Réponse à Antoine-Baptiste

Cher Antoine,
Je me suis souvent posé ces questions moi aussi. Qui est artiste et comment celui-là, celui-ci peut être considéré comme tel par les autres, ce faiseur, ce menteur ?! Et puis bien sûr : « comment l’être moi, vraiment et surtout le suis-je ? O oui, vous là-haut, dites-moi, dites-moi que je suis un artiste ! »

Avec le temps qui passe, ces questions là s’oublient, parce que c’est l’acte qui prend le dessus. On n’a pas le temps de se demander si l’on est artiste, ce travail-là revient aux autres. Nous, nous nous devons d’être des hommes et c’est loin d’être une mince affaire.

Sois un bon amant pour celle qui partage ton lit. Sois un bon enfant pour ton père et ta mère. Un bon frère pour ta fratrie. Un bon ami pour ceux qui t’aiment. Un bel ennemi pour ceux qui te détestent. Deviens un homme pour toi-même. Tout cela, tu le peux. Et avec ce que tu portes en toi, tu te le dois !

Le reste ne t’appartient pas ! Ariane nous disait souvent quand nous affrontions la scène : « Cherche le petit pour trouver le grand ». Dans la vie, nous devons faire de même. Chercher le petit ! Mais pas pour trouver le grand, non. Pour trouver le juste ! L’honnête ! Pour être là, vraiment ! Que nous importe en vrai, si, au final, quelqu’un dit de nous que nous étions un artiste ou pas ? Si nous laissons des enfants armés pour grandir, si nous avons partagé le sourire d’un être cher et qui vous dit merci. Si nous avons gardé les yeux ouverts tout au long du chemin et que dans notre tiroir secret, nous avons des histoires en pagaille à offrir au voyageur qui passe et qui va. Il ne faut pas chercher à convaincre. Il ne faut pas se battre pour un titre ou une note. Il faut être malin, oui. Ne pas foncer tête baissée dans le mur de l’imbécilité qui nous entoure, oui. Donner ce qu’on attend de nous quand on le doit. Mais ce n’est pas cela la vie. La vie est ailleurs. Dans tous ces moments où l’on bâtit pour ceux qui nous entourent (dont nous-même, dont surtout nous-même) et comptent vraiment. Sans chercher le résultat. Mais parce que partager un moment, un instant est ce qu’il y a de plus grand, de plus beau et que quand cela se présente, il faut être prêt, disponible. Le corps délié, les muscles plein, le coeur nettoyé des armures et les blessures offertes.

Laisse leur le soin de choisir, le soin de dire, d’écrire. Et même si c’est bruyant, même si c’est confus. Au fond, ils savent les reconnaître et les apprécier à leur juste valeur. Pas tout de suite. Pas là maintenant. Mais après, quand le calme est revenu, quand le temps est passé. Ceux qui ont oeuvré tout au long de leur vie, fidèles et vrais, sortent du lot, sont reconnus. On les place là-haut, on leur invente une vie qui n’était pas la leur et ils deviennent les exemples qu’ils disent avoir suivi. Même si jamais, non, jamais, ils ne savent le faire au moment où l’artiste arrive, est. Et c’est heureux ainsi !

L’artiste est un être qui agi, fait, grandit, cherche, construit. Quoi qu’on dise de lui, quoi qu’il se passe. Parce que ce qui l’anime, même s’il se perd parfois, est bien plus fort que leurs mots et le ramassera toujours pour l’emmener encore et encore sur son chemin, même s’il est loin des regards, même s’il est loin des éloges.

