Longtemps que les mots ne sont pas venus ici… Même dans le sas entre le blog et ma tête, je veux dire.
Je viens de traverser la plus dure épreuve de ma vie ! Il y en aura d’autres, mais, à ce jour, rien n’était venu m’ébranler de la sorte. Comme un tsunami intérieur, comme un tremblement de terre, une explosion atomique. Et quand je suis sorti de la torpeur, tout était en miettes. Tout.
Il ne reste rien.
Même plus les peurs ! Et c’est là que quelque chose d’inimaginable s’est passé ! Oui, quand mes yeux se sont rouverts et que les cris qui déchiraient mes entrailles sont sortis, vomis dans des danses macabres, jetés au visage de la terre et que je suis tombé, épuisé, je me suis rendu compte que plus rien ne me retenait. Rien. J’étais libre. Libre de reconstruire ou de prendre mon sac sur l’épaule et de filer au gré des vents. Libre ! Libre comme l’air ! Libre comme une particule ! Sans peurs. Sans plus jamais à avoir a penser à hier ou à demain. Contraint de rester là, avec ce grand blessé, dans une écoute douce et juste. Dans une écoute absolue de l’instant.
Bien sûr, mon travail de méditation, ma passion pour la culture japonaise et mon glissement, toujours plus profond, dans le bouddhisme ont dû aider. C’est-à-dire que malgré le fait que je n’arrivais plus à dormir, je pouvais encore respirer. C’est-à-dire que malgré l’intolérable douleur, je savais que cette douleur n’était pas moi, mais là, en moi. Et que même si elle hurlait plus fort que tout le reste, les autres continuaient à cheminer. Du coup, parfois, il m’arrivait de les croiser, même dans les pires moments. Bien sûr, sans cela, je n’aurais certainement pas eu la force de traverser l’horreur sans devenir monstre à mon tour et je mesurais la grandeur de l’homme qui traverse cette épreuve sans aide. Comment font-ils ? Quelle force incroyable peut les pousser à survivre ?!
Mais dans mon cheminement, cette épreuve arrivait à point nommé. Comme si le ciel m’avait entendu et m’avait plongé dedans corps et âme pour que je puisse franchir la frontière qui me séparait encore des bodhisattvas. Car ce que j’ai vécu là n’est rien d’autre qu’un « Satori » , nom donné pour l’illumination dans le bouddhisme zen. Et me voilà lavé, libéré des chaînes entravantes de la vie. Me voilà dissout, presque complètement. Et bon dieu que la vie est sublime quand les voix se taisent enfin. Et mon dieu que nous sommes beaux, tous, du nazi jusqu’au poète, beaux ! Et si dignes d’amour !
Aujourd’hui je dors dans les arbres. J’ai jeté tous les livres, tous les films, tous mes écrits, toutes les traces de mon passé, tous mes objets : appareils photo, playstation, caméra… pour ne garder que l’essentiel : quelques instruments de musique, quelques affaires pour s’habiller : condition pour pouvoir continuer à passer de temps à autre dans notre monde phénoménal et un ordi. Et je sais que si demain cela me pèse, je pourrais partir nu dans la forêt. Laissant tout. Puisque tout ça n’est rien. Plus rien ne m’attache, plus rien ne me retient. Et voilà que je peux dire les choses, tout ! Sans crainte.
Quelqu’un, ici, s’est sacrifié dans sa chair pour pouvoir m’offrir ça ! Cela, je ne l’oublierai pas. Et jusqu’à ma mort, je rendrai ce cadeau à tous les êtres vivants que je croiserai.
Tous, je vous aime. Tous, n’ayez de crainte. Ce que vous vivez, traversez, est un cadeau. Quoi que ce soit. Un cadeau qui vous emmène vie après vie vers la liberté absolue. Ne regardez pas le temps de votre vie comme un tout, ce n’est qu’une goutte d’eau liée à toutes les autres qui vivent et meurent autour de vous. Vous n’êtes pas seuls. Nous sommes tous un. Tous un. Courage et persévérance !
À vite.