Coucou à vous, amis, aimants, ennemis, indifférents ou émus, je vous salue.
Les mots que j’ai à vous donner n’ont toujours pas le droit de se dévoiler, je les garde là bien au chaud, tout près du coeur. Du coup me viennent des choses à vous raconter, d’une autre nature. De la nature de l’homme, de la nature du père…
Ce matin, Rose a fait un cauchemar. Alors, j’ai pris mon carnet (celui que j’écris à son intention) et j’ai noté son rêve pour elle, plus tard. Je fais cet exercice depuis le quatrième mois avant sa naissance. A cette époque, le jour où j’ai appris que je serais le papa d’une petite fille, j’ai eu très peur de la mort. La mienne. Et de ne jamais la rencontrer. Alors, j’ai acheté un cahier dans le premier carrefour croisé, un gros cahier et je lui ai tenu un compte-rendu détaillé au jour le jour, avec ce qui à l’époque me semblait important de lui dire, de lui laisser, au cas où…
Ce cahier, je l’ai fini quand elle avait un an. Et je me suis demandé si je devais continuer…
Une voix sage m’a fait taire, me disant qu’il fallait aussi qu’elle garde de l’obscurité, des doutes, des souvenirs flous et incertains. Qu’il ne fallait pas que mes mots prennent la place des siens et je me suis tu.
Après des événements douloureux dont nous nous sommes occupés le mieux possible, je me suis décidé à reprendre cet exercice. Au moins pour lui exposer cette histoire (même si nous en avons parlé, même si nous sommes allés voir le psy. Elle, moi, sa mère)… en fait, cette « histoire » n’y est pas. Il est dit à la place : « Il y a une chose dont je voudrais parler avec toi et dont nous parlerons quand tu seras adulte, si tu en as l’envie et le besoin. » Il y a des choses qui ne sont pas bonnes à dire ou qui ne peuvent le devenir que si c’est un choix de l’autre. Il y a des choses aussi où l’on est certainement le plus mal placé pour parler. Et si les mots ne s’y sont pas inscrits, dans ce cahier, c’est bien que ce n’était pas le moment ! Alors j’ai pris les traces, enregistrer ses mots et ses dessins du moment et je les garde pour elle, pour le jour du « si jamais… »
Ce matin, j’étais là, dans ces pages. A lui raconter le cauchemar de cette nuit qui l’a poussée à venir nous rejoindre dans le lit. Pour elle, très philosophe, ce cauchemar est le fruit d’un mal au ventre avec lequel elle est allée se coucher. Les cauchemars d’enfants sont si clairs et limpides. Ils racontent tant de choses.
Pour l’heure, nous allons à notre cours de japonais hebdomadaire.
P.S. Sidney n’a toujours rien envoyé. Nous l’attendrons encore un peu…
Belle et claire journée à vous.