Oriza Hirata et Ariane Mnouchkine… Beau Week-End !


Les amandiers sont en fleurs, le ciel : bleu pur, le café : puissant, j’entends les pattes d’écureuils scratcher dans les arbres en réponse aux appels des oiseaux… oui, c’est ça ! je suis rentré chez moi !!!

Et c’est avec un plaisir non feint que je déguste mon café en venant vous trouver dans ce jardin sans frontières et qui a partagé avec moi bien plus que je ne pourrais écrire.

Ce week-end fut chargé, ouvrant des portes inespérées entre mes rêves et la réalité, donnant à ces multiples combats un peu de plus de sens, un peu plus de fond.

D’abord Ariane et son anniversaire. Soixante-dix ans et une fête qui, comme elle, s’est épurée avec le temps, s’est simplifiée, adoucie, calmée. Pour finalement devenir ce joli rendez-vous où seuls quelques intimes (enfin deux cents personnes tout de même !) étaient présentes. Il y avait Guy Claude François, ce décorateur et scénographe de génie qui a accompagné sa vie depuis plus loin que remonte ma mémoire et qui, lui aussi, plus le temps passe, est beau et doux, simple et sincère, délicieux. Il y avait Tamani, la femme qui venait nous accompagner dans nos maquillages, elle qui a maquillé les plus grands, encore plus petite, encore plus vieille et en même temps toujours plus vive et drôle. Il y avait Erhard Stiefel, ce génie, ce « Trésor Vivant » (titre décerné par les japonais à quelques élus), fidèle à lui-même, toujours aussi beau et énigmatique, lui qui, malgré son grand âge, ressemblera toujours à un jeune romantique. Il y avait Gérard Hardy, un jeune homme de soixante-quatorse ans, toujours en tournée, toujours sur la scène et qui a cette douceur et ce plaisir de vivre (je lui dois un merci attentif et particulier. Il m’a donné la référence d’un livre qui va bien m’aider dans mes travaux en ce moment : Au Bord de l’Eau. Qui raconte l’histoire d’une troupe de théâtre à travers l’histoire de chaque membre qui la compose). Il y avait Georges Bigot, cet acteur qui peut être si superbe, héros de mon enfance, Richard 2 incroyable, Norodom criant de vérité. Il y avait François, dont je ne sais plus le nom, et qui de ses mains sait fabriquer tout et n’importe quoi, un peu comme un magicien. Il y avait Brontis Jodorowsky, Miriam Azencot, Martial Jacques, Christophe Rauck, Juliette Plumcoq Mech, compagnons de mon époque et que j’ai eu plaisir à revoir après tout ce temps. Et puis tous les membres de la troupe, de maintenant. Qui entourent ma Belle Ariane de mille soins, de tant d’amour et qui lui permettent aussi ce calme, cette douceur. Il y avait les proches d’Ariane. Sa famille, ses amis, dont le plus connu Patrice Chereau. Et c’était beau ! Simple et beau. Avec des surprises offertes à l’aide de nos nouvelles technologies. Sur grand écran, des gens du monde entier ont défilé grâce à Skype, pour ne pas le nommer. Amis d’Australie, du Brésil, des Etats-Unis, de France… mais aussi, astronautes en apesanteur, Charlie Chaplin (si, si), le président Obama (bon… ceux-là c’était pas en vrai de vrai, mais en vrai quand même!!!!). Bref, un moment de magie délicieux. Ah oui ! Merci à Jean-Jacques, aux Afghans et à Céraphin qui nous ont concocté un repas digne des plus grands avec un dessert incroyable arrivé sur un char et représentant un immense soleil que nous avons avalé gouluement ! Ouf… voilà, j’ai fini la soirée du samedi… il vous reste un peu de temps ou d’envie d’aller plus loin ?!

Alors pour ceux qui en ont le courage… le dimanche ! (Mais d’abord, je vais me resservir un café et faire un bisou à mon amoureuse)

Donc, le dimanche. Grâce à Yumie, la japonaise qui traduit tous mes dossiers et mails à l’attention des japonais, nous avons obtenu un rendez-vous avec Oriza Hirata, metteur en scène japonais qui est au Japon, ce que Ariane Mnouckine et Peter Brook sont à la France.

