Le cerveau de l’homme,

 

Un cycle de silence… Un cycle au regard doux posé sur les ailes de l’instant. Et quand le silence se crève, je découvre un être que je ne connais pas ou plutôt à l’écho inconnu. Je veux dire… De moi à moi rien ne change, c’est juste comme un chemin qui jamais ne fini. Qui s’étend tous les jours un peu plus et qui devient tellement fascinant qu’on en oublie de regarder en arrière. D’ailleurs, il ne faudrait pas dire en arrière, l’arrière n’existe pas. Le temps, l’avant, les autres nous, s’étendent sur le côté. Comme une bande infinie qui se donnerait la main sur une même ligne. Le temps n’existe pas ! Mais pour l’extérieur, pour ces êtres que je découvre aujourd’hui, Alexandre n’a rien à voir avec Alexandre. C’est un autre. Et je comprends le chemin parcouru en les écoutant me raconter ce qu’ils voient.

 

Mais tout cela n’a pas d’importance. Ce qui compte c’est qu’à l’intérieur, les repères se déchirent l’un après l’autre. Ce qui compte, c’est le sourire qui ne se choisit pas. Ce qui compte c’est le silence qui gagne et cette capacité nouvelle qui ressemble à de la télépathie et qui n’est rien d’autre qu’un peu de place pour voir l’autre. Et se rendre compte qu’il est partout. Absolument partout !

 

Avez-vous déjà pris ce soin d’écouter au cœur de vous-même et de vous rendre compte que même à l’intérieur de soi, la délicatesse est un choix à faire et que chaque cellule l’appelle ? Elle attend, patiemment, le jour où vous lui demanderez si quand vous riez, vous ne la bousculez pas trop. Et je suis sûr encore que sur ce chemin, nous pouvons descendre encore et encore, jusqu’à apprendre à caresser le néant.

 

La difficulté ici est qu’il ne s’agit pas d’une performance, bien au contraire. Sur cette route, il n’y a pas de but à atteindre, juste un choix à faire. Choisir d’être Homme, à chaque instant. C’est un effort constant. Le seul qui permette de délaisser notre cerveau reptilien pour atteindre le cerveau humain. Oui, c’est ainsi que nous sommes faits. Notre cerveau, en son cœur, est archaïque. Il régit tout ce qui nous fonde. La survie, la faim, le sexe, la mémoire, etc. C’est notre vestige de temps reculés où la survie était dictée par des codes de base. Mais, au dessus de cela, nous avons un cerveau plus jeune, moins expérimenté et pourtant capable de mille prouesses. C’est le résultat de notre évolution. Et pourtant, pour la plupart d’entre nous, il reste en jachère. Une terre désertique, fantôme. C’est là que le choix opère. C’est là que commence le travail, minutieux, permanent. Créer les passerelles qui ne se feront pas d’elles-même. Choisir d’être un être d’une qualité nouvelle en faisant appel à ce terrain vierge où tout est possible. Tout ce que nous souhaitons créer peut l’être ici. Il faut du temps, de la rigueur et beaucoup d’amour. C’est tout.

 

Finalement, c’est peu quand on pense à l’immensité de ce que ça peut apporter. Nous ne sommes pas faits pour être ce que nous sommes. Nous sommes faits pour devenir ce que nous rêvons d’être, chacun. Pas ce que nos parents, nos ancêtres ont voulu pour nous. Pas ce qu’on nous a imposé comme étant la réalité. Mais ce que nous portons chacun au plus profond de nous-même. Cette graine qui attend en chacun de nous de devenir. Alors, ne soyez pas défaitistes! Ne vous en remettez pas à la fatalité. Faites un pas, même petit sur votre route. La suite viendra d’elle-même. Petit à petit. Lentement. Vraiment.

 

Bonne journée à vous.

