Il est 10 heures quand nous décollons. L’hôtel organise trois départ vers la gare chaque matin, ce qui nous permet de déposer nos valises à la consigne de la gare du Ferry et de profiter du peu de temps qu’il nous reste, légers ! Nous reprenons le bus n 1, le même qui m’a emmené au Shoboji hier, mais ne descendons qu’à Sawata Beach. Pendant le trajet, je montre à Elise, tout ce que j’ai découvert hier. Je suis comme un enfant racontant son séjour en colonie de vacances. Elise se prête au jeu, accueille mon enthousiasme un peu tonitruant. A Sawata Beach, au terminus – un carrefour entre deux petites routes de campagne – nous changeons de bus et arrivons au musée vers 11h30. Notre temps est compté, le bateau part à 15h30 et nous ne pouvons pas nous permettre de le rater, mon railpass finissant ce soir, à minuit.
Le musée est assez décevant. Il s’agit d’un musée avec des automates. On y voit effectivement Zeami et l’épisode de la danse de la pluie ; effectivement, un texte de lui est reproduit au mur. Etait-ce de ça que le pêcheur voulait parler ? Qu’importe, il doit y avoir d’autres salles après cette mise en bouche animée… mais non ! Le musée, c’est ça. Pas de vestiges, pas de peintures, pas de textes, pas d’objets usuels, pas d’armures. Juste une histoire animée de l’île, enfin, de certains événements ayant eu lieu dans l’île. Par contre, la réalisation des scènes est somptueuse. Surtout les extraits de légendes, écrites par je ne sais plus quel auteur, habitant l’île. Je sors de là un peu déçu. De toute façon, nous n’aurons pas le temps de voir autre chose. Ce n’est pas grave, cela veut dire qu’il me faudra revenir.
Mais pour l’heure, nous rentrons ! Nous découvrons un bus qui fait le retour directement en passant de l’autre côté de l’île – au moins nous aurons vu de paysage ! Et nous voilà dans notre Ferry qui nous ramène à Nîgata. Je regarde l’île disparaître à l’horizon, accompagné d’un aigle et de mouettes qui suivent le bateau en quête de nourriture. Le ferry arrive à 17h30, le train part à 18h15 pour Tôkyô. Tous les timing du jour sont extrêmement serrés !
A la descente du ferry, nous nous trompons de sortie et ratons le bus. Flûte ! Le prochain est dans un heure… “Hep ! Taxi”. Et nous voilà en gare de Nîgata. Il est 18h00, il nous reste 13 minutes.Juste de quoi aller faire un tour à l’agence JR pour voir si on peut récupérer des places réservées. Mais le train que je lui montre n’est pas sur son ordinateur. Il cherche, cherche. Moi je sors ma grille de trains et lui montre. “But that is one who work only on sundays. Look” Non ! Je n’avais pas fait attention et nous voilà coincé ici. Pas de départ avant demain ! Si… en cherchant bien, il nous dégote un vieux train de nuit. Départ 22h55, arrivée 06h50 en gare de Kyôto. “With beds ?” “No, sorry.” . Bon… c’est ça où payer quelques 25 000 yens pour rentrer. “Ok, we take this one” Du coup, nous avons du temps devant nous… beaucoup de temps. Nous tournons en rond dans un sens, puis dans l’autre. Faisons du lèche-vitrine, mangeons quelques sushi, buvons quelques cafés. Tournons, retournons. 21h… 21h10… 21h15… 21H30…………
22h35 ! Nous montons dans le train qui est déjà à quai. Les compartiments couchettes ont l’air vraiment confortables. Mais c’est 6000 yens la couchette, soit 12000 pour les deux. Je le propose à Elise qui, raisonnable, essaye de se faire un petit lit sur les banquettes sous une climatisation digne d’une patinoire olympique et qui, faisant sa meilleure mine, me dit : “Ce n’est pas la peine, ça ira”. Ouais, ça ira ! Si nous avons réussi à dormir une heure par intermittence durant cette nuit, c’est un grand maximum. Arrêt du train toutes les demies heures, climatisation impossible à faire baisser – malgré mes appuis multiples et variés sur les boutons écrits en japonais dans le couloir, après que le contrôleur nous ait dit qu’il ne pouvait pas la baisser.
Il est 06h50. Evidemment, c’est le moment où nous dormions le mieux. Nous débarquons, tel deux zombis sur le quai de la Kyôto Station, en essayant de ne pas oublier de bagages à bord – ce qui ne manque jamais de m’arriver quand la fatigue me submerge. Nous attendons le métro un moment, filons à la Takaya, puis nous effondrons dans le lit après une douche bien méritée. Content de retrouver notre four après le supplice du frigo. Nous sommes le 2 août depuis quelques heures, mais cette journée ne commencera qu’à 11h30 quand nous nous réveillerons de notre sieste matinale bien méritée.