Arrivée à Narita


Ca y est !

Il est deux heures du matin chez nous et ici pas loin de 9 heures. Je retrouve les habitudes. Première cigarette après onze heures de vol dans cette cabine où je fumais déjà ma première cigarette nippone, il y a plus d’un an lors de mon premier voyage. Il y a là quelques français et je goûte cette langue pour la dernière fois avant longtemps. Après, il s’agit d’aller échanger mon reçu de Railpass contre un “Japan Railpass “ en bonne et dû forme. C’est Narita, il y a beaucoup de monde qui attend au guichet de la JR, me faisant rater mon premier Narita Express pour Tokyo. Que m’importe… J’ai le sourire de celui qui se sait arrivé et qui ne peut plus reculer, ce qui adviendra adviendra. C’est bon de se retrouver ici, enfin. Je laisse filer entre mes dents ce nom : Mototsugu et je sens bien qu’il est heureux d’être de retour chez lui.


Ah si ! Une chose me fait râler… je viens de me rendre compte que j’aurais dû faire le change ici. J’ai perdu sur les 3000 euros changé, à peu près 45 000 yens, soit presque 500 euros. C’est une grosse somme, vraiment. Ici, le yen s’échange à 130 y contre 1 euro, en France… entre 110 et 120 yens contre un euro.

Le programme de ce matin… trouver un comptoir Softbank pour acheter un portable local, un “prépayé” qui permet d’acheter des recharges. Puis trouver un appareil qui me permette de faire des photos et de filmer. J’aurais dû avoir mon nouvel iphone qui se serait chargé de tout cela, mais il n’est pas arrivé. Ca ne sera pas une mince affaire de trouver du matériel compatible mac. Surtout ici au pays de Sony !

Donc… premier arrêt à Shinjuku où je mettrai ma valise dans une consigne, puis direction Harajuku pour trouver le téléphone. Suivant ce qu’il permet de faire, soit je vais à Nakano pour acheter un appareil me permettant de filmer et de faire des photos, soit je me promène en attendant le premier rendez-vous avec Maître Udaka. Je le retrouve à 13h à l’Uchikanda Shukaishitsu, station Otemachi pour suivre sa classe de “carving mask” et le rencontrer. Puis je pars à Kyôto où je suis attendu ce soir par Ogamo Rebecca Toole, l’assistante américaine de Maître Udaka. Une grosse journée… heureusement que je suis “de la nuit”, du coup le décalage horaire dans ce sens-là ne me coûte pas trop. Nous verrons ce soir dans quel état j’erre. A suivre…

Départ pour Kyôto le 10 juillet… enfin : apprendre quelques bases du Nô

Et oui, le départ est fixé, les billets trouvés et l’aventure qui s’apprête à voir le jour sera une importante. Depuis 1994, date où j’ai découvert le Nô avec le Iemoto (maître) Kanze à la Villette en compagnie d’Erhard Stiefel, je n’ai eu de cesse de lire, étudier, chercher, mettre en jeu tout ce que je pouvais sur ce sujet.

L’année dernière, pour la première fois, j’ai pu aller au Japon grâce à la Maison du Japon en Méditerranée, ce qui a déclenché une petite cascade d’événements, dont l’un des plus importants : ce rendez-vous du mois de juillet avec Maître Udaka (représentant de la branche Kongo). Au programme : Shimai (danse à l’éventail), chant, cours de flûte, facture de masque, accompagnement lors des spectacles (en coulisses… si, si.) Et puis, visite de Kyôto sur les traces de Zeami et de Kanami pour avancer à la rédaction des « Démons du Nô ». Pour couronner le tout, nous rejoindrons, le 10 août, Maître Nomura Mansaku (Trésor Vivant), maître de Kyôgen, pour un stage de 10 jours à Tôkyô.