Conférence sur le Théâtre Nô

Puisqu’il semblerait que certains viennent ici pour trouver des informations sur le Nô, je me suis dit que de temps à autre, je mettrai en ligne les documents qui débordent mon ordinateur sur ce sujet….

Voilà une conférence commandée pour un « Mondo » lors du rassemblement régional PACA des hauts gradés de Judo. Du coup, l’accent est mis sur la paternité des codes martiaux dans le théâtre nô. Malgré tout le spectre est assez large et permet un survol « rapide » et « singulier » de cette forme que je côtoie depuis bientôt vingt ans.

Si jamais, vous vouliez la conférence sous forme powerpoint ou en séquence quicktime, n’hésitez pas à m’en faire part. Si vous y voyez de grosses bourdes ou autres erreurs, faites pareillement. 😉

conférence sur le théâtre Nô – Noh Theater –

Laisser mourir…

Heureusement qu’elle est là, juste derrière la porte. Il suffit de sortir, de s’asseoir et d’être assez calme pour ouvrir les yeux. Les amandiers en fleurs, les arbres de Judée qui bourgeonnent, les vieux pins qui ne se déparent jamais de leur vert profond, les chênes…

Il faut au moins cela pour un pauvre fou tel que moi. Et encore, il m’a fallu plus de dix ans, avec ce paysage sous les yeux tous les jours, pour comprendre la force bienfaitrice de cet environnement.

Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas perdu. Et malgré le travail, malgré la méditation, les efforts de justesse, à chaque instant, comme à chaque fois, je n’ai su laisser mourir la mort.

« Kuyô, drame nô sur la catastrophe nucléaire de Fukushima » – Montage d’éléments du travail d’écriture

Explication… Quand on écrit -mais je pense que c’est la même dans tous les domaines- arrive ce moment où ça s’arrête. Et bien, croyez-le ou non, accepter cet arrêt, cette fin est quasi surhumain ! L’effet de masse vous entraîne, malgré vous. Et dans mon cas, cela se traduit par l’attente absolue ! Devant mes mails, mon téléphone, je passe des heures, mal, inerte, rendu fou. À refuser la fin. Pourtant, si je suis toujours là, l’oeuvre est déjà loin. C’est ainsi. Elle finit toujours par s’achever et prendre sa route en solitaire. Et c’est un dur travail d’accepter ce moment. D’accepter que ce qui semblait nous faire exister, ce qui est déjà une aberration, s’arrête. Et nous ne disparaissons pas avec cette mort là, même s’il est vrai qu’une partie de nous meurt, comme à tous les instants qui passent.

Il m’est arrivé de passer des mois ainsi, des années même. Après « Nous, Traces d’un Roi Lear » par exemple. Et chaque fois que je m’assieds pour écrire, je le sais, je risque de me laisser emporter par cette folie. C’est mon lot.

« Kuyô, drame nô sur la catastrophe de fukushima » est fini. Il est parti hier pour l’Association Beaumarchais qui dépend de la SACD. Il est aussi dans quelques boîtes mails de gens importants pour moi et d’autres importants pour lui… Et bien, c’est fini. J’en crève de dire cela. Mais les mois que j’ai passé au côté d’Hirotsuné, de Shizuka et du docteur Abe sont finis. Et même si j’ai tant de mal à l’accepter, ils vivent maintenant sans moi. Et idem, je dois me convaincre que je vis sans eux. Bien plus difficile à faire qu’à dire. Ça semble dingue, dit comme cela. Et pourtant…

Heureusement, il y a dehors. Il y a toi, il y a vous et tous ces instants où la vie lance ses appels. Il suffit juste de dire : « ok, je lâche ». Alors je lâche. Idem, ce misérable texte que j’écris ce matin. « Ok, je lâche ». Idem, chaque geste, chaque moment, chaque trouvaille, chaque bêtise, chaque joie… »Ok, je lâche ». Et même si j’ai peur de la mort, je ne peux rien faire d’autre que de l’accepter… Alors « Ok, je lâche! »

