Vendredi 24 avril – Dom Juan au Théâtre Nô – Dernier jour de cette sermaine de répétitions

Malgré la fatigue accumulée depuis ces jours, nous montons sur cet espace de bois qui nous accueille depuis 4 jours déjà. Comme tous les jours nous redécouvrons ce lieu, quand les grilles sont ouvertes (le tout dans un fracas assourdissant qui commence à nous sembler banal) et que ce lieu mystique nous est accessible, notre enthousiasme reprend le dessus. Et il le faut.
La première victime sera Done Elvire (sous les traits de Aude « la Moche »). Le travail de petite fille doit se retrouver, mais en restant statique. Les gestes doivent être faits en décalages avec les personnages tout en provoquant une réaction (suis-je claire?). C’est à dire que Elvire doit tirer l’oreille de Sganarelle tout en étant en retrait et celui-ci doit manifester des réactions de douleurs. Mais la tâche est plus difficile que prévue. Evidemment, c’est beaucoup plus facile de gigoter sur une scène pour manifester des émotions que de les ressentir vraiment.

Puis nous travaillerons la scène de Dom Juan et Sganarelle juste avant l’arrivée du commandeur, avec pour consigne, pour Jeanne, de changer d’état suivant ses paroles et celles de Dom Juan. «Ne reste pas accrochée à ta branche» comme dirait notre cher metteur en scène. Et pour reprendre cet auteur «que je ne connais» pas «tout le beau de la passion est dans le changement.» Le jeu de Jeanne sera donc ponctué d’interjections d’Alex «Non, Jeanne c’est pas juste» «Oui!! Vas-y, à fond !!» «mais joue, bon-sang!».

Gaël vint à se présenter sur le plateau après notre travail (mon ventre me fait remarquer qu’il est déjà 11h30 et qu’il faudrait songer à manger) avec un Don Carlos italien. Un pavarotti qui ne jure que par l’honneur et la vertu.

Tous les avis se tournent finalement vers les sensations de mon estomac et nous allons nous placer sur notre banc habituel nonobstant les railleries d’Alex concernant le repas. Et bah si ça te plaît pas, t’as qu’à aller manger au resto, na!

Une fois que notre petite troupe fût bien rassasiée, une fois la chaleur devenue trop écrasante (hein Gaël! Bon-sang ce qu’il fait chaud dans le sud !!) nous nous en retournons vaquer à nos occupations, à savoir le théâtre. Avec une surprise toutefois, car Antoine-Baptiste, le revenant corse, vient de nous rejoindre. Ce sera lui qui travaillera donc. On aura alors un Dom Alonse, version mafieux corse, prêt à sortir son 9mm pour accomplir sa mission. Ceci durera jusqu’à l’arrivée d’Elise.

Sa venue nous donne le top départ pour le filage. Et c’est parti. Cette fois la couleur est donnée, plus vive et joyeuse par Dom Juan et Sganarelle.

La conclusion de ce filage est simple : beaucoup mieux que le précédent. La pièce est passée de 2h10 à 1h46, ce qui, somme toute, est un progrès non négligeable. Dans l’ensemble les acteurs furent plus présents, plus touchés, plus expressifs… Bref en amélioration constante. Sauf Elvire qui ne veut jamais faire comme tout le monde et qui va à contre sens de la mouvance générale. Alors qu’hier, elle était complètement vouée à son rôle de petite fille, aujourd’hui elle se trouve coincée entre le travail juvénile de la veille et l’apparence noble et féminine qu’elle doit dégager. Un patchwork d’états qui donna à son personnage une intonation fausse et un jeu quelque peu truqué.

Il est déjà l’heure (peu importe laquelle) et après avoir ranger toutes les affaires, nous nous retrouvons tous au café pour faire le point. Mais encore une fois le temps vient à manquer. Je prend mes clic et mes clac, remercie tout le monde pour cette semaine, remercie notre metteur pour le café qu’il nous paie (et lui rappelle gentiment qu’il me dois 100 dollars) et m’en vais.
Fatiguée et heureuse. Le cerveau imbibé de belles images, de beaux moments et avec l’impression d’avoir réussi. Réussi quoi ? Je ne le sais toujours pas. Ce qui est sur c’est que je me suis sentie étrange, seule dans mon petit lit …

Aude.

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