Bien sûr, cela n’est pas gratuit et j’ai de grandes difficultés à réunir les fonds pour le départ, ayant été laissé de côté par l’AFDAS (organisme qui paye les formations des gens du spectacle) qui, après m’avoir fait longtemps espérer, m’a fait dire qu’ils ne pouvaient prendre en charge un stage à l’étranger : « vous comprenez… on ne sait pas si vous suivrez bien le stage et si vous n’irez pas plutôt à la plage !  » D’une, il n’y a pas de plage à Kyôto et de deux, organiser un stage comme celui-là (je suis l’unique stagiaire et ai participé à l’élaboration du programme avec les japonais, ce qui n’a pas été simple) quand on sait ce que je fais depuis des années autour du Nô, du Théâtre Nô d’Aix-en-Provence et ce qui pourrait découler de ce voyage (pièce de théâtre sur Zeami et Kanami, Villa Kujoyama, Stages avec les acteurs japonais autour des adaptations des textes de Nô pour du théâtre contemporain), c’est tout simplement d’un mauvais goût certain que d’aller se réfugier derrière ce prétexte fallacieux.

C’est pour cette raison que j’ai lancé un SOS sur la toile : « A la recherche de 4000 euros pour apprendre le Nô », me permettant de payer les deux stages, la vie sur place et les déplacements (j’ai perdu mon statut d’intermittent le mois dernier en travaillant sur le Dom Juan et ne peux donc compter sur les assedic pour amortir ces frais)

Je ne sais pas encore ce que je ferai en échange… je cherche et suis ouvert aux idées. Ce qui est sûr, c’est que je ferai un maximum de photos, de vidéos et de prise audio + un journal écrit de ce qui sera abordé sur place. Peut-être alors un blog privé pour ceux qui ont participé ou encore un journal PDF (possiblement imprimé si tout le monde rajoute quelques euros ;-), mais nous verrons cela au retour…)

Je peux aussi, en échange d’une somme plus conséquente, venir à mon retour du Japon, assuré une conférence sur ce que j’ai appris ou sur ce voyage.

Vendre des dessins, des photos… je ne sais pas moi…

Vous avez des idées ?

En tout cas si vous souhaitez m’aider, vous le pouvez en mettant 10 euros sur mon compte paypal (si 400 personnes le font, je pourrai faire ce voyage) ou en vendant une photo, un dessin ou quoi que ce soit d’autre pour cette cause… individuelle, mais qui a su profiter à quelques personnes ces dernières années.

Merci d’avance !

Alexandre

Oriza Hirata et Ariane Mnouchkine… Beau Week-End !


Les amandiers sont en fleurs, le ciel : bleu pur, le café : puissant, j’entends les pattes d’écureuils scratcher dans les arbres en réponse aux appels des oiseaux… oui, c’est ça ! je suis rentré chez moi !!!

Et c’est avec un plaisir non feint que je déguste mon café en venant vous trouver dans ce jardin sans frontières et qui a partagé avec moi bien plus que je ne pourrais écrire.

Ce week-end fut chargé, ouvrant des portes inespérées entre mes rêves et la réalité, donnant à ces multiples combats un peu de plus de sens, un peu plus de fond.