Atome… ou le sourire de Dieu

Le printemps… Les arbres et le soleil qui remonte jour après jour et qui commence à lécher notre façade dès neuf heures le matin. Beaucoup d’oiseaux ont déjà repris leur route, remplacé par les pies qui montent la garde à nouveau devant le perron. Tout cela a lieu juste là, mais ces derniers jours, je n’en ai pas trop profité. Pas que je cours les théâtres comme ça a été le cas ces derniers mois -je suis en pause…- mais j’ai enfin attaqué l’écriture de « Kuyô » et il faudrait que ce soit fini pour le 11 mars. Pas seulement parce que c’est « l’anniversaire » de la catastrophe, c’est aussi la limite pour envoyer la pièce à la fondation Beaumarchais. Hasard…

 

Enlever la casquette du technicien pour reprendre celle de l’écriture devient, chaque fois, plus difficile. Pourtant, c’est pour cette raison, au départ, que j’ai fait ce choix. Alors, chaque matin, je pars à l’autre bout du monde, sur ce morceau de terre où l’homme ne peut plus aller, retrouver ces personnages au sang mêlé de réel et de fantaisie. Est-ce que quelque chose à changer dans ma façon d’écrire depuis la méditation, le taiji ? Je ne sais pas… J’essaye autant que faire se peut de les laisser parler sans trop interférer, de ne pas laisser les films dans ma tête me ramener sans cesse au succès, aux tournées innombrables, aux discours… J’essaye de laisser l’égo à côté. Peut-être aussi parce que le sujet est si grave qu’il me semble indécent d’y mêler les jeux odieux de notre société. Je lutte…

 

Je lutte pour ne pas laisser ma colère traverser, lutte pour ne pas secouer l’auditeur en voulant lui rappeler incessamment qu’il ne peut pas faire comme si cela n’avait pas eu lieu. Je lutte, des heures durant, face à l’écran pour leur laisser la place de nous raconter.

 

C’est un combat épuisant. Un combat… Je ne suis pas encore arrivé au moment où le combat cesse. J’aurais aimé. C’est en partie le moteur de mon travail sur moi, sur mon fond, sur mon humanité. Mais court-circuité tout cela est loin d’être évident…

 

En même temps… Le combat épuise ! Et l’épuisement laisse le silence se faire souvent. C’est ce qu’il s’est passé hier soir. J’étais dans la salle de bain, au lavage de dents -une fois n’est pas coutume- quand j’ai ressenti comme un éclatement de milliers de particules. Il n’y avait plus moi, mais un millier de voix, un millier de destins qui couraient sous ma peau. Et plus que ça : même les limites physiques qu’on érige en barrières n’existaient plus. Comme si chaque cellule, chaque atome pouvait entrer en contact avec n’importe quelle autre cellule, n’importe quel autre atome, n’importe où. Sans limites !

 