Et pour toi Gaël que j’aime tant aussi, je voudrais dire : « Bien sûr que l’homme peut changer, évoluer, se transformer ». Mais pour accomplir cela, il faut du courage, de la persévérance, de la patience (de la vraie patience, celle qui prend une vie !) et beaucoup d’amour et de foi. L’homme est bon. Tous les hommes sont bons. Parce que tous les hommes, un jour, n’étaient que des bébés et qu’un bébé mauvais, tu le verras quand tu deviendras père, cela n’existe pas. Le mal est juste plus ou moins inscrit dans leur chair trop tendre pour résister aux coups, à la violence, à la bêtise et le travail plus ou moins dur. Deviens d’abord l’homme que tu sens devoir être. Existe. Grandis chaque jour pour préparer ton vieil homme. Qu’il soit magnifique. Qu’il soit un arbre centenaire où les oiseaux aiment à venir se poser. Qu’il garde ce sourire et cette curiosité malicieuse. Tu verras alors que tu peux emmener certaines personnes avec toi. Certaines beaucoup, d’autres moins, d’autres pas. Mais garde cette croyance en la bonté humaine. Coûte que coûte ! C’est le plus beau cadeau que tu pourras te faire.

Je vous aime mes petits gars et je crois fort en vous !

« Et l’on aura ainsi fondé ce qui avait été posé au départ, au titre de postulat méthodologique, à savoir que le « sujet » de la production artistique et de son produit n’est pas l’artiste mais l’ensemble des agents qui ont partie liée avec l’art, qui sont intéressés par l’art, qui ont intérêt à l’art et à l’existence de l’art, qui vivent de l’art et pour l’art, producteurs d’œuvres considérées comme artistiques (grands ou petit, célèbres, c’est-à-dire célébrés, ou inconnus), critiques, collectionneurs, intermédiaires, conservateurs, historiens de l’art, etc. »

extrait d’un texte de Bourdieu

« très mauvaise troupe de théâtre Nô »: compte-rendu de la séance du mercredi 18 mars 2009

Enfin, avec presque 24 heures de retard, le compte-rendu se rend dans ma boîte aux lettres virtuelle. 😉

« Mercredi 18 mars 2009

Première séance réunissant la petite « compagnie »

16 heure : début de la séance. La sérénité commence à saturer l’espace. Les huit jeunes « acteurs » se détendent lentement, paisiblement. Ensuite, lorsque les muscles sont bien relâchés et que l’esprit s’est fait légé, le metteur en scène débute la scéance par des conseils et une lecture.
Alexandre nous abreuve de discours directs et nécessaires à la formation d’un comédien en-devenir. L’altruisme, l’humilité, l’implication du corps et de l’âme, l’enthousiasme, la vitalité. A propos de la vitalité qui anime les corps et les pensées des huit « acteurs » libres et en bonne santé que nous sommes, Alexandre insista longuement. Un passage magnifique de Une connaissance inutile écrit par Charlotte Delbo fut lu.

~pause~
(cigarette)

Un moment plus tard, une série d’excercices commencent.
Le premier exercice consiste à marcher de telle sorte que le buste soit tiré vers l’avant par un fil incassable. Les corps doivent être perpendiculaires au ciel. Ils doivent être étirés verticalement, tirés par le ciel et la terre. Les corps doivent s’imposer sur la scène et imposer leur rythme. Le spectateur doit ressentir l’harmonie et la justesse qui modèlent les corps. Cette marche joyeuse est entrecoupée par la voix du metteur en scène. Ce dernier ordonne aux « acteurs » de s’arrêter, les yeux fermés. Il met à l’épreuve notre instinct : « De quelle couleur sont les chaussettes de Jane ? Où se trouve Antoine-Baptiste ? ». Cet exercice vise à développer notre capacité à être attentif à l’autre tout en restant intègre à notre personnage.

Puis, les « acteurs » arrêtent de marcher. Le metteur en scène nous demande de nous allonger en suivant une grande expiration.
Les corps sont entièrement allongés sur le sol. Maintenant, il s’agit de nous relever tous en même temps, les yeux fermés, instinctivement. L’instinct est la seule lanterne qui puisse éclairer les « acteurs » à ce moment. Cet exercice fut très difficile à réaliser.