D’abord Ariane et son anniversaire. Soixante-dix ans et une fête qui, comme elle, s’est épurée avec le temps, s’est simplifiée, adoucie, calmée. Pour finalement devenir ce joli rendez-vous où seuls quelques intimes (enfin deux cents personnes tout de même !) étaient présentes. Il y avait Guy Claude François, ce décorateur et scénographe de génie qui a accompagné sa vie depuis plus loin que remonte ma mémoire et qui, lui aussi, plus le temps passe, est beau et doux, simple et sincère, délicieux. Il y avait Tamani, la femme qui venait nous accompagner dans nos maquillages, elle qui a maquillé les plus grands, encore plus petite, encore plus vieille et en même temps toujours plus vive et drôle. Il y avait Erhard Stiefel, ce génie, ce « Trésor Vivant » (titre décerné par les japonais à quelques élus), fidèle à lui-même, toujours aussi beau et énigmatique, lui qui, malgré son grand âge, ressemblera toujours à un jeune romantique. Il y avait Gérard Hardy, un jeune homme de soixante-quatorse ans, toujours en tournée, toujours sur la scène et qui a cette douceur et ce plaisir de vivre (je lui dois un merci attentif et particulier. Il m’a donné la référence d’un livre qui va bien m’aider dans mes travaux en ce moment : Au Bord de l’Eau. Qui raconte l’histoire d’une troupe de théâtre à travers l’histoire de chaque membre qui la compose). Il y avait Georges Bigot, cet acteur qui peut être si superbe, héros de mon enfance, Richard 2 incroyable, Norodom criant de vérité. Il y avait François, dont je ne sais plus le nom, et qui de ses mains sait fabriquer tout et n’importe quoi, un peu comme un magicien. Il y avait Brontis Jodorowsky, Miriam Azencot, Martial Jacques, Christophe Rauck, Juliette Plumcoq Mech, compagnons de mon époque et que j’ai eu plaisir à revoir après tout ce temps. Et puis tous les membres de la troupe, de maintenant. Qui entourent ma Belle Ariane de mille soins, de tant d’amour et qui lui permettent aussi ce calme, cette douceur. Il y avait les proches d’Ariane. Sa famille, ses amis, dont le plus connu Patrice Chereau. Et c’était beau ! Simple et beau. Avec des surprises offertes à l’aide de nos nouvelles technologies. Sur grand écran, des gens du monde entier ont défilé grâce à Skype, pour ne pas le nommer. Amis d’Australie, du Brésil, des Etats-Unis, de France… mais aussi, astronautes en apesanteur, Charlie Chaplin (si, si), le président Obama (bon… ceux-là c’était pas en vrai de vrai, mais en vrai quand même!!!!). Bref, un moment de magie délicieux. Ah oui ! Merci à Jean-Jacques, aux Afghans et à Céraphin qui nous ont concocté un repas digne des plus grands avec un dessert incroyable arrivé sur un char et représentant un immense soleil que nous avons avalé gouluement ! Ouf… voilà, j’ai fini la soirée du samedi… il vous reste un peu de temps ou d’envie d’aller plus loin ?!

Alors pour ceux qui en ont le courage… le dimanche ! (Mais d’abord, je vais me resservir un café et faire un bisou à mon amoureuse)

Donc, le dimanche. Grâce à Yumie, la japonaise qui traduit tous mes dossiers et mails à l’attention des japonais, nous avons obtenu un rendez-vous avec Oriza Hirata, metteur en scène japonais qui est au Japon, ce que Ariane Mnouckine et Peter Brook sont à la France.

C’est donc à 14h45 (les japonais sont très à cheval sur les horaires) que nous sommes arrivés dans le Hall de l’Hôtel Mercure de la Gare Saint-Lazare où nous avions rendez-vous à 15h. Après une course éfrénée d’Elise pour trouver une borne qui fait les cartes de visite (les japonais sont très à cheval sur les cartes de visite ;-)) d’où elle revient sans et pour ma part, une recherche rapide sur internet pour voir des images du Monsieur et sa biographie (vive l’Iphone !!!), Orizo arrive accompagné de sa traductrice. C’est un petit homme vif, au visage espiègle et malin qui inspire tout de suite confiance et respect. Nous nous installons et je lui explique mon projet Kujoyama dans les moindres détails. De temps à autre, je me tais pour laisser la traductrice faire son oeuvre. Elise, elle, profite de ces moments pour me donner quelques conseils d’approche. Lui se tait. Il écoute. Une fois le tout exposé, il entre en scène. Il me dit que, si mon projet lui semble intéressant, mon approche est nulle. (Ouah ! Un japonais franc… celui-là il va falloir que je le soigne de toute mon âme pour ne pas perdre sa confiance et ses faveurs) Et m’expose la « stratégie » à suivre. Il emploiera ce mot. Il m’expose le mode de subventions au Japon et comment s’assurer d’avoir les meilleurs pour la réalisation de ce projet. Il me dit que si nous oeuvrons comme il le dit, il organisera avec moi les « workshops » (stages) avec les meilleurs acteurs de Tokyo, de Kyoto et d’Osaka pour qu’ils découvrent mon travail sur la scène et que, naturellement, suite à ces travaux, les plus intéressés se réunissent pour mettre à exécution mon projet. Il me dit aussi qu’il me faudra organiser des « workshops » avec des metteurs en scène. Lui s’occupe de trouver les lieux, de payer les acteurs et les metteurs en scène pendant les temps des « workshops » et de suivre l’équipe qui montera mon projet pour l’obtention des subventions, afin de réaliser tout cela pour la saison 2011, 2012. Moi, en attendant, je dois trouver des co-producteurs ici sur le sol français.

