Encore une fois il fut difficile de sortir du lit et d’affronter la fraicheur matinale, mais le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, alors il faut s’activer. Après un bon petit déj’, nous rassemblons quelques affaires et nous serrons dans le bolide d’Alex – rebaptisé pour l’occasion « Faucon Millénium ».
Quelques minutes plus tard nous sommes au Studio du Soleil, et là déjà, les sourires s’affichent : c’est l’heure du maquillage, l’heure de revêtir nos masques. Je remarque que les traits de crayons sont plus nets, que le geste est plus précis, déjà mes acolytes et moi s’effaçons pour laisser place à un Dom Juan effrayant, un Sganarelle ivrogne, un paysan pleutre ou encore une Done Elvire vieillarde.
Un regard d’Alexandre nous indique que nous sommes en retard et qu’il est temps de revêtir nos costumes, s’en suit un briefing sur le travail à effectuer, et bientôt apparaissent sur scène deux valets : Sgnarelle et Gusman, fumant tour a tour une pipe (aux effets dévastateurs) , et échangeant quelques confidence sur leur maitres respectifs.
La prestation prend fin avec les remarques et indications d’Alexandre, mais aussi des autres comédiens novices.
Au studio, le temps défile plus vite que les notes sous les doigts du pianiste, et bientôt nous reprenons la direction de cette maison de campagne au charme intemporel, la matinée s’achève devant une bonne salade de riz ( que j’assaisonne avec passion !).
Le repas se finit à peine qu’Alexandre nous informe sur notre travail de cet après midi : se mettre dans la peau de comédiens japonais interprétant « Dom Juan » devant l’Empereur et 800 personnes..
Moins d’une heure plus tard , nous revoici au Studio, un dernier coup de pinceau pour rattraper le maquillage, nous enfilons nos costumes, perruques ou couvres chef, nous nous remémorons l’ensemble des Actes et scènes et nous partageons les différents rôles.
La voix d’Alexandre nous rappelle que nous sommes en retard et que l’Empereur nous fera couper la tête si nous le faisons attendre, alors nous jetons un dernier regard à nos notes, et prenons place sur les planche d’un authentique théâtre Nô, quelque part dans un village, prés de Kyoto.
La musique des tambour et des flutes résonne, les personnages entrent en scène, tâtonnent, hésitent, se gamèlent, se rattrapent, le doute les dissipent et en 10 minutes notre public se décomposent, s’en va en soupirant, le décors du théâtre se dissout et l’Empereur, accroupi au fond de la salle, délivre sa sentence !
C’est l’heure du réglage de compte, du coup de gueule, des regards inquiets, Alexandre nous met face a notre échec, à notre manque d’investissement, d’honnêteté et je vois apparaitre le spectre maussade de la culpabilité.Nous nous accordons une courte pause et reprenons l’exercice, car rester sur un échec est prohibé, alors nous réarmons notre courage, car aujourd’hui c’est l’Empereur qui s’est déplacé pour voir « Dom Juan » et nous ne pouvons pas le décevoir.
Cette nouvelle prestation se déroule mieux, les indications d’Alex nous soutiennent et nous aident, les comédiens sont plus à l’écoute de leurs camarades, et l’on peux voir sur scène un Sganarelle s’étouffant avec sa pipe, une Done Elvire rabougrie à cheval sur son valet, ou encore un concours de beauté à la mode paysanne.
La prestation s’achève, ainsi que notre journée et notre séjour, par un débriefing complet, nous nous démaquillons, et retirons nos costumes.
Le stage prend fin, mais bientôt nous serons à nouveau réunis que ce soit au Studio ou au Lycée Cézanne, nous allons mettre ce projet en place en vue d’offrir aux Aixois un billet express pour le Japon médiéval et l’univers du théâtre Nô .
Gaël