Quelques mois de silence…
Nous sommes à l’orée de l’été et voilà que j’ai droit à quelques jours à moi, ailleurs, là où depuis quelques temps je retrouve les mots. Seront-ils toujours là ? Aurais-je la discipline nécessaire ?
J’ai débarqué mes malles de fatigue, mes livres et mes ordi, un piano droit pour les fins de soirée, quelques habits, deux paire de tabis.
Pourquoi des tabis ? Pour entrer dans cet autre moi, celui qui sait que sans plantes de pieds immaculées, les mots enfouis ne pourront être extirpés de leur secret. Et puis, parce que sans cet effort, sans une distance, un décalage, rien n’est possible vraiment.
En attendant ce rendez-vous pris pour demain matin, je nettoie et lave. La maison, la chambre, le cocon où je vais m’enfermer pour me laisser mourir, pour me laisser renaître. Comme un couteau qu’on aiguise, comme un rite qu’on prépare minutieusement, pas à pas. Pour être prêt. Au goût du sang qui revient sous la langue de l’enfance. A la perte des filtres de tous les jours qui deviennent inopérants. Au vertige qui s’accélère en boucle et hurle de plus en plus fort, de plus en plus vite. A la douleur ! Vive comme si des nerfs atrophiés se régénéraient. Comme ce loup garou qui s’attache solidement avant que la lune sorte pleine de derrière les nuages.
Parce qu’après il sera trop tard.