Pour « Les Démons du Nô »… et oui, ils sont deux maintenant ! Il me fait comprendre que si jamais Ariane prend la mise en scène de ce projet, il nous invitera pour le festival de Tokyo (à l’auttomne). Je lui rétorque que faire se déplacer le Théâtre du Soleil coûte très cher. Il me dit : « l’Argent n’est pas un problème ».

Une heure et demie sont passées quand nous le quittons. Je garderai longtemps gravé le sourire et l’oeil malicieux de cet homme et sa simplicité, et sa sincérité. Wouah! Je viens de faire un pas de géant, je crois. Mais, il faut tenir la bride. Si Cultures France ne retient pas mon projet, tout cela tombe à l’eau. Donc, on garde son calme. On est serein, mais on garde son calme (tu parles !!!! ;-))

Voilà.

Maintenant, il me faut redescendre sur terre et continuer à travailler, patiemment, méthodiquement, pour rendre tout cela possible.

A vite.

Biennale de Nîmes, Hannya et autres histoires….

Moi qui voulais profiter de cette matinée pour faire la grasse ! L’horloge interne souvent si défaillante, m’a mis sur pied comme chaque jour ! « Laisse-moi tranquille ! Je n’écrirai pas aujourd’hui !  » Mais rien à faire. Il faut se lever…

Peut-être aussi, les histoires de la Biennale de Nîmes n’y sont pas pour rien… et d’ailleurs avant que de venir vous retrouver, j’ai déjà passé cinq coup de fil, envoyé trois mails pour essayer de débloquer la situation.

Laquelle, me direz-vous ?! Et bien voilà…

Le Théâtre du Nîmes organise (et je l’ai appris avant hier) du 24 au 28 mars, une biennale de la jeune création japonaise : Musique, danse, théâtre, arts plastiques. Alors, innocemment, quand j’apprends cela, après ma journée d’écriture, je me rue sur mon mail et j’écris à la direction que je veux absolument pouvoir être là. Rencontrer ces artistes, voir leurs spectacles et avancer ainsi sur mon projet Kujoyama. Je leur envoie mes dossiers : Projets, Presse, Photos, etc. et leur demande s’ils peuvent m’offrir le pass (150 euros tarif plein/86 pour les chômeurs), s’ils peuvent me trouver un endroit où dormir (même un placard à balai) et s’ils peuvent me permettre de vivre cette aventure de l’intérieur pour que j’ai une chance de rencontrer les artistes. Avec ce que je viens de vivre, avec la rencontre puissante et douce de ces jeunes autour de Dom Juan, avec le stage au Théâtre du Soleil, c’est très sûr de moi que j’attends une réponse positive, du genre : « Mais bien sûr ! Nous sommes très touchés qu’un artiste français de la région désire venir rencontrer nos artistes et partager ce moment unique avec nous. C’est, en secret, notre but, etc. » Mais que nenni ! Nous ne sommes pas des mécènes, me dit-on ! Et votre outrecuidance passe les bornes ! Loin de juste ne pas réussir à les toucher, je les énerve ! On s’explique au téléphone, on se comprend mieux. Mais il n’empêche qu’ils ne peuvent pas m’aider, si ce n’est en me facilitant la rencontre avec les artistes, ce qui est déjà énorme.

Du coup, c’est 800 euros que je dois trouver, là, comme ça ! Et 800 euros, je ne les ai pas. Oui, je suis intermittent. Mais les six derniers mois m’ont coûté cher. Le temps d’écriture des dossiers (Picasso, Kujoyama, Dom Juan), les impressions multiples et variées, les voyages à Paris, les envois, le temps passé sur Dom Juan, les coups de téléphone pour mettre tout ça en place, ma résidence d’écriture… tout ça, personne ne le paye pour moi. Et c’est une grande part de mes assedic qui se dilapide là ! C’est normal, me direz-vous et je suis d’accord. Entièrement d’accord, c’est à mon sens, exactement le pourquoi des assédic, en tout cas ce qu’il devrait être pour tout un chacun. Mais là, même en raclant les fonds de tiroirs, je ne peux pas m’offrir cette semaine ! C’est ainsi.

