Pause…

Petit jour de pause…

Juste là, en équilibre. Entre ici et ailleurs. Entre hier et demain. Debout. Les yeux en dedans et le souffle sourd de celui qui étire le temps jusqu’à l’épuisement, mais là. A écouter le tourbillon des questions qui assaillent dès que le corps n’est plus sollicité. Combien de jours encore ? Pourquoi ? Pour qui ? Et la mort… me prendra-t-elle ce soir ou me laissera-t-elle quelques jours de répit ?

J’ai tant de choses à bâtir.

Je pense souvent à Alexandre le Grand ces temps-ci. A cet homme qui en a mené tant d’autres avec lui, capable de sortir de ses entrailles la dernière goutte d’espoir pour l’offrir en pâture à ceux qui ne pourraient jamais le comprendre. Obligé de fouler au pied son propre coeur, pour faire taire les tremblements et les larmes, pourtant si légitimes. Peut-on faire autrement quand on sait que des milliers et des milliers de vie s’en remettent à vous, complètement ? Être un chef veut dire accepter de porter la terreur de l’ignorance enfoncée dans la gorge et le sourire dessiné au scalpel. Enfant condamné à la solitude exemplaire de celui qui jamais ne peut délasser ses muscles. Parce qu’il porte, parce qu’il portera coûte que coûte tous ceux qui se sont mis sur sa route. Tout ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas porter. Et cela pourquoi ? Pour la gloire ?! Non, pas pour la gloire… la gloire ne veut rien dire. La gloire n’est qu’un mot pour l’après, pour l’autre, mais jamais pour le présent, ni pour soi. Par hasard, peut-être. Par amour, possiblement. Pour la fragilité d’une âme qui se sait pas à sa place et qui préfère se faire dévorer que de rester assise là, immobile !

Quels artistes aujourd’hui peuvent en dire autant ? Peu… si peu ! Pourtant, nous sommes censés être de cette essence. Nous nous devons d’être de cette essence. Nous nous devons d’être des martyrs. Pas de faire pour réussir, mais parce qu’il ne peut en être autrement. Parce qu’une âme de cette nature ne peut supporter d’être assise là à attendre. Elle préfère la beauté de la mort à l’horreur de l’immobilité. Elle préfère la puissance des yeux crevés au tison que la lâcheté de l’aveuglement. Elle préfère le goût du sang sur la langue que le confort d’une nourriture qui endort et empâte.

Nous avons le devoir de nous tuer à la tâche. Pour que tous les autres puissent vivre ! Pour que tous les autres vivent….

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