Arrivée à Narita


Ca y est !

Il est deux heures du matin chez nous et ici pas loin de 9 heures. Je retrouve les habitudes. Première cigarette après onze heures de vol dans cette cabine où je fumais déjà ma première cigarette nippone, il y a plus d’un an lors de mon premier voyage. Il y a là quelques français et je goûte cette langue pour la dernière fois avant longtemps. Après, il s’agit d’aller échanger mon reçu de Railpass contre un “Japan Railpass “ en bonne et dû forme. C’est Narita, il y a beaucoup de monde qui attend au guichet de la JR, me faisant rater mon premier Narita Express pour Tokyo. Que m’importe… J’ai le sourire de celui qui se sait arrivé et qui ne peut plus reculer, ce qui adviendra adviendra. C’est bon de se retrouver ici, enfin. Je laisse filer entre mes dents ce nom : Mototsugu et je sens bien qu’il est heureux d’être de retour chez lui.


Ah si ! Une chose me fait râler… je viens de me rendre compte que j’aurais dû faire le change ici. J’ai perdu sur les 3000 euros changé, à peu près 45 000 yens, soit presque 500 euros. C’est une grosse somme, vraiment. Ici, le yen s’échange à 130 y contre 1 euro, en France… entre 110 et 120 yens contre un euro.

Le programme de ce matin… trouver un comptoir Softbank pour acheter un portable local, un “prépayé” qui permet d’acheter des recharges. Puis trouver un appareil qui me permette de faire des photos et de filmer. J’aurais dû avoir mon nouvel iphone qui se serait chargé de tout cela, mais il n’est pas arrivé. Ca ne sera pas une mince affaire de trouver du matériel compatible mac. Surtout ici au pays de Sony !

Donc… premier arrêt à Shinjuku où je mettrai ma valise dans une consigne, puis direction Harajuku pour trouver le téléphone. Suivant ce qu’il permet de faire, soit je vais à Nakano pour acheter un appareil me permettant de filmer et de faire des photos, soit je me promène en attendant le premier rendez-vous avec Maître Udaka. Je le retrouve à 13h à l’Uchikanda Shukaishitsu, station Otemachi pour suivre sa classe de “carving mask” et le rencontrer. Puis je pars à Kyôto où je suis attendu ce soir par Ogamo Rebecca Toole, l’assistante américaine de Maître Udaka. Une grosse journée… heureusement que je suis “de la nuit”, du coup le décalage horaire dans ce sens-là ne me coûte pas trop. Nous verrons ce soir dans quel état j’erre. A suivre…

Départ pour Kyôto le 10 juillet… enfin : apprendre quelques bases du Nô

Et oui, le départ est fixé, les billets trouvés et l’aventure qui s’apprête à voir le jour sera une importante. Depuis 1994, date où j’ai découvert le Nô avec le Iemoto (maître) Kanze à la Villette en compagnie d’Erhard Stiefel, je n’ai eu de cesse de lire, étudier, chercher, mettre en jeu tout ce que je pouvais sur ce sujet.

L’année dernière, pour la première fois, j’ai pu aller au Japon grâce à la Maison du Japon en Méditerranée, ce qui a déclenché une petite cascade d’événements, dont l’un des plus importants : ce rendez-vous du mois de juillet avec Maître Udaka (représentant de la branche Kongo). Au programme : Shimai (danse à l’éventail), chant, cours de flûte, facture de masque, accompagnement lors des spectacles (en coulisses… si, si.) Et puis, visite de Kyôto sur les traces de Zeami et de Kanami pour avancer à la rédaction des « Démons du Nô ». Pour couronner le tout, nous rejoindrons, le 10 août, Maître Nomura Mansaku (Trésor Vivant), maître de Kyôgen, pour un stage de 10 jours à Tôkyô.

Bien sûr, cela n’est pas gratuit et j’ai de grandes difficultés à réunir les fonds pour le départ, ayant été laissé de côté par l’AFDAS (organisme qui paye les formations des gens du spectacle) qui, après m’avoir fait longtemps espérer, m’a fait dire qu’ils ne pouvaient prendre en charge un stage à l’étranger : « vous comprenez… on ne sait pas si vous suivrez bien le stage et si vous n’irez pas plutôt à la plage !  » D’une, il n’y a pas de plage à Kyôto et de deux, organiser un stage comme celui-là (je suis l’unique stagiaire et ai participé à l’élaboration du programme avec les japonais, ce qui n’a pas été simple) quand on sait ce que je fais depuis des années autour du Nô, du Théâtre Nô d’Aix-en-Provence et ce qui pourrait découler de ce voyage (pièce de théâtre sur Zeami et Kanami, Villa Kujoyama, Stages avec les acteurs japonais autour des adaptations des textes de Nô pour du théâtre contemporain), c’est tout simplement d’un mauvais goût certain que d’aller se réfugier derrière ce prétexte fallacieux.