Cela explique peut-être pourquoi ce matin au lieu de dormir, j’ai appelé Jean Florès, le Directeur du Théâtre de Grasse qui accompagne mon travail depuis un bout de temps pour lui demander ces sous. J’ai appelé aussi Michèle Couetmeur et Thierry Roche, responsables à Aix et dans la CPA au niveau culturel et en lien avec moi sur le projet Kujoyama pour leur demander ces sous. Parce que je n’ai pas beaucoup de temps pour me retourner. Une dizaine de jours tout au plus. Et sans cela, sans une aide extérieure, je râterai ce moment. Moment unique si l’on y pense. Ce n’est pas tous les jours qu’autant de jeunes artistes japonais sont réunis ensembles sur le sol français. Mais bon ! Si cela ne doit pas être, cela ne sera pas. Et cela aura raison de ne pas être. C’est toujours ce que je me dis et c’est un très bon moyen d’apprendre à construire aussi avec les impossibilités.

Voilà…

Ah oui ! Hannya ! Pourquoi Hannya ? Parce que ce masque m’a tenu compagnie toute la semaine, posé face à moi, impassible, calme et que j’ai appris à la regarder, à voir sous ses traits les traits d’une femme blessée, battue, mais qui n’a pas lâché. Elle aussi est devenue une intime ! Et je voulais la saluer ici et lui dire merci de sa patience et de son regard qui m’a tant soutenu.

A plus !

P.S. Avez-vous vu avec quelle ferveur elle me regarde ! Je crois qu’elle est tombée amoureuse 😉

Ah ! Oui, aujourd’hui je pars à Paris et je n’aurai sûrement pas de connexion pendant ces deux jours… donc vacances de blog. C’est le moment d’en profiter pour venir vous y retrouver et discuter un peu. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent dit-on, non ?!

1+2+3+4+5 = 28

Ca y est !
Le premier voyage au monastère s’achève au bas de la seconde scène. Cinq jours de travail, vingt-huit pages bien remplies, promettant de longs voyages solitaires au côté de tous ces personnages qui ont un peu pris vie.
Il y a Kiyotsugu (Kanami), Ogamé (acteur comique et nounou de Zeami, le seul à savoir lire et écrire excepté le Maître et Fujiwaka), Fujiwaka (Zeami de 12 ans), Tamana(la mère de Zeami et femme de Kanami), il y a Otozuru (la danseuse Kuse), Meïsho (le joueur de flûte souvent saoul), Ippen, Fuzen et Jumon (les joueurs de tambours), Hachi (l’intendant de cette maisonnée), Daïjo (le Supérieur du Temple Jozen… un sale enfoiré !!!), il y a Toyodayo (l’acteur Shite, celui qui jouent les rôles principaux au côté du maître, grand conciliateur) et Kumazen (le waki, le second rôle, un vrai bougon!), un messager du Temple (qui vient chercher Fujiwaka, mais je ne vous dirai pas pourquoi…) et les danseuses de Kuse : j’ai nommé Matsujo, Wakatsuru, Chiyo. Voilà !

Une sacrée brochette de personnalités qui vont et viennent. De belles rencontres, des larmes aussi. Des pertes. Des trouvailles. Une jolie route qui s’ouvre et promet d’être longue. Mais le temps est mon ami et je n’ai pas envie de me presser, de les presser. Ils faut que je les apprivoise, les appelle, les rêve.

Allez, bonne soirée à tous.

Moi je vais manger !

4eme jour… n’importe quoi 5eme jour !!!

Allez, c’est reparti…
Ce matin, j’ai du retard à rattraper. Le bain d’hier soir aura été salvateur. Du temps, l’ami. Tout cela prendra du temps. Alors rester calme et continuer à cheminer aux côtés de ces personnages si attachants et si vrais. Ils feront ce que je ne sais pas faire. J’en suis sûr.

A ce soir !

Deux petites pages !!! Rude journée

Rude journée ! !!
Oui, c’est exactement cela, une rude journée…
Pourquoi ?
Plein de raisons, je suppose.

