Présents : Alexandre, Antoine-Baptiste et Fleur…. (et Rose… et en plus on met les filles en premier quand on est bien élevé… soit : Fleur, Rose, Antoine-Baptiste et Alexandre – NDLR)
Après s’être assoupie la veille au soir devant un film muet très inspirant d’Ozu Yazujirô, « Histoire d’Herbes Flottantes », relatant les aventures d’une troupe japonaise itinérante, le reste de notre petite troupe se réveille en douceur, profitant d’une grasse matinée accordée par Alexandre.
Gaël et Jane s’en vont (Ils nous abandonnennnnnnt, oui ! ;-)NDLR) sous un ciel grisonnant, tandis que nous nous rendons, accompagnés de Rose, au Studio du Soleil. Notre petit nombre ne nous permettant pas de travailler une nouvelle scène de « Dom Juan », Alexandre a décidé de faire travailler Antoine sur sa proposition pour l’épreuve de théâtre du baccalauréat (qui approche à grands pas).
J’apprends que le texte choisi est de Claude Nougaro, « La plume de l’Ange », mais Alexandre me retient expressément lorsque je m’apprête à en lire les premières lignes, me rappelant qu’il sera plus agréable de le découvrir lors de la prestation d’Antoine. Celui-ci s’applique justement à se détendre et à se relaxer en effectuant quelques mouvements au préalable. Notre metteur en scène en fait autant afin d’être à l’écoute de l’apprenti acteur qui va tenter de nous faire voyager au « pays du trop ».
Antoine doit jouer un homme devenu fou, qui s’adresse à un lampadaire dans un asile psychiatrique, persuadé que ce dernier est un être humain en chair et en os. Son but est de parvenir à lui raconter sa rencontre avec un ange, qui après lui avoir donné une de ses plumes, a prétendu qu’il suffirait qu’un homme croie en la véracité de cette histoire pour que ce « monde malheureux » se transforme en un « monde de joie ». Antoine s’avance sur scène pour un premier essai, s’en suit un deuxième, puis un troisième, mais ça ne prend pas. Il semble y croire, mais décroche soudainement des visions qu’il veut nous faire partager, laissant place à l’acteur qui se dévoile en même temps qu’il dévoile son texte. La magie du lien entre le spectateur et celui qui joue disparaît. Antoine en a conscience, mais continue cependant d’écouter son intellect (avec peut-être d’autres préoccupations en tête) alors qu’il devrait se recentrer, et simplement écouter le va et viens de son souffle, afin de laisser le personnage s’emparer de lui, le guider.
Nous décidons de faire une pause. Alexandre propose à Antoine, qui se montre plutôt récalcitrant, de jouer la scène. Ce qu’il fait, après s’être muni d’un bout de costume et d’une plume en papier, afin d’appuyer concrètement son personnage.
Il joue. Antoine et moi observons, et nous laissons transporter.
Un ange apparaît, une rue, une petite fille, un vieux noyer féru de métaphysique… La magie opère.
Finalement, nous descendons délicatement de cet espace-temps indescriptible (sinon que c’est « trop » ☺) et faisons chacun part de nos impressions. Alexandre nous fait part de ses sensations d’acteur, les endroits qu’il a vraiment vu et les autres (parce que lui aussi à « ses autres » moments. Si. Si. NDLR) Son expérience en la matière se sent, et il était étonnant pour nous de le voir jouer pour la première fois. Cependant, Antoine glisse que la prestation l’a inspiré, mais qu’il voit les choses se dérouler autrement.
Nous sortons profiter d’une bouffée d’air frais (et humide… il pleut), et terminons par un petit débat traitant de l’humilité, de l’enrichissement personnel intérieur que peut apporter le théâtre lorsqu’on « trop trop joue », et du plaisir de se laisser « guider » nécessaire à cette pratique.
Conclusion : soyons d’éternels élèves, la vie est un véritable apprentissage, et apprenons à écouter notre cœur d’enfant. 😉
Il est tard, faites de beaux rêves aventureux, en or, en argent, de toutes les couleurs.