C’est pour cette raison que j’ai lancé un SOS sur la toile : « A la recherche de 4000 euros pour apprendre le Nô », me permettant de payer les deux stages, la vie sur place et les déplacements (j’ai perdu mon statut d’intermittent le mois dernier en travaillant sur le Dom Juan et ne peux donc compter sur les assedic pour amortir ces frais)

Je ne sais pas encore ce que je ferai en échange… je cherche et suis ouvert aux idées. Ce qui est sûr, c’est que je ferai un maximum de photos, de vidéos et de prise audio + un journal écrit de ce qui sera abordé sur place. Peut-être alors un blog privé pour ceux qui ont participé ou encore un journal PDF (possiblement imprimé si tout le monde rajoute quelques euros ;-), mais nous verrons cela au retour…)

Je peux aussi, en échange d’une somme plus conséquente, venir à mon retour du Japon, assuré une conférence sur ce que j’ai appris ou sur ce voyage.

Vendre des dessins, des photos… je ne sais pas moi…

Vous avez des idées ?

En tout cas si vous souhaitez m’aider, vous le pouvez en mettant 10 euros sur mon compte paypal (si 400 personnes le font, je pourrai faire ce voyage) ou en vendant une photo, un dessin ou quoi que ce soit d’autre pour cette cause… individuelle, mais qui a su profiter à quelques personnes ces dernières années.

Merci d’avance !

Alexandre

Et rien ne va plus !

Ouf ! Grosse journée qui s’achève avec son lot de bonnes et de moins bonnes surprises…
La bonne ?! La bonne, c’est que ce matin j’ai rencontré Christophe Roque, Responsable Théâtre du Rectorat Aix-Marseille et qu’il semble avoir été sensible à ce que je souhaite mettre en oeuvre autour du théâtre nô. Que ce soit au niveau des ateliers dans les quartiers difficiles avec la création de nôs contemporains ou que ce soit au niveau de la création de la scène démontable de nô qu’on pourrait installer dans différents endroits, afin d’y donner des représentations de nôs modernes faits avec les habitants des quartiers, des villages, des cités. Du coup, voilà votre humble (humble ?!) serviteur assurant un stage auprès des enseignants sur le théâtre nô et ceci dès la fin du mois de mai. Un stage sur le théâtre nô, dites-vous ? Mais quoi ! Comment un français qui de surcroît n’a jamais fait de nô auprès de maîtres japonais peut se propulser maître de nô ?! Rassurez-vous, il ne s’agit pas de leur faire croire que nous allons faire ce genre de nô, mais plutôt de nous servir de ces textes, de cette forme pour explorer un certain type de théâtre. Eugénio Barba, Ariane Mnouchkine, le jeu masqué, mon expérience de la danse-théâtre, de l’aïkido aussi… mêlé à ce que j’ai emprunté à Zéami au détour de ses écrits et de ce que j’ai vu faire par ses descendants directs Les Kanzé, ça c’est pour les recettes ! Pour les ingrédients… On va jouer à faire du nô, à être des japonais avec toute la fantaisie que nous permettra nos imaginaires, avec toute la fantaisie que nous offre le théâtre ! Voilà…
Ah oui… la mauvaise nouvelle ! Celle qui m’a fait me rendre compte que les heures de sommeil en retard pèsent bien plus lourd qu’on ne peut le croire !
La Bambouseraie d’Anduze qui était censée nous offrir le bambou nécessaire à la construction de la structure pour le Théâtre Nô d’Aix en Provence ne peut pas nous offrir ce bambou. Du simple fait qu’elle ne possède pas ce bambou. Du bambou vivant oui, mais du sec… non ! C’est la pépinière qui est à côté qui s’en occupe ! Et elle ne semble pas prête au partenariat….
Faute de compréhension ? Volonté de ne pas comprendre de ma part… qui sait !?
Du coup, nous voilà revenus à la case départ ! Il va falloir l’acheter ce bambou… mais le problème, c’est que nous n’avons pas les sous. Je craque ! Personne ne semble comprendre l’importance de cette structure et ce qu’elle peut représenter pour le Théâtre. Tant pis ! Soit la Maison du Japon en Méditerranée trouve les sous, soit elle ne sera pas là cette année. J’ai d’autres chats à fouetter ! Grrrrrrrr.
D’autres chats à fouetter ?! Lesquels…
Par exemple, convaincre Jean Blanc d’acheter le spectacle. Lui donner les arguments qui lui manquent. Je lui ai envoyé une plaidoirie en faveur de notre spectacle avec quelques photos des répétitions à Paris. Je ne veux pas lâcher le morceau. Nous avons besoin de cette date et lui aussi ! A suivre… (je vais vous mettre les photos en ligne. C’est joli, vous allez voir !)
Par exemple. Par exemple, recopier le texte des « Illusions Tragiques », spectacle que j’ai commencé à écrire suite à la claque que m’a mis « Les Illusions Comiques » d’Olivier Py. Une pièce sur le théâtre ! Et comme je voudrais des sous pour réussir à m’extraire le temps d’écrire cette pièce titanesque, je me dois de solliciter une des aides existante… la fondation Beaumarchais, par exemple !!! Du coup, je recopie toutes les pages de mon cahier. Des extraits de texte et des notes. Quelques 50 pages d’extraits et de notes… et ça doit être bouclé avant mon départ au Japon ! La date de dépôt du dossier étant le 16 avril, et le 16 avril étant l’un des trois jours où je serai à Miyajima pour le festival de nô, j’ai intérêt à faire fissa.
Oh… j’ai d’autres exemples, soyez-en sûrs. Mais là, je vais dormir. Revenez demain, vous verrez bien. Bande d’incrédules ! Non mais…

