Voilà un compte rendu qui sera léger à faire. Cela tombe bien, Elise arrive d’ici quelques heures et je voudrais finir le ménage pour la recevoir et qu’elle se sente assez bien pour que lui germe l’idée de rester ici un an avec moi et, du coup, Rose. Mais revenons à notre histoire.
Comme je vous l’ai dit hier. Le maître – Maître Saco – me laisse hier soir avec une partition sur quatre pages à savoir pour le lendemain. Et il n’est pas question des prétextes de temps dont nous pouvons user en France. Si j’ai un cours, je dois avoir travaillé et être capable d’entonner “Ryô”, “Chu”, “Kan” et “Kan-chu” sans discontinuer, c’est ainsi. Heureusement, mes voisins sont partis tôt ce matin, du coup, je m’y mets directement. C’est difficile de battre la mesure en seiza une flûte à la bouche. Du coup, je regarde sur mon iphone à tout hasard et… oui, j’ai un métronome sur une de mes applications. Et c’est parti pour trois heures non-stop avec la flûte. Petit à petit ça rentre, mais il faut que ça tourne. Donc je continue, autant que mes lèvres et mes doigts le peuvent. Mais j’ai remarqué que plus mes doigts sont détendus, plus le son est clair, c’est donc plus reposant.
Je fais une pause pour écrire et manger, puis je m’y remets. Encore et encore. Il est 14h30, j’ai rendez-vous après Osaka, ce qui veut dire prendre le métro, le train, puis un second train. Je n’ai aucune idée du temps que cela me prendra, donc j’y vais. Mon rendez-vous avec Rebecca est 17h – ce qui fait quand même une bonne marge, je pense. Effectivement, j’arrive à Momodani avec une bonne heure d’avance. Qu’importe, c’est la première fois que je mets les pieds dans les banlieues d’Osaka, je flâne. L’ambiance est différente ici. Beaucoup de gens âgés, d’étales de poissons – nous sommes à quelques pas de la mer. Les gens semblent en général plus souriants et avenants qu’à Kyôto. Je m’arrête boire un coffee et en profite pour réviser en chantant la flûte comme ils le font et en battant la mesure. Il est 17 heures, je vais retrouver Rebecca à la sortie de la gare – heureusement aujourd’hui, il n’y a qu’une sortie. J’apprends que notre rendez-vous est à 18 heures, ce qui nous laisse encore une heure de libre pour parler du programme à venir et de la visite de l’Île Sado que je voudrais faire avant que mon Railpass n’expire – c’est à dire avant le 2 août. Ca va être compliqué à gérer, mais c’est faisable et il me semble important pour l’écriture de la pièce sur Zeami que j’aille passer dans ses derniers pas. On dit, de plus, qu’un des temples où il a séjourné, a une statue de lui.
Il est 17h50 et nous arrivons à notre lieu de rendez-vous. En effet, la seule maison traditionnelle dans toute la rue – comme l’avait dit Saco Sensei. Mais on dirait une habitation. Rebecca hésite à rentrer, fait le tour pour voir s’il n’y a pas une autre porte, puis entre finalement. Je la suis à distance, au cas où nous tombions nez à nez avec le propriétaire de la maison et qu’il s’étonne de voir deux occidentaux entrer comme ça chez lui ! Mais non, c’est bien là. Derrière une porte coulissante aux carreaux de papier, nous découvrons un véritable petit butai magnifique. C’est un Shikibutai de la famille Kanze. Une oeuvre d’art d’une beauté et d’une authenticité renversante. Ouah ! Décidément, les cours de flûte m’entraînent à chaque fois dans des lieux incroyables.
Deux filles sont déjà là et nous servent le thé comme je comprends que c’est la tradition. Je ne sais pas si le nécessaire est sur place ou si ce sont les élèves qui amènent aussi thé, tasses, chauffe-eau. Il faudra que je me renseigne là-dessus, puisqu’il semble qu’en tant qu’occidental cette tâche ne me soit jamais dévouée. Le maître finit son thé, puis demande qui veut commencer. Je la joue à la japonaise, je leur propose d’y aller – en plus, j’ai la trouille grave ! Mais elles finissent par gagner et je vais me mettre en place devant le maître devant ce public averti qui va pouvoir bien rigoler. “Ok ! Oshirabe”. “Quoi ! Oshirabe ? Comment ça ? Mais moi je ne me suis concentré que sur la nouvelle partition….” bon, je fais appel à mes ressources, j’en appelle à ma mémoire et à mon sang froid et c’est parti. Mais il m’est impossible de sortir le “Ho” qui doit, dans Oshirabe, être grave. Avec l’entraînement sur la nouvelle partition où tout est dans l’aigu, le grave ne sort pas. Et c’est la première note. J’essaye, je repositionne la fûte, je réessaye, je souffle, je sououffle, mais rien n’y fait, elle sort toujours en “Hya”. Je m’excuse, mais il veut entendre “Oshirabe”. Donc je recommence. Et même chose. Ca dure, ça dure, j’ai des gouttes qui perlent le long de mes tempes. “Mais tu vas sortir “Ho!”. Puis j’abandonne, je lui jouerai avec des “Hya” à la place des “Ho”, c’est tout ce que je peux faire aujourd’hui ! Je respire un grand coup, je me concentre et “Hya…Ho”, le “Ho” sort enfin. J’en profite pour lui jouer “Oshirabe” d’une traite. “Ok”. J’ai l’impression que ça a duré dix minutes. Sous le regard désolé de Rebecca et les lèvres pincées pour ne pas rire des deux filles. “Let’s play the other.” Ok ! Là, il s’agit de montrer que j’ai bossé. Et c’est parti. A part une ou deux fautes, cela se passe sans soucis. Il me le fait jouer en boucle de plus en plus vite, je tiens. Parfois, je m’emmêle les pédales, mais je sens qu’il est rassuré. Il me donne encore une nouvelle partition, enfin disons l’introduction des quatre phrases que j’ai appris aujourd’hui qui s’appelle : “Kakari”. Jouée avec les quatre phrases, cela devient “Otoko Mai”. Voilà. Nous repartons vers 19h30, après avoir regardé l’élève suivante d’un très bon niveau. Cela veut dire que le cours a bien dû durer 45 minutes ! Ouah…
Je laisse Rebecca à la Kyôto Station filer à la préparation de l’exhibition de masques et de costumes qui a lieu aujourd’hui et demain au Kongo Kaikan et file manger un bout.
Ensuite, je vais à l’Interneto. As usual.
Bye.
Bon 25… ok, mais là, c'est déjà le 28/07 et pour toi il est déjà plus de 8 heures du mat….
Nous ecteurs, nous attendons nos nouvelles du jour…et là il y a 3 jours de retard.