendre tant de vies avant de se rendre compte que ces putains de fils de tête sont directement reliés au système nerveux. Et qu’ils font la jonction entre le ciel et nous. Et qu’ils sont beaux. Et qu’ils sont importants ! Qu’ils sont putain que puissants ! Juste ça.
Après, alors qu’on arrive au troisième gong de bol tibétain, le thrycotérapeute passe chaque cheveu au rasoir pour refermer l’écaille. C’est à cet instant que la petite mitose qui se prend déjà pour le soleil se dit : « mais si il referme, je vais me consumer de l’intérieur ?! » Et non… En fait c’est juste que ça permet à l’interne d’être entendu en interne. Quelle cacophonie ! Je repars avec toutes ces voix qui n’ont jamais pu se faire entendre et qui comptent bien rattraper le temps perdu… On comprends mieux pourquoi ce soir je suis sonné, non ?
Ma mission d’ange, tant que je suis pas complètement incarné, me rappelle à ma dure réalité. Sortir de cette douce torpeur pour prendre des nouvelles de cet autre embryon qui se balade dans une autre trompe. Autre femme, autre homme, autre monde, autre histoire. Et le réseau fait défaut. Et je ne trouve pas le moyen de lui parler. Fais chier ! Le grand bonhomme là-haut va me taper sur les doigts, alors que je suis vraiment un élève modèle. Qu’importe… Apprendre à appréhender le temps… Le temps et l’espace qui distord tout. C’est tout nouveau, pas très fluide, pas très ludique. C’est quand qu’on ramène l’instantanéité dans la matière ?
Trève de plaisanteries… Qu’est-ce que j’ai appris aujourd’hui ?
Que sur ma route, je laisse mille signes. Au cas où, je serai tenté d’oublier… « Théâtre du Soleil », « Studio du Soleil », « Ton sourire est comme un Soleil », « tu étais un vrai Soleil »… Bon ok, j’ai compris. Ne me dites pas que je serai assez sonné pour passer à côté de tous ces signes ?! C’est juste pas possible.
Mais le soleil, les filles, il ne sait pas qu’il est le soleil ! Parce que lui, de son point de vue, je veux dire, de la place où il est, il ne voit pas ses rayons, sa splendeur et comme il est le feu, il ne sent pas non plus sa chaleur… Bien sûr, il se sent rempli. Bien sûr, il pourrait se rendre compte qu’autour les gens sont plutôt bien… Mais lui ?! Qui c’est qui le nourrit ? Qui l’aide, l’accompagne ? Je me suis rendu compte d’un truc… C’est son coeur ! Son intériorité, son raccordement à la source. Cest ca la clé ! Comprendo ?
Si ce lien est clair, si il est plongé dedans, vraiment dedans, dans le silence de son coeur qui bat, sûr que tout est bien, sûr que tout lui est donné, alors voilà un soleil qui se comprend soleil et qui diffuse sa lumière sans compter, non ?
Vais me coucher avec ça moi…