joli mercredi…

Jour des enfants…
J’ai donc réussi à amener les pièces nécessaires à l’obtention du passeport et à faire les différentes choses notées sur le programme.
Chercher les nouveaux tampons, déposer les pièces manquantes pour Barcarelle qui s’occupe d’éditer nos fiches de paye depuis janvier, me libérant enfin d’une charge et pas des moindres. Parallèlement, j’ai eu Sabine Putorti de l’Institut de l’Image à Aix en Provence et le projet du « ciné-concert » du 5 juin avance bien. Elle a trouvé une copie d' »Histoire d’Herbes Flottantes », la version noir et blanc et muette du film d’Ozu qui retrace la vie d’une troupe de théâtre ambulant. A priori, c’est Marc Barnaud et Gilles Geenen qui feront la musique.
C’est en cours…
Mauvaise nouvelle : La Tour d’Aigues risque de ne pas prendre « Atsumori » pour l’ouverture de son festival. Pas assez « vendeur » comme spectacle. Jean n’arrive plus à imposer sa ligne artistique. Les affaires vont mal. C’est le bureau qui devient décisionnaire… A voir quand même. Parce que s’ils veulent faire venir des grosses prod, il va falloir qu’ils payent beaucoup plus cher et qu’ils assurent une technique qui n’est pas de mise au château habituellement. Je garde donc un secret espoir.
Du côté des « sponsors », toujours rien. Personne ne semble intéressé par le sort de ce théâtre. (Je parle ici du Théâtre Nô d’Aix en Provence, le seul théâtre Nô bâti au monde hors de l’archipel du Japon !!!). Ca risque d’être encore La Maison du Japon en Méditerranée qui en assumera les frais. J’ai peur que ce soit la goutte d’eau qui fasse débroder le vase. Nous sommes déjà à 7000 euros pour « Atsumori » et il en faudra encore 5000 pour le Théâtre. Soit un budget global plus important que celui de Maître Kano qui, pour sa venue en France avec ses 20 acteurs, en reçoit 10 000.
Et en même temps, si nous ne trouvons pas cet argent rapidement, nous n’arriverons pas à construire la structure et le théâtre restera ce lieu anonyme, malgré tous les efforts fournis. J’enrage.
Bon… il faut que j’emmène Rose à son cours d’équitation. Je file !
P.S. Je mettrai en ligne des photos du projet pour le Théâtre Nô. Vous verrez, ça vaudrait vraiment le coup… un écrin pour cet outils incroyable et sans prix, cette merveille…

passage éclair

Je passe relever le courrier…
Évidemment, de tout ce que j’attends, je ne trouve pas grand chose…
Heureusement, mon acte de naissance commandé en ligne est arrivé. Je vais pouvoir courir à la mairie pour faire ce passeport qui me permettra le 6 avril de décoller pour Tokyo et d’aller à la rencontre de ce pays qui me fait rêver depuis si longtemps et de ses habitants.
J’espère que nous arriverons à y vendre « Atsumori ». Mais bon… Pour l’instant, le passeport ! Quelques photos, une facture, un rasage de près et hop à Aix !