C’est donc à 14h45 (les japonais sont très à cheval sur les horaires) que nous sommes arrivés dans le Hall de l’Hôtel Mercure de la Gare Saint-Lazare où nous avions rendez-vous à 15h. Après une course éfrénée d’Elise pour trouver une borne qui fait les cartes de visite (les japonais sont très à cheval sur les cartes de visite ;-)) d’où elle revient sans et pour ma part, une recherche rapide sur internet pour voir des images du Monsieur et sa biographie (vive l’Iphone !!!), Orizo arrive accompagné de sa traductrice. C’est un petit homme vif, au visage espiègle et malin qui inspire tout de suite confiance et respect. Nous nous installons et je lui explique mon projet Kujoyama dans les moindres détails. De temps à autre, je me tais pour laisser la traductrice faire son oeuvre. Elise, elle, profite de ces moments pour me donner quelques conseils d’approche. Lui se tait. Il écoute. Une fois le tout exposé, il entre en scène. Il me dit que, si mon projet lui semble intéressant, mon approche est nulle. (Ouah ! Un japonais franc… celui-là il va falloir que je le soigne de toute mon âme pour ne pas perdre sa confiance et ses faveurs) Et m’expose la « stratégie » à suivre. Il emploiera ce mot. Il m’expose le mode de subventions au Japon et comment s’assurer d’avoir les meilleurs pour la réalisation de ce projet. Il me dit que si nous oeuvrons comme il le dit, il organisera avec moi les « workshops » (stages) avec les meilleurs acteurs de Tokyo, de Kyoto et d’Osaka pour qu’ils découvrent mon travail sur la scène et que, naturellement, suite à ces travaux, les plus intéressés se réunissent pour mettre à exécution mon projet. Il me dit aussi qu’il me faudra organiser des « workshops » avec des metteurs en scène. Lui s’occupe de trouver les lieux, de payer les acteurs et les metteurs en scène pendant les temps des « workshops » et de suivre l’équipe qui montera mon projet pour l’obtention des subventions, afin de réaliser tout cela pour la saison 2011, 2012. Moi, en attendant, je dois trouver des co-producteurs ici sur le sol français.

Pour « Les Démons du Nô »… et oui, ils sont deux maintenant ! Il me fait comprendre que si jamais Ariane prend la mise en scène de ce projet, il nous invitera pour le festival de Tokyo (à l’auttomne). Je lui rétorque que faire se déplacer le Théâtre du Soleil coûte très cher. Il me dit : « l’Argent n’est pas un problème ».

Une heure et demie sont passées quand nous le quittons. Je garderai longtemps gravé le sourire et l’oeil malicieux de cet homme et sa simplicité, et sa sincérité. Wouah! Je viens de faire un pas de géant, je crois. Mais, il faut tenir la bride. Si Cultures France ne retient pas mon projet, tout cela tombe à l’eau. Donc, on garde son calme. On est serein, mais on garde son calme (tu parles !!!! ;-))

Voilà.

Maintenant, il me faut redescendre sur terre et continuer à travailler, patiemment, méthodiquement, pour rendre tout cela possible.

A vite.

Une réflexion sur « Oriza Hirata et Ariane Mnouchkine… Beau Week-End ! »

  1. Alexandre,
    ravi de t'avoir rencontré, je reviendrai sur ce blog où il semble que j'aie de quoi glaner!
    À propos de Nobuko Albery, je te recommande son premier roman, Balloon Top, non traduit, mais assez lisible en anglais, et qui, sans être aussi exceptionnel que The House of Kanze, est un très intéressant et souvent amusant témoignage sur le Japon entre 1940 et 1970. Le théâtre y joue un rôle important et les deux romans me paraissent complémentaires, apportant un bel éclairage sur le Japon d'hier et d'aujourd'hui, différent et inchangé…
    J'espère avoir l'occasion de voir de plus près ton travail qui me semble très excitant.

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