D’abord, j’ai commencé ce matin avec une heure de retard. J’ai traîné, répondu aux mails, plus fumé, plus bu de cafés, pris plus de temps sous la douche, pris plus de temps pour m’habiller.

Ensuite, il y a ce foutu relâchement. Après un début qui est venu facilement, assez facilement et le sentiment tout à coup que ça y est, ça va s’écrire, c’est sûr ! Du coup, on se couche plus tard, on fait moins attention, on regarde de beaux films… on se disperse !

Aussi, le moment. Dans la pièce, je veux dire ! Un moment charnière et délicat. Quand Kanami, le père de Zeami découvre la musique Kuse (Kusemai) qui va littéralement transformé son théâtre et le faire devenir celui qu’on connaît aujourd’hui. Faut-il montrer ce moment ? Le cacher ? N’est-ce pas une pente vers le folklorique ? Comment rester universel ici aussi et laisser le champ ouvert aux metteurs en scène qui auront envie de raconter cette histoire. Parce qu’il me semble évident, chaque jour un peu plus, que ce que j’ai la chance de rencontrer ici, c’est l’histoire universelle de l’artiste. Celui qui coûte que coûte ne lâche pas ce en quoi il croit et qui finit par imposer sa vision quand quelques minutes avant personne n’aurait pu imaginer cela possible. Je ne parle pas là de vouloir être original ! Etre original n’est pas une préoccupation artistique ! Je parle ici de l’honnêteté ! De l’honnêteté d’un homme qui sait que pour dire ce qu’il a à dire, ce qu’il a, ce qui existe ne suffit pas, ne marche pas. Il voudrait, il essaye, de toute son âme. Mais ce qu’il a en lui le pousse et il ne peut faire autrement que de l’écouter.

Au fil des pages qui naissent sous ma plume, je me rends compte combien ce père, le père de Zeami est un réel et immense artiste. Un homme d’une grande noblesse d’esprit et de coeur. Et qui a la tête de 31 personnes a quand même pris le risque de tout perdre, de se tromper, de subir l’échec. Il n’a pas cherché à étonner, non. Il n’a pas su faire avec ce qu’on lui offrait, c’est très différent !

Il a assumé de nourrir sa troupe d’un bol de millet par jour (on ne donnerait même pas ça à un animal), montrant l’exemple et ne cherchant jamais à jouir du privilège de son poste, il s’est infligé une discipline de fer, a résisté à tous ceux qui voyaient en lui un génie et qui le poussaient à profiter de ce qu’il avait déjà réussi à faire, jusqu’au jour où il a trouvé. Oui, trouvé ! Dans la pire musique d’époque, lui qui faisait du Sarugaku, des spectacles qu’on offrait aux dieux et qui, même s’ils ne payaient guère, étaient respectés, je disais, il a trouvé dans la musique Kuse faite par des parias, des prostituées, ce qu’il cherchait. Lui, le grand Maître Kanze est devenu l’élève de cette prostituée et a appris comme le ferait un enfant tout ce qu’il pouvait apprendre d’elle, la considérant comme son réel maître. Sous les critiques et les rires moqueurs, malgré les colères des membres de sa troupe, malgré les mises en garde de sa femme, malgré lui-même sûrement ! Et pendant des années, il a mis au point ce nouveau Sarugaku, se justifiant face à ces acteurs pour qu’ils acceptent d’essayer ce qu’ils leur proposaient, affrontant leur colère et leurs quolibets. Et au final, il a eu raison de tenir ferme. Il a mis au monde un art nouveau, passant d’oeuvre votive à l’oeuvre théâtrale, alui permettant d’écrire des intrigues, de créer des personnages aux âfres infernaux. Lui qui aurait pu être un maître respecté de Sarugaku et jouir d’une vie tranquille, lui qui a assumé d’être rabaissé par tous ceux qui l’entouraient, lui qui malgré les doutes a su embarquer trente en une personne sans les nourrir convenablement et en finissant par leur offrir un projet qu’ils jugeaient fou et sénile, lui ! Il est devenu le premier Maître de Sarugaku à obtenir du Shôgun d’alors le titre de Compagnon des Arts du Shôgun, le fameux titre « ami » pour devenir le célèbre Kan(Ze)Ami, père du Nô contemporain !