Qu’est-ce qui peut résister face à ça ? Qu’est-ce qui peut avoir suffisamment d’importance pour passer au dessus ? Et quelle profonde tristesse de pouvoir entrapercevoir de quoi nous nous coupons ! Pour quelle cause ? Pour quel idéal ? Rien n’est plus doux et vaste que cela ! Les gens s’offusquent de voir leurs enfants, leurs amis se perdre dans des jeux vidéo au point de refuser la vie ? Mais quelle est la différence entre ces jeux et le jeu de la vie tel que nous l’avons établi ? Aucune ! Même la nourriture est une illusion ! Une illusion que nous avons transmise à tous ces atomes qui perpétuellement préfèrent se remettre ensemble pour former la matière de ces corps imbéciles, égoïstes, vaniteux, sans intérêt qu’on appelle homme. Peut-être savent-ils ? Peut-être subissent-ils notre joug… Peut-être est-ce pour eux le seul moyen d’atteindre la liberté du contact. Quand enfin nous cessons de vouloir, de croire, de chercher, mais rencontrons la vie ! Peut-être nos véhicules sont nécessaires… Qui sait ? Dieu existe. Il est l’espace sans limites. Il est ce silence nourricier où tous les reliefs se fondent et les limites se brisent. Il est ce lien qui nous unit à l’air, à l’eau, à l’autre. Il est la somme de ces particules qui forment notre univers et qui ne sont qu’un. Espérant notre silence, espérant notre innocence, notre refus du convenu, de l’abject être cultivé que nous sommes tous et qui trouve les mots pour justifier l’injustifiable. Quand il suffirait de se taire et d’ouvrir les portes. Aucun de nous n’existe réellement. Je n’est qu’un micron du réel. Nous préférons vivre et mourir pour ce micron ridicule plutôt que d’avoir le courage de laisser aller, de lâcher prise. Simplement ça ! Il ne s’agit pas de devenir yogi ou maître de quoi que soit, juste d’accepter l’ignorance dans laquelle nous sommes et de nous en remettre à nous, à lui, à eux, ce tout là incommensurable et inséparable.

 

Désolé pour le retard… Une semaine que le message est dans la boîte, mais l’écriture de Kuyô prend la place… Pour quelques semaines encore ! À bientôt.

 

La peur de mourir…

 Hier soir, après une longue journée de travail, harassé par le poids des mètres interminables d’un décor monumental, quand le silence est venu me noyer, mes tics habituels : longs flots verbeux et malodorants, n’ont pas eu la force de dresser leurs barrières ouatés.

 

J’étais dehors, la clope au bec, absorbé par l’avènement de la nuit au coeur de cette forêt qui borde ma maison, quand la futilité de la lutte m’est apparu comme une claque au travers de la gueule. Peut-être parce que mes muscles fatigués refusaient de répondre à mes sollicitations, peut-être à cause du contre-coup ? Un chat était là, un chat que je n’avais pas revu depuis le début de l’hiver et que je croyais mort, vibrant de vie, vibrant d’une énergie de guerrier, luttant contre la disparition, de tous ses poils.

 

Peut-être, me disais-je, ce qui pourrait nous différencier des animaux, c’est la réalisation de l’absurdité de cette lutte. La vie, notre vie n’est rien. Pourquoi alors avoir peur de la mort ? Pourquoi se battre, se démener, aller contre le courant de la vie, contre l’instant, dans quel but!? Victor Hugo n’est-il pas mort ? Pensez-vous que les traces qu’il a laissé, ces fameux chefs d’œuvre ont à voir avec une quelconque survie ?! Bien sûr que non ! Il est mort et ce qu’il a laissé ne lui appartient pas plus que le temps de nos jours. Il est mort et s’il pouvait revenir, je suis sûr qu’il nous le dirait : rien ne sert de lutter, rien ne sert de se battre contre la mort, quand elle vient, elle nous emporte complètement et ne laisse de nous rien d’autre qu’un sac d’os à la terre !

 

Et finalement, n’est-ce pas merveilleux de comprendre que nous aurons beau faire, jamais il ne restera rien de nous, nulle part, à aucun moment. La vie se meurt à chaque instant. À chaque souffle, je perds un peu de moi. Et après ? Est-ce une raison de ne pas vivre maintenant ? N’est-il pas bouleversant de nous voir perdre la seule chose pour laquelle nous sommes réellement faits : accepter de ne vivre que dans l’instant, de ne pouvoir faire autre chose que d’aimer ce qui nous traverse, et cela pour des chimères, des rêves de fou ?!

 

Et même si nous pouvions survivre… Quel en serait l’intérêt, si nous ne le faisons pas pour vivre ?! Si c’est, avec la peur comme unique partenaire, pour ne pas voir et nous réjouir de l’instant ?! 