Tous en ligne devant le metteur en scène, la règle reste la même : écouter son instinct et placer son corps sous le joug des énergies qui nous dominent. Nous sommes à genoux, les jambes pliées. Le but est de se mettre sur la plante des pieds sans s’aider des bras. Un impulsion vers la haut seule doit suffir.

Exercice suivant : être seul sur scène et oser dire son prénom. Chacun à tour de rôle se place au centre de la scène, gardien de l’espace qu’il occupe psychiquement et physiquement, monopolisant le regard des autres. La difficulté est grande. Assumer sa présence n’est pas chose facile.
Pour finir la séance Alexandre nous donne quelques conseils vitaux.

Terminus : tous le monde descend du nuage, il est l’heure d’affronter la société, de nouveau.

Sidney

Compte-rendu fait le 19 mars 2009″

mot rapide et cours de japonais

Rose – 08 Octobre 2001 – Naissance – montage du premier soir pour les habitants de ma galaxie

Coucou à vous, amis, aimants, ennemis, indifférents ou émus, je vous salue.

Les mots que j’ai à vous donner n’ont toujours pas le droit de se dévoiler, je les garde là bien au chaud, tout près du coeur. Du coup me viennent des choses à vous raconter, d’une autre nature. De la nature de l’homme, de la nature du père…

Ce matin, Rose a fait un cauchemar. Alors, j’ai pris mon carnet (celui que j’écris à son intention) et j’ai noté son rêve pour elle, plus tard. Je fais cet exercice depuis le quatrième mois avant sa naissance. A cette époque, le jour où j’ai appris que je serais le papa d’une petite fille, j’ai eu très peur de la mort. La mienne. Et de ne jamais la rencontrer. Alors, j’ai acheté un cahier dans le premier carrefour croisé, un gros cahier et je lui ai tenu un compte-rendu détaillé au jour le jour, avec ce qui à l’époque me semblait important de lui dire, de lui laisser, au cas où…

Ce cahier, je l’ai fini quand elle avait un an. Et je me suis demandé si je devais continuer…

Une voix sage m’a fait taire, me disant qu’il fallait aussi qu’elle garde de l’obscurité, des doutes, des souvenirs flous et incertains. Qu’il ne fallait pas que mes mots prennent la place des siens et je me suis tu.

Après des événements douloureux dont nous nous sommes occupés le mieux possible, je me suis décidé à reprendre cet exercice. Au moins pour lui exposer cette histoire (même si nous en avons parlé, même si nous sommes allés voir le psy. Elle, moi, sa mère)… en fait, cette « histoire » n’y est pas. Il est dit à la place : « Il y a une chose dont je voudrais parler avec toi et dont nous parlerons quand tu seras adulte, si tu en as l’envie et le besoin. » Il y a des choses qui ne sont pas bonnes à dire ou qui ne peuvent le devenir que si c’est un choix de l’autre. Il y a des choses aussi où l’on est certainement le plus mal placé pour parler. Et si les mots ne s’y sont pas inscrits, dans ce cahier, c’est bien que ce n’était pas le moment ! Alors j’ai pris les traces, enregistrer ses mots et ses dessins du moment et je les garde pour elle, pour le jour du « si jamais… »

Ce matin, j’étais là, dans ces pages. A lui raconter le cauchemar de cette nuit qui l’a poussée à venir nous rejoindre dans le lit. Pour elle, très philosophe, ce cauchemar est le fruit d’un mal au ventre avec lequel elle est allée se coucher. Les cauchemars d’enfants sont si clairs et limpides. Ils racontent tant de choses.

Pour l’heure, nous allons à notre cours de japonais hebdomadaire.

P.S. Sidney n’a toujours rien envoyé. Nous l’attendrons encore un peu…

Belle et claire journée à vous.

C’était à Sidney de parler… en attendant, un extrait de Molière d’Ariane Mnouchkine ;-)

Ce soir, comme à chaque fois que je rencontre l’équipe du « Dom Juan », c’était à l’un des apprentis acteurs de faire un compte-rendu sur notre travail ensemble. Mais pas de message mail dans ma boîte… du coup, pas de nouvelles.