Avec une telle histoire à raconter… comprenez-vous que plus j’avance, plus je me rends compte de ce qu’il a fait, plus la route me semble escarpée et ambitieuse. Je voudrais… je voudrais arriver à ce que les jeunes d’aujourd’hui trouve en cet homme unique la force qu’il leur manque pour faire leur pas, l’exemplarité qu’il leur manque pour devenir adultes. Puissent les Dieux m’entendre et m’aider dans cette tâche titanesque.

J’ai les épaules tant nouées que je pense que cette soirée se finira dans un bain brûlant !

Bonne nuit à tous.

Oups… j’oubliais ! Il y a eu une bonne nouvelle aujourd’hui ! Ce week-end, je rencontre à Paris, Oriza Hirata, célèbre metteur en scène japonais qui travaille beaucoup avec la France pour lui parler du projet Kujoyama. Bonne nouvelle, non ?!

Gran Torino


Hier au soir, après une rude journée -la matinée s’était achevée sur deux pages assez difficiles à faire arriver et l’après-midi plus clémente m’en a apporté cinq- nous avons quitté le monastère pour réapprovisionner ce que ma mère appelle « La Réserve ». Boîtes, biscuits en tous genre, chocolat, café et autres nécessités de la vie. C’est que pour bien travailler, il faut avoir l’esprit en paix et le ventre tranquille !

J’ai donc troqué hakama, kimono et sandales de paille pour mes habits de ville. Et je peux vous assurer que porter ces vêtements en jean, surtout les chaussures, après trois jours sans, est une torture ! Nous sommes vraiment bizarres…

Après les courses, nous sommes allés au restaurant. A Manosque. Un restaurant au titre prometteur : « Au Bonheur Fou » et au patron investi, convaincu. Ici, il n’y a pas de carte. On mange ce qu’il a trouvé au marché bio du jour. C’est simple, c’est bon et ça fait du bien. Si vous passez par là, allez-y. C’est un voyage sans grande ambition, mais qui est généreux et honnête ! Chose trop rare pour ne pas être stipulée.

Ensuite ! Ensuite, parce qu’il faut savoir se faire du bien jusqu’au bout, nous sommes allés au cinéma. Ce qui nous amène au titre du post : « Gran Torino », le dernier film de l’immense Monsieur Eastwood. A vous dire vrai, j’étais fatigué. Et il a fallu que je me fasse violence pour aller m’asseoir devant ce film quand tout mon corps rompu réclamait le doux repos du sommeil. Mais dès les dix première images, oui, dès les dix premières images, le corps s’oublie et le coeur s’ouvre. Nous sommes dans un des grands films de cet immense homme de Cinéma qui aura 80 ans l’année prochaine. Et quelle délectation ! Quelle leçon d’humilité et de savoir faire. Ici, il n’y a pas de chichi, pas de fioriture. Pas d’égo mal placé ! Juste une histoire qui se raconte, simplement, vraiment ! On redevient un enfant et on se laisse porter, passant même sur certaines répliques un peu « téléphonées ». Mais à part cela, c’est parfait. Oui, c’est le mot: parfait ! Quel grand moment d’humanité. Et c’est les larmes plein les yeux et le coeur irradié que je ressors de là. Mon dieu que le chemin sera long encore pour être capable d’en arriver là, si j’en suis capable. Autant de simplicité, d’humanité, d’évidence, de clarté… quel homme il doit être ! Dans mon coeur, je le mets au côté d’Ariane. Parce que tous deux font leur travail, consciencieusement. Pas pour eux, en tout cas plus pour eux ! Mais parce qu’ils veulent partager, donner, transmettre. Et que chaque jour que les Dieux leur octroient, ils s’y emploient de toutes leurs fibres, de toutes leurs forces.

Merci Clint ! Merci.

Aujourd’hui, c’est tremblant que je vais aller rejoindre ma table. Parce qu’il y aura Mr Clint aux côté d’Ariane et que plus que jamais, je me sens responsable de ce que j’engendre, de ce que je choisis de faire ou de ne pas faire. Du chemin sur lequel je me place et me porte. Sur lequel, je le sais bien, je ne suis pas à la hauteur. Mais j’y travaille. Chaque jour, j’y travaille.