 

Soyons au fil de l’eau, conscients de n’être rien d’autre qu’une fleur, une mouche, un puceron. Et remercions la terre de n’avoir rien de plus à faire. Si nous pouvons toucher cela du doigt, alors, sûr que l’amour pourra prendre toute la place et remplir nos carcasses vides, inhabitées.

 

Qu’il est bon de ne pouvoir résister… 

Inutile… Oui juste ça, inutile !

 Inutile, bon à rien, paria, parasite, sangsue ! Non, non, je ne suis pas au fond de la dépression. Juste dans cette quête du silence et du vide où les découvertes sont parfois odieuses.

 

Et voilà qu’hier soir, entre quelques notes de Shakuhachi et les textes de Krishnamourti, m’est apparu cette évidence, cette sensation profonde et permanente enfouie sous le magma de nos activités : l’inutilité ! La dimension vaine de notre présence. Enfin la mienne, en tout cas !

 

Est-ce que si j’étais un autre ce serait différent ? Est-ce que si j’étais à la tête d’une organisation d’aide internationale, il en serait autrement ? Je ne crois pas. Tant est profond ce sentiment. Tant est évidente cette adjonction ! Nous ne sommes là pour rien ! Et Charlotte Delbo qui nous priait d’apprendre au moins une danse, un pas, n’allait pas au bout de sa découverte : nous, genre humain, ne sommes bon à rien ! Rien à faire pour justifier notre place d’homme. Rien d’autre que lâcher prise et accepter cette implacable nouvelle, tout ce que nous pourrons faire, accomplir, transformer pendant notre vie ne changera rien à cela : notre présence, sur cette Terre, est vaine. Rien que cela, vaine et inutile !

 

Alors pourquoi ne pas nous mettre une balle dans la tête tout de suite, me direz-vous ? Pourquoi ?! Simplement, parce qu’être utile, avoir un but, une place n’a de sens que dans la pensée humaine et que nous pouvons nous défaire de cette aberration ! Une fleur contemple ! Un arbre aussi ! Peut-être que simplement, il suffit de sortir de ce jeu malsain et de se mettre en présence de la beauté qui nous entoure. Savoir simplement profiter de cet accident, sans chercher à justifier l’injustifiable. C’est peine perdue ! C’est ridicule ! Et cela assure une souffrance permanente, un appel à la mort sourd qui nous entraîne vers le fond an après an.

 

Bien sûr, nous devons travailler, entretenir l’illusion dans laquelle l’homme s’est enfermé. Accepter de vivre dans l’enfer que nous avons créer de toute pièce. N’est-il pas fou d’imaginer que tout le système qui, aujourd’hui nous étouffe, pourrait être abandonné en une seconde et que tout, oui simplement cela : tout ! pourrait être totalement différent ? C’est pourtant le cas. Alors, au moins, au niveau psychologique, puisque c’est le mot que nous employons pour désigner ce qui nous atteint de l’intérieur, nous pouvons tenter de prendre la mesure de notre folie et ne plus nous investir personnellement dedans. Nous libérer, jour après jour, du temps, de la pensée, de cet incommensurable orgueil et se découvrir juste inutile et vain au milieu de cette immensité. Et ne plus faire qu’une chose, la seule que nous puissions réellement faire : Aimer! Simplement ça, aimer, puisque rien ne nous différencie les uns des autres et que dans tout un chacun, une griffe court et lacère les entrailles en rappelant à chaque instant que nous n’avons pas été invité ici, que nous sommes des resquilleurs, des menteurs, des erreurs.

 

Comment alors ne pas être ému, comment alors ne pas reconnaître même dans le pire des hommes, celui que nous sommes et contre lequel nous abîmons nos ans à lutter puérilement. 

Démocratie !

 

Il ne faut jamais rien croire de nos héritages, de nos histoires, de nos mots. il faut comprendre qu’on nous balance comme nos parents avant nous dans un vaste mensonge forgé de toutes pièces par la main d’hommes et de femmes malades, déracinés, arrachés à eux-même! Ici rien n’est vrai et beaucoup a été fait pour que ce rien ressemble à l’enfer.