Elles arriveront peut-être demain matin?

En attendant, je vous offre cet extrait du film « Molière » d’Ariane Mnouchkine où l’on peut découvrir comment est né le théâtre chez Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière.

Dans cette scène magnifique, votre serviteur, alors âgé de trois ans est avec son ami de l’époque, Thomas Felix-François, fils de Guy-Claude François, l’immense scénographe et architecte. Si, si, les deux petits qui causent, c’est nous ! 😉

A demain !

Fragments d’un journal de l’homme ou la parole de Bachelard


Aujourd’hui, je reviens d’un trop grand combat pour parler. J’ai donc cherché sur cette immense toile quelques mots à vous adresser. J’y ai retrouvé Gaston Bachelard, philosophe délicieux, s’il en est et qui nous parle ici de philosophie, pour moi de création.

A bon entendeur, salut ! 😉

« Pour un philosophe, les premières pages de son livre sont difficiles et graves, car elles l’engagent trop. Le lecteur les veut pleines, claires, rapides, faute de quoi il les taxe de littérature. Le lecteur veut aussi qu’elles lui paraissent directes, c’est-à-dire rattachées à ses propres problèmes, ce qui suppose un accord des esprits, accord que la tâche du philosophe est précisé- ment de mettre en question. La première page est à peine achevée, et voici le fil en filière. On n’a plus le temps de se reprendre, de rectifier, de recommencer. Et, pourtant, si la philosophie est l’étude des commen- cements, comment s’enseignera-t-elle sans de patients recommencements ? Dans l’ordre de l’esprit, com- mencer, c’est avoir la conscience du droit de recom- mencer. La philosophie est une science des origines voulues. A cette condition, la philosophie cesse d’être descriptive pour devenir un acte intime. »

[Gaston Bachelard, « Fragments d’un journal de l’homme », in Le Droit de rêver, Paris : PUF, 1970, p. 233]

Il y a des jours… prière à entonner ensemble !

Il y a des jours où parler n’est pas à propos. Où le silence cherche le chemin pour laver nos visages.

La nuit a été si courte et la journée sera si longue. Alors se concentrer, ouvrir les pages du Yi King à la recherche du Roi Wen. Il est là. Au pied de cette immense montagne. Il est là, le sourire espiègle et l’oeil vif, toujours prêt à répondre aux questions. Que j’aime ces moments. Où assis près de lui, le poids de l’angoisse, des tourments s’envole. Libéré par ses mots qui savent mettre de l’air même au plus loin d’une porte blindée et sécurisée par mille serrures et mécanismes complexes. Lui, il lui suffit d’un mot pour l’ouvrir cette porte ! D’un seul mot, vrai… humble… à l’écoute du monde. Du ciel et de la terre d’une part, de l’homme de l’autre et de ce qui le fonde : l’amour et la justice. Avec cette trinité et les baguettes d’achillée, il a découvert ce livre-compagnon capable de changer, de muer, de grandir en fonction de votre chemin intérieur.

Dans ce livre, il m’est dit : « Cherche l’éclairage constant du Yin (la force obscure). Ne sois pas brillant comme le soleil qui disparaîtra lors de l’éclipse. Sois la Grande Ourse, qui, constante, montre le nord à celui qui se perd. Le jour de l’éclipse, tu seras celui qui guide et accompagne, qui libère, seul capable de juger. »

Alors, je vous demande votre aide. Vous tous qui avez envie d’y croire, qui rêvez d’un monde de l’homme retrouvé, d’un monde où le souffle du ciel retrouvera le clin d’oeil qui le sait, priez avec moi. Et donnez-moi la force d’être cette étoile. Aujourd’hui est un jour majeur. Aujourd’hui, il me faudrait mille pensées, mille amours, mille ferveurs. Alors, nous traverserons l’océan que nous sommes venus traverser, protégés par votre amour, votre foi. Sûrs de la victoire.

Je compte sur vous !