Bonne journée à vous ! Et merci pour ces si nombreux commentaires… ingrats que vous êtes ! 😉

De Gaules, Malraux et compagnie….

Bon !
Après avoir cherché par tous les moyens à vous mettre en ligne ces trois extraits, je me suis rabattu sur notre serveur FTP où de temps à autres, je mets des musiques pour ceux qui travaillent avec moi.

Les trois fichiers sont là. Ils se nomment : decret1959, Degaules, Malraux.

Si je me suis pris la tête à les mettre en ligne, c’est parce que je pense qu’ils sont vraiment importants à entendre. Que vous soyez jeunes, vieux, beaux, moches, artistes, boulangers, informaticiens, politiciens, ne vous en privez pas ! En plus, ils sont courts ! On peut les écouter et les réécouter à loisir et ça remet au clair bien des petites ombres venues saloper la clarté et la force du fondement (comme bien souvent !)

Et s’il vous plaît, ayez la gentillesse de laisser les fichiers à côté qui sont des étapes de travaux que je partage avec ceux qui mettent les spectacles au point avec moi. Si vous ne pouvez vous empêcher de les écouter, faites-le. Mais ce n’est ni à télécharger, ni à diffuser, encore moins à juger… très rares sont ceux qui savent entendre ou voir quelque chose qui n’est pas encore achevé… pourtant, il faut bien un point de départ …

Pour ma part, c’est l’heure d’aller revêtir mon costume et mon masque et de replonger là où j’ai laissé ma famille Kanze. Le ciel est beau dehors et j’ai l’esprit clair, ce matin. Je sens que cette journée sera riche… Douloureuse, tortueuse, mais riche !

Ah ! Au fait… un blog est fait pour être partagé. C’est dans l’optique de donner à voir ce qui se joue derrière que je le fais et aussi, sûrement, parce que la solitude qui m’entoure est parfois dangereuse. Plus vous vous montrerez, plus fort moi je serai et plus cet endroit deviendra un point d’orgue à ma conduite. Ne vous privez pas de vous manifestez, si vous accompagnez mes errements, mes découvertes, mes partages. Et de le faire partager à ceux qui vous accompagnent.

J’en ai bien plus besoin que vous ne pouvez le croire.

Belle journée à vous !

Peu de mots… enfin pas si peu ! Et superbe émission « Ministère de la Culture » sur France Inter avec lien pour l’écouter ! A vos marques….


Ce soir, peu de mots à offrir… la journée a été fructueuse. D’après mes anges gardiens, peut-être même meilleure que la précédente. Et pourtant, elle a été difficile. Parce que chaque nouveau mot ouvre le champs des possibles et qu’il faut faire des choix. Des choix avec des personnages que je rencontre à peine. Alors je me tais, je mets le masque de Hannya et je la laisse faire. Elle les connait les Kanze. Elle a vécu avec eux depuis leur première gloire.

Du coup de cette lumière et de cette joie du premier jour, vient l’ombre et les tourments du second qui semblent annoncer un reste de semaine aux couleurs de la tempête.

Qu’importe, je ferme les yeux et je me concentre fort. Je sers mon hakama. Je me redresse encore. Et je tiens la tête droite. M’interdisant de laisser Alexandre s’interposer.

Aujourd’hui, entre midi et deux, à la pause, j’ai eu la chance de tomber sur 2000 ans d’Histoire, l’émission sur France Inter. Le sujet du jour : « Le ministère de la Culture ». Invention de Mr De Gaules et de son fidèle Malraux en 1959. Ce sont des mots qui faut réentendre ! Alors je partage avec vous trois passages que j’ai extrait de l’émission(en fait je trouve pas comment on fait pour télécharger de la musique. Désolé! Grrr) et vous transmet le lien (Du coup ! il faut y aller ! cliquez sur le titre du message. C’est l’émission de ce jour : le 2 mars) pour écouter l’émission si vous avez trente minutes. Et ce ne sera pas trente minutes de perdu, croyez-moi !

Et puis oui, je voulais en profiter pour souhaiter un bon anniversaire à Ariane Mnouchkine qui a depuis 5 minutes 70 ans !!! Bon anniversaire Ariane ! 😉