 

Un exemple et quel exemple… Démocratie : le pouvoir du peuple ! Beaucoup d’entre nous comme moi le premier pensent que cette dernière vit ses derniers jours en ce moment. Pour autant, nous n’avons jamais connu la démocratie. Puisque la démocratie, inventée par les Grecs, dans l’Antiquité n’a jamais ressemblé de près ou de loin au système que nous avons adopté en Europe après la Révolution. C’est un vaste mensonge !

 

La démocratie fonctionne comme cela : les représentants du peuple sont désignés par TIRAGE AU SORT !!! Et oui, vous rendez-vous compte. C’est aussi simple que ça ! Pas de pouvoir détenu par des familles, pas de mandat brigué et rebrigué, pas de frais de campagnes, pas de rêves de détenir ce pouvoir pour soi et les siens. Ici, le mot « Egalité » fait vraiment sens. Chacun, qu’il le souhaite ou non, qu’il soit adoré ou détesté, sage ou fou peut être élu, désigné. Une fois et une seule fois…

 

Notre système ressemble bien plus au système aristocratique… Nous sommes dans une Oligarchie. Et il aura fallu que j’attende presque trente huit ans pour le comprendre !

 

Je ferai donc cela… D’abord remplir le formulaire de « Tous Candidats pour 2012 » créé par le grand Pierre Rabhi du collectif Colibris et désigner par les pages blanches celui qui me représentera.

 

Trente huit ans de mensonges… C’est long, non ?!

 

Après…

« Kogarashi »

Ne pas arriver à garder l’esprit large! Être piégé par ces riens qui occupent. Préférer l’illusion au réel et ne pas savoir y prendre place. Pourquoi ? De quoi ai-je peur ? Que fuis-je ? Qui y a-t-il de mieux que de laisser le vert de la terre, le vert des arbres entrer là ?
Assumer le vide sans fin d’une vie simple et belle qui s’échappe à  l’instant. Prendre au corps ces instants avec ceux que l’on aime. Et laisser faire. Laisser se faire. Tout. Indifféremment !

Dans quelque accès de lucidité, je perçois les causes de la fuite. « Avec autre chose, je serai celui que je veux être et que je n’arrive pas à devenir. » Il y a quelque chose de cet ordre là. Celui qu’on fuit, c’est soi ! Juste lui. Simplement parce qu’on a jamais appris cela. Se vivre vraiment, juste ça. Pas courir vers un but, non. Pas plus tard quand on sera grand. Pas après quand on aura réussi, non. Pas ailleurs, pas autrement. Juste là, maintenant. Juste là, dedans. Avez-vous déjà entendu le cri de chaque cellule de votre corps ? Avez-vous déjà fêté la naissance d’un contact de vous à vous, vous rendant compte que chaque fibre vous lie à la suivante et qu’avec un peu d’exercice, on découvre qu’on peut entendre tout et qu’on est lié à tout ?

Hier, me lavant les dents, j’ai senti mes pieds réagir ! Et par delà mes pieds, c’est le monde qui reçoit ce geste. Qui y a-t-il de plus merveilleux ? Et pourtant, ce matin, je me sens encore vide. Et chaque instant de même. Toujours quelque chose qui court au delà. Toujours une pensée qui ne m’appartient pas et qui dit : « c’est là-bas! » Et à chaque instant, il me faut faire le travail de revenir au rien, à la petitesse, à l’ennui, à l’inintérêt de cette petite créature que j’ai passé ma vie à ignorer. Seule chance de ne pas finir complètement dingue ! Seul espoir de faire taire la douleur. Seule indéniable rencontre possible. Ultime chance que nous avons peut-être mis mille vies à rendre accessible ! Ça ! Ce rien si simple, si évident !

