Étaient présents : Aude, Gaël, Antoine, Jeanne, Alexandre.
« Je prends tout,
Je trop trop joue.
Mangeuse de ce qu’ils donnent.
Ici on pense avec le ventre et je souris à l’intérieur comme d’habitude.
J’ai leurs vitaux sur le dos.
Parce que j’ai la possibilité d’être traversé par… »
Quoi de mieux après un début de semaine au vent froid
qu’un bon quart d’heure d’étirements et d’assouplissements en petit comité
sur une moquette grisâtre de poussière et de déchets scolaires ?
Pour « clore le début de séance », on enchaine sur quelques mouvements
d’aïkido, nécessaires pour se plonger dans l’univers japonais.
Deux par deux, nous sommes face à face et l’un tient les poignets de l’autre.
On renverse son partenaire dans un simple mouvement sûr et concentré pour qu’il se retrouve dos sur le sol.
Se servir de la force de ses doigts comme de la lame d’un sabre,
Et se repositionner dans la même énergie tout en gardant ce flux
dans l’esprit.
Difficile d’expliquer clairement le déroulement du mouvement.
Mais cet exercice est aussi utile pour finir de s’étirer dans cette forme de danse martial.
Au hasard d’un déplacement et de l’idée des techniques du théâtre Nô,
nous avons gouté, un fragment de seconde, à ce que doit être l’art de marcher sur cette Scène Ancestrale.
Ensuite, nous nous sommes mis en cercle et avons pris possession des livres qu’Alexandre avait mis à notre disposition. Ces livres se composaient principalement de grandes pages blanches où, sur la surface, une petite phrase poétique écrite en calligraphie japonaise s’étalait, avec traduction s’il vous plait :
Des Haiku de Buson, Issa et Bashô.
Chacun à son tour, après avoir pris le temps qu’il fallait pour retourner tous les mots dans sa tête, échapper à toute forme de pollution extérieure, à notre cocon, pour n’avoir que la mission divine de l’acteur à accomplir,
Celle-ci étant, cette fois-ci, d’illustrer corporellement et de façon claire et simple, ces petites phrases pleines de sens. Faire de notre corps un trait souple et léger tel celui d’un pinceau sur la feuille de riz.
La séance se termine déjà. Alexandre nous lit un extrait de la réécriture qu’il a faite du Dit Des Heike.
Et là, place au rêve et à l’imagination.
Et rien que l’énumération de ces nombreux noms japonais est un voyage.
Faute de temps, nous remettons à la semaine prochaine la suite : le récit sur scène de l’histoire du Sire de Kiso avec les mots improvisés et désordonnés de la mauvaise troupe de Nô que nous formons désormais.
La relativité du temps n’a pas joué en notre faveur. Ce fut court. Ce fut trop court. «
Ce qui fait que le temps semble court, à la fin, c’est la densité avec laquelle le temps s’est offert avant.