Epaules tendues et TGV

Les projets se multiplient, les axes s’élargissent, s’ouvrent… à l’infini. Et moi au milieu, je cherche dans un navire lancé à 320 km à l’heure à regarder autour, à garder l’oeil ouvert, généreux. Mais je n’y arrive pas ! Et ceux qui ont le malheur de croiser ma route dans le sens latéral se trouvent coupés en deux. Littéralement…

Que faire ?

Où sont les co-pilotes ?! Moi, j’ai mal aux épaules et le coeur déchiré. Il ne faut pas ralentir, je le sens bien. Mais j’ai besoin de pouvoir laisser le volant quelques instants. De respirer la corolle d’une fleur et de verser les larmes pour ceux perdus en route. De marcher un peu en regardant le ciel, de mettre un petit tas d’herbes en boule et de m’en faire un oreiller pour dormir quelques instants sous les étoiles du ciel.

Mais je ne peux pas. Et je sens bien que si je freine, si je pose la voiture au bord de la route, ce Théâtre de Grande Valeur, la machine ne repartira pas. Elle ne marche pas avec un moteur, non. Elle n’a pas d’organe autonome. Elle a atteint cette vitesse par les rencontres et par les rêves. Par le pouvoir du temps et l’instant. Et la tortue nous l’a bien montré : une fois partie, elle va jusqu’à la ligne d’arrivée. Sans se laisser détourner. Avec humilité, naïveté, ferveur. Mais elle y va !

Alors, je continue. Je me mets des baffes. Et quand la ligne est droite, j’essaye de me concentrer sur ma respiration pour détendre mes muscles tendus de fatigue, tendus de nerfs, tendus d’effroi. Je mets de la musique dans le poste et je chante à tue tête pour endormir les tensions, pour oublier la douleur de la perte et de la solitude.

Oh, vous ! Si vous savez entrer dans un véhicule lancé à 320 km à l’heure et que vous avez quelques instants à perdre ou à donner, n’hésitez pas, entrez ! J’ai tant besoin de vous.

Belle journée à vous.

Et à la prochaine étape…

Car quoi qu’il advienne, je mènerai mon TGV jusque là. Quoi qu’il advienne, quoi qu’il m’en coûte…

Une réflexion sur « Epaules tendues et TGV »

  1. Le petit train s’en va dans la montagne…

    Alors monsieur Très Grande Vitesse, nous révèlerez-vous un jour de quoi il retourne? Tout ce mystère attise ma curiosité! Ô comme j’aimerais monter avec toi pour ce voyage vers le Théâtre de Grande Valeur. Mais je ne suis pas une bonne co-pilote. Je me cantonne au rôle de la vache qui, ravie, te vois passer à toute vitesse et attends ton prochain passage!!

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