A-t-on besoin d’un transport pour voyager? Quel est il?

Image du « Fisher King » de Terry Gilliam

Encore un exercice demandé… Chaque fois que je fais travailler les options-théâtre et ce jour-çi, c’était au tour d’Antoine-Baptiste, je leur donne à charge d’écrire un compte-rendu. Hier, nous nous retrouvions pour travailler un texte qu’il présentera au bac pour l’option légère, à côté du gros programme qu’il a en option-lourde. A lui la parole !

« 
Cet après midi, le devoir fut très clair: « Antoine-Baptiste, fais moi voyager. »

Il a fallut que j’attende 19 ans de ma vie, pour enfin entendre une telle phrase ! Ce genre de phrase qui vous fait frémir et ressentir le moindre vaisseau sanguin de votre corps. Un genre d’huile qui, poussé par un seul battement de coeur vous purifie la circulation artistique qui est en chacun de nous.

Dans la détonation de ces mots, Alexandre en rajouta quelques uns, ceux qui sont essentiels pour marcher droit, dans une bonne direction, « ne rien avoir à prouver, et se donner. » Une notion qu’il me faut enregistrer.

Aussi, j’eus droit à quelques minutes de préparations, de mise en marche de mon appareil, le temps qu’Alexandre s’étire, se détende de sa semaine de course. J’en profitais pour en faire de même mais aussi pour me concentrer et oublier l’aspect négatif et secondaire de la semaine qui prenait fin à chaque expiration.

Avec un démarrage difficile, et une idée du personnage encore trop peu claire, je me lance dans ce défit de partage.

C’est alors que je vois toute les rayures et le disfonctionnement de mon petit parcourt. Je vois que je n’ai pas pris suffisamment d’élan et que je n’étais passur la meilleure piste. Mais Alexandre est là, et me pousse avec une agilité surprenante, comme toujours. Il me pris par la main, comme jamais on l’a fait. Comme des frères d’armes qui s’attrapent par les poignets. Et ce fut immédiat.

En peu de temps je compris que la meilleure des pistes serait celle de l’immersion, j’ai plongé, tant bien que mal, et j’ai nagé vers le fond découvrant des abysses secrets, et étant surpris par « ces flocons aimants et phosphorescents », attiré par le « tourbillonnement magnétique », et émerveillé par la plume que je touchais; je compris que je voyageais, transportant avec moi Alexandre.

Ce fut court. Car le texte à cette particularité d’être extrêmement vivant, et difficilement,
linéaire. Ce texte est fou.

Une grande satisfaction m’envahit quand Alexandre, me remercia ! Cette fierté dont il me parle secrètement, je l’ai ressentit à cette instant, à la pause clope. Un sourire qui permet de voir l’air circuler à travers cet homme.

Je suis content de moi. Et je meurs d’envie de remonter sur scène et de recommencer, encore et encore. Mais je me dis qu’il faut que je préserve ce genre de plaisir, pour que lorsque je les partage ils soient encore tout frais ! En attendant, je vais les travailler, les perfectionner, sous les conseils bien placés d’Alexandre.

Nous avons finis la séance en découpant le texte, et restant dans cette bonne ambiance, celle du voyage.

Mon travail d’acteur consiste maintenant à construire et perfectionner mon personnage, je regarde donc les films qui y sont liés, j’y prend beaucoup de plaisir, et révèle les choses qui me paraissent importantes. L’architecture de mon personnage n’est pas encore bien claire, il me faut y travailler et je décide de m’impliquer comme il se doit à la naissance de ce fou.

« La plume d’ange » de Nougaro… J’avoue n’avoir jamais écouter la chanson, si il y en a une, et c’est peut-être mieux ainsi. Je ne ferais pas une présentation linéaire de ce texte, quoi qu’elle soit nécessaire pour le dossier que j’aurai à rendre, le jour de l’examen… Mais ce texte, que m’a présenté Alexandre, me tient à coeur, non seulement parce que c’est Alexandre qui me l’a proposé, mais aussi parce que c’est un texte ambiguë, un texte joueur, un texte FOU, et qui
correspond littérairement à ce qui me fais vibrer. J’attends par là qu’il y a beaucoup à tirer de ces mots, scéniquement.