Voeux ! Vivre 2012…

Nohkan et  fourreau – Décembre 2011 – A. Ferran

Tout est vibration… matière vivante, inerte… tout ! Donc tout communique, se touche, se mêle. En cela, la beauté est bien au coeur. Peut-être, est-on en droit d’espérer qu’un jour cette symphonie qu’est la vie nous montrera combien chaque partition est importante et a sa place. Qui du tambour, qui du triangle ou du premier violon. Chacun, ici, est indispensable. Qu’on le veuille ou non…

Que 2012 nous éveille à nous-même, donc à l’autre, donc au tout ! Ainsi soit-il ! 😉

De Oshirabe à Banshiki Jo no mai, en passant par Gaku. Périple en terre de Nô

 Shôka de Oshirabe sans les doigtés – Shouka of Oshirabe without fingering

En deux ans, voilà les pièces que j’ai apprises, dans l’ordre de leur apprentissage. Dans un ouvrage de l’école Isso, j’ai dénombré 43 morceaux de flûtes en comprenant Oshirabe. Je pense que l’ordre d’apprentissage est souvent semblable. On commence du plus « facile » au plus « difficile ». En gardant de côté les morceaux trop spécifiques.

Particularité de mon maître, il m’a fait commencé par Otoko-mai qui est plus rapide que Chû-no-mai, lui même plus rapide que Jo-no-mai. Je sais, par ouïe dire que, dans l’école Isso, ils commencent plutôt par Jo-no-mai et ne travaillent Otoko-mai que beaucoup plus tard.

Oshirabe お調べ : pièce d’ouverture. On la joue à chaque fois qu’on prend la flûte, au début de chaque cours et à chaque spectacle. Ils s’installent alors dans la chambre aux miroirs et « s’accordent »  au masque que portera le shite pendant la pièce en jouant Oshirabe face au masque avant d’entrer en scène et de s’installer.

Otoko mai 男舞 : Littéralement, la danse des hommes. Souvent joué pour les pièces de guerriers.

Ôshiki Haya mai 黄鐘 早舞 : Otokomai avec Nidan et Tome qui changent – Exemple : Atsumori.

Chû no mai 中之舞 : danse au tempo moyen. Souvent utlisé pour les de femmes. Exemple : Yuya.

Chû no mai avec Taiko 中之舞•太鼓(change seulement kakari et tome).

Haya mai 早舞 : littéralement « danse rapide » sorte d’Otokomai en mode Banshiki (aigu).

Haya mai de Tôrû, Hayamai de Iroe イロエ•早舞 (Ce sont alors les Jo (introduction avant Kakari) qui changent).

Kami mai 神舞 : Danse des dieux.

Kakko 羯鼓 : danse chinoise ou dans pour des personnages qui doivent démontrer leur habilité- exemple : Kagetsu.

Sagariha 下リ端 : pour personnages de monstres, de « femme ange » – exemple : Kuzu.

Gaku 楽 : pour personnages chinois ou kami japonais. On dit que cette danse viendrait du Gagaku.

Banshiki Gaku 盤渉 楽 : Gaku en mode aigu.

Hayafue 早笛 : Musique d’entrée pour les démons, les fous – exemple : Tengu, Obeshi

Jo no mai 序之舞 : sorte de Chu-no-mai très lent. Danse de femme, d’esprits des arbres ou de vieil-hommes très élégante.

Kagura 神楽 : danse très élégante. Souvent des déesses ou des prêtres portant des trésors.

Mominodan : partie de Sambasô 三番叟 dans Okina – chant de remerciements où le kyôgen pousse de longs cris en réponse aux percussions.

Suzunodan : partie de Sambasô 三番叟dans Okina où le kyôgen entre avec une cloche symbolisant la prospérité des récoltes.

Banshiki Jo no mai 盤渉 序之舞 : Jonomai mais dans le mode aigu.