De plus, le grand arbre présent dans le texte me fait penser à ce grand artiste que je découvre à chaque instant et que me fait découvrir les aspects secrets et mystiques du monde dans lequel j’évolue petit à petit et dans lequel il me guide. Alexandre Ferran.

Cet après midi j’ai compris qu’il y a d’innombrable moyen de transport pour voyager. Ne serait que pour atteindre le Studio…

Mais qu’on oublie souvent le principal. Nous. Notre être et ce qu’il contient, nos passions, nos envies, nos conditions, etc….

Alexandre m’a rappelé que par l’attitude, la voix, le corps et les détails, nous pouvons transporter qui que ce soit qui est à l’écoute. Et si il ne l’est pas, alors il faut aller le chercher. Ainsi nous pourrions changer tout ce qui déplait tant dans nos quotidiens.

Antoine-Baptiste »

A titre d’information : les films que je lui ai proposé pour travailler sur la folie : « L’Armée des 12 singes », « Vol Au dessus d’un nid de coucou », « The Fisher King », « Gilbert Grape » et « Je suis un Cybord ».

Bashung est mort…


C’eut été un beau message : la journée avait été bonne. Retrouvailles sur scène avec un Antoine-Baptiste, grandi, nettoyé… disponible ; avancées, percées des événements majeurs qui se profilent, rendez-vous excitants à venir, à rêver, à mener ; soirée avec Claude Pelopidas, comédien, metteur en scène, directeur du Théâtre « Ainsi de Suite » à Aix-en-Provence (Leur Site), un de ces trop rares bonhommes (un honnête faiseur de théâtre, un vrai !) de notre région.

Il était minuit -déjà aujourd’hui- quand Elise m’a appelé. « Allo, mon amour ! J’arrive… j’ai passé une bonne soirée. J’ai retrouvé Claude… ». « Bashung est mort ». « Bashung est mort ?! »…

Oui, hier après-midi, à l’hôpital Saint-joseph, Alain Bashung est mort d’un cancer des poumons qui le rongeait depuis trop longtemps. Jeune homme de 61 ans. Il nous laisse quelques unes des plus belles chansons jamais composées.

Je voudrais avoir la force et la générosité de le laisser partir comme cela, sans regrets… Mais j’en ai des regrets !

Des regrets, oui ! Parce que je voulais le joindre depuis longtemps. Je voulais le rencontrer et lui parler d’un rêve que j’avais fait et qui parlait de lui, d’Elle, de Nous. Et par une fâcherie idiote avec Fred au sujet des conditions de travail déplorables aux Dock (où il est le régisseur lumière, excusez-moi du peu !), je n’ai pas mené à bien ce projet. Me privant de ce dernier concert (Dock des Suds l’automne dernier) et de cette rencontre qui, si elle n’était pas gagnée, aurait été peut-être possible.

C’est rare que la mort me touche. C’est quelque chose dont je suis assez fier même ! Mais là, quand Elise m’a annoncé ça au téléphone, quelque chose en moi s’est brisé et le noir tout autour a pénétré mes os, me laissant tremblant, fébrile. J’ai eu mal, vraiment mal.

Ce matin, en même temps que je vous écrit, je lui rends mon hommage. Avec « Bijou, bijou » plein mon jardin, en boucle, offert au soleil qui réchauffe et aux oiseaux qui chantent, avec lui.

Nous allons te regretter ici. Profondément. J’aurais voulu que tu rencontres Elisabeth et qu’ensemble, nous le fassions ce spectacle. Ca t’aurait plu, c’est sûr. Ca nous aurait plu. Elle qui m’a appris à t’aimer et qui est ton amante depuis tant d’années. Elle qui t’écoute lui murmurer à l’oreille, rougissante et fébrile… Comment je vais la consoler ce matin, Monsieur. Qui va l’emmener aujourd’hui là où elle te retrouvait ? Tu nous laisses un putain de vide, un putain de mal de bide et un cri planté en travers de la gorge… Tu vas nous manquer ! Vraiment.

A plus tard.

Vis à Vies, des Vies, des vis, un voyage, du partage


Toujours sur ma terrasse et les oiseaux, plus nombreux chaque jour, annoncent leur retour. C’est le printemps qui arrive. C’est beau le printemps !

Rohhhhh ! Hier soir en rentrant, j’avais tellement de choses à vous dire… mais pas la force de les écrire ! Il était deux heures du matin, peu d’étoiles au ciel, mais de la musique plein la tête et le bonheur d’être là, simplement là.

Quand j’étais plus jeune, je voulais mourir vite, vivre vingt ou trente ans maximum, d’épuisement, d’une mort violente. Mais aujourd’hui, les choses ont bien changé ! Chaque jour me réserve de nouvelles surprises, de nouveaux visages, de nouvelles rencontres, de nouveaux voyages. Alors on en vient à faire attention à soi. A soigner ses mouvements, son sommeil (enfin quand on peut), à calmer la machine en lui disant : « attention, il te reste au moins cent à cent cinquante ans à vivre. » Oui, je voudrais. Pouvoir grandir encore d’au moins cela. Pour que réellement mon corps se vide de tout le venin qui s’y cache et qu’il ne reste que la douceur et l’amour, que le sourire de regarder les gens passer, se dépasser. Et se réveiller chaque matin, en respirant le ciel de tous ces poumons retrouvés et s’octroyer une nouvelle fête. Fête de la vie, de la rencontre, de l’amour, des idées. Fête du partage, de la solitude. Fête ! Fête ! Fête !

Hier soir, je pensais au cinéma, à la télé. Je me disais que ces arts nouveaux avaient encore beaucoup de chemin à faire avant de pouvoir espérer être à la hauteur du théâtre. Nous sommes les plus vieux. Nous avons eu ce temps de maturation qu’ils n’ont pas eu et l’humilité qui leur fait tant défaut. Honnêtement, je suis sûr que la télévision est en train de mourir ! C’est déjà tellement vicié, abîmé, qu’il faudrait un miracle pour la sauver. Internet a pris le relais et en donnant la parole au monde entier, va finir de la tuer. Tant mieux. Tant mieux si les Mac Do disparaissent pour un temps. Le temps que les gens retrouvent le plaisir de manger et le goût. Tant mieux si la télé disparait pour un temps. Le temps que les gens retrouvent le plaisir de vivre et de rêver. Se donner le droit de grandir coûte, fatigue, demande des efforts. Mais qu’est-ce que c’est bon !!!! Allez. Vous qui m’accompagnez ici. Éteignez vos postes. Jetez ces tubes cathodiques ou branchez leur un lecteur DVD en guise de réponse, en guise d’espoir, de respect pour vous même. Mais arrêtez de leur laisser croire que cette nourriture pré mâchée, irréfléchie, sans aucune poésie vous convient. Parce qu’elle ne vous convient pas. Je le vois bien. Partout dans les rues, dans les informations que je glane au hasard des lectures, des radios, je l’entends. Elle ne vous convient pas.

Vous avez éteint ?! Alors respirez un bon coup. Contemplez le monde autour de vous. Écoutez… Vous entendez la place qu’il y a pour rêver et construire, rencontrer ? Les autres, mais aussi vous-même… De quoi rêver-vous ? (réponses dans vos commentaires ;-))

Ah oui ! « Vis à Vies ». Quelle belle histoire ! Quel plaisir de travailler au service de cette équipe humaine, drôle, investie et en même temps si rigoureuse. Et quel spectacle ! Ce n’est pas un « Grand » spectacle, mais un petit spectacle. Comme je les aime. Humble, simple, joli, doux et qui dit des choses essentielles. Ils ne cherchent pas à vous en mettre plein la vue, non ! Ils sont là, juste là, maintenant, au présent. Ca vous requinquerait un mort ! Et on sort de là sifflotant avec l’envie de prendre dans les bras la première fille en jupe d’été croisée, pour la faire tourner, tourner, tourner… et rire !

Merci Gérard et Myriam ! De toute mon âme, mon sérieux, mon amour, j’ai essayé d’être à la hauteur de leur jeu, mais de retrouver une console lumière après tant de temps, de redécouvrir le spectacle après tant de temps a été difficile. J’ai fait des erreurs dans ma conduite malgré ma concentration et ma ferveur. Et ils ont joué avec. Les pauvres… Fabien !!!! Reviens !!! Ils auraient pu en être fâché, mais non ! Ils ne l’ont pas été. Ils ont juste dit : « La prochaine fois, on prendra plus de temps ! « . Que certains ici méditent là-dessus, ça leur ferait du bien !

Je pense à cette femme, soit disant artiste- une imbue, oui !- qui, hier, a pourri Fabien pour une erreur de conduite (lumière) et qui fait des spectacles hooooorrribles. Et qui n’a même pas la simplicité de voir que ce petit bonhomme a donné son temps, son énergie. Sans compter. Pour que son « spectacle » ressemble à quelque chose. Mal payé, mal reçu. Mais il l’a fait. Pour le public, pour le spectacle, pour lui-même. Il l’a fait.

Ne vous laissez pas abîmer, je vous en conjure ! Ils sont là les précieux, les amoureux, les honnêtes… juste à côté. Ils vous attendent, ont besoin de vous. De vous entiers, vraiment. De vos savoirs, de vos expériences, de votre confiance et de votre foi. Ne laissez pas les idiots vous en déposséder, sinon vous finirez comme eux. Respectez-vous. Toujours !

Gardez l’espoir et le courage, on y arrivera. C’est écrit ! 😉

Bien à vous.

Pas de cigarette…

Réveil difficile… les mots d’Ariane, hier soir, qui m’ont un poil blessé, la distance d’Elise que je ne rencontre plus ces derniers jours et la fatigue ont appelé le mauvais Alexandre. Celui qui a peur, celui qui a mal, qui voudrait disparaître, là. Qui trouve tout injuste, qui appelle dans le noir : « MAMAN!!!!!! », la morve au nez, les yeux rougis de larmes devant la fourmi qu’il vient de déchiqueter patte après patte, en prenant soin de séparer, à la fin, la tête du corps. Entre ses ongles. Celui qui cherche à détruire parce que construire est long et douloureux. Qui préférerait être avalé par la mort et qu’on le laisse tranquille à tout jamais. « Taire. Se taire. Se terrer… » Début du spectacle « Elle Attend » qui raconte bien ce bonhomme là, je crois.

Et pour couronner le tout, voilà que ce matin, je n’ai plus de cigarettes !

Bon… mais le monde est bien fait. D’abord Ariane qui me tape sur les doigts ! Ouch ! Ensuite, aujourd’hui, je vous le donne en mille, je suis technicien. Au service du rêve des autres. Et je vais si bien m’y appliquer que ces vieilles blessures seront vite refermées. Oui, je remplace Fabien et vais assurer les lumières d’un petit spectacle tout joli, tout doux, avec une équipe très, très, très sympathique et très, très, très investie. Ca va me faire du bien !

Quand je n’aurai plus besoin de ces plans technique pour survivre, je vous en prie, rappelez-moi à l’ordre. C’est un à côté qui me fait trop de bien pour l’abandonner à tout jamais. Vous me le rappellerez ?

Bonne journée à vous et à demain matin !

Demain, je retrouve Antoine Baptiste et sa « Plume d’Ange » pour une après-midi de répétitions…. ça aussi ça va me faire du bien. De faire un peu de théâtre et d’arrêter d’en parler !

A vite !